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Directeur du laboratoire Ville durable de l’école de Design Nantes Atlantique, Florent Orsini a pointé à la journée XMobility (Le Mans, 8 octobre 2019) la fin de modèles archaïques de mobilité et a annoncé l’imminence de virages radicaux.
En matière de nouvelles orientations technologiques, Florent Orsini n’est pas dupe. Selon lui, il faudra bientôt « payer l’addition de l’étalement urbain ».
Le premier effet indésirable du développement sans limites des villes est la saturation de l’espace. Cette dernière s’accompagne « de désordres métaboliques parmi lesquels la pollution, les embouteillages, les autoroutes qui arrivent jusque dans les centres-villes ».
Son verdict : « Nous sommes au bout d’un modèle foutu d’avance ! ». Rappelant que « la mobilité impacte la ville et vice versa », il prévient en outre : « Le temps de l’énergie facile à extraire est fini ! ».
Un frein à la mobilité ? Pas forcément ! Florent Orsini entrevoit au contraire « un scénario paradoxal : l’explosion des mobilités ».
Pour justifier sa position, il évoque le cas des nouvelles technologies de communication qui devaient réduire les déplacements. Cet argument surexploité par la filière des appareils nomades et connectés, il le démonte sans problème.
A la vision de nombreux collaborateurs s’activant en télétravail depuis chez eux, il oppose l’exemple de cadres de plus en plus nombreux à parcourir un pays ou la planète puisqu’il est désormais si facile de se planter un peu n’importe où devant son ordinateur.
Bien que saluant très positivement le travail des designers qui s’en sont occupés, les cellules individuelles de type Pop.Up Next d’Airbus et One4All de Siemens : Florent Orsini n’y croit pas.
Il s’attend toutefois à voir émerger dans quelques années de nouveaux modèles de mobilité auxquels on ne pense pas encore.
Difficile d’y croire ? Un de ses modèles de réflexion : Uber, qui n’existait pas il y a quelques années, et qui a imposé l’usage des technologies numériques dans la mobilité.
Au Mans, le 8 octobre dernier, Florent Orsini a mis en avant « 3 catalyseurs » pour le développement de la mobilité. Le premier passe par l’exploitation des énergies renouvelables, même intermittentes.
Il prévient ensuite qu’il faudra adapter les moyens de se déplacer à l’espace disponible. Pour lui, « les très grosses voitures n’ont pas leur place dans les centres-villes ». Il préconise à la place « le bon transport au bon endroit et au bon moment ».
Enfin, le dernier catalyseur n’est autre que l’exploitation des solutions numériques et connectées.
A cette étape de son discours, est-ce étonnant que Florent Orsini présente les transports en commun comme une solution incontournable pour se déplacer dans les zones urbaines ? Non, bien sûr ! Mais des transports en commun pas forcément comme nous les connaissons aujourd’hui.
Il s’intéresse à l’idée de plateformes capables d’accueillir aussi bien des fauteuils roulants, des vélos et trottinettes, des bagages et achats même volumineux, des planches de surf dans les villes côtières, etc. Pour lui, la tendance va vers ce modèle et des engins spécialisés.
Au sujet des engins spécialisés, justement, Florent Orsini a pris l’exemple de la distribution du courrier postal. Plutôt que recourir à des fourgons à 4 roues, aussi petits soient-ils, le directeur du laboratoire Ville durable milite pour les robots suiveurs électriques.
Idem pour les boîtes aux lettres qui sont relevées en général une fois par jour : un petit véhicule autonome pourrait jouer ce rôle puis regagner seul et automatiquement le centre de tri le plus proche.
L’engin ferait alors, d’une certaine manière, partie du mobilier urbain, une autre source d’inspiration des designers.
Les participants à la conférence de Florent Orsini pouvaient s’attendre, comme suite logique à ses précédents propos, à des encouragements à développer les services partagés, en particulier fonctionnant en free floating, c’est-à-dire sans stations pour récupérer et redéposer les engins.
Pour ces derniers, le responsable du Design Lab de Nantes évoque bien au contraire « un fiasco en cours ». Il assure : « On ne peut pas penser un mode de transport sans infrastructures ». Et, surtout, « quand ils sont de nature à bouleverser le code de la route », ces « services doivent se structurer ».
En outre, il est important de « relier le bâti avec les services de mobilité », plaide encore le conférencier.
La présentation de Florent Orsini pourrait laisser entrevoir une vision dépressive de la mobilité de demain. Ce n’est cependant pas ce qu’il espère laisser comme conclusion à son intervention.
Les mutations qui doivent intervenir de façon radicale dans les 10 ans autour de la mobilité doivent au contraire, selon lui, être l’occasion de « faire des choses plutôt sympas ». Il espère ainsi « la construction d’un récit positif de la mobilité durable ».
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