AccueilArticlesBornes de recharge : la colère monte

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Si des bornes de recharge sont installées petit à petit en France, les usagers eux commencent à saturer devant les problèmes rencontrés pour les utiliser. Certains allant même jusqu’à regretter l’achat d’une voiture électrique.

C’est le genre d’article que je n’aime pas publier, mais sachez que je le fais dans le but de faire avancer les choses, dans un esprit constructif.

Avec ChargeMap et Automobile Propre, nous sommes aux avant-postes pour recueillir les témoignages d’utilisateurs de voitures électriques et des bornes de recharge. Il y a un sentiment général qui se dégage en ce moment et dont les acteurs du petit monde du véhicule électrique doivent bien prendre conscience : les gens en ont ras-le-bol des bornes qui ne fonctionnent pas.

La fiabilité des bornes en question

Certes, nous sommes au démarrage d’un mouvement, les premiers utilisateurs « essuient les plâtres ». C’est normal. Les technologies se mettent en place, les standards aussi, et ça prend du temps.

Mais pour autant, il y a un vrai souci de fiabilité des bornes, en particulier des bornes de recharge rapide. Nous le voyons sur ChargeMap, c’est un vrai problème. Pour être tout à fait concret, en ce moment en Alsace, le tiers des bornes de recharge rapide ne fonctionne pas correctement.

Vous me répondrez que c’est un service qui pour l’instant est gratuit, et qu’il est difficile de « râler » quand ça ne marche pas. Je suis d’accord. Les utilisateurs se disent majoritairement prêts à payer pour un meilleur service. Pour autant, il est nécessaire d’en parler et que des solutions soient mises en place.

Je ne vais peut-être pas me faire des amis en écrivant cela, mais il semble qu’il y ait un réel soucis avec la Renault ZOE et les bornes rapides DBT. J’en ai parlé avec différentes personnes concernées et chacun se renvoie la balle : type de câble Radiall utilisé sur les bornes, anciennes bornes ou première génération de ZOE, le type de courant utilisé et les harmoniques renvoyées par la ZOE, etc.

Le problème est tellement connu que certains supermarchés équipés d’une borne de recharge rapide envisagent de mettre un panneau « Interdit aux ZOE ». Nous avons d’ailleurs déjà vu ce type de panneau en Allemagne…

Aujourd’hui, je ne sais pas dire avec certitude d’où vient le problème. Ce que je sais en revanche, c’est que c’est préjudiciable à l’utilisateur, pour la voiture électrique en général, mais aussi pour l’image de DBT et Renault. En revanche, et il faut le préciser au crédit de DBT : avec les autres véhicules que la ZOE les problèmes sont beaucoup moins nombreux. Il semble aussi que les ZOE avec la dernière mise à jour logicielle posent moins de soucis.

La supervision : le nerf de la guerre

Mais il y a une autre société qui voit son image écornée : Sodetrel, la filiale d’EDF en charge de la supervision des bornes. Là encore, de nombreux témoignages viennent souligner les dysfonctionnements : difficulté ou impossibilité de contacter le support, délais d’intervention extrêmement longs, etc.

Plusieurs utilisateurs se sont retrouvés avec leur câble verrouillé sur une borne de recharge… durant plusieurs semaines ! Le câble, qui vaut tout de même un peu d’argent, n’a été libéré que longtemps après, les techniciens qui devaient intervenir n’étant pas disponibles.

Je peux néanmoins concevoir qu’il soit difficile de mettre en place un réseau de techniciens correctement formés et répartis sur le pays.

L’accès aux bornes, compliqué

Autre grief souvent remonté : la difficulté à trouver les cartes d’accès nécessaires pour accéder aux bornes. Si Kiwhi Pass commence à s’imposer comme l’un des standards, de nombreuses bornes utilisent encore des badges « locaux », rendant compliqué l’accès aux bornes.

L’utilisateur de voiture électrique doit souvent gérer une collection de badges : la carte Leclerc, les badges disponibles en mairie dans certaines villes, le badge Kiwhi Pass, parfois la carte des transports de la ville, etc. Et je ne vous parle pas de la difficulté qu’ont certaines concessions Renault à trouver le badge nécessaire pour démarrer la borne présente devant leur enseigne.

Soulignons tout de même, et nous en sommes témoins sur ChargeMap, que les concessions Renault se sont vraiment fortement améliorées sur l’accueil des véhicules électriques pour la recharge. Précisons aussi que Kiwhi Pass, placé en redressement judiciaire, semble désormais avoir trouvé les moyens de poursuivre son développement sereinement avec l’arrivée d’un nouvel actionnaire de poids (sans que je sache de qui il s’agit), ce qui est une bonne nouvelle.

L’information sur les bornes : vital

Autre point compliqué : savoir si une borne de recharge est fonctionnelle et libre avant de se rendre sur place. ChargeMap cherche à remplir ce rôle depuis des années, avec les moyens d’une startup autofinancée, en centralisant l’information sur les bornes de recharge et grâce à un système qui permet d’afficher la disponibilité des bornes en temps réel.

Mais honnêtement, j’ai parfois l’impression qu’on se bat contre des grosses entreprises qui verrouillent tout, quitte à ce que l’utilisateur en pâtisse. Contactée plusieurs fois, Sodetrel, n’a jamais répondu favorablement à mes demandes concernant l’affichage de la disponibilité de leurs bornes sur ChargeMap. La réponse est toujours la même : il faut attendre que Gireve soit opérationnel. Quel gâchis. L’information est sur les serveurs de Sodetrel, en quelques jours elle pourrait être disponible pour tous.

Les seuls à nous ouvrir l’accès aux données en temps réel, ce sont G2Mobility et la CREA (Communauté d’agglomération Rouen Elbeuf Austreberthe).

Certes, tout cela est très politique. Sodetrel est une filiale à 100% d’EDF, qui est actionnaire de GIREVE, l’entreprise qui a pour mission d’établir un répertoire national des bornes de recharge et de faciliter l’interopérabilité, appuyée par le Préfet Vuibert.

Sodetrel cherche donc à favoriser GIREVE et bloque l’information pour les autres acteurs. À ce jour, le seul moyen de pression pour que cela change se trouve du côté des collectivités qui doivent exiger que leurs données relatives aux bornes de recharge soient ouvertes à d’autres acteurs.

Mais bref, je pourrais vous en parler pendant des heures et ce n’est pas le sujet de l’article.

Il faut réagir

Ce qui m’a poussé à écrire cet article, c’est vraiment ce sentiment qui enfle depuis des mois chez les utilisateurs de voitures électriques : « on ne peut pas compter sur les bornes ».

Mon but n’est pas de « tirer sur l’ambulance » mais de tirer la sonnette d’alarme.

Quand certains utilisateurs me disent qu’ils regrettent d’avoir acheté une voiture électrique à cause de tous ces problèmes de recharge, je me dis qu’on rate vraiment quelque chose. Ça me désole.

Je sais que de nombreux acteurs travaillent dans l’ombre pour que des bornes soient déployées sur le territoire. Que c’est parfois un boulot un peu ingrat. J’espère que les quelques points de friction dont je viens de parler trouveront rapidement des solutions, pour que ce travail porte ses fruits et que la mobilité électrique progresse.

Pour finir avec une note positive, de nombreux efforts sont faits en ce moment pour implanter des bornes et pour fiabiliser les installations. J’ai bon espoir que tout cela s’améliore si les différents acteurs de la fillière arrivent à travailler efficacement ensemble.

PS : les acteurs cités dans cet article disposent bien évidemment d’un droit de réponse : nous publierons leurs réactions s’ils le souhaitent.

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