Supertest : VinFast VF6 Plus, les consommations et autonomies mesurées de notre essai

Le VinFast VF6 va permettre à la marque vietnamienne de s’installer chez nous. On le passe au Supertest pour faire le point sur ses prestations.

C’est au Mondial de Paris en 2018 que VinFast a dévoilé ses ambitions commerciales en Europe, en présentant deux concepts ostentatoires. Après une longue attente, la marque venue du Vietnam est enfin là. Si le VF8 devrait connaître une carrière confidentielle, le VF6 sera très certainement le plus plébiscité de la gamme. Est-il à la hauteur de ses concurrents ? Réponse chiffrée avec ce Supertest !

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Présentation du VinFast VF6 Plus

D’une longueur de 4,24 m, le VinFast VF6 entre dans le segment des SUV urbains électriques où l’on retrouve les modèles de chez Stellantis (Alfa Romeo Junior, Fiat 600e, …), le Ford Puma Gen-E, le Smart #1 ou le Volvo EX30. Malgré son gabarit compact, le VF6 pèse excessivement lourd sur la balance, avec une masse totale à vide de 2 083 kg. C’est 308 kg de plus que l’EX30, à qui l’on reprochait sa masse importante, et 563 kg (!) de plus qu’un Jeep Avenger.

Il ne fait aucun doute que la base technique, non précisée, et les matériaux utilisés ne soient pas vraiment optimisés. Sous le plancher se cache, ou presque, la batterie NMC d’une capacité de 59,6 kWh. Présentée comme la capacité nette, il s’agirait plutôt de la capacité brute. D’après nos calculs, la capacité nette se situerait, en effet, aux alentours de 56,5 kWh. Voire un peu moins, puisque la jauge (0-100 %) n’est pas du tout linéaire en fin de charge. Nous conserverons cette base pour nos calculs d’autonomie, ce qui correspondrait à la perte de charge constatée au fil des kilomètres.

Elle alimente une machine électrique avant de 204 ch pour 310 Nm de couple. Dans cette version Plus, le VinFast VF6 voit sa dotation s’enrichir, avec notamment la présence de jantes de 19 pouces. Ce haut de gamme est crédité d’une autonomie WLTP de 380 km, avec une consommation de 20,4 kWh/100. Cependant, notons ici que la différence avec la consommation directe théorique (qui correspond donc aux pertes à la recharge) est l’une des plus importantes jamais repérée par nos soins. Quand l’écart moyen se stabilise à 2,4 kWh/100 km, le VF6 perd 5,5 kWh/100 km !

Toutes nos mesures de consommation du VinFast VF6 Plus

Autonomie mixte : 319 km

Avec une température extérieure de 13 °C, le VinFast VF6 a avoué une consommation moyenne de 17,7 kWh/100 km au terme de notre boucle mixte. Un résultat sans éclat, finalement cohérent à ses caractéristiques techniques. C’est surtout le cas en ville, où les multiples relances des 2 170 kg aux feux pèsent sur le bilan. À peine plus petit qu’un Peugeot e-2008, il présente des consommations équivalentes à un Peugeot e-3008 ou un BYD Atto3 selon nos mesures. En revanche, notons que l’écart de -16 % entre l’autonomie calculée de 320 km et celle homologuée est dans la bonne moyenne.

Longue distance sur autoroute : 239 km

Sur notre parcours type exclusivement autoroutier de 500 km (vitesse moyenne de 115 km/h) entre la périphérie sud de Lyon et le périphérique parisien, le VinFast VF6 a affiché une moyenne finale de 23,6 kWh/100 km. Ce qui se traduit selon nos observations et calculs par une autonomie totale de près de 240 km, ou de 170 km de 80 à 10 % de charge. L’effet du poids sur autoroute est nettement atténué, et le VF6 présente un rayon d’action assez correct, au niveau d’une MG 4 Luxury, d’un BYD Atto3 ou d’un Honda e:Ny1, de la catégorie supérieure.

Consommation instantanée à haute vitesse

En raison de travaux sur la voie rapide qui nous sert de base, nous n’avons pas pu réaliser de mesure de consommation à vitesse instantanée. En revanche, d’après des tests menés sur des portions différentes, nous avons noté une moyenne proche de 25 kWh/100 km à une vitesse fixe de 130 km/h. Mais rappelons que la mesure est purement indicative puisque réalisée en dehors de notre protocole habituel.

L’éco-conduite : 428 km

Le VinFast VF6 dispose de trois modes de conduite, dont un mode Eco. Celui-ci bride la puissance moteur aux alentours de 180 ch selon nos estimations (voir tableau performances). C’est dans le menu Drive Mode qu’il est aussi possible de choisir parmi trois niveaux de force de régénération, dont un vrai mode roue-libre. Enfin, la climatisation ne dispose d’aucun programme économique pour réellement faire abaisser la conso. Bref, la programmation Eco est basique, comme sur de nombreuses voitures électriques, et nous n’avons pas réussi à descendre sous les 13,2 kWh/100 km sur cet exercice avant tout ludique. Nous avons eu des résultats similaires avec les BYD et MG suscitées.

