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Le succès de la Citroën Ami incite Ligier à se convertir à l’électrique avec la Myli. Cette nouvelle « voiturette » sans permis et sans émission peut-elle bousculer l’original petit cube aux chevrons ?
Depuis son lancement en 2020, la Citroën Ami connaît un joli succès commercial malgré une qualité de fabrication très légère qui a donné lieu à de nombreux rappels. Homologuée comme un quadricycle léger, cette micro-citadine 100% électrique est en effet accessible dès 14 ans avec un simple permis AM (brevet de sécurité routière sans examen éliminatoire) et représente donc une alternative plus sécurisante et écologique à un deux roues de 50 cm³. Son tarif de 7 090 € (bonus de 900 € inclus) reste certes élevé comparé à un scooter, mais s’avère très compétitif à l’achat comme à l’usage face à une traditionnelle « voiturette » à gasoil. Avec la Myli, le constructeur vendéen Ligier lance une concurrente « haut de gamme » à la petite Citroën en misant sur un niveau d’équipement supérieur qui la rapproche d’une vraie petite voiture citadine. Mais son tarif débutant à partir de 12 499 € est-il justifié ?
Alors que le marché du véhicule électrique pullule d’imposants SUV de plus de 2 tonnes, les Citroën Ami et Ligier Myli affichent un gabarit et une masse bien plus en adéquation avec les besoins des citadins. Avec ses 2,96 m de long pour 1,50 m de large, la Ligier Myli est plus imposante que l’Ami (2,41 m de long pour 1,39 m de large) mais affiche la même hauteur et demeure assez courte pour se garer facilement. Côté design, la Ligier arbore un style classique avec un capot et un hayon arrière tandis que sa rivale forme un cube de plastique dont les parties avant et arrière sont strictement identiques. Même les portières de l’Ami sont similaires, ce qui explique pourquoi elles s’ouvrent dans un sens différent de chaque côté.
Sur notre modèle d’essai en finition Tonic, la Citroën reçoit 4 enjoliveurs, des stickers de décoration jaune fluo, des barres de toit ainsi qu’une calandre et des boucliers noirs. Des éléments de décoration très sommaires qui font tout de même gonfler son tarif de 1 200 € par rapport à la version de base. La Ligier Ami propose 4 niveaux de finitions. Le modèle haut de gamme R.ebel que nous avons eu à l’essai se caractérise par la présence d’un capot nervuré, une calandre spécifique, des protections noires autour de la carrosserie ou encore des jantes en alliage de 15 pouces avec des étriers de freins rouge. Derrière son look plus flatteur, la Ligier ne peut toutefois pas cacher une piètre qualité de fabrication avec d’important espacement au niveau des panneaux de carrosserie comme des ouvrants (portes, capot, hayon) dont la fermeture fait trembler toute la carrosserie.
À lire aussiEssai – Ligier Myli : la voiture sans permis électrique qui en jette, mais qui coûte !À l’intérieur de la Ligier Myli, la qualité de fabrication n’est pas franchement plus flatteuse qu’à l’extérieur avec des matériaux de piètre qualité et des ajustages indigents. Mais l’équipement s’avère nettement plus généreux que celui de la Citroën Ami. La planche de bord de la Ligier intègre un compteur digital et un écran tactile de 10 pouces qui peut héberger Apple Car Play et Android Auto moyennant 199 €. Les vitres sont électriques, le pare-brise chauffant et il est possible d’ajouter une climatisation manuelle contre 1 499 €. Les sièges chauffants (199 €) en similicuir comprennent des réglages de la longueur d’assise et des dossiers alors que l’Ami se contente de sièges en plastiques aux dossiers fixes avec un rembourrage très léger.
La Ligier comprend un rétroviseur central et des rétroviseurs latéraux assez longs et réglables depuis l’intérieur quand l’Ami se contente de deux minuscules miroirs ronds. La Ligier se distingue aussi par son verrouillage centralisé à distance qui facilite grandement la vie par rapport aux petites serrures fragiles de la Citroën. Autre gros point fort de la Ligier, son coffre spacieux qui autorise jusqu’à 459 litres alors que la Citroën n’offre qu’un espace de rangement de 63 l au pied du passager et un peu d’espace derrière les sièges. Bien plus dépouillée et dépourvue de coffre, l’Ami peut toutefois se targuer d’offrir une « cabine » spacieuse illuminée par de grandes surfaces vitrées et un toit panoramique. L’habitabilité et la visibilité périphériques sont donc bien plus agréables que dans la Myli dont les montants imposants génèrent une atmosphère plus confinée.
