Commercialisé depuis quelques mois, le nouveau Peugeot 3008 s’en sort plutôt bien. La nouvelle génération du best-seller de la marque au lion a une grosse pression sur les épaules. Mais, sur les 50 000 commandes passées, seulement 25 % concernent la version 100 % électrique. Nous sommes allés à la rencontre de plusieurs propriétaires du nouveau 3008 pour comprendre leur choix.

Bon démarrage pour le nouveau 3008

En renouvelant son 3008, Peugeot joue gros. En quelques années, le modèle est devenu l’un des SUV préférés des Français. Avec ce nouveau design, la marque au lion semble ne pas s’être trompée. Les premiers clients sont au rendez-vous et le constructeur annonce avoir déjà franchi la barre des 50 000 commandes. Un premier cap symbolique, « largement au-dessus des objectifs », si on en croit le communiqué de presse de l’entreprise.

Quand on regarde les chiffres dans le détail, on s’aperçoit que le 3008 électrique ne représente « que » 25 % des ventes. Ce n’est pas ridicule, mais c’est assez loin des ambitions réelles du constructeur qui envisage de passer à 100 % à l’électrique d’ici à 2030. Comme Peugeot laisse encore le choix à ses clients dans la motorisation, nous avons voulu comprendre pourquoi seulement 25 % des clients ont choisi l’électrique.

Avec le nouveau 3008, les consommateurs ont 3 possibilités : mild-hybrid (136 ch), hybride rechargeable (195 ch) ou 100 % électrique (210 ch). Au niveau des tarifs, l’électrique est le plus onéreux. Il est disponible à partir de 44 990 euros. Le modèle hybride rechargeable démarre à 42 990 euros, tandis que l’hybride léger est vendu dès 38 490 euros. Un argument qui penche certainement dans la balance.

Pourquoi le mild-hybrid plutôt que l’électrique ?

Mais ce n’est pas le seul. Nous avons échangé avec plusieurs propriétaires pour comprendre leurs motivations. Roger, 71 ans, a choisi une version mild-hybrid. « C’est ma sixième 3008 dont quatre avec le moteur PureTech », m’explique-t-il. Quand je lui demande pourquoi il a choisi cette version plutôt qu’une électrique, sa réponse est catégorique : « je ne suis pas pour l’électrique comme la plupart des gens que je côtoie ».

Selon lui, le problème majeur est le « manque d’autonomie, la recharge, le poids et le coût beaucoup trop élevé des voitures électriques ». Il ajoute qu’il ne passera certainement jamais à l’électrique. Au moins c’est clair ! Et son témoignage reflète bien les inquiétudes de la plupart des automobilistes. Les freins principaux restent l’autonomie, la peur de tomber en panne et les modalités de recharge.

Après quelques semaines au volant de son nouveau 3008 mild-hybrid, Roger est très satisfait. « Très belle ligne, l’intérieur est spacieux, le moteur 136 ch fonctionne bien. C’est suffisant pour ce modèle. Je ne suis pas un grand rouleur, je ne fais que 10 000 km par an. C’est une voiture qui fait arrêter beaucoup de monde sur les parkings comme j’ai pu le constater ce week-end à la mer », me dit-il.

Nous avons aussi discuté avec Julien, propriétaire d’un 3008 dans la même motorisation. Coup dur pour cet automobiliste qui n’a parcouru que 140 km avant que son SUV ne tombe déjà en panne. Il m’explique que « la boîte de vitesse d’origine était défectueuse. Elle a été changée une première fois, mais la nouvelle boîte de vitesse serait également défectueuse ». Malgré tout, il garde espoir et ne regrette pas son choix.

L’autonomie : toujours le même frein à l’électrique ?

De son côté, Jacques, 52 ans, cadre dans une entreprise de logistique, a choisi la version hybride rechargeable du nouveau 3008. « Ayant déjà possédé plusieurs modèles de la marque Peugeot, dont un 3008 thermique, j’étais curieux de voir ce que la nouvelle génération d’hybride rechargeable pouvait offrir ». Il revient sur les différents critères pris en compte au moment de faire son choix. Selon lui, « l’aspect écologique » arrive en premier.

