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Aujourd’hui ouvert à Rennes (35) depuis quelques mois, le premier e-Garage Revolte est déjà intervenu sur une vingtaine de voitures électriques. La philosophie de la dynamique équipe a de quoi surprendre à plus d’un titre.
« Aujourd’hui, quand une voiture électrique n’est plus garantie, son propriétaire se sent abandonné », lance Raphaël Daguet. Un constat qui, à lui seul, explique et justifie la naissance des e-Garages Revolte.
Que se passe-t-il concrètement aujourd’hui quand une voiture électrique hors garantie présente des problèmes de batterie ? La plupart du temps, le concessionnaire de la marque du véhicule délivre un devis au montant très dissuasif, parfois en indiquant d’une manière ou d’une autre que l’intervention ne permettra peut-être pas de résoudre le problème.
« Nous, chez Revolte, nous démontons la batterie et passons du temps à effectuer un diagnostic précis. Et si nous le pouvons, ce n’est pas le pack complet que nous allons remplacer, ni même le bloc concerné, et peut-être pas plus la carte électronique si c’est elle qui est en défaut. Quel gâchis ce serait ! », s’exclame Jérémie Noirot qui s’occupe des batteries.
Ben ils changent quoi alors, chez Revolte, dans ce cas !? « Le petit composant là, qui ne fait que quelques millimètres. Je prends un microscope pour cela. C’est mon métier depuis 13 ans, que j’ai commencé à exercer sur des voitures essence et diesel », surprend Erwan Lefèvre, spécialiste de l’électronique.
Il ne s’agit pas de science-fiction. Lors de notre passage, Jérémie Noirot intervenait sur une Citroën C-Zero avec un problème de recharges qui s’interrompaient de façon précoce.
« Une première analyse nous a permis de localiser le bloc en défaut. Toutes les cellules qui le composent auraient une tension anormalement basse de 2,1 V. On imagine mal que ce soit possible. Je penche plutôt pour un problème d’électronique », analyse-t-il devant nous.
Nous le voyons déboulonner le bloc, le sortir, le poser sur l’établi, et tester une cellule : 3,97 V. « C’est bien ce que je pensais ! », sourit ce motard branché que nous avons déjà interviewé pour Cleanrider à la suite d’un périple de 6 200 km réalisé en 20 jours sur une Energica Eva Ribelle.
Quelle facture au final pour le client ? « C’est encore trop tôt pour le dire. Citroën demandait 13 000 euros HT pour remplacer complètement la batterie, auxquels il fallait encore ajouter la main-d’œuvre. En outre, ils n’ont pas de pack en stock. La facture sera de toute façon beaucoup moins lourde chez nous », nous répond-il.
« Nous sommes déjà intervenus sur une C-Zero de la ville de Rennes. La collectivité craignait de devoir s’en débarrasser aux enchères devant le devis élevé du constructeur. La voiture ne voulait plus rouler. Dans un premier temps, Citroën s’est contenté d’effacer le défaut en pensant que ça allait résoudre le problème », rapporte Jérémie Noirot.
« De notre côté, nous avons pu localiser dans la journée l’anomalie au niveau du contacteur. Comme cette pièce n’est pas disponible en passant par le réseau du constructeur, nous l’avons remplacée par un exemplaire en seconde vie. Au lieu des 17 000 euros que pouvait demander Citroën, la collectivité n’a eu à débourser que 1 000 euros », chiffre-t-il.
« Notre première intervention, c’était en février dernier, sur le Kia Soul EV d’un chauffeur de VTC corrézien. Le SUV de 2018 affichait déjà 200 000 km au compteur. Son autonomie s’était réduite en très peu de temps et la voiture passait facilement en mode tortue à l’accélération. Kia avait remonté un SoH à 97 % », se rappelle le responsable des batteries chez Revolte.
« En 2 mois de temps, la concession n’a pas fait mieux que de préconiser un remplacement du pack complet pour environ 20 000 euros. Nous avons identifié que c’était la dernière cellule – la numéro 100 – qui posait problème, entraînant tout le pack avec elle. Elle était gonflée. Là, nous avons dû remplacer un module complet de 14 cellules, pour 4 fois moins cher », compare-t-il.
« Ensuite nous avons résolu un problème sur une Leaf de première génération. Il n’y avait plus que 6 barrettes sur 12 affichées au tableau de bord. Nissan préconisait de remplacer le convertisseur pour 6 000 euros, sans garantie de résultat. Cette opération n’aurait de toute façon pas dépanné le véhicule », assure Jérémie Noirot.
