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La marque va renouer avec sa tradition d’élégantes berlines avec une Gamma 100 % électrique. Mais Lancia n’entend pas jouer la carte de la nostalgie.
Elle sera la seconde étape sur la route de Lancia. Après l’Ypsilon, lancée d’ici à quelques semaines sur le marché français, Lancia proposera, en 2026, un tout nouveau modèle à son catalogue. Il s’agira d’une berline 100 % électrique, très probablement nommée Gamma, d’une longueur d’environ 4,70 m, soit un format proche de la Tesla Model 3 ou d’une BMW i4. Elle devrait articuler esthétique moderne et confort soigné plutôt que de mettre en avant des puissances stratosphériques.
« Le design vient d’être approuvé par Carlos Tavares, nous révélait Luca Napolitano, le patron de la marque turinoise, à l’occasion des essais presse de l’Ypsilon. Nous avons fait des tests auprès de clients potentiels italiens et allemands, les résultats sont très bons. Le mot qui a été le plus prononcé est « futuriste », ce qui prouve à mes yeux que nous allons dans la bonne direction. Nous ne voulons pas construire des voitures nostalgiques ».
À peine gelée, la Gamma aura été la dernière œuvre directement supervisée par Jean-Pierre Ploué. Le père de la Renault Twingo, qui a défini les lignes directrices de la nouvelle Lancia, laisse sa fonction à Gianni Colonello. Ce designer italien était jusqu’ici responsable des intérieurs de la marque turinoise. Le Français sera désormais uniquement responsable du design des marques européennes de Stellantis (Abarth, Alfa Romeo, Citroën, DS, Fiat Europe, Lancia, Opel, Peugeot, Vauxhall).
Côté esthétique, il faut donc s’attendre à voir quelques-uns des marqueurs de la nouvelle marque, déjà esquissées par le concept-car Pu+Ra HPE : le calice fumé à l’avant, les trois branches de led, l’utilisation des ronds et des lignes, des surfaces de tôlerie souples. La carrosserie devrait adopter une ligne fluide et fastback.
L’aménagement intérieur de l’Ypsilon nous avait plu pour son esthétique. Un peu moins pour la qualité des matériaux. En prenant en compte la clientèle intéressée par les berlines et le tarif logiquement plus élevé, Lancia devrait corriger le tir. Pavillon transparent, moquettes et tissus de qualité devraient composer un salon roulant et reposant pour tous les passagers.
Stellantis devrait d’ailleurs reprendre les moelleux sièges cannelloni déjà vus sur le concept Pu+Ra HPE et sur la citadine Ypsilon, ainsi que le tavolino, petite table portant le chargeur à induction entre la console centrale et la planche de bord. Retrouvera-t-on aussi les stores vénitiens, l’une des signatures de la marque dans les années 1970 ? « Sur la Gamma, oui », concédait il y a quelques mois Luca Napolitano à nos confrères milanais de Quattroruote.
Les adeptes du made in Italy peuvent aussi se rassurer : la Gamma sera assemblée à Melfi, au sud de la Botte, quand l’Ypsilon voit le jour en Espagne.
Contrairement à l’Alfa Romeo Giulia, qui sera conçue autour de la plateforme STLA-Large, cette Lancia reposera sur la STLA-Medium. Cette dernière a déjà donné naissance au récent Peugeot e-3008, mais aussi à sa déclinaison hybride de 136 ch. Le plan produit consiste pour l’instant à offrir la Gamma uniquement en électrique.
Le patron a déjà lâché que l’Italienne serait disponible en transmission intégrale. « Cela nous offre la possibilité de passer de HF avec l’Ypsilon à HF Integrale » s’enthousiasme Luca Napolitano. Ce label fleure bon les explosives Delta à quatre roues motrices des années 1980… On avait dit pas de nostalgie. Dans cette configuration, la plateforme peut proposer de 220 à 390 ch, ce qui est dans la moyenne des berlines de ce segment.
Pour l’heure, on ne sait pas si une version 2-roues motrices sera proposée. Ce qui est certain, c’est que dans ce cas, la plateforme Stellantis impose pour l’instant une traction plutôt qu’une propulsion. Pas de frunk en vue, donc. Le poids très élevé du Peugeot e-3008 (2 108 kg pour un seul moteur et une batterie de 73 kWh) a été noté lors des premiers essais, nuisant notamment à l’efficience. Plus basse, la Gamma devrait faire mieux grâce à une surface frontale inférieure.
