AccueilArticlesIl bat le record au Nürburgring... en voiture sans permis électrique !

Il bat le record au Nürburgring... en voiture sans permis électrique !

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Les 3 Ligier JS50 et leurs conducteurs
Les 3 Ligier JS50 et leurs conducteurs

Journaliste automobile et auteur de plusieurs livres sur le sujet, Nicolas Meunier a lancé comme un défi à Ligier de réaliser les premiers temps sur le circuit du Nürburgring pour les quadricycles et voitures sans permis électriques. Le constructeur s’est pris au jeu en engageant trois versions du nouveau modèle JS50, dont deux électriques et une diesel.

Carte de visite

Comme beaucoup de journalistes en exercice, Nicolas Meunier ne se destinait pas à ce métier : « Je suis ingénieur en automobile, mais, depuis tout petit, je voulais être designer dans le domaine. J’ai donc suivi une filière avec des maths, de la physique et des arts plastiques pour faire une école d’art. Ça n’a pas marché. Alors, j’ai fait une Prépa et rejoint l’Estaca [NDLR : École Supérieure de Technique Aéronautique et de Construction Automobile] de Laval qui venait en 2005 de démarrer. C’est ainsi que j’ai décroché mon diplôme d’ingénieur ».

L’écriture démangeait pourtant déjà ce passionné : « Lorsque j’étais étudiant, j’ai lancé en parallèle un blog sur le design automobile que j’ai tenu environ un an, avant de rentrer à la rédaction du Blog Auto. Grâce à cela, j’ai eu une belle carte de visite professionnelle qui m’a permis d’être invité au lancement presse de la nouvelle Jaguar XJ en 2010. À l’époque, le magazine Challenges cherchait un journaliste. J’y suis toujours. Je ne regrette absolument pas ce parcours ».

Peut-être que le nom de notre confrère parle à ceux qui s’intéressent aux quadricycles, électriques ou non : « Depuis dix ans, je m’occupe du magazine Génération sans permis ». Ces diverses orientations ne nous permettent pas de deviner les habitudes de déplacement de Nicolas Meunier : « Étant en région parisienne, j’utilise au quotidien les transports en commun. Ma Mini essence qui affiche 80 000 km au bout de douze ans me sert très peu en semaine. Pas sûr que mon empreinte carbone soit meilleure si je passais, par exemple, à une Tesla Model 3. En revanche j’essaye tout ce qui sort en VE ».

Auteur de livres

Le premier livre signé par Nicolas Meunier s’intitule « Voitures d’exception », édité par Hugo Image : « Début août 2019, le patron de la maison d’édition est venu vers moi parce qu’un auteur venait de le planter un mois avant la parution d’un nouvel ouvrage. J’ai des centaines de bouquins de bagnoles dans ma bibliothèque. J’ai cherché un thème sur lequel je pouvais être exhaustif. J’ai pris comme point de départ la Bugatti Veyron puis cherché les autres marques à s’être engouffrées à la suite. Après quatre éditions et 23 000 exemplaires vendus, l’éditeur est satisfait de ce travail ».

Avec « Voitures de toujours », c’est un univers complètement différent qui s’ouvre aux lecteurs. On y trouve, par exemple, la Mini : « J’ai cherché à faire le pendant avec des modèles au contraire accessibles. On y trouve par pays le portrait de toutes les voitures qui ont permis aux gens d’accéder à l’automobile. J’avais déjà la Volkswagen Coccinelle pour l’Allemagne et le Mexique. C’est pourquoi, concernant la Norvège, j’ai fait le choix de la Nissan Leaf. C’est la première électrique qui s’est répandue dans ce pays ».

« L’arnaque de la voiture propre » fait sans doute bien moins rêver que les deux autres ouvrages : « L’éditeur voulait titrer sur les VE. C’est vrai que, en 2021, l’année de rédaction de ce livre, il était tout sauf facile de voyager en voiture électrique. On n’avait pas de vision à long terme sur la technologie alors que les prix étaient déjà élevés. Mais une Tesla peut être polyvalente et moins chère qu’un modèle thermique équivalent ».

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L’idée du journaliste spécialisé était plus globale : « Je voulais surtout montrer qu’une voiture propre, ça n’existe pas, en étant le plus neutre possible. Il y a ce phénomène ‘d’œil du ravi’ politique, les interdictions imposées, etc. Les ZFE, par exemple, on peut les voir comme une forme d’obsolescence programmée générée par une loi ».

