Nio ET5 Touring

Si la berline et le break électriques Nio ET5 ne sont pas disponibles aujourd’hui en France, ces modèles chinois roulent déjà ailleurs en Europe. Par exemple en Allemagne où notre lecteur Guillaume a choisi la version Touring qui offre le maximum d’espace quand la famille s’agrandit.

L’appréciation de notre rédacteur Michaël

Lors de son passage à Shanghai, Michaël a découvert les Nio ET5 et ET5T présentées respectivement en 2021 et 2023 pour le marché chinois. La berline électrique que son empreinte au sol (4,79 x 1,96 m) rapproche de la Tesla Model 3 séduit par sa qualité de fabrication.

Notre journaliste indiquait dans son article publié le 24 juillet dernier : « En matière de finitions, la Nio ET5 fait un quasi sans faute. La sellerie cuir mauve que l’on retrouve à bord de l’ET5 Touring est tout simplement incroyable et rappelle à quel point les constructeurs chinois ont progressé au cours des dernières années, se rapprochant (et dépassant peut-être) des modèles des constructeurs européens ».

L’inconvénient majeur qu’il pointait, c’est le prix : « Côté tarif, c’est un peu la douche froide. Contrairement à la réputation ‘abordable’ des voitures chinoises, cette Nio ET5 n’est clairement pas donnée ! Sur le marché allemand, elle est indiquée à 47 500 euros hors options, comme la version Touring. Surtout, ce prix n’intègre pas la batterie qui pourra être soit achetée, soit loué. ».

De l’espace, mais pas dans un SUV

C’est à la suite de cet article que Guillaume a déposé son premier commentaire sur Automobile Propre. Il tenait à faire savoir en quoi, de son point de vue, la Nio ET5T est véritablement une voiture électrique intéressante face à la concurrence, en particulier la Volkswagen ID.7 Tourer qui pouvait aussi lui convenir.

Notre lecteur ne le cache pas : « Je suis ingénieur en électronique et électrotechnique pour l’automobile ». Son rôle est assez particulier : « Je participe, par exemple, au développement de logiciels pour les bancs de tests et la communication entre les calculateurs. Les clients sont par exemple Lucid et Rivian, mais aussi des marques chinoises ».

Lorsque nous l’avons sollicité pour recueillir son témoignage, le trentenaire était à une étape importante de sa vie. Il s’attendait d’un moment à l’autre à accueillir son premier enfant. Préférer un break avait donc du sens. Derrière le hayon, le volume du coffre est de 450 litres sur la Touring, contre 385 dans la malle de la berline : « Avec la naissance de notre petit garçon, nous voulions une voiture grande et confortable, mais pas un SUV ».

Pourquoi une voiture électrique ?

L’électrique, ce n’est pas un univers inconnu pour Guillaume : « J’ai l’habitude de prendre les transports en commun. Au-delà du fait qu’elle soit électrique, la Nio ET5T est la première voiture que j’achète. Mes parents roulent avec une Nissan Leaf de première génération et une Tesla Model 3. Le marché de l’électrique devient de plus en plus intéressant. Je crois vraiment à ce modèle pour la transition ».

Ce n’est pas le seul point qui a pesé en faveur des groupes motopropulseurs à batterie : « Quand je vois le coût de l’entretien pour les modèles thermiques et certains problèmes comme ceux aujourd’hui connus sur des moteurs Peugeot, je n’hésite pas à payer plus cher une électrique, car je sais que, après, je vais financièrement m’y retrouver ».

En Allemagne depuis 2015, le jeune papa a recherché la liste des breaks disponibles : « On élimine d’emblée Porsche déjà parce que c’est au-delà de mes moyens. MG propose un modèle intéressant. Mon choix s’est cependant vite réduit à deux marques : BYD et Nio dont j’avais entendu parler aussi. En Allemagne, je ne pouvais pas encore effectuer la comparaison par moi-même, car les modèles qui m’intéressaient n’étaient pas encore visibles ».