« C’était la résistance de précharge qui était en cause. Nous avions observé une valeur à 1,3 milliard d’ohms, contre les 30 ohms requis. La voiture a été réparée pour 1 000 euros qui comprennent le diagnostic, le démontage, la pièce, son remplacement, le remontage et les essais », détaille-t-il.
« Sur une Zoé en défaut de charge et d’isolement, Renault demandait 3 900 euros pour changer le chargeur. Contre 1 059 euros, nous avons juste eu besoin de remplacer le bloc de capacité de filtrage. C’est lui qui provoquait une fuite de courant. En nous limitant au sous-composant concerné, nous avons prolongé la vie de tous les autres », se réjouit-il.
« En revanche, pour déposer le chargeur sur une Zoé, c’est une vraie galère. Il faut par exemple démonter les essuie-glaces, vidanger le liquide de refroidissement. Pour cette voiture, nous sommes intervenus en région parisienne, grâce à un garage partenaire qui nous a accueillis », précise-t-il.
Aujourd’hui, le premier e-Garage Revolte est hébergé dans les ateliers d’un des associés, au 32 rue des Veyettes, à Rennes. L’espace dédié présente une surface de 100 m2 environ. « C’est une amélioration. Nous sommes ici depuis juin 2021. Auparavant, nous étions dans un local artisanal au fond d’un garage », commente Raphaël Daguet.
« En fait, tout a commencé en 2020. Je venais de quitter la scénographie du Puy du Fou. Là, j’ai d’ailleurs travaillé sur les anciennes voitures qui ont été rétrofitées à l’électrique chez e-Néo. Certaines sont pleinement opérationnelles, d’autres non, selon les besoins », révèle-t-il.
« J’avais décidé de monter ma structure en auto-entrepreneuriat pour le dessin de spectacles. L’enregistrement de ma société a été effectué le 14 mars 2020, et le lendemain 15 mars le premier confinement pour contrer la Covid-19 était institué », se souviendra-t-il toujours.
« Nous devions effectuer un voyage ma femme et moi, mais nous nous sommes finalement retrouvés dans un gîte en Loire-Atlantique, sans communication. On avait l’impression que tout s’était arrêté. Là, avec mon crayon et mon couteau, j’ai réfléchi au moyen de rebondir », témoigne-t-il.
« J’ai écrit et déposé des Post-it sur la table, autour de mes centres d’intérêt. J’ai pensé à : Restaurer une ancienne Citroën DS, en défi avec mon frère ; Raconter des histoires ; La mythologie de l’automobile en général ; L’écologie. Comme jeune papa, je pense à l’avenir de la planète pour les enfants d’aujourd’hui. J’apprécie les interventions de Jean-Marc Jancovici », aligne Raphaël Daguet.
« Et puis un nom est arrivé, et s’est imposé : “Revolte”. Avec lui, j’ai décidé de participer à la décarbonation de l’automobile, à réinventer sa mythologie. Le décret qui autorise le rétrofit venait de passer. J’ai contacté Lucas Mesquita qui a accepté d’investir dans le projet. Il m’a présenté Alexis Marcadet qui s’occupe de la communication et du marketing. Il vient de Cityscoot. À nous 3, nous formons le noyau dur de l’aventure », indique-t-il.
« En juin 2020, nous nous retrouvions déjà à 8 personnes, à Noyal-sur-Vilaine, dans l’ancien garage de Cédric Bohler, aujourd’hui notre responsable pour la partie mécanique et les ateliers. Nous voulions tracer notre propre voie. Nous avons décidé de ne pas trop regarder à quoi nous allions nous attaquer, afin de ne pas nous décourager », ne regrette-t-il pas.
« Nous avons démarré avec l’idée de rétrofiter à l’électrique des Peugeot 207. Nous avions imaginé un proto, et un prix de vente à 15 000 euros. Mais nous nous sommes aperçus qu’au final la voiture devrait être vendue dans les 40 000 euros si on suivait le cahier des charges retenu », avoue Raphaël Daguet.
« Alors nous nous sommes dit que s’il fallait passer par une étape de vente d’un véhicule cher pour parvenir ensuite à un modèle plus abordable, il fallait le faire. Mais il fallait choisir un modèle qui fasse rêver, avec pas forcément plus de 150 km d’autonomie », poursuit-il.
