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Concepts électriques : Les constructeurs sont-ils à côté de la plaque ?

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Surpuissance, absence de données sur l’efficience, progrès sur les accumulateurs (batteries et supercondensateurs) oubliés, technologies improbables, équipements aberrants, dimensions excessives, lecture du prototype majoritairement axé sur son design, confusion sur la désignation de la motorisation, etc. : les concepts électriques (ou électrifiés) présentés par divers constructeurs peinent à séduire.

Avant-propos

La multiplication de concepts électriques surpuissants et/ou déconnectés de la mobilité durable est en train de provoquer une overdose chez les automobilistes attachés aux énergies nouvelles pour alimenter leurs voitures.

Certains recherchent tout autre chose, et le font savoir de façon parfois très succincte et à décoder pour les non initiés : « OSEF ! », « Un concept pour rien ! », « Sans intérêt ! », « Et la consommation ? », « Encore un SUV ! », « On est le 1er avril ou quoi ? », « Ça sent le n’importe quoi ! ».

Sans parler des lecteurs qui mettent au jour les incohérences techniques et/ou technologiques.

Cet article est pour vous ! Vous pouvez l’utiliser pour faire passer vos messages aux constructeurs concernés.

Concept Lexus LF-30 à Tokyo

Pourquoi la mobilité électrique ?

Quelles sont les raisons qui poussent l’Union européenne, la Chine, la Californie, et les pouvoirs publics de différents autres territoires à vouloir mettre en avant le véhicule électrique ?

Lancer sur les routes de véritables torpilles ? Continuer à encombrer les rues ? Favoriser le développement de véhicules de plus en plus gros ? Accentuer la fracture sociale de telle sorte que certains automobilistes puissent acquérir des engins ultra-suréquipés que d’autres devront se contenter de voir passer ?

Un groupe de questions qui ne fait pas que concerner les concepts. Nombre de modèles nouvellement commercialisés montre que des marques continuent une excessive course vers le toujours plus.

Indécence ?

Bien des concepts de véhicules électriques vont trop loin sur une route condamnée d’avance. Lequel mériterait une distinction à ce niveau ? Peut-être bien la monstrueuse Bentley EXP 100 GT, conçue pour les 100 ans de la marque, et qui, selon le constructeur, « définit la mobilité de luxe durable ».

Quelques caractéristiques choisies : couple de 1.500 Nm, poids de 1.900 kg, dimensions 5,8 x 2,4 mètres (à comparer avec les 4,97 x 1,96 m de la Tesla Model S), 0-100 km/h en 2,5 s, emploi de bois des marais vieux de 5.000 ans imprégné de cuivre, système à cartouches permettant de bénéficier de services et d’articles de luxe (Ex. : carafe d’eau avec purificateur et ses verres en cristal), diffusion d’un parfum unique pour ce modèle avec des notes de bois de santal et de mousse fraîche.

Bentley EXP 100 GT Concept

Surpuissance dangereuse…

La plupart des pionniers de la mobilité électrique espéraient, il y a une dizaine d’années et plus, de nouveaux modèles compacts à utiliser tous les jours pour aller au travail, facile à vivre, avec une autonomie suffisante pour des déplacements à moyennes distances et rejoindre des bornes de recharge efficaces et universelles implantées en conséquence.

Une puissance de 100 kW pour une citadine ou une compacte, c’est déjà largement suffisant pour ressentir la sensation d’un véhicule dynamique. Au-delà de 200 kW, et même avant, pourquoi continuer à faire incrémenter le compteur ?

En plus d’être potentiellement dangereuse, notamment pour les jeunes permis ou les automobilistes qui ont du mal à se maîtriser au volant, la surpuissance accentue les phénomènes d’abrasion des pneus et du revêtement des chaussées.

Sans parler d’un recours plus important aux freins qui émettent également des particules dont on ne mesure pas encore véritablement l’influence sur la santé par rapport aux suies et assimilées libérées des pots d’échappement.

