Ford a fait le choix de se concentrer sur le développement de gros modèles depuis plusieurs années. Mais le patron de la marque américaine estime qu’avec l’arrivée des électriques, cette ère touche peut-être à sa fin.

De plus petites voitures électriques pour les Américains ?

Présent vendredi 28 juin 2024 à l’Aspen Ideas Festival, Jim Farley, le patron de Ford, a déclaré que les Américains devaient « se remettre à aimer » les petites voitures plutôt que les grosses. Une déclaration surprenante quand on regarde la gamme actuelle du constructeur américain. Si on se concentre sur l’électrique, Ford ne possède justement que des gros modèles.

Mais c’est peut-être la fin d’une ère pour la firme de Détroit. En effet, Ford souhaite développer une petite voiture électrique abordable d’ici 2026. Le patron américain promet que ce futur modèle permettra d’atteindre la rentabilité. À l’avenir, il assure même que Ford se concentrera « d’abord sur les petits véhicules électriques » plutôt que sur les gros pick-up et SUV. Cela serait un virage stratégique important pour la marque.

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« En tant que constructeur automobile, il est nécessaire d’opérer un changement radical pour que les véhicules électriques soient rentables. C’est un changement de cap nécessaire. La première chose à faire est d’investir pour développer des modèles plus petits et plus abordables », précise Jim Farley. « Les énormes voitures électriques ne seront jamais rentables », ajoute-il.

Le poids des gros modèles pose problème

Suite à cette déclaration, un porte-parole de la marque a tenu à préciser les propos de M. Farley. Selon le communicant, le patron de Ford ne faisait pas référence au F-150 Lightning, à la Mach-E ou à l’Explorer mais plutôt aux Super Duty F-250, F-350 et F-450 en diesel. De quoi créer de la confusion étant donné que le patron de Ford semblait bien parler des modèles électriques de la marque selon CNBC.

Quoi qu’il en soit, le mot d’ordre de Jim Farley est clair : « nous devons nous remettre à aimer les petites voitures. C’est important pour notre société et pour l’adoption des véhicules électriques. J’ai bien conscience de l’amour que nous portons tous à ces véhicules monstrueux, et je les aime aussi, mais leur poids est un problème majeur en 2024 ». Le F-150 Lightning frôle par exemple les 3 tonnes.

Mais sur l’électrique, la firme de Détroit a encore un long chemin à parcourir. Les pertes sont colossales. Il est question d’un trou de 1,32 milliard de dollars au cours du premier trimestre de cette année pour environ 10 000 modèles électriques vendus. Ce qui fait approximativement 132 000 dollars par véhicule électrique vendu. Il est donc impératif pour Ford de changer radicalement de stratégie pour espérer s’en sortir.

Le début d’une nouvelle ère chez Ford ?

Pour y parvenir, la marque vient d’ouvrir de nouveaux bureaux à Long Beach. Un centre d’innovation dédié au développement d’un petit modèle électrique abordable où d’anciens ingénieurs de Tesla, Rivian, Lucid et Apple forment une nouvelle équipe. La rentabilité sera désormais le mot d’ordre chez Ford. Jim Farley a déclaré qu’il était « crucial » pour Ford de rentabiliser l’unité des voitures électriques au cours des cinq prochaines années.

Il considère les constructeurs automobiles chinois comme une menace mondiale, même pour les fabricants historiques. Les nouveaux droits de douane imposés par l’administration Biden ne suffiront pas à les arrêter. « Si nous ne parvenons pas à gagner de l’argent avec les électriques, nous avons des concurrents qui ont le plus grand marché du monde, qui dominent déjà et qui développent leur chaîne d’approvisionnement sur tous les continents ».

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Le géant chinois BYD cherche par exemple à s’implanter au Mexique pour pouvoir écouler ses modèles aux États-Unis. Si Ford n’arrive pas à produire des voitures électriques rentables dans les cinq prochaines années, « nous nous contenterons de nous replier sur l’Amérique du Nord », précise M. Farley. La marque espère évidemment que cela ne sera jamais le cas, mais une nouvelle ère