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Moins de 50 000 contre plus de 87 000 euros

Guillaume s’en est remis à un collègue pour son choix définitif : « En poste en Chine, il est allé découvrir pour moi les deux voitures. Il m’a déconseillé BYD dont il a trouvé la finition en retrait par rapport à Nio. Ça tombait bien, car, de mon côté, je trouvais intéressant le principe de pouvoir échanger les batteries en quelques minutes, soit le temps d’un plein en carburant ».

Le nouvel électromobiliste valide les tarifs annoncés par Michaël dans son article, mais… : « Effectivement, j’ai payé moins de 50 000 euros pour mon ET5T reçue fin mars 2024. Et je règle mensuellement une location de 170 euros pour la batterie d’une capacité de 75 kWh. Ce serait 230 euros avec celle de 100 kWh. Les packs 150 kWh ne sont pas pour l’instant disponibles en Allemagne ».

Là où notre lecteur tient à apporter un petit rectificatif, c’est concernant le niveau d’équipement : « A moins de 50 000 euros, la dotation est déjà très élevée. Les seules options proposées sont le robot Nomi, les sièges massants, l’attache remorque et l’assombrissement dynamique du toit panoramique vitré. Comme j’ai choisi un exemplaire déjà construit et disponible en Europe, j’ai bénéficié de l’attelage et du personnage sur le tableau de bord ».

Pour enfoncer le clou, il prend en comparaison la Volkswagen ID.7 Tourer : « Si l’on veut sur le break allemand un niveau d’équipement équivalent, il faudrait débourser dans les 87 000 euros. Il y aurait cependant moins de fonctionnalités, de nombreux bugs du software et il faudrait supporter ces surfaces en piano black ».

Sécurisant l’échange des batteries ?

Pour Guillaume, l’échange des batteries est sécurisant : « Beaucoup d’automobilistes ne veulent pas passer à l’électrique par crainte de la dégradation de la batterie. Avec le système d’échange rapide, ce frein s’efface. C’est la garantie de disposer d’un pack toujours en état. À des fins de maintenance préventive, les batteries sont contrôlées au niveau des ‘power swap stations’ ».

Il y a un deuxième effet bénéfique : « C’est de profiter sans surcoût des améliorations sur les batteries. C’est déjà le cas pour celles d’une capacité de 100 kWh. Les modèles B plus récents bénéficient d’un temps de recharge plus rapide. L’inconvénient, c’est, dans l’actuelle période de transition, de tomber sur un pack A moins intéressant ».

Et disposer temporairement contre un surcoût d’une batterie 100 kWh quand on a la 75 kWh, par exemple, pour les vacances, est-ce possible ? « Ça l’est en Chine, oui. En Norvège, ils sont en phase de tests à ce sujet. Ça devrait arriver en Allemagne à la fin de cette année ou en 2025. Grâce à l’application GPS, on peut savoir à l’avance combien il y a de batteries 75 et 100 kWh disponibles. Elles sont compatibles avec tous les VE Nio ».

Swap + Recharge classique

Le processus d’échange est automatisé : « À l’avance, grâce à l’application de géolocalisation, on réserve une batterie dans une station. Le véhicule est reconnu lorsqu’on arrive. Il faut alors se garer sur une place dédiée, puis appuyer sur un bouton au tableau de bord. On n’a plus rien à faire ensuite ».

Il suffit de laisser se dérouler le scénario automatisé : « Le véhicule monte tout seul à l’intérieur de la station. Quand la batterie a été remplacée, il redescend aussi de lui-même. Ça prend cinq minutes environ. À noter qu’en Chine, Nio a reçu une accréditation pour tester un fonctionnement encore plus autonome où la voiture vient seule de nuit à la station et retourne de la même manière devant la maison après le swap ».

Le plus souvent, la voiture de Guillaume est rechargée de façon classique : « La batterie de 75 kWh correspond à 90 % de mes besoins, par exemple, pour mes déplacements aller et retour domicile-bureau. Habitant en ville à Stuttgart, je n’ai pas de prise chez moi. Ma Nio ET5T est habituellement rechargée sur des bornes externes, souvent chez Aldi en même temps que j’effectue quelques courses ».

