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Pour faciliter les recharges, l’Audi A6 e-tron est équipée d’un système de préconditionnement de la batterie. Mais est-il efficace ? Voici le résultat de nos mesures exclusives.
Le préconditionnement de la batterie vise à optimiser les temps de recharge rapide tout en préservant la santé de l’accumulateur. Ce système élève la température des cellules à un niveau idéal. Toutefois, nos tests, menés sur trois véhicules dans des conditions variées, révèlent que son utilité pour l’utilisateur reste relative, notamment en dehors des plateformes haute tension où l’écart est significatif — comme c’est le cas chez Kia avec la EV6. Qu’en est-il alors sur la plateforme PPE commune à Audi et Porsche, qui équipe l’A6 Avant e-tron de notre essai ? Nous avons mené nos mesures à différentes températures extérieures.
À lire aussiVoitures électriques : le préconditionnement de la batterie est-il utile ?L’Audi A6 e-tron dispose d’une batterie de 94,9 kWh de capacité utile, composée de 180 cellules prismatiques (180s1p). Si la plateforme PPE est qualifiée de 800 V, la tension nominale de la batterie atteint en réalité 662 V. Une vulgarisation courante dans le segment des voitures électriques qui disposent d’une tension supérieure à 400 V. Outre les différents avantages techniques, dont l’installation d’onduleurs au carbure de silicium (MOSFET SiC) plus sobres, cette architecture favorise les recharges rapides : Audi annonce un pic à 270 kW, et un 10 à 80 % en 21 minutes.
Pour y parvenir, la batterie doit se situer dans une plage de température optimale, gérée par le Battery Management System (BMS). L’A6 e-tron embarque pour cela un système de gestion thermique prédictif, qui s’active lorsque l’itinéraire e-tron est programmé et qu’une borne rapide est renseignée dans la navigation. La température du pack batterie est alors ajustée en fonction de la durée de conduite restante, du type de route, du niveau de charge prévu à l’arrivée et des conditions extérieures.
Le système s’appuie sur deux pompes à chaleur (air et eau-glycol) qui récupèrent les calories de l’air ambiant et des composants électriques. Le fluide caloporteur chauffé circule ensuite dans la plaque inférieure de la batterie, de type U-Flow, qui assure un refroidissement axial des cellules et joue un rôle structurel. Ce processus, semblable à celui du chauffage de l’habitacle, demande du temps et de l’énergie. C’est l’objet de cette étude, nous avons chiffré les performances et bénéfices pour le conducteur. Mais avant d’aller plus loin, vérifions certains points évoqués par le constructeur.
Pour ce test, nous avons planifié un parcours autoroutier de 101 km à 115 km/h de moyenne, avec 80 % du trajet à 130 km/h GPS, ce qui correspond à un trajet du type Paris-Lyon via l’autoroute A6. Le véhicule démarrait avec suffisamment de charge pour finir à 10 % juste avant la recharge. Nous avons forcé le trait en définissant une température cible de 10 °C au moment de débuter les tests, contre une température de 15 °C en moyenne lors de nos précédentes mesures, plus représentative d’un usage normal. Initialement prévue à 0 °C, la température extérieure s’est stabilisée à 3 et 4 °C en moyenne tout au long du parcours. Le test a été répété avec et sans activation du préconditionnement, afin de comparer l’impact thermique, la surconsommation et le bénéfice pour le conducteur.
Sans préconditionnement | Avec préconditionnement | |
Conso. moyenne (kWh/100 km) | 23,7 | 25,2 |
Charge batterie consommée (%) | 25 | 27 |
Audi annonce sur ses brochures un temps de recharge rapide de 21 minutes. A condition que toutes les planètes soient parfaitement alignées, même du côté de l’infrastructure. Ce qui n’est pas toujours le cas. Dans un cas, malgré une batterie préchauffée à 26 °C et une borne Ionity annoncée à 350 kW, la puissance n’a jamais dépassé les 180 kW. Verdict : un 10-80 % en 25 minutes et une surconsommation inutile sur la route. Quand les conditions sont réunies, il faut toutefois brancher la voiture avec une batterie à 30 °C et plus pour observer les promesses.
