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Le présent article n’apprendra sans doute rien ou pas grand chose à nos fidèles lecteurs. Mais nous avons tenu à le traiter à nouveau en 2020 devant un constat : beaucoup d’automobilistes pensent encore qu’une batterie de voiture électrique se loue obligatoirement.
Que ce soit sur le Web, en particulier dans différents forums qui traitent de sujets sans rapport direct avec l’électromobilité, ou lors de rencontres réelles avec des personnes qui connaissent encore peu le sujet, nous entendons encore trop souvent : « Moi, la voiture électrique ça ne m’intéresse pas parce qu’elle est chère et qu’il faut encore en plus louer la batterie ! ».
Ceux qui pensent ainsi ne font aucune distinction entre les marques. Pour eux, c’est le schéma commercial imposé chez tous les constructeurs et le scénario est perçu comme incontournable. Le plus souvent, ce sont des personnes de plus de 55 ans, hommes et femmes, peu utilisatrices d’Internet, et pour lesquelles l’automobile est surtout un outil pour se déplacer.
Trois marques ont par le passé commercialisé en France des voitures électriques à destination des particuliers en imposant la location de la batterie.
C’est Renault qui est la plus connue pour cela, avec sa Zoé, best-seller sur le marché. Ses nombreuses publicités et communications pour la polyvalente électrique et les autres modèles de la gamme (Kangoo, Fluence et Twizy au départ) ont fini par faire penser à beaucoup de Français que la location d’une batterie était obligatoire en achetant un VE.
Le constructeur français a tenu cette position fermement très longtemps, faisant fi des avis hostiles très répandus regrettant cette rigidité. Comme pour le câble de recharge occasionnel, le Losange a fini par assouplir au printemps 2018 sa politique commerciale sur le sujet en intégrant une offre en achat intégral.
Quelque temps auparavant, Smart, qui imposait également la location de la batterie pour sa Fortwo branchée, avait aussi permis l’achat intégral du modèle.
L’histoire retiendra moins que Bolloré en faisait de même pour ses Bluecar et Bluesummer. Rebadgée des chevrons, cette dernière s’écoulait également exclusivement de cette manière chez Citroën sous la dénomination e-Méhari. Véritables bides commerciaux auprès des automobilistes, ces 3 derniers modèles ont disparu des concessions en neuf, permettant de tourner définitivement la page de cette pratique en France.
Désormais, aucun constructeur de voitures particulières électriques (hors engins classés en quadricycles lourds ou légers) n’impose la location de la batterie. Elles peuvent donc être achetées intégralement ou louées en totalité. Parfois, la formule mixte – achat de la voiture et location de la batterie – est proposée, mais comme une offre supplémentaire, sans aucune obligation.
Renault a toujours principalement justifié l’obligation de location de la batterie par une incertitude et un manque de recul sur la durée de vie du pack et son scénario de vieillissement. Le Losange avançait un très prudent minimum de 5 ans d’exploitation.
Et après ? Le constructeur plaidait invariablement que la location constituait donc une garantie reposante pour les acquéreurs de la ZOE, et des autres modèles de la gamme Z.E. En cas de défaillance et de dégradation importante de la capacité de stockage (entre 25 et 28% de perte selon les contrats), la batterie serait changée sans frais pour le propriétaire d’un des véhicules concernés.
Renault ajoutait même que sa stratégie devait permettre une bonne tenue du prix des engins lors de la revente en occasion. Ce dernier point ne se vérifie pas vraiment aujourd’hui quand on compare sur ce marché la ZOE aux autres modèles apparus au début des années 2010 et pour lesquels la location de batterie n’était pas imposée.
L’usage a démontré qu’une batterie est largement exploitable plus de 10 ou 12 ans, selon l’usage. Et ce, d’autant plus avec des capacités énergétiques à la hausse qui garantissent encore entre 100 et 200 km d’autonomie, même avec une dégradation de l’ordre de 30% de la valeur de stockage. Renault n’a donc plus de raison vraiment justifiable d’imposer la location de la batterie. En changeant sa politique commerciale, le constructeur ne se contredit d’ailleurs pas.
Il est probable aussi que le Losange ait évalué la perte en ventes de la Zoé que représentait sa stricte position. Nombre d’acheteurs potentiels ont indiqué avoir acquis une voiture électrique auprès d’une marque concurrente afin d’échapper à la location du pack. Ces derniers y voyaient comme un piège qui leur aurait imposé de toujours payer les loyers, même en cas d’immobilisation prolongée du véhicule (panne, accident, pas d’utilité plus ou moins temporairement), d’impossibilité de le revendre, etc.
Des projections qui ont détourné bien des prospects du best-seller électrique français vers un éventail très large de modèles qui va de la Peugeot iOn à la Tesla Model S.
Avec l’achat intégral, Renault et Smart garantissent leur batterie pendant 8 ans, ou sur un cumul kilométrique. Ce dernier est respectivement de 160.000 et 100.000 kilomètres pour la Zoé et la Fortwo.
Cette différence ne signifie pas que la filiale de Daimler soit moins généreuse que le Losange ou moins assurée de la durée de vie de ses cellules lithium-ion. Ce serait même le contraire, si l’on fait abstraction que ces batteries se dégradent aussi avec la seule durée de vie (même sans utiliser le véhicule).
Avec une capacité énergétique moindre, 17,6 contre 52 kWh, la biplace doit être rechargée plus souvent. En clair, quand la Zoé parcourt 400 km selon le cycle mixte WLTP, la Fortwo en effectue 135 au mieux. Elle doit donc être rechargée 3 fois pour avaler les 400 km.
Chez Renault, la garantie prévoit donc un cumul annuel de 20.000 km. Pour avoir cette liberté en Zoé, avec la location du pack, il faudrait souscrire à la formule Z.E. Relax km illimités, à 124 euros par mois. Soit 11.904 euros de loyers au bout de 8 ans.
Presque 12.000 euros, c’est le prix de la tranquillité pour les adeptes de la batterie en bail !
Pour comparer, il nous manque une donnée : le prix d’un pack 52 kWh neuf dans 8 ans.
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