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Depuis le 13 mai 2015, les transports Bonzo livrent des produits frais dans le département du Maine-et-Loire avec 2 Nissan e-NV200 équipés chacun d’une cellule de maintien à 2-4 °C de température. Fondateur de l’entreprise, Hyacinthe Bonneau dresse le bilan de 5 années d’activité.
Très soucieux de son empreinte personnelle et professionnelle sur l’environnement, notre interlocuteur dispose d’un abonnement chez Enercoop qui profite à la recharge des batteries de ses 2 utilitaires électriques.
« Il y a longtemps que je m’intéresse aux énergies alternatives : j’en suis un véritable passionné. J’ai participé il y a une quinzaine d’années au projet d’installation de panneaux solaires sur le toit du centre social de Chemillé », lance Hyacinthe Bonneau.
« J’ai une formation initiale Bac Pro BTS Transport. J’ai aussi réalisé une thèse en sociologie. Le tout m’a permis, après des années comme chauffeur routier, de créer ma propre entreprise », souligne-t-il.
« En 2015, il n’y avait pas vraiment de choix en utilitaires électriques. Il me fallait en outre une autonomie satisfaisante, la recharge rapide, et, surtout, la possibilité d’intégrer une cellule frigorifique », se souvient notre interviewé.
« Avec le premier e-NV200, reçu en mai 2015, je disposais d’une autonomie de 110 kilomètres environ, avec le frigo en fonction. Après 5 ans et 217 000 kilomètres accumulés, sa batterie 24 kWh permet de réaliser entre 80 et 90 km en moyenne. J’ai 3 barrettes en moins sur l’afficheur », témoigne-t-il.
« C’est Gruau à Saint-Berthevin, en Mayenne, qui a réalisé la transformation en frigorifique à partir d’un exemplaire neuf. C’est assez courant dans le transport de passer à la fois une commande de véhicule chez un constructeur et une autre chez un carrossier pour obtenir une adaptation nécessaire », explique-t-il.
« Le nouvel e-NV200, acheté en 2019, est équipé du pack 40 kWh. Avec lui, je dispose d’une autonomie supérieure à 200 km. C’est lui qui tourne le plus et cumule le plus grand nombre de kilomètres chaque semaine : un millier environ. Son compteur totalise déjà plus de 85 000 km à ce jour », chiffre Hyacinthe Bonneau.
« Sa transformation en frigorifique a été réalisée par l’entreprise vendéenne Ouest Utilitaires installée à St Laurent-sur-Sèvre. Pour gagner de la place dans la cellule, le compresseur de froid a été installé sur le toit. Comme pour le premier e-NV200, c’est la batterie de traction qui au final l’alimente », poursuit-il.
Récemment, Hyacinthe Bonneau a choisi de faire de sa salariée Mathilde Benoist son associée. « Je préfère cette manière de fonctionner que d’être dans une relation pyramidale », avoue l’entrepreneur.
« Mes clients sont à 20-30 % des paysans, mais aussi et surtout des transformateurs (charcutiers, volaillers, bouchers) de tout le département qui souhaitent faire livrer leurs produits dans des magasins, cantines et restaurants – dont un gastronomique – des secteurs de Saumur, Angers, Tiercé et, dans une moindre mesure, Cholet », détaille-t-il.
« Ma spécialité n’est pas de faire de la livraison du dernier kilomètre, mais bien de prendre en charge le transport de produits alimentaires sur tout le trajet », insiste-t-il.
« Mes clients n’ont pas choisi mes services pour expédier leurs produits avec des véhicules électriques, mais ces utilitaires m’ont fait connaître. Quand je me présentais à un nouveau client potentiel, on me disait souvent : “Ah oui, c’est vous qui livrez en utilitaire électrique !” », rapporte Hyacinthe Bonneau.
« C’est plus la curiosité induite par l’originalité de ma démarche qui a été payante plutôt qu’une adhésion à mes idéaux », souligne-t-il. « En résumé, je suis un transporteur en service frais comme les autres, apprécié pour la qualité du travail et ses tarifs concurrentiels », estime-t-il.
« Pour recharger mes utilitaires, j’ai une borne 7 kW chez moi. J’exploite aussi les chargeurs du SIEML. Moins avec le plus récent des 2 e-NV200 », expose l’entrepreneur.
« Le syndicat de l’énergie départemental a bien travaillé : son personnel est monté en compétences. Les 10 bornes rapides ont été installées aux bons endroits. La facturation est maintenant comptée au kilowattheure : c’est bien mieux que de chiffrer à la minute. Il est même possible de payer avec une carte bancaire », se réjouit-il.
« Il y a cependant encore des faiblesses. Les bornes rapides ne sont pas très fiables et se coupent fréquemment. Bouygues Energies & Services ne fait pas bien son boulot. On touche là aux limites d’un partenariat public-privé protégé dans la durée par un contrat. Et puis il y a de plus en plus de monde sur les bornes rapides qui ne sont pas doublées. Impossible dans ces conditions pour des professionnels de compter sur un tel réseau », modère-t-il.
« L’électrique, c’est le top pour un patron. Tous les matins, le véhicule démarre et il n’y a pas à l’amener souvent au garage. Les Nissan e-NV200 et les véhicules électriques en général sont fiables, confortables, silencieux », apprécie Hyacinthe Bonneau.
Et pour le modèle économique ? « Là, je suis plus mitigé. Les pièces peuvent coûter très cher. J’ai eu un étrier de frein défectueux : la pièce m’a été facturée aux alentours des 500 euros ! Un feu de jour, c’est 34 euros. Mais avec deux fois des problèmes de pompe à lave-glace, c’est tout ce que j’ai eu comme soucis sur mes 2 utilitaires », liste-t-il.
« Le gros point noir pour moi, c’est le prix de la batterie, si j’envisage de la faire remplacer sur le plus ancien de mes véhicules », appréhende-t-il.
« Néanmoins, je conseillerais à un collègue sur le point de créer son entreprise de choisir des modèles électriques pour sa flotte. Tout est mieux que sur des diesel, si ce n’est l’autonomie et la batterie », compare l’entrepreneur.
« Les véhicules électriques accumulent les avantages. Ils sont puissants, supportent bien de transporter des charges lourdes, et sont faciles d’utilisation », met-il en avant.
« Pour mon prochain utilitaire, je compte me tourner vers PSA. Ce sera très certainement un Citroën ë-Jumpy, plus spacieux que le e-NV200. Il devrait avoir une bonne autonomie sur le terrain. Ce sera Gruau qui l’adaptera en frigorifique avec une batterie tampon, toujours au final maintenue par le pack de traction », envisage le fondateur des transports Bonzo.
« Je trouve cependant que pas mal de constructeurs ne font pas d’efforts sur l’électrique, ou seulement sous la contrainte. Pas la peine, par exemple, d’essayer de commander un Sprinter ou un Vito électrique : Mercedes ne veut pas en vendre et le client est dissuadé de les acheter quand il vient en concession. Idem pour le Renault Master. Après avoir été à la pointe, Nissan se fait dépasser », conclut notre interlocuteur.
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Hyacinthe Bonneau pour sa réactivité et sa disponibilité.
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