AccueilArticlesReportage - Le Volkswagen ID. Buzz face à ses ancêtres T1 et T2, un digne héritier ?

Reportage - Le Volkswagen ID. Buzz face à ses ancêtres T1 et T2, un digne héritier ?

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Le Volkswagen ID. Buzz porte sur son toit le lourd héritage des Combi, icônes de la pop-culture, du mouvement Peace and Love et de la van-life par excellence. Et le petit dernier électrique a quelques atouts pour perpétuer la tradition.

Samba, Combi, Bulli, Microbus, Bay, Split,… les surnoms ne manquent pas pour qualifier le van le plus cool du monde. Et pout cause : il a connu une très longue et sulfureuse carrière. Si bien qu’il est devenu l’icône du mouvement Peace and Love, l’égérie des surfeurs, et même la succursale de la Californie. Une fausse légende urbaine raconterait même qu’il diffuse des pétales de fleurs à travers les buses d’aération et fait entendre de la Sunshine Pop à travers l’échappement lorsqu’on en croise un. Son image est si forte, que la photo carte postale est imprimée dans la toutes les têtes, même dans celles de ceux qui sont parfaitement étrangers à la chose automobile. Oui, comme vous venez de l’imaginer, le Combi, les planches de surfs et les plages de l’ouest sont aussi inséparables que les Beach Boys, ou que Brice et Alice, tous deux de Nice, qui coulent des jours heureux désormais.

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D’utilitaire d’après-guerre à un symbole de liberté

Ce n’est pourtant pas ce qu’imaginait Volkswagen en mars 1950, lors du lancement son nouvel utilitaire, le Transporter Type 2 (oui, le fameux T1). A l’époque, le Combi n’avait absolument rien de cool exception faite de son coup de crayon original : il devait avant tout assurer de simples missions de transport en période d’après-guerre ou tout était à reconstruire. Il fallait du pragmatique, du fonctionnel et du robuste. De quoi lui permettre de transporter des marchandises sur son châssis modifié de Coccinelle, sans mettre à mal le moteur « onze-cent » qu’il lui empruntait également. Pour mettre en perspective, il déclenchait autant de passion qu’un Crafter TDI. C’est à dire, aucune. Ce qui explique pourquoi vous ne voyez pas à quoi ressemble cet utilitaire susmentionné.

Mais il a rapidement rencontré le succès avec sa version Window Bus, qui se reconnaît de loin avec ses 21 ou 23 fenêtres, ses couleurs pétantes, ainsi que son intérieur équipé de banquettes pour le transport de personnes. Et ce sont surtout les versions aménagées par Westfalia, équipementier allemand, qui ont largement contribué au succès qu’a connu le Combi : dotés d’une couchette, d’un coin cuisine et d’un toit escamotable pour pouvoir tenir debout dedans ou loger des couchages en plus, il offrait tout le confort nécessaire. Somme toute rudimentaire, mais suffisant pour prendre son indépendance.

Coqueluche des familles pour des promenades dominicales à l’aube des années 50, ces vans ont surtout été une monture de choix pour la joyeuse jeunesse des années 60, qui pouvait alors profiter de la vie entre potes, à moindre coût : car celui qui atteint des records aux enchères ne valait pas beaucoup à une époque où il n’était rien d’autre qu’un utilitaire ou un déplacoir familial produit à plus d’un million d’exemplaires. Partir à la découverte des horizons lointains ou vivre en marge d’une société refoulée n’était alors possible qu’avec un Combi. Bref, c’était et c’est encore le symbole de la liberté !

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Brice et Alice, comme beaucoup d’autres, sont nostalgiques. Et le couple a mal. Mal au portefeuille, car ils ne pourront jamais toucher un intouchable Combi T1, qui dépasse parfois la barre des 100 000 €. Rappelons que Mecum Auction a même adjugé il n’y a pas longtemps un 23 fenêtres à 170 500 $, c’est dire. Seule solution pour assouvir leur California Dreamin’ à eux ? S’offrir une Volkswagen Type 2 T2. Non, pas le câble de recharge, mais un Bay Window, moins sulfureux mais tout aussi charmant. Et un peu moins onéreux. Pour retrouver les saveurs de sa jeunesse, il leur faudrait plutôt regarder par facilité des exemplaires en provenance du Brésil, où le Combi a été fabriqué jusqu’en…2013 ! Les mêmes que proposent à la location la société portugaise Siesta Campers, qui nous a gracieusement prêté un Kombi (avec un K) pour ce choc des générations.