La tension nominale à 800 volts n’est pour l’heure pas possible sur cette plateforme. Le choix des batteries sera donc essentiel. Dans sa configuration prévue aujourd’hui, la plateforme peut emporter des packs de 73 et 98 kWh « utiles ». Les autonomies pourraient ainsi osciller entre 450 et 650 kilomètres selon la norme WLTP.
Le e-3008 avec des accumulateurs NMC produits par une filiale de BYD annonce aujourd’hui une puissance de recharge en crête de 160 kW. Elle est en revanche décevante en deuxième partie de branchement, comme l’a montré le supertest de mon confrère Souyane Benhammouda, avec des arrêts de 40 minutes en conditions réelles pour passer de 10 à 80 % de la capacité. Heureusement pour la Gamma, les résultats pourraient néanmoins s’améliorer grandement avec l’arrivée de nouveaux accumulateurs réalisés par ACC.
Cette co-entreprise fondée par Stellantis, Mercedes et TotalEnergies devait d’ailleurs ouvrir une usine de batteries à Termoli, à 160 kilomètres du site d’assemblage de la Gamma à Melfi. Le projet à deux milliards d’euros – dont 400 millions de fonds publics – est aujourd’hui suspendu. Stellantis justifie sa décision par l’essoufflement de la demande de véhicules électriques et la nécessité de fournir la 500 « hybride » en moteurs FireFly fabriqués jusqu’ici justement sur ce site de Termoli. Bref, encore une pomme de discorde entre le gouvernement de Giorgia Meloni et le groupe de Carlos Tavares… Les batteries de la Gamma pourraient donc venir de Douvrin (Pas-de-Calais) ou Kaiserslautern (Allemagne).
À lire aussiBras de fer entre Stellantis et l’Italie : qui a raison et qui va gagner ?Il est évidemment trop tôt pour parler des tarifs. Mais le positionnement premium ambitionné par Stellantis pour Lancia devrait placer la Gamma dans une bande autour de 55 000 à 60 000 euros. Il conviendra bien sûr de confirmer cette supposition en fonction des caractéristiques finales de la chaîne de puissance.
Pas nostalgique ? La Gamma reprendra tout de même une appellation et une silhouette évoquant le passé. Présentée en 1976, la Lancia Gamma était l’une des grandes berlines les plus radicales de son temps. D’abord par sa silhouette. Après les très traditionnelles et tricorps Flavia et 2000, Turin innovait avec un dessin fastback accordant un Cx de 0,30. Un chiffre exceptionnel dans les années 1970 et bien relevé par la presse de l’époque, en pleine crise énergétique.
Conçue autour d’une monocoque— Lancia l’avait inventée cinquante ans plus tôt — et comme une traction, la Gamma était animée par des 4-cylindres « boxer » de 2 et 2,5-litres. Contrairement à la Citroën CX, qui utilisait une suspension hydropneumatique, la Gamma reprenait le système plus conventionnel, mais salué à l’époque pour son efficacité de sa petite sœur, la Lancia Beta.
Commercialement, ce fut en revanche un échec, avec moins de 15 000 exemplaires assemblés jusqu’en 1984 à Chivasso, près de Turin. « Elle a déconcerté les amateurs de Lancia qui s’attendait à une voiture qui pouvait rivaliser avec les 6-cylindres allemands » estimait Quattroruote en 1981.
Ses soubassements servirent de base au concept car Lancia Megagamma, présenté au salon de Turin 1978. Cette étude produite par le carrossier Italdesign de Giorgetto Giugiaro eût un rôle séminal dans l’histoire de l’automobile. Ce véhicule cubique de 4,31 m de longueur et d’un peu plus d’une tonne anticipait, en effet, avec son nez plongeant et la position relevée des passagers, la vague des monospaces.
Philippe Guédon, responsable de la branche automobile de Matra en prit bonne note. Egalement impressionné par les vans lors d’un voyage d’étude aux États-Unis, il commanda une épure au dessinateur Antoine Volanis. Celui-ci crayonna un « dessin orange » qui aboutira, après un tortueux processus de développement et le refus de Peugeot, au Renault Espace de 1984. On avait dit pas de nostalgie.
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