Une communauté satisfaite

Il n’y a pas encore de station d’échange dans la ville de Guillaume : « Au passage, j’utilise déjà celles de Munich et Francfort. D’autres vont prochainement être installées à Stuttgart, Karlsruhe, et Europa-Park. Ce sera pratique quand je viendrai en France : j’effectuerai un swap avant de passer la frontière. En Allemagne, les stations sont dimensionnées pour 6 ou 12 packs. À noter que les batteries échangées sont rechargées à 90 et non à 100 % ».

Notre lecteur croit beaucoup à ce système de swap : « J’ai vraiment confiance. C’est un vrai gain de temps pour les longs déplacements. C’est dommage que d’autres marques ne le proposent pas, car ça apporte une souplesse et de la durabilité supplémentaires par rapport aux véhicules électriques classiques. On supprime la dégradation de la batterie ».

L’ingénieur est satisfait aussi de l’ambiance entre utilisateurs : « On ne voit pas encore beaucoup de Nio en circulation en Allemagne. Mais la communauté est sympa. On discute souvent par Discord. Tous les utilisateurs sont à ce jour très contents du choix d’un VE de la marque ».

Au niveau des allemandes

À l’usage, le break chinois donne toute satisfaction : « En raison des retours des premiers tests sur les Nio ET5, j’avais un peu peur au début concernant le comportement du véhicule. Ça a été corrigé et c’est vraiment bien pour le maintien dans la voie et la régulation adaptative de la vitesse. C’est impressionnant les détails que le lidar peut voir ».

Pas de break encore chez Tesla. S’il y en avait eu un, même moins cher que sa Nio, Guillaume pense qu’il ne l’aurait pas pris pour une raison précise : « L’ET5 embarque à la fois des caméras, des radars et un lidar. Je crois beaucoup à la fiabilité de cet ensemble. Il n’y a pas tout ça sur les Tesla aujourd’hui. La puissance de calcul pour la conduite autonome est impressionnante sur les Nio actuelles. Ce sont vraiment des voitures que je recommanderais à des proches ».

Nio ET5 Touring

Ayant eu l’occasion de conduire des Audi A5 et BMW Série 5, notre lecteur évalue : « La Nio ET5 est une voiture très facile à conduire. La qualité du véhicule est globalement excellente, comme indiqué par le journaliste d’Automobile Propre dans son article. Nous n’en sommes plus au temps où la qualité allemande était super face à des Chinois qui ne faisaient que des copies pas terribles. Ces voitures électriques asiatiques sont au niveau des allemandes désormais, et même au-delà au niveau du software ».

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Pour conclure : « La marque Nio n’a pas pour cible le marché français où les automobilistes préfèrent acheter des voitures abordables. C’est pourquoi ce sont des sous-marques qui vont arriver en France, d’abord Onvo en 2025 pour l’Europe, puis la low cost Firefly ».

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Guillaume pour son témoignage que nous avons sollicité, sa sympathie à l’égard de notre média et son accueil.

Afin de ne pas décourager nos lecteurs de témoigner dans le futur, tout commentaire désobligeant à l’encontre de notre interviewé, de sa vie, de ses choix, et/ou de ses idées sera supprimé. Merci de votre compréhension.

Avis de l'auteur

Personnellement, je crois aussi beaucoup à l’intérêt de l’échange des batteries. Ce n’est pas parce que ça n’a pas marché avec le projet Better Place qui avait embarqué Renault que ce n’est pas une bonne solution.

Pour que ça fonctionne, il faut que ça apporte quelque chose de nouveau et intéressant. Nio pousse toujours plus loin le concept qui devient de plus en plus séduisant en effaçant la crainte de la dégradation des batteries, mais aussi en permettant de profiter dans la durée des évolutions technologiques.

Il demeure cependant une faiblesse au système : la compatibilité aux autres marques qui devraient se dépêcher à entrer dans la danse. Une startup avait commencé à ouvrir une voie à ce sujet en travaillant avec plusieurs constructeurs. C’est à un niveau plus élevé qu’il faudrait toutefois s’y mettre. En Chine, cette solution est prise très au sérieux par l’Etat.