Côté mécanique, nos deux quadricycles légers exploitent des moteurs électriques synchrones qui animent leurs roues avant. L’Ami annonce 6 kW soit 8 ch de puissance maxi pour 40 Nm, tandis que la Ligier revendique 5,6 kW, soit 7,5 ch pour un couple en pic similaire. Ces blocs sont alimentés par des petites batteries au lithium-ion d’une capacité de 4,14 kWh dans la Myli contre 5,5 kWh dans l’Ami. La Ligier Myli offre toutefois l’énorme avantage de pouvoir embarquer jusqu’à 3 packs de batterie. La version haut-de-gamme R.ebel que nous avons essayé comprend de série deux packs de batteries pour atteindre 8,28 kWh et 123 km de rayon d’action théoriques. Une troisième batterie facturée 1 700 € en option permet d’atteindre jusqu’à 192 km. Précisons que ces chiffres répondent au cycle WMTC réservés aux motos, tricycles et quads électriques. Dans la réalité, il faudra tabler entre 50 et 60 km avec l’Ami et entre 40 et 50 km avec une Myli d’entrée de gamme à une seule batterie, soit un différentiel de 25% avec la valeur d’homologation.
Derrière le volant, la Citroën Ami réclame de la force pour manœuvrer à faible allure alors que la Ligier Myli peut bénéficier d’une assistance de direction contre 499 €. Mais une fois lancée, la direction de la Citroën se montre plus précise et offre un peu plus de rappel que celle de la Myli très inconsistante et imprécise. La taille plus contenue de la Citroën et son rayon de braquage plus court favorisent aussi son agrément de conduite (7,2 m contre 9 m). La visibilité périphérique apparait nettement plus favorable dans la Citroën que dans la Ligier dont la caméra de recul à la définition légère ne compense guère l’étroitesse de la vitre arrière.
Reposant sur une structure en aluminium, la Ligier est plus légère que sa rivale (412 kg contre 471 kg) ce qui lui permet d’atteindre ses 45 km/h de vitesse de pointe un poil plus vite. La présence de quatre disques de frein lui confère aussi un freinage plus efficace que celui de la Citroën. Dommage qu’il n’y ait pas d’ABS sur les deux modèles pour éviter de bloquer les roues et de déraper en cas d’urgence. L’absence d’antidérapage ESP mérite aussi d’être souligné d’autant que ces deux « voiturettes » présentent une hauteur conséquence et peuvent « lever la patte » dans des situations d’urgence. Le retournement d’une Ami dans le virage du Casino à Monaco a d’ailleurs fait un buzz incroyable sur les réseaux sociaux. Mais il faut franchement forcer pour déstabiliser la petite Citroën dont le châssis à suspensions indépendantes s’avère bien équilibré et correctement amorti. La Ligier dispose d’un amortissement plus souple qui génère davantage de mouvement de caisse sans pour autant se montrer plus confortable. Dès que la chaussée se dégrade, la carrosserie, le mobilier et la colonne de direction se mettent à trembler fortement. Pas très rassurant et très vite fatiguant surtout sur les pavés.
Le manque de mise au point de la petite Ligier se retrouve aussi au niveau de la gestion de ses modes de conduite. La position ECO est quasi inutilisable tant l’accélérateur manque de réactivité tandis que le mode Normal n’exploite pas assez le freinage régénératif. La Citroën Ami n’a qu’un seul mode, mais offre des commandes plus précises et une régénération plus marquée permettant d’aller jusqu’à l’arrêt complet du véhicule sans toucher à la pédale de frein. Bref, l’Ami l’emporte clairement sur le plan dynamique.
Toutes deux dépourvues de chargeur ultra-rapide en courant continu, nos deux « voiturettes » électriques se contentent d’une charge en courant alternatif de 1,8 kW pour l’Ami et 2 kW pour la Myli. Il faut donc patienter 3 h pour faire le plein de la Citroën et 2h30 pour celui de la Ligier. Cette dernière offre cependant l’avantage de proposer une prise de type 2 dans sa calandre pour exploiter plus facilement sur les bornes publiques ou se connecter à une WallBox. Il faudra cependant transporter le câble alors que celui de la Citroën se loge dans le montant de la portière avant droite. Un enrouleur aurait tout de même été le bienvenu pour faciliter son utilisation.
À lire aussiEssai – Kate Original : la voiture de plage électrique à sortir en villeAccessible partir de 7 990 € et 9 190 € (hors bonus) en version Tonic, la Citroën Ami n’est certes pas donnée pour un véhicule bridé à 45 km/h interdit sur les voies rapides. Mais elle fait figure de « voiturette low cost » face à la Ligier affichée dès 12 499 € en finition de base avec une seule batterie et 17 099 € dans sa finition R.ebel à deux batteries. Comptez même 21 523 € pour un exemplaire à trois batteries avec toutes les options. Un tarif franchement excessif au regard de ses prestations, mais surtout de sa qualité de fabrication. L’Ami remporte donc ce duel haut la main même si le constructeur aux chevrons devrait peaufiner sa fiabilité, son étanchéité et son SAV pour en faire une véritable icône.
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