L’utilitaire à la plus longue carrière au monde n’est toutefois pas resté en l’état. Les puristes s’offusqueront d’apprendre (en fait, ils sont déjà au courant) que ces exemplaires disposent d’un radiateur en façade, et d’un moteur refroidi par eau de Gol, une autre curiosité Volkswagen locale. Et il s’agit plus exactement d’un « quatorze-cent » de 80 ch pouvant carburer à l’éthanol, comme l’exige l’administration brésilienne depuis 2006. Moderne et presque écologique, il peut se faufiler dans les zones faibles émissions, comme celles mises en place par la municipalité de Lisbonne, lieu de notre rencontre.

Le renouveau électrique

Mais cela suffit pas au couple de cheveux longs, qui a aussi « mal à sa planète ». Planète dont ils observent de près les changements en se réveillant tous les matins avec un nouveau paysage sous les yeux. Leur voeu : pouvoir vivre la vanlife en électrique. Mais difficile d’y trouver leur compte avec la marque allemande qui surfe sur la vague néo-rétro, mais qui pour eux souffle offshore : les Bulli Concept et eT ! Concept de 2011, ainsi que le BUDD-e Concept, tous trois électriques, ne seront que du vent. Ou presque, puisqu’en 2017, c’est la révélation qui permettra à Brice et Alice de ne plus confondre rêver sa vie et vivre ses rêves. Volkswagen a présenté l’ID. Buzz, une vision du Combi 2.0 qui annonçait aussi l’imminente famille ID que l’on connaît déjà.

Et l’attente fut longue. D’une part pour des raisons techniques, comme l’ont expliqué les équipes de Volkswagen à notre confrère Ronan lors de sa première prise en main. Mais aussi, c’est plus officieux, pour des raisons d’image. Car l’ID. Buzz devait être celui qui perpétue le mieux l’héritage pop du Combi, en allant au delà d’une simple peinture biton pour tenter de faire oublier qu’il n’est qu’un simple utilitaire avec des banquettes, comme le font les Multivan. Mais désormais, l’ID. Buzz est une réalité, prêt à fouler les routes et à rejoindre les meilleurs spots de surf autour du globe, depuis le Big Sur State Park californien au parc de Sintra au Portugal, ce dernier étant une émulation du premier à bien des égards.

Le Volkswagen ID. Buzz fait aussi bien le buzz que ses aînés

Posés en périphérie de Cascais, cette Monterey portugaise, les deux vans font mouche. Pourtant, il faut plisser fort les yeux pour y voir un semblant de continuité dans le style. A vrai dire, il n’y a que le museau biton et plongeant sur le bouclier qui évoque les véritables origines. Car pour le reste, l’ID. Buzz se rapproche bien plus du T2, à l’image des fausses ouïes sur le montant arrière ou de son parebrise Bay Window. Une solution impossible à réaliser à l’époque du T1, ou le manque de matériaux ne permettait de faire rien d’autre que des vitres plates. Les surfeurs en combi’ venus braver les tubes aquatiques s’émerveillent devant le New Combi, compagnon naturel de ces sportifs. A l’applaudimètre, l’ID. Buzz fait aussi bien que son prédécesseur germano-brésilien, et vole presque la vedette à l’aîné de la famille. Mais ça, c’est juste parcequ’il est nouveau.

Pourtant tout y est différent. Le poste de conduite est plutôt éloigné du parebrise, et ce, pour que le paysage saute moins à la figure en cas de choc. Mais la vision périphérique n’a pas à rougir malgré les épais montants, avec de larges surfaces vitrées. Question d’architecture, la caméra, reliée aux diverses aides à la conduite et placée à la base de la planche de bord, forme une proéminence qui entrave très légèrement le champ de vision. Rien de rédhibitoire puisque cet engin de 4,71 m de long dispose d’une caméra 360° pour les manœuvres, braque court (11 m de mur à mur) et surtout facilement. Voilà qui changera Brice, dont la musculature est davantage le fruit d’une direction non-assistée plutôt que de brasses énergiques.

