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Le SUV tue : c’est en tout cas ce que pense le WWF, qui estime « un trop plein de SUV dans la publicité télévisée ».
Les SUV n’ont pas que des amis. Toujours plus hauts, gros et lourds, ils sont régulièrement pointés du doigt pour leurs consommations et émissions polluantes. Après avoir indiqué que les SUV étaient la deuxième source de l’augmentation du CO2 en France, le WWF monte encore d’un cran l’intensité de ses attaques : selon l’organisme, le SUV est désormais bien trop présent dans les publicités télévisées !
D’après les analystes sensibles à l’environnement, 3 h 50 d’antenne chaque jour sont dédiées à la promotion des SUV à la télé en 2019. Soit plus de 760 spots pub quotidiens à raison d’une durée moyenne standardisée de 30 secondes par publicité. Mais le WWF ajoute aussi toutes les affiches publicitaires dans la rue, les magazines, sur Internet ou à la radio, qui font « la promotion de véhicules polluants ». Bref : le SUV tue, au même titre que l’alcool ou le tabac.
Toujours d’après la même source, les constructeurs automobiles ont investi 1,82 milliard d’euros en 2019 pour faire la promotion de leurs SUV, qui « prennent de la place dans les rues mais aussi dans les espaces publicitaires ». D’après le WWF, ce montant représente 42 % des dépenses publicitaires totales des fabricants.
En revanche, ce qu’oublie de préciser l’organisme, c’est que ce budget est étonnamment en phase avec le marché de l’automobile en France. En 2019, les crossovers et SUV ont enregistré une part de marché de près de 41 %. Soit près d’une voiture sur deux vendues en France. Si les constructeurs proposent de plus en plus de SUV, c’est parce que le marché les réclame. Ce qui entraîne donc des investissements plus conséquents sur ce type de véhicules en vogue. C’est donc une boucle où, jusqu’aux dernières nouvelles, les clients sont les seuls décideurs et acheteurs.
Le WWF semble vouloir tirer uniquement sur les constructeurs et les SUV et oriente quelque peu son discours. Sauf que l’organisme semble se tromper de cible, qui est en réalité le marché. Comme d’habitude, par simplicité, il est plus facile de viser les fabricants pour tenter de construire des polémiques.
D’après le World Wildlife Fund, le SUV n’est pas aussi sécurisant qu’il le promet, il est conçu pour conquérir et dominer l’espace naturel et n’est pas adapté à un usage familial. Soit autant de griefs reposants sur des données à diluer. D’après certains rapports, les conducteurs de SUV ont 10 % de risques en plus d’avoir un accident. Une donnée qui repose sur les déclarations d’accidents selon AXA, qui semble donc davantage à mettre au crédit d’une logique mathématique. Plus il y a de SUV en circulation, plus le risque qu’ils soient impliqués dans un accident est élevé. Nous aurions donc apprécié des chiffres qui résultent plus d’analyses techniques, voire scientifiques, que purement statistiques.
Côté environnement, il est vrai que le discours est orienté vers la liberté et la quête des grands espaces. C’est d’ailleurs un fait qui m’a déjà été reproché lors d’un essai automobile dans le Parc National des Calanques, où la réalisation de clichés professionnels est d’autant plus grave que c’est celle d’automobiles faisant la promotion de la destruction de l’environnement. Sauf qu’à l’usage, les SUV sont principalement étudiés pour un usage routier, et rares sont les acheteurs qui s’aventurent en dehors du bitume. Preuve en est avec l’offre des constructeurs : une majorité des SUV affiche une garde au sol de 14,7 cm. Soit à peine plus qu’une Mustang V8 coupé (14,4 cm) ou qu’une Golf (14,3 cm). Autrement dit : le SUV sera désespérément bloqué avant même de passer entre les premiers arbres. Et la plupart ne sont disponibles qu’avec une transmission aux roues avant et avec des pneumatiques conçus pour l’asphalte.
Enfin, le WWF indique que « les SUV ne constituent qu’une offre familiale par défaut qui s’est imposée au détriment d’une offre autrefois spécifiquement conçue pour les familles, à l’image des monospaces ». Encore une fois, les constructeurs ne font que répondre à la demande. Car si les monospaces bénéficiaient encore d’un amour pour les familles, aucun constructeur n’aurait retiré leurs offres ou même enregistré de flops. Les stéréotypes du SUV avancés par le WWF semblent davantage le reflet de leurs interprétations que du réel message délivré par les fabricants.
Quant au chapitre consommation et pollution, tout n’est pas aussi déraisonnable que ce que le WWF laisse penser. Le Peugeot 2008 (premier SUV vendu en 2020) avec le moteur PureTech 130 essence affiche 5,6 l/100 km et 127 g/km de CO2. C’est à peine plus que la Peugeot 208 de même finition (GT) et même moteur, qui tombe à 5,4 l/100 km et 122 g/km. Les différences sont toutefois plus importantes avec le 3008 Allure BlueHDI 130 BVA : avec 5,2 l/100 km et 136 g/km, il dépasse généreusement la 308 (4,6 l/100 km et 122 g/km) ou la 508 (4,6 l/100 km et 120 g/km).
Au rayon monospaces, tant regrettés par le WWF, le constat n’est toutefois pas plus radieux. Chez Ford, l’un des derniers à proposer cette carrosserie, le S-Max Titanium 2,0 l EcoBlue diesel de 150 ch avec la BVA8 revendique 6,4 l/100 km et 168 g/km. Une Ford Mondeo similaire en version break affiche 5,6 l/100 km et 148 g/km. En prenant la finition Vignale dotée du 2,0 l 190 ch BVA8, le monospace grimpe à 6,5 l/100 km pour 169 g/km. Le break table sur 5,8 l/100 km et 153 g/km, alors que le Ford Kuga similaire, qui embarque une transmission intégrale, affiche 5,7 l/100 km pour 150 g/km.
Ce dossier se rapproche donc de l’histoire de la poule et de l’œuf. Les constructeurs ont-ils métamorphosé le paysage automobile avec les SUV où les clients sont-ils devenus friands de ce type de véhicules, poussant les fabricants à développer une offre copieuse ? En tout état de cause, le WWF soutient que l’espace publicitaire ne doit plus faire la promotion de voitures carburant aux énergies fossiles ET des véhicules les plus lourds et les plus polluants. De là à dire que nous aurons bientôt une étiquette « rouler en SUV tue » collée sur ces véhicules, il n’y a qu’une provocation que nous ne franchirons pas.
Mais cette promotion décriée par le WWF concerne de plus en plus rarement celle des motorisations thermiques, qui dégringolent lentement dans les volumes de vente. En raison des investissements conséquents en matière de technologies hybrides ou électriques, des enjeux commerciaux et de la bienséance actuelle, la majorité des constructeurs font la promotion de leur SUV à vocation écologique, qu’ils soient hybrides, hybrides rechargeables ou électriques. Ce qui lance alors d’autres débats déjà soulevés concernant les PHEV. Mais aussi en matière de SUV électriques : d’après le WWF, l’empreinte carbone de ces derniers est 34 % plus importante que celle d’une citadine électrique.
Et pour vous, un SUV électrique est-il plus polluant qu’une citadine de même motorisation ? Faites-nous savoir votre avis.
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Focus sur Tesla24 septembre 2024
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