AccueilArticlesComment l'obligation d'installation de bornes de recharge en entreprise peut devenir une source de profits (ou ne rien coûter)

Comment l'obligation d'installation de bornes de recharge en entreprise peut devenir une source de profits (ou ne rien coûter)

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Bornes de recharge en entreprise

Depuis le 1er janvier 2025, les entreprises de plus de 250 salariés ont l’obligation d’équiper une partie de leurs parkings en bornes de recharge. Contrainte ou opportunité ?

Et si on parlait un peu entreprises, législation et… obligations ? Et plus particulièrement d’une nouvelle contrainte pour les sociétés comptant plus de 250 salariés, qui semble être passée quelque peu inaperçue, et qui pourtant pourrait peser dans la transition vers l’électrique.

En effet, vous n’êtes certainement pas sans savoir que dans le contexte actuel de transition écologique et de renforcement des politiques environnementales, le législateur français n’hésite pas à recourir à des mesures contraignantes pour accélérer l’adoption des mobilités durables. Ainsi, depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, les entreprises comptant plus de 250 salariés doivent équiper leurs parkings de bornes de recharge pour véhicules électriques. Cette obligation, qui s’inscrit dans le cadre de la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) de 2019, soulève également de nombreuses interrogations tant sur le plan économique que sur celui de la mise en œuvre opérationnelle. Essayons d’y voir un peu plus clair et surtout de déterminer à quel moment cette contrainte pourrait être transformée en opportunité, voire en centre de profit.

Un cadre réglementaire nécessaire pour favoriser la mobilité durable ?

L’objectif de cette réglementation est double. D’une part, il s’agit donc d’inciter les entreprises à moderniser leurs infrastructures et à favoriser l’adoption de véhicules électriques parmi leurs collaborateurs et visiteurs. D’autre part, la mesure vise à réduire l’empreinte carbone globale des mobilités, en particulier en amont des émissions liées aux déplacements professionnels. Concrètement, que dit la loi ? Eh bien elle dit que les parkings comportant plus de 20 places doivent être dotés d’au moins un point de recharge pour chaque tranche de 20 emplacements, ce qui équivaut à une couverture de 5 % du parc. On est au-delà du taux d’équipement général du pays en voitures électriques, mais celui-ci progresse rapidement, donc cela semble assez cohérent.

En principe, l’État ne fait pas cela pour le plaisir d’ajouter une couche supplémentaire de contraintes déjà innombrables pour les entreprises, mais il entend ainsi créer un effet d’entraînement dans l’ensemble du secteur privé, tout en préparant le terrain pour une transition énergétique cohérente à l’échelle nationale.

Cela c’est pour la théorie. Dans la pratique, l’installation de bornes de recharge sur un parking d’entreprise, si elle n’a pas déjà été faite spontanément, reste une contrainte technique et financière. Beaucoup considèrent en effet de prime abord l’installation des bornes de recharge comme un coût sans bénéfice immédiat, une dépense imposée plutôt qu’une opportunité stratégique. Toutefois, si l’on se penche d’un peu plus près sur le sujet, on voit que ce dispositif, s’il est bien pensé et conçu en amont, peut transformer l’obligation légale en opportunité pour certaines entreprises d’arrondir leurs fins de mois.

Comment cela ? En appliquant une véritable stratégie de mise en œuvre de ces bornes, qui tiendra compte de l’ensemble des possibilités permettant de rentabiliser ce coût d’installation et d’exploitation. Nous ne donnerons pas d’exemples chiffrés car cette donnée est vraiment spécifique à chaque entreprise, à chaque contexte, et qui parait difficile de se projeter sur un modèle « moyen », mais seulement quelques indications sur la méthode à adopter.

En premier lieu, le service rendu aux collaborateurs et aux visiteurs peut être monétisé. En effet, il est tout à fait légitime pour une entreprise de facturer l’usage des bornes de recharge, notamment dans des parkings où le stationnement est payant ou intégré à des services premium. Ce mode de financement permet non seulement de compenser les coûts initiaux de l’installation, mais également de générer une source de revenu récurrente.

D’autre part, certains projets peuvent bénéficier d’un financement externe. En faisant appel à des investisseurs partenaires (ZePlug ou autres… ) ou à des partenariats public-privé (Enedis… ), l’entreprise peut limiter l’impact budgétaire de ces investissements. Cette stratégie permet d’optimiser le retour sur investissement en déléguant une partie des risques financiers tout en garantissant l’accès à des technologies de recharge de pointe. Mais dans ce cas, elle devra probablement faire une croix sur les revenus générés par les recharge, en tout pendant quelques années, le temps que l’investisseur-tiers soit lui-même rentré dans ses frais. Mais à court terme c’est une solution intéressante pour les entreprises qui ne souhaitent pas investir dans un parc de bornes de recharge, ou qui n’ont pas la trésorerie suffisante pour le faire.