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C’est là l’avantage de la modernité, d’autant que l’ID. Buzz récupère la dernière itération du logiciel embarqué. En y fermant les yeux, on pourrait s’imaginer à bord du Volkswagen ID.5, la position de conduite surélevée comme seule différence, qui pourrait laisser penser qu’on est assis sur les roues comme à l’époque. On y retrouve donc toutes les geekeries nécessaires, dont le Travel Assist qui permet de changer de voie lorsque le conducteur le souhaite par impulsion du clignotant. Voilà qui diffère sensiblement du T2 qui, lui, change de voie en fonction du vent de travers. Aussi, avec des rotules de direction aussi libres qu’un surfeur au milieu de l’océan, il est impossible de suivre une trajectoire rectiligne, avec un point milieu disproportionné. Cette conduite semi-autonome là, il vaux mieux s’en passer, surtout lorsqu’il faut traverser le pont du 25 avril aux faux-airs du Golden Gate Bridge, à 70 m au dessus du Tage !

Il n’aime toujours pas l’autoroute

Sur la route, l’ID. Buzz est impérial. Droit dans sa file à un rythme de croisière, il se montre doux et presque silencieux. Tant qu’il ne met pas les roues sur autoroute tout du moins, où les bruits de roulement se font vite entendre si le revêtement n’est pas optimal. Tout comme à bord de ses ancêtres qui résonnent, et dont l’étanchéité relative n’améliore guère le bilan auditif. A l’image de ces derniers, l’ID. Buzz dispose de freins à tambours à l’arrière (attention aux freinages d’urgence sur autoroute avec les 2 407 kg lancés à 130 km/h) et un moteur à l’arrière. Et comme l’histoire n’est un éternel recommencement, le van reprend, en plus de la plateforme MEB, le moteur de la Cox 2.0 : l’ID.3. On y retrouve donc la machine électrique d’une puissance de 204 ch pour 310 Nm de couple. Suffisant pour lui permettre d’avancer un 0-100 km/h en 10,2 s, quand la fiche technique d’un T2 fait apparaître à la même ligne un « oui, peut-être, en fonction du vent de face ».

Mais précisons que les performances n’ont jamais été au centre du cahier des charges depuis 1950. Surtout que comme avec ses sœurs actuelles, la puissance de l’ID. Buzz est sensiblement corrélée à la charge restante dans la batterie. Pour voir la couleur des 204 ch, il faudra donc avoir une batterie chargée à plus de 50 % au bas mot, et activer le mode Sport qui, comme le « h » de Hawaï, ne sert à rien ! Du moins, ce n’était pas necessaire de vouloir donner un caractère sportif à un véhicule qui n’a pas été imaginé pour. Car son truc à lui, c’est les évolutions à la (baba) cool, sur les rives des océans,  pour passer d’une plage à l’autre, et faire oublier le traditionnel trajet d’une borne à l’autre. C’est là que ses consommations seront les plus appréciables, en passant de près de 30 kWh/100 km sur autoroute (256 km d’autonomie), à près de 19 kWh/100 km (410 km) en usage roadtrip, les oreilles vibrant au rythme de The 5th Dimension, et le nez blindé d’iode.

Un Combi, c’est pour pouvoir y vivre dedans

Le couple de surfeur y trouvera assurément son compte avec l’ID. Buzz, qui ne sera pas dépaysé par l’esprit qu’il dégage. En revanche, à l’ouverture des portes arrière coulissantes électriquement (1 930 € l’option tout de même), c’est la douche froide. Non pas parce qu’ils ne trouvent pas ici un frigidaire, une kitchenette et un WC chimique. Ça, il le savaient. Mais parce qu’ils découvrent une simple banquette arrière de trois places, fractionnable 2/3-1/3 et coulissante sur 15 cm. Ce qui fait de l’ID. Buzz un véhicule à 5 places. Il faudra donc attendre le châssis long qui proposera 6 ou 7 assises. Ça sera tout de même plus dans l’esprit des 9 places de ses prédécesseurs, bien que l’ID. Buzz entrerait sans nul doute dans une autre catégorie de part son poids.

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En attendant, la configuration est basique, et si l’habitacle baigne dans la lumière avec les grandes surfaces vitrées, ces dernières sont fixes à l’arrière. Mais ce n’était guère mieux avant, exception faite du Split Windows, où l’air pouvait entrer de pleine face. Let the sunshine in, mais pas que. C’est purifiant. Mais les casseurs de vagues oublieront vite ces reproches en découvrant un intérieur plutôt pratique, avec de nombreux rangements et huit ports USB 45 W qui leur permettront de faire le plein des appareils mobiles pour faire le buzz et casser…Instagram.

