La suite de votre contenu après cette annonce
Les ventes Citroën Héritage, réalisées aux enchères en décembre dernier sous le marteau du commissaire-priseur Damien Leclère, ont remis sur le devant de la scène le concept Citela qui aurait servi de base à la chaîne de traction de l’AX électrique. Une occasion de présenter rapidement quelques petites perles branchées des années 1990 : Citroën Citela, Renault Zoom et SEER Volta.
Quelques amateurs chevronnés se sont fait plaisir dimanche 10 décembre 2017 en acquérant 65 véhicules plus ou moins rares et à exclure des réserves du conservatoire Citroën. Sachant que les passionnés de la marque sont coutumiers des coups de cœur, voir s’envoler quelques modèles au-delà des estimations calculées par la maison Leclère semblait tout simplement une évidence.
On n’attendait cependant pas un tel scénario pour des maquettes de salon dépourvues d’électronique de puissance et de batteries de traction. Et pourtant, celle de la Citela s’est arrachée à 14.560 euros, bien au-dessus de la fourchette prévue pour elle, entre 10.000 et 12.000 euros. Pour l’AX électrique, les enchérisseurs sont restés plus sages : coup de marteau à 3.136 euros, bien compris entre 1.500 et 3.500 euros attendus par l’établissement. A ce prix-là, pourquoi ne pas acheter tout bêtement un exemplaire fonctionnel ?
Fin des années 1980 et début de la décennie 1990, trois importantes entreprises françaises commencent à recueillir les fruits de leurs travaux en matière de mobilité électrique, débuté plus de 10, voire 20 ans, auparavant.
A cette époque, EDF investit dans la recherche en moyenne 20 millions de francs pour faire émerger des solutions dans le domaine. Des Renault 4 et 5 ont roulé pour l’énergéticien. Des essais ont aussi été menés sur des Estafette, le Losange étant quelque peu dynamisé par EDF. Chez PSA, ce sont des Peugeot 104, 205 et J7 qui sont adaptés à la traction électrique. Les batteries fixent cependant des limites difficilement exploitables : 100 kilomètres et 100 km/h.
Dans la décennie 1990, les constructeurs ont déjà bien conscience que le poids est un ennemi redoutable pour les voitures électriques qui doivent être légères.
Au milieu de l’automne 1991, la Citroën Citela (CITy ELectric Automobile) pointe le bout de son nez, plus officiellement présentée au pavillon français de l’Exposition universelle qui se tient, en cette année 1992, à Séville, en Espagne. L’engin est exhibé en 2 versions : micro-citadine 4 places (3 adultes + 1 enfant) et pickup ! Le constructeur et France Design Heuliez, – responsable du coup de crayon -, avaient prévus d’autres déclinaisons, comme une version découvrable, un coupé, et une fourgonnette. Autant de carrosseries qu’il aurait été possible d’échanger relativement aisément selon l’humeur ou les besoins.
Intérieur sobre, minces dossiers des sièges, tout a été fait pour réduire le poids et gratter quelques centimètres carrés d’habitabilité dans une caisse de 2,96 m de long et 1,55 m de large. La Citela, qui préfigure une nouvelle génération de véhicules électriques, pèse un peu moins de 800 kilos, dont pas loin de la moitié pour les batteries.
Aujourd’hui, en 2018, on peut être surpris de trouver une similitude de présentation du tableau de bord avec celui de la Tesla Model 3. En gommant, le petit combiné qui abrite le compteur de vitesse et les voyants, c’est encore plus criant !
Trop lourdes, les batteries au plomb n’ont plus la cote au début des années 1990 pour imaginer la voiture électrique de demain. La Citela embarque, sous l’habitacle, un discret pack NiCd de 72 V, en phase avec le moteur d’une puissance de 20 kW. Avec 14 kWh, la capacité de l’ensemble des batteries est à peine inférieure à celle d’une actuelle Citroën C-Zero.
Pour seulement 110 km d’autonomie. La Citela est capable d’atteindre le 110 km/h dans des conditions que seuls connaissent les pionniers de la mobilité électrique ou les conducteurs de 2 CV et dérivés : en accélérant à fond dans les descentes ! Comme le bouchon du réservoir à carburant de certains voitures des fifties et sixties, le connecteur pour la recharge est dissimulé derrière une des plaques minéralogiques. Il faut environ 6 heures pour faire le plein en énergie, en veillant bien à repartir rapidement ensuite pour ne pas provoquer un destructeur phénomène de métallisation dans les cellules. Une possibilité de recharge rapide était prévue à l’origine, pour régénérer le pack en 1 heure environ.
Au chapitre des ressemblances plus ou moins douteuses, celle de la face avant de la Citela avec le Renault Espace 2 lancé à la commercialisation à la même époque. Le prototype, dont une commercialisation avait été envisagée pour la fin des années 1990, est équipé de portes coulissantes et d’un pare-brise panoramique.