« Nous avons depuis bien avancé sur notre projet qui se base sur une Volkswagen Golf 2 avec des performances de GTI. C’est un véritable ampli Marshall sur roues. Il y a une très bonne sono, et l’Avas pour avertir les piétons est très rock », partage-t-il. Nous avons eu le plaisir de découvrir ce son style guitare électrique qui accompagne l’accélération du véhicule jusque 20 km/h : c’est tout simplement génial !
« Les sièges sont façon cuir usé ; la calandre est en bois brûlé. Nous avons retouché le tableau de bord en conservant sa présentation d’origine et en y ajoutant les spécificités d’une voiture électrique », présente-t-il.
« En septembre 2021, nous allions entrer dans la phase d’homologation Utac pour la Golf rétrofitée. Nous avions la batterie 22 kWh, le moteur anglais, les cartes électroniques étaient commandées. Nous étions déjà en train de travailler sur le marketing et les scénarios de vente quand nous nous sommes aperçus que nous étions en train de cramer nos réserves financières », revoit Raphaël Daguet.
« Et pendant ce temps-là, tout un marché est à l’abandon : celui de la réparation des voitures électriques sorties de la garantie. Nous avons senti que nous parviendrions plus efficacement à atteindre notre mission en nous impliquant sur ce marché », expose-t-il.
Quelle mission ? « Notre mission, c’est de rendre la sobriété automobile désirable. Les voitures électriques doivent pouvoir durer 100 ans, être transmises à nos enfants, comme un bijou, une photo ou une maison. Il faut revenir à du bon sens. Pourquoi pousser à la casse les voitures au bout de 10 ans ? Cette mission, c’est notre colonne vertébrale », rapproche-t-il.
« Le 1er novembre 2021 marque le jour 1 des e-Garages Revolte. Trois personnes sont parties, car elles ne se retrouvaient plus dans notre nouvelle orientation. Rémy, Jérémie et Bastien sont arrivés », raconte encore Raphaël Daguet.
« Nous allons développer les e-Garages Revolte. Le prochain ouvrira à Nantes fin septembre prochain, sur 1 000 m2, dont 80 m2 de laboratoire en zone ultra protégée pour travailler sur la haute tension. Avec cette adresse, nous allons toucher les électromobilistes de Loire-Atlantique, de Vendée et du littoral. Un showroom sera consacré à la vie de la mobilité électrique. Il servira à la présentation des acteurs qui se bougent dans la filière. Nous avons déjà ainsi pensé à EP Tender, à des constructeurs de petites motos électriques, et à des fabricants de bornes de recharge », dévoile-t-il.
« Il y aura des espaces d’exposition, de coworking, une grande bibliothèque pour se documenter, et pas seulement sur la technique », prévoit-il. « Pauline va nous rejoindre en septembre pour le lancement de notre Revolte Académie. Il s’agira de former les e-Mécanos. En sortant de là, ils maîtriseront dans le détail ce qu’est un véhicule électrique, seront tout autant informaticiens, électroniciens, battericiens, et sauront conseiller les clients », s’enthousiasme-t-il.
« À ce jour, nous sommes intervenus sur une vingtaine de voitures électriques provenant, en majorité, d’automobilistes particuliers. Nous avons aussi déjà notre premier client B2B, avec Nosmoke qui souhaite nous confier l’entretien de ses véhicules », met en avant Raphaël Daguet.
« Dans le milieu de l’année 2023, nous allons lancer des équipes mobiles qui pourront intervenir partout en France », avance-t-il. « Et nous participerons aussi à divers événements. Ainsi du 2 au 4 septembre prochains, au parc des expositions de Saint-Brieuc, dans le cadre du Salon de la mobilité électrique des Côtes-d’Armor », nous apprend-il.
« Nous avons déjà prévu sur notre stand d’effectuer en direct des démos d’ouverture d’une batterie et d’un moteur pour démystifier le VE. Nous exposerons d’autres composants éclatés, et sans doute 2 ou 3 véhicules. Nous réfléchissons encore à compléter cette liste », conclut notre interlocuteur.
À noter qu’en plus des voitures utilitaires, camions, scooters et vélos électriques, le Salon de la mobilité électrique des Côtes-d’Armor fera une large place au rétrofit, à la réparation, au recyclage des batteries, à l’hydrogène, avec divers ateliers ludiques. Le film documentaire À contresens sera projeté en soirée du 2 septembre, suivi d’un débat animé en visioconférence avec les réalisateurs Marc Muller et Jonas Schneiter.
Philippe SCHWOERER
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