Ensuite, l’installation de bornes de recharge constitue un levier pour encourager l’adoption du véhicule électrique. On est là davantage dans une considération « éthique » ou environnementale que mercantile : en facilitant l’accès à une recharge sécurisée et accessible, l’entreprise peut inciter ses employés à basculer vers des solutions de mobilité plus respectueuses de l’environnement. Une démarche d’autant plus pertinente dans une optique de réduction des émissions de gaz à effet de serre associées aux déplacements professionnels.

Enfin, pour les entreprises disposant d’une flotte interne, l’installation de points de recharge permet de réaliser des économies substantielles sur les coûts de carburant. Le passage à des véhicules électriques, associé à une infrastructure de recharge optimisée, se traduit souvent par une réduction des dépenses opérationnelles et une amélioration de la performance environnementale globale de l’entreprise.

Concevoir un projet adapté et pérenne pour en faire une opportunité

Avant de se lancer dans des démarches de chiffrage et de contractualisation, il ne sera peut-être pas inutile de désigner un « Monsieur Bornes », responsable du projet, qui en assurera la gestion et le suivi opérationnel de A à Z. Ce dernier devra donc bien réfléchir aux critères qui doivent être examinés avec attention afin d’optimiser à la fois le coût, la performance et la pérennité de l’installation.

Identifier les utilisateurs potentiels et leurs besoins réels

S’agit-il principalement des employés, des visiteurs, ou encore des clients ? Une analyse approfondie des flux de véhicules et des habitudes de recharge permettra de déterminer le nombre optimal de bornes nécessaires et leur emplacement stratégique au sein du parking. A voir également, la politique de l’entreprise notamment en termes d’avantages en nature pour les salariés qui rechargent – ou rechargeront – leur voiture sur son parking.

Définir la puissance de recharge nécessaire et adéquate

La question de la rapidité de recharge est importante. En fonction du temps moyen de stationnement des véhicules, l’entreprise devra choisir entre des bornes de recharge rapide ou des bornes de recharge standard. Un équilibre judicieux entre coût d’installation, consommation énergétique et durée de recharge contribuera à maximiser l’efficacité de l’infrastructure. Bien sûr, cette puissance dépendra de la nature des métiers de l’entreprise. S’il s’agit d’une agence commerciale ou d’un centre de maintenance nécessitant de nombreux déplacements – et donc de nombreuses recharges – le besoin en nombre de bornes et en haut débit sera plus important. Il sera d’ailleurs intéressant de se livrer à un petit calcul permettant d’arbitrer entre puissance et nombre. En effet, plus la recharge est rapide et moins vous aurez besoin de bornes. Ou alors, plus vous avez de bornes et moins elles nécessitent d’être puissantes.

CQFD, à vos calculettes !

Mettre en place un système de paiement fiable (et convivial)

Pour que le service de recharge puisse être monétisé, il faut assurer une gestion fluide des transactions. L’intégration de solutions compatibles avec divers modes de paiement (cartes bancaires, applications mobiles, cartes d’opérateurs de recharge… ) garantira une utilisation optimale et une bonne acceptation par les utilisateurs.

Pensez également à la fiabilité et à la disponibilité moyenne de votre installation de bornes, ainsi qu’à sa maintenance. Les fournisseurs doivent prévoir des dispositifs de monitoring et de support technique afin de minimiser les risques de panne ou de dysfonctionnement, assurant ainsi une expérience utilisateur irréprochable.

Face à la complexité et aux implications multiples de cette obligation, Monsieur Bornes devra peut-être faire réaliser un audit préliminaire lié à tous ces points avant de démarrer. Un audit qui permettra de recenser précisément le parc automobile de l’entreprise et les habitudes de mobilité de ses salariés, d’évaluer les contraintes techniques du parking (les travaux sont différents selon qu’il s’agit d’un parking en surface ou d’un parking souterrain) et d’identifier les points de raccordement potentiels. Il faudra aussi estimer les coûts d’installation et de maintenance ainsi que les possibilités de financement, et enfin les besoins en termes de vitesse de recharge.

Notez que dans certains cas, il peut y avoir des exceptions qui vont peut-être alléger vos contraintes. Il existe des critères d’exemption ou d’ajustement fondés sur le montant des travaux d’adaptation nécessaires à l’installation des bornes. Ces dispositions permettent de tenir compte des contraintes techniques et architecturales propres à chaque parking, offrant ainsi une certaine flexibilité dans l’application de la réglementation.

Voilà, si vous voyez les bornes de recharge fleurir depuis quelques semaines sur les parkings d’entreprises, vous savez désormais pourquoi.

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