Il n’en demeure pas moins que l’ID.Buzz ne permettra pas à Brice et Alice d’atteindre leur rêve de California. Pas tout de suite, plutôt, puisque la version éponyme, digne descendante des Westfalia, ne verra pas le jour avant 2024. Mais des solutions existent pour patienter. A commencer par le panneau MultiFlex (en option à 670 €) qui permet de rehausser le plancher afin de former une surface parfaitement plane lorsque la banquette est rabattue. Utile et suffisante, bien que l’on regrette l’absence d’une sorte de mode Camping façon Tesla. Pour aller plus loin, les clients pourront se tourner vers le spécialiste Ququq, qui a déjà développé une BusBox pour l’ID.Buzz. Le principe est le même, avec un couchage rehaussé, à la différence près qu’il cache en dessous des rangements pour y loger notamment un réservoir d’eau, une douchette et une kitchenette. Si le système est prêt pour la production, son prix n’a pas été communiqué, mais devrait se situer aux alentours de 3 000 €.

La parfaite panoplie du surfeur éco-responsable

Mais un Combi, électrique ou non, sans planche de surf n’est pas vraiment un Combi. Encore faut-il en trouver une qui porte en elle les mêmes valeurs que ces amoureux de la nature, et que l’ID. Buzz, qui va jusqu’à s’habiller d’une sellerie en Seaqual fabriquée à partir da plastique marin récupéré (10 %) et de bouteille en plastique PET (90 %). Et pour cela, c’est chez Nomads qu’ils trouveront leur bonheur. En écho à la vraie dent de requin blanc faite en résine que Brice porte religieusement autour du cou, le fabricant propose des équipements pour surfeurs éco-conçus et 100 % recyclables. C’est le cas par exemple des tractions pads en bouchons de liège ou avec des morceaux de sandales en plastique (encore au stade de prototype), des dérives en fibre de verre (30 %) et en filet de pêche recyclé (70 %), ou du strap des leash en combinaisons usagées (100 %).

Les planches de surf ont remplacé le pétrole par de l’huile dans leur conception avec du polystyrène biosourcé, tout comme la résine bio à hauteur de 40 %, alors que la fibre est composée de lin et de basalte. Cela permet à l’entreprise de fabriquer une planche 100 % recyclable, et dont l’analyse du cycle de vie fait état d’un bilan CO2 inférieur de 25 à 30 % par rapport à des planches fabriquées en Asie. L’héritage est sauf pour le Combi, qui deviendra plus vert que jamais ainsi équipé.

L’héritage en filigrane, seulement

Vient le moment de signer, et les temps ont bien changé depuis les années 60. Disponible à partir de 55 990 €, un modèle tout équipé avoisine les 69 000 €. C’est le prix du style, avec un total de 6 120 € d’options seulement pour les jantes, la peinture biton et l’intérieur Style Plus. Un prix qui semble plutôt élevé pour un véhicule dont la polyvalence sera paradoxalement plus mesurée que celle d’un SUV : les dimensions ne faciliteront pas le quotidien urbain, alors que l’autonomie utile sur autoroute approcherait de celle d’une citadine. Mais rappelons qu’aucun SUV à ce prix là (à commencer par l’ID.5) n’offre autant d’espace à bord.

Fruit des compromis modernes, il se situe donc pour le moment entre deux mondes, en étant pas assez polyvalent pour la plupart des conducteurs, sans qu’il ne puisse réellement séduire les fervents pratiquants de la vanlife. S’il fait tous les efforts pour pérenniser l’âme du Combi, il ne dispose pas pour le moment des caractéristiques pratiques que l’on attend de lui si on le regarde à travers le prisme de l’héritage. Reste qu’il est un rayon de soleil dans le paysage automobile actuel, et son sex-appeal lui permet de surfer sur un début de succès. Mais encore un peu de patience donc, le California arrive. Et pour s’en donner un aperçu, l’entreprise Siesta Campers, elle aussi engagée dans le développement durable, proposera dès l’année prochaine le premier ID. Buzz campervan au monde, convertit par ses soins. On en reparle bientôt.

Nous adressons nos plus vifs remerciements à ceux qui continuent de faire vivre le mythe du Combi, à l’image de Campy Camper, installée dans le pays basque, qui nous a gentiment fourni un T1 Split aménagé, ainsi qu’à Siesta Campers, qui nous a gracieusement prêté ce T2 brésilien aussi disponible à la location.

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