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Si la Norvège a été pionnière dans le développement de l’électromobilité, les Pays-Bas se profilent comme un nouveau champion des véhicules électrifiés.
A l’instar de nombreux autres Etats, les Pays-Bas ont annoncé une interdiction de vente sur leur territoire des véhicules à moteur thermique. Celle-ci entrera en vigueur dès 2030. La décision a été prise au moment de la formation du gouvernement actuel et elle est inscrite dans l’accord de coalition. Il y est précisé que : « tous les nouveaux véhicules devront être à émission zéro au plus tard en 2030 ». Comme on le comprend il ne s’agira pas seulement de bannir la vente des voitures diesel ou à essence, mais également de celles qui sont alimentées au gaz ainsi que les hybrides, rechargeables ou pas.
Cette mesure ambitieuse pourra difficilement être remise en question depuis le verdict prononcé en octobre 2018 par la cour d’appel de La Haye. Celle-ci a confirmé un jugement rendu en première instance ordonnant au gouvernement de réduire les émissions de gaz à effet de serre du pays plus rapidement que prévu. C’était une première mondiale en matière de justice climatique. Le recours avait été porté devant les juges par une ONG agissant au nom de 886 citoyens néerlandais.
Qu’en est-il aujourd’hui, 18 mois après l’annonce de cette mesure d’interdiction ? Eh bien, à l’inverse d‘autres pays ayant affiché leur ambition « abolitionniste » (comme la France par exemple), il semble bien que nos voisins du nord se préparent activement à atteindre l’objectif et qu’ils soient sur la bonne voie. Le pays compte déjà plus de 42.000 points de recharge publics soit près du quart de toutes les bornes installées en Europe. Il faut dire qu’avec New Motion, Allego et Fastned, les néerlandais peuvent compter sur 3 des plus importants fournisseurs européens de services de recharge. La ville de La Haye, par exemple, a inauguré il y a quelques semaines la millième borne qu’elle met à disposition de ses habitants. « Si nous voulons réussir la transition, il faut que tous les acteurs s’y mettent, autorités gouvernementales, communes, fédérations sectorielles, transporteurs, fabricants de véhicules et fournisseurs de carburant » avait déclaré à l’époque un porte-parole de la fédération néerlandaise des transporteurs. Les quelques exemples qui suivent montrent à l’évidence que l’ensemble des acteurs économiques du pays prennent les mesures nécessaires.
Il y a quelques jours les sociétés de taxis et les autorités communales ont fêté l’arrivée dans les rues d’Amsterdam du millième taxi électrique. Comme on le sait, la capitale n’acceptera plus en 2030 que des véhicules électriques dans son centre-ville. Mais dès 2025, les camions, les utilitaires et les taxis à moteur thermique y seront déjà bannis. La ville a passé des accords avec les fédérations concernées et elle leur alloue des aides et des subsides en vue de leur permettre d’atteindre l’objectif. Ainsi, l’achat d’un taxi électrique bénéficie d’un bonus substantiel. Autre exemple : lorsqu’un camion électrique est utilisé pour un déménagement, la municipalité annule les taxes et redevances normalement comptées pour la réservation d’une place de parking, la circulation dans une rue piétonne, l’occupation temporaire du trottoir, etc.
L’état néerlandais se doit aussi de montrer l’exemple : il a récemment conclu un contrat pour l’installation de 2.000 bornes de recharge. Elles serviront en premier lieu à recharger les véhicules de ses services, mais pourront aussi être utilisées par tous les électromobilistes. L’état dispose du plus important parc de véhicules du pays. Dès l’année prochaine il sera électrifié à 20 %. Et en 2028 tous les véhicules thermiques auront été remplacés.
Enexis, un gestionnaire de réseau électrique, a installé 98 bornes de recharge intelligentes dans le parking souterrain de son siège administratif à ’s-Hertogenbosch. Il s’agirait du plus grand « parc de recharge intelligent du pays ». Au cours de la dernière année la société a mis à disposition de ses employés 150 bornes de recharge supplémentaires. 70 % de son parc de voitures sont déjà électriques.
Dès ce mois de juillet, ABN AMRO, une des plus grandes banques du pays ne fournira plus que des voitures 100 % électriques aux membres de son personnel qui bénéficient d’une voiture de société. Ainsi, dans 5 ans son parc de 2.000 véhicules sera complètement électrifié. Par rapport à la situation actuelle, cela représentera une réduction annuelle des émissions de CO2 de 11.000 tonnes. La société incitera et aidera aussi ses autres employés à adopter des modes de déplacement « verts ».
Triodos, une banque « éthique » qui ne prête des fonds qu’à des projets « écologiques », sociaux ou culturels, projette la construction du plus grand parc de recharge solaire : 3.253 m² de panneaux photovoltaïques alimenteront 120 bornes de recharge bidirectionnelles. Lorsque la batterie d’un véhicule est suffisamment chargée, elle peut restituer le courant pour alimenter les bureaux de l’entreprise. Ses employés disposent de voitures électriques partagées.
Il ne s’agit là que de quelques exemples parmi beaucoup d’autres des initiatives prises par les néerlandais pour se préparer à la future interdiction des véhicules à moteur conventionnel. Mais je me mets à rêver qu’ils puissent inspirer les acteurs et les décideurs d’autres pays. Ceux de ma région en particulier, la Wallonie, qui prend un retard considérable dans le développement de l’électromobilité.
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