Quand un délire se concrétise

Le premier contact de Nicolas Meunier avec le Nürburgring remonte déjà à une dizaine d’années : « C’était avec Opel pour l’essai de la Corsa OPC. J’avais parcouru en deux jours environ 700 km sur le circuit. J’en garde un souvenir ému. Il faut bien une bonne journée pour mémoriser les paysages superbes. À un moment, deux de mes neurones se sont connectés et je me suis dit pourquoi pas venir ici avec une voiture sans permis. J’ai alors pensé à la Myli de Ligier. En 2024, elle a reçu un nouveau moteur diesel : ça claquait façon tracteur ».

L’idée qui pouvait relever de la blague a cependant fini par faire son petit chemin : « Lors d’une interview avec François Ligier pour Génération sans permis, j’ai pu constater que ça commençait à mordre ». Il ne manquait plus que la complicité de Martin Coulomb, ancien journaliste de l’Équipe et fondateur de la chaîne Youtube En Roue Libre Auto, pour faire basculer l’impensable vers la réalité : « Martin en a reparlé chez Ligier et montré ce qu’il pourrait faire en vidéo. Le constructeur a organisé une réunion sur le sujet, le circuit avait déjà été contacté ».

Pour pouvoir inscrire de nouveaux temps et réaliser des records, il est impératif que le circuit soit privatisé afin que les six portions soit libérées et réunies : « Vous imaginez une Lamborghini qui nous arrive à 130 km/h dessus alors que nous serions à fond à 45 ! Ligier a retenu la date du 31 mars 2025. Le constructeur et son équipe de com’ ont carrément couru sur l’idée. Il était question d’y être avec trois voitures, autant qu’elles soient différentes ».

Ce sont donc trois versions de la toute nouvelle Ligier JS50 qui rejoindraient le circuit : la diesel Revo D+ en quadricycle léger L6e (numéro 26), son équivalent électrique (76) et la déclinaison en quadricycle lourd L7e (96).

Rejoindre le circuit en VSP

Chatouillé par son ADN sportif, Ligier a présenté ses trois quadricycles dans une livrée rappelant son bolide de course JS2 R : « Ils ont cependant voulu nous laisser la surprise sur le traitement de l’intérieur et ne nous ont pas dit non plus que sur le circuit les voitures seraient chaussées avec des pneus semi-slick. Je n’imaginais pas que ça existait dans la dimension des VSP. Sur place, nous étions seize en comptant l’ingénieur moteur, des mécanos et des personnes de la com. En fait, tout ce monde a trouvé l’idée du Nürburgring géniale et a voulu venir ».

Martin Coulomb et Nicolas Meunier
Martin Coulomb et Nicolas Meunier

Si les deux exemplaires électriques ont été acheminés sur place par camion, l’aventure a commencé à Paris pour Nicolas Meunier et Martin Coulomb. Leur premier challenge a été de rejoindre le circuit allemand par la route avec la Ligier JS50 diesel, soit 500 km environ en passant par la Belgique. Grâce à la faible consommation de cette voiture homologuée à 3 litres de gazole pour 100 km, il n’a pas été nécessaire de faire le plein en cours de route.

Départ le samedi 29 mars : « Je pensais d’abord boucler sur la journée, mais Martin a tenu à ce qu’on le fasse sur deux jours. C’est vrai que de faire des plans avec le drone en cours de route, ça prend du temps. En s’appuyant sur Waze, on a bien sûr évité les autoroutes. Sur les départementales, on ne ressent pas trop la lenteur en découvrant des paysages qu’on n’a pas l’habitude de voir ».

Chacun son tour chronométré

Bien sûr, durant l’expédition depuis Paris jusqu’au Nürburgring, la Ligier JS50 Revo D+ était montée avec des pneus de série : « Sur le circuit, j’ai voulu tester avec les semi-slicks… et j’ai fini par faire un tête-à-queue. Ces pneus sont conçus pour des voitures plus lourdes. Le comportement n’était pas vraiment progressif. Il suffisait qu’une roue se déleste en virage pour que ça parte. Nous devions juste faire attention dans quelques courbes en levant simplement le pied de l’accélérateur. Le reste du temps, nous étions à fond ».

Chacun sa voiture : « C’est Martin qui a commencé le tour chronométré avec la VSP électrique. J’ai suivi avec le quadricycle lourd, et François Ligier a terminé avec le modèle diesel. Un huissier avec chrono a mesuré les temps, et nous avions des caméras dans les voitures. À l’arrivée, on devait se mettre au niveau d’une ligne blanche pour voir apparaître le temps sur grand écran. On a ensuite signé un papier. Maintenant nos chronos sont gravés dans le marbre ».

