Montage de la Renault Megane E-Tech

L’ACEA, association qui regroupe plusieurs grands constructeurs, dont Renault et Volkswagen, a publié un communiqué pour réclamer à l’Europe des changements sur les règles CO2.

Le lobbying ne se cache plus. Plusieurs constructeurs ont officiellement demandé aux instances européennes des “mesures d’allègement urgentes” avant l’entrée en vigueur en 2025 de règles plus sévères sur les émissions de CO2.

Un communiqué de presse en ce sens a été publié ce jeudi 19 septembre par l’ACEA, l’association qui regroupe une large majorité des constructeurs présents en Europe. On trouve ainsi dans les signataires Renault, Volkswagen, BMW, Ford, Honda, Nissan, Toyota, Volvo, ainsi que des firmes spécialisées dans les véhicules professionnels, comme Iveco.

Il n’y a en revanche pas les marques de la galaxie Stellantis, qui s’était détachée de l’ACEA. Et son patron, Carlos Tavares, fait d’ailleurs entendre un son de cloche différent, ne souhaitant pas de changement des règles. On sent qu’il va y avoir de l’ambiance au prochain Mondial de l’Automobile !

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L’ACEA est présidé par Luca de Meo, directeur général de Renault, qui est très mobilisé sur ce sujet depuis quelques semaines et a donc réussi à faire sortir du bois une bonne partie de l’industrie. Depuis quelques jours, un document de lobbying circulait dans les couloirs des institutions européennes, sans qu’il ne soit signé ou revendiqué. La situation est maintenant plus officielle.

Les ventes de voitures électriques baissent

Pour rappel, en 2025, la réglementation CAFE doit devenir plus sévère. Le quota d’émissions de CO2 pour les voitures neuves vendues va baisser de 15 %. Un tour de vis qui inquiète de nombreuses marques, qui craignent de ne pas tenir leurs nouveaux objectifs. Or, les dépassements sont sanctionnés par des amendes financières. En l’état actuel des choses, celles-ci pourraient atteindre 10 à 15 milliards d’euros.

Pour être dans les clous, les marques doivent booster leurs ventes de véhicules électriques. Il faudrait que ces dernières représentent 20 à 25 % du marché en 2025. Or, l’ACEA s’alarme d’un gros ralentissement de la demande cette année, où la part de marché recule même. Sur la période janvier-août, elle est passée de 13,9 à 12,6 %.

Dans son communiqué, l’ACEA indique qu’elle “soutient l’accord de Paris et les objectifs de décarbonation des transports de l’UE à l’horizon 2050″ et souligne qu’elle “a investi des milliards dans l’électrification pour mettre des véhicules sur le marché. […] Nous jouons notre rôle dans cette transition, mais malheureusement, les autres éléments nécessaires à ce changement systémique ne sont pas en place”.

L’ACEA détaille :Nous ne réunissons pas les conditions essentielles pour stimuler la production et l’adoption de véhicules à zéro émission : des infrastructures de recharge et d’approvisionnement d’hydrogène, ainsi qu’un environnement de production compétitif, une énergie verte abordable, des incitations fiscales et à l’achat, et un approvisionnement sûr en matières premières, en hydrogène et en batteries”.

“Besoin d’une action urgente”

Des clauses de revoyure ont bien été prévues par l’Europe pour le calendrier vers le tout électrique, avec des échéances en 2026 et 2027. L’ACEA veut que cela soit avancé à 2025 : “l’industrie ne peut pas se permettre d’attendre. […] Nous avons besoin d’une action urgente et significative dès maintenant pour inverser la tendance à la baisse, restaurer la compétitivité de l’industrie de l’UE et réduire les vulnérabilités stratégiques”.

Les constructeurs se disent “prêts à discuter d’un ensemble d’allègements à court terme pour les objectifs de CO2 de 2025 pour les voitures et les vans, ainsi que d’une révision rapide, complète et solide des règlements sur le CO2 pour les voitures et les camions, et d’une législation secondaire ciblée, afin de mettre la transition vers l’absence d’émissions sur la bonne voie et d’assurer l’avenir industriel de l’Europe”.

Pour faire pression, l’ACEA agite la menace des pertes d’emplois. Pour elle, maintenir les quotas de CO2 de 2025 va obliger les constructeurs à stopper la vente de modèles thermiques, ce qui peut entrainer la fermeture d’usines qui les produit.