« Je voulais réduire mon empreinte carbone tout en gardant la flexibilité d’un véhicule hybride. Avec le 3008 hybride rechargeable, j’ai trouvé le compromis parfait. En ville, je peux rouler en mode électrique pur, ce qui est idéal pour mes trajets du quotidien. Sur autoroute, le moteur thermique prend le relai, de quoi offrir une autonomie qui me permet de voyager sans stress ».

Habitant de la Normandie, le cinquantenaire me précise que « le coût était également un facteur important. Bien que le modèle hybride rechargeable soit plus cher à l’achat que le mild-hybrid, je pense que les économies réalisées sur le carburant compensent cette différence. En utilisant principalement le mode électrique, je fais des économies sur l’essence ». Il ajoute n’avoir même pas pensé à la version 100 % électrique.

« Trop contraignant », selon lui. Les questions de l’autonomie et de la vitesse de recharge restent pour lui des points de préoccupation. Conscient que les infrastructures de recharge se développent de plus en plus, il estime que ce n’est pas suffisant. « Je ne suis pas prêt à attendre 30 ou 40 minutes à la station de recharge pour que mon véhicule reprenne 80 %. Ce n’est pas ma conception du voyage ».

Choisir l’hybride en attendant que l’électrique progresse ?

Pour Christophe, heureux propriétaire d’un 3008 100 % électrique, plusieurs profils de personnes choisissent la version hybride. « Ceux qui roulent plus de 500 km par jour sur l’autoroute, ceux qui ont peur et qui pensent que la recharge d’un véhicule électrique prend trop de temps ou encore ceux qui pensent qu’une voiture qui ne fonctionne pas à l’essence n’est pas une vraie voiture ».

Il estime également que certains automobilistes sont influencés par les anti-voitures électriques sur les réseaux sociaux, ou « à cause de la presse qui met en avant des titres sensationnels, du genre : les batteries des électriques prennent feu, ça ne va jamais se revendre, etc. ». Dernière hypothèse : les clients qui ont choisi le 3008 hybride « attendent de voir si les cobayes qui roulent en électrique n’ont pas trop de problèmes ».

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La version 100 % électrique a pourtant de bons arguments

J’ai aussi discuté avec Hattab, 45 ans et designer numérique pour une célèbre marque de sac de prêt à porter. Il fait partie des Français qui ont choisi le nouveau 3008 en version 100 % électrique. Propriétaire du SUV depuis mi-juin, il me confie avoir fait ce choix pour plusieurs raisons. La première est écologique : « le respect de l’environnement. C’est devenu important pour moi lors de la naissance de ma première fille ».

Hattab cherche à réduire son empreinte carbone. « Je le fais au quotidien dans mes différents choix, alors c’est important de le faire avec mon véhicule du quotidien ». Deuxième argument : le silence. Cet habitant de la région parisienne apprécie tout particulièrement la conduite silencieuse et fluide offerte par les voitures électriques. Pour le coup, le 3008 offre un habitacle vraiment apaisant, sans aucune vibration.

Dernier point : « les coûts d’entretien et d’utilisation sont généralement plus faibles sur les véhicules électriques, car ils nécessitent moins de maintenance et l’électricité est moins onéreuse que l’essence ou le diesel ». De quoi convaincre définitivement ce nouveau propriétaire. « Aujourd’hui, le prix d’une recharge ne me coûte qu’une dizaine d’euros contre plus de 100 lorsque j’avais un véhicule thermique », me précise-t-il.

Quand je lui demande pourquoi la majorité des Français ont choisi l’hybride plutôt que l’électrique, il estime qu’il y a deux raisons principales : « l’autonomie et la disponibilité des bornes de recharge ». Dans son cercle de connaissances, certaines personnes « cherchent encore à arriver le plus vite possible à destination. La plupart des gens veulent pouvoir rouler 4 ou 5 heures sans s’arrêter et faire le plein en trois minutes pour repartir ».

