Lundi 5 juin 2023, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a annoncé un coup de pouce exceptionnel de la part de l’État pour financer la nouvelle usine de semi-conducteurs de STMicroelectronics et GlobalFoundries à Crolles.
Le coût total de cette fonderie qui verra le jour près de Grenoble devrait atteindre les 7,5 milliards d’euros. C’est la plus importante aide de l’État pour participer à la construction d’une usine depuis 2017, selon Bercy. Une aide financée dans le cadre du plan France Relance. Au total, une enveloppe globale de 5,5 milliards d’euros servira à développer le secteur des semi-conducteurs en France.
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— Ministère de l'Économie et des Finances (@Economie_Gouv) June 5, 2023
Bientôt 1 000 emplois créés à Crolles ?
D’ici à 2030 et pour répondre aux objectifs du Chips Act, l’Union européenne veut pouvoir fournir 20 % du marché mondial des semi-conducteurs. Dans la vallée du Grésivaudan, la future usine de ST Microelectronics et GlobalFoundries doit permettre la création de près de 1 000 emplois. La fonderie doit atteindre sa pleine capacité d’ici à 2026 et être en mesure de produire 620 000 plaques de 300 mm chaque année.
GF and @ST_World announced today the conclusion of the agreement to create a new, jointly-operated, high-volume semiconductor manufacturing facility in Crolles, France.
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— GlobalFoundries (@GlobalFoundries) June 5, 2023
Les composants qui sortiront de cette usine seront destinés au marché de l’automobile et aux objets connectés. Selon le ministre de l’Économie, ce projet a pour objectif « d’ajouter pratiquement 6 % de nouvelles capacités de production à la capacité européenne existante ». Cette méga-usine va permettre d’atténuer les tensions en approvisionnement jusqu’à 41 % sur les nœuds d’une finesse de gravure de 20 nm à 65 nm. Bruno Le Maire parle même du plus grand investissement industriel des dernières décennies, hors nucléaire.
Si les usines de semi-conducteurs coûtent aussi cher, c’est notamment lié à la mise en place de procédés extrêmement sophistiqués qui permettent une finesse de gravure incomparable. Il y a quelques mois, de nombreuses industries étaient encore aux prises avec un manque crucial de semi-conducteurs. L’industrie automobile était tout particulièrement concernée. Aujourd’hui, les fabricants se sont adaptés et de nouvelles usines comme celle de Crolles voient le jour.
L’Europe met le paquet sur les semi-conducteurs
Au total, le Chips Act européen prévoit de mobiliser 43 milliards d’euros d’investissements publics et privés dans la production de semi-conducteurs. Selon Thierry Breton, commissaire européen en charge du Marché intérieur, « l’Europe prend son destin en main. En maîtrisant les semi-conducteurs les plus avancés, l’Union deviendra une puissance industrielle sur les marchés du futur ».
L’idée est de permettre à l’Europe de concurrencer les grandes puissances productrices, spécifiquement les pays asiatiques qui dominent le marché mondial avec Taïwan, la Corée du Sud et la Chine. Bruxelles semble désormais prêt à assumer une politique industrielle interventionniste.
Bonne nouvelle pour l’Europe. Cette usine va permettre à la France et au Vieux continent de rester dans la course. Les 43 milliards d’euros prévus par la Commission européenne seront d’une grande aide pour remédier à la pénurie des puces en Europe. Mais aussi pour réduire la dépendance du continent à l’égard d’acteurs étrangers et renforcer la souveraineté technologique. L’Union compte doubler sa part de marché dans le secteur des semi-conducteurs d’ici à 2030. C’est un objectif ambitieux mais tenable à mesure que de nouvelles usines comme celle de Crolles sortent de terre. C’est également une très bonne nouvelle pour la France et pour l’emploi. Une ère de réindustrialisation semble s’ouvrir.