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Les constructeurs allemands, en grande difficulté, ont néanmoins montré ces derniers mois qu’ils avaient probablement les ressources pour rattraper leur retard dans le secteur de l’électrique.
Les constructeurs automobiles allemands sont dans la tourmente, comme on dit dans les milieux autorisés. Pire, on sentirait presque comme une petite désaffection du public à leur égard, non seulement sur leur premier marché, la Chine, mais même par ici. Quand ils ne sont pas devenus un objet de moqueries et de sarcasmes permanents, y compris par ici dans les commentaires ou les forums.
Il faut dire qu’ils l’ont peut-être un peu cherché, et que – notamment – le dieselgate a probablement laissé des cicatrices plus profondes et durables qu’il n’y parait. Il faut dire aussi que, quelle que soit la marque, tous semblent s’être empêtrés dans des stratégies devenues illisibles à force d’être alambiquées, jusqu’aux politiques de nommage de leurs gammes, qui changent fréquemment et auxquelles on ne comprend plus grand chose.
Il y a ensuite la question technologique qui ne laisse d’interroger, notamment sur l’efficience laissant à désirer de certaines voitures électriques allemandes de première génération, et par conséquent leur autonomie et leur coût au kilomètre.
Enfin, se pose également la question des tarifs, quand on voit par exemple qu’une berline Volkswagen ID.7 coûte facilement… 15 à 20 000 euros de plus qu’une berline BYD Seal à équipements équivalents (et encore, sans rentrer dans le détail car la comparaison point par point serait cruelle pour la marque allemande). Et ceci sans pour autant se positionner sur un créneau plus luxueux, même si la qualité et la ligne de cette ID.7 sont plutôt flatteuses.
De fait, avec l’électrification à marche forcée avec un horizon qui se rapproche très vite, avec ou sans bonus, les constructeurs historiques se retrouvent confrontés à de nouveaux défis. Cela étant, alors que certains analystes prédisent leur déclin face à la montée en puissance d’acteurs comme Tesla, BYD et autres constructeurs chinois ou coréens, il serait prématuré d’enterrer les constructeurs allemands. En effet, ces géants de l’automobile disposent de ressources considérables et d’une capacité d’innovation qui pourraient leur permettre de rattraper leur retard et de s’imposer sur ce marché en mutation.
Car on a tendance à oublier un peu vite que les constructeurs allemands bénéficient d’une longue expérience dans la conception et la production de véhicules de haute qualité. Leur savoir-faire en matière d’ingénierie, de design et de fabrication est un atout majeur dans la transition vers l’électrique. De plus, ils disposent de moyens financiers importants, leur permettant d’investir massivement dans la recherche et le développement de nouvelles technologies.
Par exemple, BMW Group a récemment annoncé l’expédition de son premier moteur électrique de sixième génération, produit en Autriche, vers son usine hongroise de Debrecen. Ces moteurs, destinés aux véhicules de test de la nouvelle gamme « Neue Klasse », témoignent de l’engagement de BMW dans l’électrification. L’usine de Debrecen, qui a commencé la production de véhicules de test pour le premier modèle X de la Neue Klasse, devrait démarrer la production en série à la fin de 2025. Concernant BMW, même les observateurs les plus critiques reconnaissent le savoir-faire de la marque en matière d’électrification, nommant souvent la i4 comme l’une des toutes meilleures voitures électriques du marché, toutes catégories confondues, louant à la fois son efficience, sa vitesse de recharge, et la qualité de ses assistances à la conduite, le tout ajouté au savoir-faire BMW en termes de caractéristiques routières. Ce qui finit par se traduire en volumes de ventes, même si, certes, le groupe doit faire face à une dégringolade abyssale de ses bénéfices. Malgré cela, on sent qu’il y en a encore un peu sous la (one) pédale.
