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Assurant aujourd’hui la fabrication de la Renault ZOE, l’usine française de Flins (Yvelines) va progressivement abandonner la production de véhicules pour devenir la première Re-Factory du constructeur. Annoncée en janvier lors de la présentation du plan Renaulution, cette transformation vise à assurer la pérennité des quelque 3 000 personnes employées sur le site. Respectivement directeur de l’usine de Flins et Responsable du Pôle Économie Circulaire du Groupe Renault, Jean-Philippe Billai et Jean-Denis Curt reviennent sur les contours et les prochaines étapes du projet.
« La Re-factory, c’est faire de Flins la première usine européenne d’économie circulaire dédiée à la mobilité », résume Jean-Philippe Billai, Directeur de l’Usine et du Projet Re-Factory Flins. « L’idée, c’est de constituer un écosystème. Entreprises, startups, organismes de recherches, startups, centres de formation… ouvert à tous les acteurs de la filière, cet écosystème permettra de trouver en un seul et même lieu toutes les ressources nécessaires », poursuit-il.
Pour mieux réorganiser son site industriel, Renault a choisi de reconcentrer l’activité autour de quatre grands pôles.
Destinée à prolonger la vie des véhicules, l’activité Re-trofit sera probablement celle qui prendra le plus de place à Flins. Du moins dans un premier temps.
« Nous allons mettre à Flins une Factory VO qui servira à reconditionner les véhicules d’occasion », explique Jean-Philippe Billai. « L’objectif c’est de profiter du savoir-faire industriel de Flins pour proposer une prestation de reconditionnement qui soit proche de ce qu’on peut faire en 1re monte ».
En parallèle, Flins proposera la conversion de véhicules utilitaires vers du biogaz ou de l’électrique. Des services spécifiques seront également proposés pour la maintenance des grandes flottes, mais aussi la fabrication de pièces devenues indisponibles grâce à l’impression 3D.
Directement lié au véhicule électrique, Re-energy vise notamment à réutiliser les batteries arrivées en fin de vie. « Renault a été l’un des premiers constructeurs à construire des voitures électriques. On possède l’un des plus gros parcs en circulation et ces batteries vont revenir massivement vers nous en 2024-2025. Quand elles vont nous revenir, elles auront encore 60-70 % de niveau de vie. Ce que nous souhaitons, c’est les réutiliser sur d’autres applications », résume Jean-Philippe Billai.
À ce titre, Renault a déjà participé à plusieurs opérations, mettant à disposition des batteries de ZOE reconditionnées pour un projet de bateau électrique sur la Seine ou encore pour du stockage stationnaire à Porto Santo.
À lire aussiSur l’île de Porto Santo, Renault teste le réseau électrique de demain« Aujourd’hui, on a plus de demande que de batteries disponibles », constate Jean-Denis Curt, Responsable du Pôle Économie Circulaire du Groupe Renault. « Cela va augmenter progressivement, mais il est clair que pour les 10 années voire plus, la demande dépassera l’offre. Cela nous donne néanmoins l’opportunité de tester et de sélectionner les applications les plus prometteuses. À horizon 2025, on escompte plusieurs milliers de batteries en rythme annuel. À horizon 2030 on aura dépassé la dizaine de milliers de batteries » chiffre-t-il.
« Là, nous sommes au cœur de l’économie circulaire. Flins a un savoir-faire intéressant avec ses lignes d’emboutissage. L’idée est de récupérer ses actifs pour créer des pièces de rechange. En ce sens, nous allons relocaliser les activités du site de Choisy-le-Roi qui est spécialisé sur le remanufacturing d’organes et implanter une ligne de déconstruction des véhicules. L’objectif est de récupérer des pièces que nous pourrions reproposer en pièces de réemploi. Les assureurs sont très intéressés ! » détaille Jean-Philippe Billai. « Si les pièces ne sont pas réutilisables, elles sont réorientées vers la filière du recyclage ».
Une activité qui concernera aussi les composants spécifiques à la voiture électrique. « La ligne déconstruction des batteries sera mise en place en parallèle de celle liée à la déconstruction des véhicules », explique Jean-Denis Curt. « L’objectif c’est d’avoir du reconditionnement, de l’assemblage de batteries d’occasion pour l’après-vente », poursuit-il.
Axée sur l’innovation mais aussi la formation aux nouveaux métiers, l’activité Re-Start vise à intégrer à Flins un incubateur de startups, mais aussi un pôle de formation universitaire. Un centre de formation qui servira en premier lieu à former les collaborateurs de l’usine aux nouveaux métiers de la Re-Factory.
Le nouvel écosystème prévu à Flins ne se construira pas en un jour. Plusieurs étapes sont prévues d’ici à 2024, date à laquelle le site aura terminé sa mutation. Pour 2021, trois grands chantiers ont été identifiés.
Le premier, et sans doute le plus important à court terme, concerne l’implantation de la première factory VO. Celle-ci doit démarrer ses activités en septembre 2021. « On est en train de recruter en interne les premiers collaborateurs pour les faire entrer dans un processus de formation », explique Jean-Philippe Billai.
Capable de traiter 45 000 véhicules par an, puis 100 000 à horizon 2030, cette usine dédiée au reconditionnement des voitures d’occasion s’adressera essentiellement aux concessionnaires de la région parisienne. « Au cœur de Paris, les concessions ont de grosses problématiques de surface pour stocker les véhicules. En occasion, le temps c’est de la dépréciation. Ce que nous voulons, c’est être en mesure de reconditionner un véhicule en moins de cinq jours avec un standard et une organisation industrielle. En termes de coût, notre idée est d’être plus compétitifs que ce que l’on fait dans une affaire en réutilisant notamment les pièces de réemplois issues du site. Cette offre de reconditionnement sera multimarque et rayonnera sur quelques centaines de kilomètres autour de Flins. Au-delà, le coût logistique fait que ce n’est plus intéressant », explique Jean-Philippe Billai.
Les deux autres chantiers concerneront la mise en place de l’incubateur de startups, prévue pour le mois d’avril, et le transfert des activités de Choisy-le-Roi. Celui-ci sera lancé fin 2021 et s’étalera jusqu’en septembre 2022.
Si le rétrofit électrique est sans doute l’activité qui intéresse le plus nos lecteurs, ce n’est pas celle qui démarrera en premier.
« Nous sommes en train de faire des prototypes. Ce n’est qu’à partir de là que nous serons en mesure de construire un planning. Il y a des contraintes d’homologation. On est en train de travailler avec des partenaires potentiels », détaille le directeur de l’usine de Flins.
L’opération sera-t-elle réalisée par Renault ou un partenaire implanté sur le site ? « Ce n’est pas encore acté. Il y a plusieurs schémas que l’on étudie en parallèle », nous répond-il. « Pour l’heure, on regarde les modèles Renault, car ce sont les véhicules que l’on connaît le mieux, mais cela pourra aussi se faire sur d’autres marques », complète-t-il.
« Ce que l’on vise, c’est assurer la pérennité de l’activité des collaborateurs de Flins. Au départ, la nouvelle n’a pas forcément été bien accueillie », reconnaît notre interlocuteur. « Lorsqu’on vient chez Renault, c’est pour fabriquer des voitures. Le concept d’économie circulaire est relativement récent. Au final, nos salariés se rendent compte que nous sommes sur un projet qui reste au cœur des problématiques d’aujourd’hui. C’est un projet d’avenir et on observe qu’ils sont de plus en plus convaincus. Sur ce projet de Re-Factory, nous souhaitons mobiliser autour de 2 000 personnes en 2025 et 3 000 à horizon 2030 »
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