En se plaçant à l’arrière du véhicule se pose une question : Pourquoi les roues sont-elles ici si rapprochées ? Tout simplement pour obtenir un rayon de braquage exceptionnel qui faciliterait les manœuvres en ville, dont celles pour le stationnement. Dix ans plus tard, on retrouve cette idée sur le concept Citroën VeLV. Si la Citela n’a pas débarqué dans les rues et sur nos routes, sa chaîne de traction a servi à concevoir celle des Citroën AX et Peugeot 106 électriques
La Zoom de Renault se place en concurrente directe de la Citroën Citela, comme micro-citadine et éco-voiture électrique. D’un poids et d’une largeur similaires, la Zoom, conçue chez Matra, est cependant plus courte : 2,65 m, contre 2,96. Une longueur qui se réduit encore à 2,30 m quand l’unité arrière se rétracte pour ramener l’essieu vers l’avant : un ingénieux système pensé pour faciliter les manœuvres de stationnement.
Ces caractéristiques apportent une supériorité manifeste au concept badgé du Losange à l’heure de trouver un endroit où le garer, dans des rues encombrées. Mais c’est au détriment du nombre de personnes transportées : dans l’habitacle cocon, seules 2 personnes peuvent monter, comme dans une Smart Fortwo dont la Zoom est proche en longueur. En 1992, Renault communique aussi sur une version électrique de l’Express et de la Clio, déjà exhibées. Si ces dernières ne sont équipées que de batteries plomb-gel à cette époque, la Zoom reprend la technologie NiCd embarquée dans la Citela.
Facile d’aligner de meilleures performances que la concurrence à partir de concepts qui ne seront jamais mis entre les mains des automobilistes ! La Zoom, dont l’échéance de 1996 est annoncée pour une éventuelle commercialisation, se permet ainsi de faire mieux que la Citela : 150 contre 110 kilomètres, avec un moteur également plus puissant : 25, contre 20 kW. Sa vitesse de pointe est également supérieure : 120 km/h, contre 110. Pour accéder à bord, il faut manipuler une des 2 portes qui s’ouvrent en élytre.
Renault et Matra ont particulièrement travaillé l’équipement de la Zoom. On y trouve déjà un airbag (autonome en énergie : eurobag) pour le conducteur, un dispositif de téléphonie main-libre, un mini ordinateur de bord, un système de navigation, l’ABS, etc. La sécurité a été également mise au centre du concept, notamment en pensant aux autres usagers de la route. Ainsi les rappels de clignotants bien visibles, mais aussi, mieux encore que sur la Citela, une carrosserie moins agressive pour les piétons en cas de choc frontal.
La Renault Zoom ne sera pas plus commercialisée que la Citroën Citela. Sa technologie de batteries sera le seul héritage qu’elle laissera aux Express et Clio électriques. Mais s’il fallait retenir du prototype présenté par le Losange en 1992 que son statut d’éco-voiture électrique, alors on pourrait lui trouver une descendance avec le Twizy. Mais dans le détail, tout, quasiment, sépare les 2 engins.
Tentons tout de même de trouver un héritier français, réellement commercialisé dans la première moitié des années 1990, à l’esprit des éco-voitures électriques incarné par la Citroën Citela et la Renault Zoom ! Ce serait alors certainement la Volta, de la société européenne des électromobiles rochelaises (SEER), créée en novembre 1987. Les 3 engins partagent l’idée d’un véhicule réduit en dimensions, et bâti autour d’une plateforme conçue dès le départ pour la mobilité électrique.
La Volta se rapproche sans doute davantage de la Citela, et en particulier dans ses possibles déclinaisons. Pour autant, la Volta est résolument un utilitaire, proposé en fourgon, plateau basculant et pickup. Elle emprunte quelques pièces à la Peugeot 205, dont les feux arrière, les jantes et le pare-brise. La version suivante, aux lignes plus anguleuses, et qui ne sera pas diffusée, devait se décliner en une citadine.
Du côté de la chaîne de traction, la SEER Volta est en retrait par rapport aux concepts des 2 constructeurs français. Rien d’étonnant, puisqu’un prototype a pour mission de montrer un savoir-faire et les technologies qui embarqueront éventuellement dans les modèles à venir à plus ou moins longue échéance. Pas étonnant de ne retrouver dans la Volta que des batteries au plomb (16 blocs de 6 V), et des performances pas franchement salivantes : moteur de 13 kW de puissance, autonomie de 60-80 kilomètres, et vitesse maximale autour de 75 km/h.
Finalement, moins de 600 exemplaires de ce véhicule ont été produits entre 1990 et 1995, principalement pour EDF.
La suite de votre contenu après cette annonce
Le meilleur d'Automobile Propre, dans votre boite mail !
S'inscrire gratuitement