Montage des pneus semi slick
Ligier JS50 en action sur le Nürburgring
Ligier JS50 en action sur le Nürburgring
Nicolas Meunier et sa Ligier JS50

Parmi les images fortes qui restent à l’esprit de Nicolas Meunier, il y a cette anecdote : « En sortant du circuit par une porte dérobée, je me suis retrouvé sur une nationale à 100 km/h. J’étais là avec mon casque de sécurité sur la tête et tout le monde me doublait ».

Des records durables ?

Ce qui s’est passé le 31 mars 2025 est inédit dans l’histoire du Nürburgring : « Ligier a dû signer un contrat long comme le bras. Il fallait cocher la case du type des véhicules. Il y en avait depuis la catégorie des Citroën AX jusqu’à celle des Formules 1, mais rien pour nos quadricycles. Les gens du circuit étaient très enthousiastes, car ils n’avaient rien vu de nouveau depuis longtemps. Il y avait sur place peu de visiteurs, et donc pas trop de réactions. Mais on a vite trouvé des vidéos de nous sur TikTok ».

C’est bien sûr la version lourde qui a affiché le meilleur chrono pour démarrer la catégorie « L7e – 75 km/h », avec 19:53,367 pour boucler les 20,832 km du circuit en négociant les 73 virages. Pour les voitures sans permis « L6e – 45 km/h », l’avantage est à l’électrique : 27:55,580 contre 28:25,814 pour le diesel : « Ça fait quand même une sacrée différence ! La diesel tient moins bien la vitesse dans les côtes. C’est aussi la réglementation qui permet ça, avec la possibilité pour les électriques de dépasser les 6 kW de puissance dans les montées ».

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Peut-on imaginer qu’un autre constructeur se frotte à ces performances ? « Je vois mal Citroën ou Mobilize le faire alors qu’ils communiquent pour leurs quadricycles en prenant l’angle de la mobilité durable. La sportivité colle parfaitement à Ligier en raison de son passé en Formule 1. Par ailleurs le budget pour privatiser le Nürburgring est conséquent ». Ce qui risque bien de geler longtemps les trois chronos en autant de records.

Bientôt une série limitée ?

Comment le constructeur français a-t-il prévu d’exploiter l’événement ? Peut-être en proposant dès cette année 2025 une série limitée « Ligier Ultimate Racing Experience ». Une réflexion est en cours sur le sujet. Cette édition incarnerait « la volonté de Ligier Group de conjuguer accessibilité, plaisir de conduite, sécurité et esthétisme sportif ».

Intérieur des Ligier JS50 du Nürburgring
Intérieur des Ligier JS50 du Nürburgring
Intérieur des Ligier JS50 du Nürburgring
Intérieur des Ligier JS50 du Nürburgring

Elles pourraient alors faire rêver quelques adeptes des voitures sans permis si l’on retrouvait à l’intérieur la sellerie exclusive « Tricolore Touch », le pommeau en aluminium du sélecteur de marche, le soufflet de frein à main en alcantara, et les ceintures de sécurité traitées en Bleu Reef.

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Nicolas Meunier pour son accueil au téléphone, sa confiance et son témoignage.

Pour rappel, toute contribution désobligeante à l’encontre de nos interviewés, de leur vie, de leurs choix, et/ou de leurs idées sera supprimée. Merci de votre compréhension.

Avis de l'auteur

Beaucoup pensent que l'électrique et les petites voitures ne peuvent procurer du plaisir. C'est déjà une certaine disposition intérieure qui permet d'y goûter. Bon sang que je me suis amusé au volant de ma Citroën C-Zero ! Cette citadine électrique qui est restée dans notre famille pendant douze ans, c'était un vrai bonheur de la conduire, notamment dans les rond-points où son architecture en propulsion excellait. Que peut apporter ce délire devenu réalité de faire goûter le Nürburgring à trois quadricycles, dont deux électriques ? Sans doute un petit éclairage sur des véhicules à l'aise en ville et qui se garent très facilement. Si ça peut encourager leur développement en électrique, c'est mieux. Car les anciens modèles diesel sont parmi les véhicules dont les émissions sont les plus insoutenables après leur passage. Si elle sortait, la série limitée « Ligier Ultimate Racing Experience » pourrait bien me donner l'envie d'essayer une nouvelle fois une voiture sans permis électrique, histoire notamment de constater l'intégration des éléments qui lui donneront une identité propre.

Philippe SCHWOERER

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