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L’électromobilité est-elle compatible avec nos nouveaux modes de travail ?
En attendant que toutes les voitures électriques proposent au minimum 500 kilomètres d’autonomie quelles que soient les conditions (température extérieure, vent, nombre de personnes à bord…) et une recharge jusqu’à 80 % de la batterie en moins de 20 minutes, il faut se faire à cette idée : voyager en électrique se prépare, s’organise, et prendra dans certains cas – pas toujours – un peu plus de temps qu’en thermique.
Si vous êtes déjà électromobiliste, vous savez probablement que cela n’est pas forcément une mauvaise nouvelle, bien au contraire. Comme nous l’avons vu à plusieurs reprises, l’électromobilité induit de nouveaux comportements et un rapport différent au voyage routier.
Et aussi un nouveau rapport à la voiture. Si pour certains, la passion automobile, de belles lignes et de la performance sont toujours des critères importants, pour d’autres, l’automobile pourrait devenir cependant davantage qu’un déplaçoir : un véritable… lieu de vie.
Car, puisque notre rapport à la voiture évolue, il peut aussi coïncider avec une nouvelle organisation générale de notre emploi du temps, autrement dit profiter des temps « morts » de recharge pour revoir notre rapport au temps et justement les consacrer à des tâches que nous n’avons pas l’habitude d’accomplir dans un contexte de mobilité. Il n’est à ma connaissance écrit nulle part qu’une fois à bord d’une auto on ne doive que conduire ou attendre. Ou regarder passivement le paysage.
On l’a vu – et on le voit encore, malheureusement – avec la pandémie, l’organisation du travail a littéralement explosé pour se redéfinir en séquences où l’unité de temps et de lieu n’est plus la même. Télétravail à la maison et/ou dans des tiers-lieux, organisation des horaires en fonction des visioconférences, mais aussi des contraintes liées à la garde des enfants, économie du temps de transport, capacité à s’adapter à des modes de productivité différents, et pas forcément dégradés… C’est dans cette logique que peut s’inscrire l’électromobilité : travailler partout par sessions quand une parenthèse temporelle le permet.
J’ai récemment fait un trajet Mantes-la-Jolie-Paris-Lyon avec une voiture électrique d’essai dont l’autonomie nécessitait trois recharges d’environ 30 minutes. J’ai profité de deux de ces arrêts pour travailler tranquillement dans la voiture pendant qu’elle rechargeait, le troisième étant réservé à une pause repas. Durant l’un de ces arrêts, j’ai enregistré un podcast dans des conditions idéales puisque l’isolation acoustique naturelle d’une auto bien finie en fait un véritable studio d’enregistrement de qualité professionnelle, avec zéro écho. Et sans déranger personne. Mais j’aurais aussi pu en profiter pour passer des appels que je n’ai « jamais le temps » de passer, ou regarder un docu ou un épisode de ma série préférée, ou participer à une visio. Mieux, avec la prise Vehicle to Load de la voiture, si la météo l’avait permis, j’aurais pu en profiter pour recharger mon ordi portable, et si je partais en week-end, pour recharger mon vélo électrique. Ou brancher un barbecue, miam.
On sait aussi que la recommandation de la Sécurité Routière est de faire une pause toutes les deux heures. En fait, cette préconisation ne devrait même pas exister puisque naturellement, et pas seulement en voiture, on sait que rester assis trop longtemps est terriblement néfaste pour la santé. Raison de plus pour s’arrêter et faire un peu d’exercice, et considérer que ce n’est pas du temps perdu, a fortiori si l’on en profite pour recharger.
Tout cela pour dire que la voiture électrique et ses petites contraintes – ou grâce à elles – peuvent s’inscrire dans un mouvement général de mobilité intelligente ou raisonnée, que ce soit dans un cadre professionnel ou de loisirs. L’occasion aussi de penser que, dans ce contexte, la course à des autonomies folles de plus de 1 000 kilomètres n’est peut-être pas l’axe de recherche le plus pertinent, même si l’on sait que le but final est d’améliorer le rayon d’action des voitures électriques sans pour autant viser de tels kilométrages.
C’est la fin de la civilisation de l’automobile, dit-on. Peut-être, avec cependant un paradoxe : il se pourrait qu’à moyen terme nous passions plus de temps en voiture – ou avec notre voiture – qu’au temps du thermique.
Mais un temps différent, optimisé et choisi.
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