Toutes nos mesures de performances du VinFast VF6 Plus

Accélérations et reprises

Avec un rapport poids/puissance en ordre de marche de 10,7 kg/ch, le VinFast VF6 ne promet pas de coller au siège. C’est ce que sous-entend aussi sa fiche technique avec un 0-100 km/h annoncé en 8,9 s. Dans la réalité, nous avons noté le 0-100 km/h en 8,3 s et un 400 m DA en 16,3 s. Des chiffres plus intéressants, mais finalement cohérents avec les caractéristiques techniques. Et il fait bonne figure en matière de reprise avec 5,5 s sur le 80-120 km/h à 80 % de charge. C’est celui qui décolle le plus fort parmi les plus de 10 kg/ch.

Mais c’est le cas que lorsque la charge est suffisante, puisque la perte de puissance au fil de la charge est très sensible. A 20 % de charge, nous avons noté une reprise en 7,9 s. Soit une perte considérable de 2,4 s, quand la moyenne est à 0,4 s ! Pire encore sous la barre des 20 % : il faut compter près de 10 s pour doubler, alors que la voiture peine à dépasser les 115 km/h sur autoroute sous la barre des 15 % de charge.

Freinage et récupération d’énergie

Si le système de freinage ne souffre d’aucune critique en temps normal, il semble sous dimensionné pour contenir la masse du véhicule en dehors des villes. De plus, le manque de mordant sensible en fin de course allonge les distances de freinage : nous avons mesuré 69,5 m depuis 130 km/h en utilisant le système de freinage dissipatif, couplé au mode roue-libre. C’est beaucoup ! Avec le mode de freinage régénératif maximal activé, la distance est plus courte (66,6 m). Pour comparaison, une Renault 5 e-Tech, référence en la matière, s’arrête en 61,8 m.

Le mode roue-libre permet de laisser filer la voiture sur plus de 1 300 m. Plus qu’il n’en faut, même si la résistance au roulement des pneus réduit la distance. Dans le mode de freinage régénératif le plus faible, le SUV réclame près de 860 m. Avec le mode le plus fort, il faut compter près de 222 m pour s’arrêter depuis 80 km/h. Il s’agit du sysytème freinage régénératif le moins puissant que nous avons mesuré jusqu’à aujourd’hui. Pour autant, la capacité de récupération est dans la bonne moyenne. Sur notre parcours type, nous avons mesuré un taux de 15,5 % entre l’énergie consommée à la montée et celle récupérée à la descente au même rythme.

Confort et vie à bord

Confortable en ville, le VinFast VF6 bouge beaucoup en dehors. La faute à une suspension très souple, qui peine à canaliser les compressions et les détentes. Cela se traduit par une prise de roulis et des mouvements de caisse parasites dans les virages, où le manque de maintien des sièges avant remue les passagers. Dommage, car les prestations dynamiques sont correctes avec un bon niveau de motricité des pneus, qui ont fort à faire en raison de la distribution de la puissance. Leur longévité sera à surveiller. Tout comme le comportement sous la pluie.

À bord, l’assise surélevée et la planche de bord débarrassée offrent une bonne vision périphérique. Seul l’affichage tête-haute est projeté sur le pare-brise. Utile, puisque toutes les informations sont regroupées sur l’écran tactile central, au demeurant rapide et facile à utiliser après une période d’adaptation. Comme toujours avec ce type d’agencement intérieur. Si certains matériaux peuvent se révéler fragiles, la présentation n’a pas à rougir face à certaines voitures de constructeurs historiques et/ou prétendument premium. L’insonorisation est plutôt correcte selon notre sonomètre (70 dB à 130 km/h, comme dans une R5 e-Tech), mais des bruits aérodynamiques autour des rétroviseurs se font entendre. Sur autoroute, si on apprécie la qualité du système de conduite semi-autonome, la sensibilité et les interventions des aides électroniques sont plus discutables. À désactiver à chaque démarrage.

Niveau habitabilité, le VinFast VF6 ne révolutionne pas la catégorie, mais la place aux genoux à l’arrière est dans la moyenne. En revanche, le passager avant devra avancer son siège au maximum pour pouvoir loger une base rotative et un siège enfant, à l’image de notre duo témoin Thule Alfi et Elm. Annoncé à 423 l, le coffre est suffisant lui aussi, même si notre poussette Thule Spring occupe la quasi-totalité du plancher.

Original et joliment dessiné, le VinFast VF6 vient s’attaquer au segment concurrentiel des SUV urbains. Plus vaste que la ribambelle de SUV déployés par le groupe Stellantis, il affiche toutefois une masse vraiment déraisonnable qui a un impact non négligeable sur ses consommations, notamment en ville. Ailleurs, et plus précisément sur autoroute, il se met au niveau de ses concurrents : les performances séduisent, et les consommations sont dans la moyenne, sans plus. Le niveau de polyvalence est intéressant, tout comme ses capacités de recharge… S’il ne fait pas chaud. On fait le point la semaine prochaine.