Face aux taxes sur les électriques, les constructeurs chinois mettent le paquet sur les hybrides

La Commission Européenne a renforcé les taxes à l’importation des véhicules électriques chinois. Et comme la mesure ne concerne que les électriques, les constructeurs chinois ont d’ores et déjà changé leur stratégie pour importer plus de modèles thermiques ou hybrides.

Les surtaxes sur les voitures électriques made in China vont-elles aider les constructeurs européens ? Rien n’est moins sûr. Ce qui l’est en revanche, c’est qu’elles ne vont pas du tout aider au verdissement du marché et à la réduction des émissions de CO2… Alors que les taxes ne sont effectivement en vigueur que depuis quelques semaines, le changement de cap est déjà visible. Au troisième trimestre de l’année, la part des véhicules électriques dans les exports chinois vers l’Europe a déjà diminué. Au profit des modèles essence, hybrides ou hybrides rechargeables.

La bienveillante commission européenne a en effet choisi de ne taxer que les véhicules 100 % électriques. Une limitation qui reste difficile à comprendre. Aveuglement, incompétence, volonté (inefficace ?) de calmer le jeu  ? Ces taxes visent en effet les véhicules électriques largement subventionnés. Mais dans sa volonté d’électrifier son marché, la Chine ne fait pas la distinction entre 100 % électrique, hybride rechargeable ou électrique avec prolongateur d’autonomie (hybride série rechargeable…). Les hybrides sont donc tout autant subventionnés, et leur compétitivité en matière de coûts, de technologie ou de performance n’a rien à envier aux électriques.

Plusieurs constructeurs ont d’ores et déjà annoncé ou montré leur changement de stratégie. BYD qui voulait ne vendre que des modèles électriques chez nous a déjà lancé le Seal U PHEV et ajoutera d’autres modèles hybrides. MG a clairement donné la priorité cette année au lancement des 3, ZS et HS, trois véhicules hybrides simples. Leapmotor a confirmé l’arrivée prochaine de modèles à prolongateur d’autonomie… Et la liste continuera à s’agrandir avec Xpeng qui se lancera lui aussi dans le prolongateur d’autonomie ou Nio qui envisage également cette évolution pour son catalogue européen.

Qui va donc payer les taxes ?

Résultat de cette politique, les constructeurs chinois sont encouragés à ajouter des hybrides rechargeables à leur gamme pour améliorer leur rentabilité. Ce qui pourrait mécaniquement ralentir l’électrification du marché dans son ensemble. Néanmoins, ils ne ralentiront pas pour autant leur offensive sur l’électrique. Pour preuve, aucun constructeur chinois n’a augmenté ses tarifs à la suite de la mise en place des taxes.

Cerise sur le gâteau, les constructeurs européens qui n’atteindront pas leurs quotas CAFE en 2025 pourraient être obligés de s’allier à ces constructeurs chinois pour créer des pools de marques qui atteignent les objectifs. Et ils donneront ainsi en compensation des centaines de millions à ces concurrents, de quoi largement compenser les taxes… qui seront au final en partie payées par les constructeurs européens.