Du côté d’Audi, par exemple, la marque se distingue par l’architecture 800V de sa plateforme PPE (Premium Platform Electric), qui équipe notamment l’Audi A6 e-tron, le SUV Q6 e-tron et, au passage, le cousin Porsche Macan. Cette technologie permet une recharge ultra-rapide, atteignant jusqu’à 270 kW. En seulement 21 minutes, la batterie peut passer de 10% à 80% de sa capacité dans des conditions optimales. Audi propose également une technologie originale qui permet de diviser la batterie en deux parties pour une recharge plus rapide sur les bornes 400V. Après avoir un peu balbutié son alphabet électrique, Audi semble donc avoir enfin trouvé le bon tempo avec une gamme en construction qui commence à être attrayante, même si on aurait d’abord aimé voir arriver une A3 et une A4 électriques avant les paquebots Q8, A6 et Q6 et leurs deux tonnes et demie.
Mercedes mise également sur l’innovation technologique pour sa future CLA électrique, en s’inspirant des avancées réalisées avec le concept EQXX. La nouvelle CLA électrique intégrera notamment une transmission à deux vitesses et bénéficiera d’une aérodynamique optimisée pour maximiser l’autonomie. Mercedes vise une autonomie de 700 km sans recourir à une batterie de capacité excessive. De plus, la marque a récemment démontré le potentiel de la CLA électrique en matière d’efficience en réalisant un record de distance sur 24 heures pour les véhicules électriques. Un prototype a parcouru 3 715 km sur le circuit de Nardò en Italie, surpassant le précédent record établi par la Porsche Taycan en 2019.
Porsche quant à lui a lancé son Macan électrique en plusieurs configurations, dont une version d’entrée de gamme à propulsion. Cette version, dotée d’une batterie de 95 kWh, promet une autonomie allant jusqu’à 641 km. Porsche a également introduit une version 4S, qui s’intercale entre la version 4 et la version Turbo, offrant une puissance accrue et des performances sportives.
Mais il n’y a pas que le haut de gamme. Même si les constructeurs allemands semblent avoir commis cette erreur de se focaliser sur des voitures imposantes à prix élevés pour rentrer dans le marché de l’électrique, afin probablement de ne pas détruire les grasses marges auxquelles ils ont été biberonnés, il semblerait qu’un généraliste comme Volkswagen soit enfin disposé à baisser ses prix. Baisser ses tarifs, mais surtout développer la remplaçante électrique de la Polo, soit une citadine abordable, l’ID.2, prévue pour 2025 avec un prix de départ de 25 000 €. Volkswagen ambitionne également de commercialiser un modèle encore moins cher en 2027, à un prix de 20 000 €.
Cependant, des défis restent à relever, notamment la nécessité de surmonter les problèmes de logiciels rencontrés par la filiale Cariad de Volkswagen Group. Pour contourner ces difficultés, Volkswagen a réagi et créé des liens avec le constructeur américain Rivian en créant une coentreprise pour le développement de plateformes logicielles pour leurs futurs véhicules électriques. Cette collaboration permettra aux deux entreprises de partager leurs expertises et d’accélérer le développement de technologies logicielles de pointe. C’est un peu la version moderne de l’histoire du requin et du poisson pilote.
Si les constructeurs allemands ont rapidement entamé leur mutation vers l’électrique et que l’offre est déjà relativement fournie, le tableau reste encore assez chaotique. Et surtout, il reste quand même une énigme, qui concerne d’ailleurs également les constructeurs français et d’autres : comment se fait-il que les constructeurs historiques, pourtant dotés de toutes les infrastructures industrielles et dépositaires d’un savoir-faire ancestral, aient pris autant de temps à se mettre en ordre de marche, là où il faut à peine deux ans à un novice chinois fabricant de téléphones et d’aspirateurs pour sortir un modèle sorti de nulle part qui pulvérise les chiffres de ventes ? A fortiori quand il est souvent répété que la conception et la fabrication d’une voiture électrique sont beaucoup plus simples que celle d’une thermique ?
Question de coûts, probablement, mais aussi de culture, avec également une pincée de résistance au changement, même dans un pays réputé pour son pragmatisme. Cela dit, malgré la crise grave et profonde qu’ils traversent, il reste quelques raisons de penser que les constructeurs allemands s’en sortiront, et qu’ils produiront de nouveau parmi les meilleures voitures du marché, mais version électrique. A condition bien sûr qu’ils mettent à jour leur logiciel tarifaire et qu’ils l’adaptent à la demande et à la concurrence.
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