Comme l’ont prouvé nos mesures, le préconditionnement ne suffit pas sous les 5/10 °C à l’extérieur pour atteindre ce niveau. Cependant, avec un mercure supérieur à 10/15 °C, nous avons observé un préchauffage de la batterie à 29 °C. Cela a été le cas lors du Supertest de l’Audi Q6 e-tron quattro, basé sur la même plateforme, comme nous l’avons noté dans notre article. Mais cela a aussi été le cas avec cette Audi A6 e-tron, en vue d’une recharge d’appoint dès 40 % avec un air à 18 °C. Cependant, contrairement à nos observations avec le Q6, on peut ici penser que le système a surchauffé un peu la batterie en raison du taux de charge élevé.
En tout cas, voici un tableau récapitulatif des temps de recharge en fonction de la température de départ :
Temp. départ (à 10 %) | Temps de recharge (10-80 %) | |
Courbe 1 | 15 °C | 25 min. |
Courbe 2 (test sans préco.) | 18 °C | 24 min. |
Courbe 3 | 20 °C | 24 min. |
Courbe 4 | 22 °C | 23 min. |
Courbe 5 (test avec préco.) | 26 °C | 22 min. |
Courbe 6 | 30 °C | 21 min. |
Courbe 7 | 31 °C | 21 min. |
Branchée à 18 °C, la batterie atteint 45 °C à 80 % de charge. Branchée à 26 °C, elle est mieux régulée et affiche 46 °C à la fin du ravitaillement. Dans tous les cas, la température chute rapidement en reprenant l’autoroute (5 °C ext.). Après 45 minutes/100 km à 130 km/h, elle descend à 28/29 °C. Après 90 minutes, on a relevé 25 °C dans les deux cas.
À lire aussiPréconditionnement batterie : le système du BMW iX est-il efficace ?Deux heures après la recharge, soit près de 260 km à 130 km/h, la batterie est toujours stabilisée à 25 °C. Il est à noter que cette distance correspond à l’autonomie disponible de 80 à 10 % dans ces conditions météo avec ce modèle. Autrement dit, même lorsqu’il fait froid, le préconditionnement ne servira qu’à la première recharge si le conducteur poursuit sur autoroute. Enfin, notons que la perte est moins importante lorsqu’il fait plus chaud : avec un air à 15 °C en moyenne, la batterie affiche 27 °C deux heures après la recharge.
Cette étude poussée de la gestion thermique de la plateforme PPE ne fait que confirmer la conclusion de nos premières études : la consommation de près de 1,7 kWh pour un gain de 11 °C correspond parfaitement à la moyenne constatée précédemment avec trois voitures différentes avec… 1,7 kWh pour un gain 10 °C. De plus, le gain final apparaît bien mesuré ici puisque le système sait assurer des bons niveaux de puissance : seulement une minute de différence entre les deux scénarios ! Et même dans les cas les plus extrêmes, il faut compter seulement quatre minutes de plus avec une recharge à froid (15 °C au départ) plutôt qu’à chaud (31 °C au départ). Cela est dans la moyenne de toutes nos observations depuis la création des Supertests.
En résumé, l’intérêt du préconditionnement est à nuancer. Son impact sur l’autonomie est minime dans tous les cas et le gain de temps est discutable si la recharge débute à un taux de charge de 10 %. Bien sûr, cela dépend du véhicule. Nous avons, par exemple, remarqué un écart assez important de 13 minutes avec une Kia EV6. Mais c’est une exception. Le préchauffage pourrait finalement trouver davantage de pertinence à des niveaux de charge intermédiaires, là où les puissances de recharge plus faibles ne permettraient pas de réchauffer la batterie efficacement. Constat confirmé avec nos mesures en Volkswagen ID.7, et qui pourrait donc expliquer le cas rencontré avec cette Audi A6 e-tron.
Reste que la fonction est un indispensable. D’une part, nous pensons que les voitures électriques doivent être équipées de toutes les solutions permettant de tirer le meilleur parti de leurs spécificités, et assurer un meilleur niveau de polyvalence. D’autre part, cela permet de prendre soin plus finement de la santé de la batterie en la plaçant toujours à sa température idéale de fonctionnement.
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