…et inutile

Au final, 300, 400, 500 kW de puissance, et des couples supérieurs à 500 ou 750 Nm, à quoi ça sert ? Aligner les chiffres peut-il faire encore rêver l’automobiliste lambda qui est souvent confronté partout (au bureau, à la maison, etc.) à une formule du type « Faire mieux et plus avec moins ». Et pour gagner quoi ? Quelques fractions de secondes entre 2 feux tricolores ?

Sans doute fictifs pour beaucoup de concepts, les données concernant les performances dynamiques gagneraient à être complétées ou remplacées par des informations bien plus intéressantes : cellules de batterie avec de meilleures densités énergétiques et plus légères, nouvelles pistes concernant leur chimie (Bentley précisait au moins « lithium-air » pour son EXP 100 GT) ou usage de nouveaux types de supercondensateurs, consommations en électricité revues à la baisse, dispositifs d’absorption des particules, etc.

Voilà des informations susceptibles d’intéresser bon nombre de personnes et de faire penser que la mobilité électrique évolue dans le sens de la durabilité.

Chevrolet E-10 Concept

Le design souvent trop envahissant

Régulièrement, des communiqués ou dossiers de presse réalisés par des constructeurs pour présenter un concept de voiture électrique sont consacrés jusqu’à plus de 80% à expliquer le design intérieur et extérieur ainsi qu’à mettre en avant quelques équipements de confort. Un prototype doit-il être essentiellement un exercice de style ?

Dans un contexte où il est question d’une mobilité durable qui soit soutenable au niveau des ressources de la planète, il est plus intéressant d’évoquer des matériaux issus du recyclage, des idées pour rendre la production des véhicules vertueuse au plus haut degré, des pistes pour des batteries débarrassées des éléments qui font polémiques, etc.

Certains constructeurs le font d’ailleurs très bien et ne cèdent pas à la bataille des chiffres. Entre les 2 extrêmes, il y a aussi ceux qui alternent en cloisonnant performances techniques, impact environnemental, etc.

Mobilité autonome et connectée

Si les dispositifs qui permettent d’éviter les accidents sont intéressants à découvrir dans leurs évolutions, ceux consacrés aux fonctions de conduite autonome à partir du niveau 4 font-ils recette ? Ils ont le mérite de faciliter les déplacements des personnes qui ne peuvent pas ou plus conduire.

Mais pour sans doute la majorité des automobilistes, prendre le volant, même pour des trajets utiles, est aussi une transition, un moyen un peu forcé de fixer son attention sur autre chose que des obligations professionnelles, une sorte d’évasion, de distraction, qu’il est aussi possible de vivre, d’ailleurs, avec un vélo ou une trottinette.

Quelles seront les occupations des passagers d’une voiture autonome ? Des divertissements partagés permis par divers écrans et systèmes sonores plus ou moins bien pensés, ou bien des tâches et des obligations administratives qui n’auront pu être bouclées depuis le bureau ou la maison ?

Les réunions professionnelles dans un SUV 7 places lancé sur l’autoroute, ça existe déjà ! Avec des modèles autonomes…

Kia Futuron

Dimensions

Et justement, concernant les SUV, les dimensions des concepts électriques doivent-elles forcément être généreuses au risque de faire penser qu’elles seront la norme de demain ?

Heureusement que des marques savent aussi mettre en avant des engins foncièrement citadins, depuis des voitures à 2 places jusqu’à de petits véhicules à replier avant de les embarquer dans le coffre ou dans les transports en commun.

La saturation des rues de plus en plus de villes appelle à une mobilité qui s’appuie sur des modèles moins encombrants avec une occupation maximale des sièges, à défaut d’utiliser d’autres moyens de transport.

Bravo aux constructeurs qui mettent avant tout le paquet sur des citadines et des compactes électriques bien conçues et attrayantes sans excès, même au niveau de leurs concepts !

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