Avant d’ajouter que « quand les voitures électriques permettront de reprendre 500 km en cinq minutes, tout le monde passera à l’électrique ». Il tient à me dire à quel point il est satisfait de sa nouvelle voiture. Il a hésité avec les Audi Q4 e-tron, une BMW iX2 et Tesla Model Y. Mais à l’essai, l’e-3008 a pris le dessus. Hattab estime par ailleurs « le SUV de Tesla était largement en dessous des 3 autres modèles ».

Seul reproche pour le 3008 : la courbe de charge. C’est, en effet, un point négatif que nous avons aussi relevé sur ce véhicule. Le SUV de Peugeot n’encaisse que 160 kW de puissance maximale, et sa courbe fléchit très rapidement après les 30 %. Sur une borne rapide, il lui faut 40 minutes pour passer de 10 à 80 %. C’est encore trop long pour un véhicule qui doit pouvoir nous permettre de traverser la France.

Le grand saut : du 3008 thermique au e-3008

J’ai également échangé avec Ghislaine et Philippe, un couple de 64 et 65 ans, officiers de la Marine Nationale à la retraite. Propriétaires d’une 3008 thermique depuis 2021, ils ont été convaincus par la nouvelle génération du modèle. Contrairement à la majorité des clients, ils ont aussi choisi une version 100 % électrique. Alors, pourquoi ce choix ? Ils m’expliquent que ce sont leurs enfants qui les ont persuadés d’opérer ce changement.

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Étant propriétaires de véhicules Tesla, ils ont vanté les avantages de l’électrique auprès de leurs parents : « plus de passage à la pompe où le prix des carburants joue souvent au yoyo. De plus, nous avons fait poser des panneaux photovoltaïques à la maison, de quoi faire diminuer nos factures. Une charge à 80 % nous coûte environ 10 euros (50 kWh pour 400 km). Quelle thermique peut rivaliser ? ». Aucune, évidemment !

Ghislaine ajoute avoir « du mal à trouver de l’intérêt dans une version hybride rechargeable ». Anciennement propriétaire d’un Toyota RAV4 en hybride simple, le couple n’a pas souhaité renouveler l’expérience. Ils comprennent toutefois les 75 % de clients du nouveau 3008 qui n’ont pas voulu prendre la version 100 % électrique. Selon eux, il y a avant tout une crainte de la nouveauté.

« Il est vrai qu’il faut se faire au tout électrique : gestion des trajets, gestion des charges, la peur de tomber en rade. Les premiers jours sont tendus de peur de ne pas être à la hauteur de la tâche jusqu’au premier grand trajet. Surtout que tout n’est pas dit en concession. Toutes les bornes n’acceptent pas la carte bleue. C’est un petit détail qui a son importance. Et la puissance des bornes ne sont pas identiques », me précisent-ils.

Le couple est en tout cas très satisfait de son nouveau véhicule. Seul bémol : l’autonomie. Ghislaine et Philippe estiment que le modèle répond « plus ou moins » à la promesse. En théorie, le 3008 électrique équipé de la batterie de 73 kWh promet 525 km. Mais en pratique, le couple me précise que « c’est plutôt 400 km ». Avant de préciser que « comme sur les thermiques, la consommation théorique ne correspond pas à la réalité ».

Si 75 % des premiers clients du nouveau 3008 ont choisi le mild-hybrid ou l’hybride rechargeable, c’est peut-être aussi parce que la version du modèle avec la grande batterie n’est pas encore disponible. D’ici quelques mois, Peugeot proposera un 3008 électrique avec un pack de 98 kWh. De quoi faire (sur le papier) 680 km. Il sera intéressant de refaire le point sur les statistiques une fois que cette variante sera disponible.