AccueilArticlesVoiture électrique : le manque d’infrastructure de recharge publique, une fausse excuse ?

Voiture électrique : le manque d’infrastructure de recharge publique, une fausse excuse ?

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Borne de recharge
Borne de recharge

La voiture électrique a du mal à décoller en France, ses ventes sont encore relativement confidentielles. Selon les médias, mais aussi Carlos Ghosn, c’est le manque de borne de recharge qui en est la cause principale.

Mais est-ce vraiment juste ?

Le manque d’une infrastructure de recharge publique est évident en France. Nous sommes l’un des seuls grands pays dans lequel le principal opérateur d’électricité, EDF pour ne pas le citer, n’a pas investi dans un réseau de bornes de recharge réparties dans le pays. À la place, il s’est contenté d’expérimentations à l’échelle régionale souvent financées en bonne partie par les collectivités. Une bonne manière pour tâter le terrain à moindre frais.

Pour autant, le manque d’infrastructures de recharge publique n’est, à mon sens, pas le premier frein au décollage des ventes de voitures électriques. Pour moi, il existe deux plus gros obstacles à lever pour faire adopter la voiture électrique plus largement.

1. La peur de l’inconnu

Quel est l’avantage réel qu’a un automobiliste à acheter une voiture électrique ? Certes, c’est hi-tech, écolo, branché. Mais c’est aussi cher (même si les prix baissent et qu’à l’usage ça peut être plus économique) et surtout, c’est « dangereux » : il y a plein d’inconnues qui ne rassurent pas les consommateurs.

Comment je vais recharger ? Combien de temps vont durer les batteries ? Comment je fais quand je veux partir en vacances ? Et cette autonomie de 100 km, c’est pas un peu risqué ? Est-ce c’est vraiment fiable avec toute cette électronique ? Pourquoi payer plus cher quelque chose qui « fait moins » ?

Voilà autant de questions et de craintes, justifiées ou non, qui se bousculent dans la tête des acheteurs potentiels. Il y a un gros travail de pédagogie à faire pour répondre à ces interrogations et pour lever ces freins.

Rappelez-vous, les gens ont peur du changement. Ils n’aiment pas bousculer leurs habitudes, partir à l’aventure. Face à la voiture électrique, beaucoup adoptent la position qui consiste à attendre un peu pour avoir du recul sur le produit. En gros, tant que leur voisin n’en n’aura pas une, ils ne prendront pas le risque…

Il est impératif que les pionniers de la voiture électrique témoignent et participent à l’effort de pédagogie nécessaire pour faire découvrir ces véhicules au grand public. Les constructeurs doivent axer leurs campagnes publicitaires vers plus de pédagogie plutôt que vers le produit (que les gens ne sauront pas « décrypter »). Enfin, les pouvoirs publics doivent soutenir cet effort en utilisant des voitures électriques dans leurs flottes quand c’est possible.

2. La recharge à domicile

Acheter une voiture électrique n’a de sens que si on peut recharger chez soi ou au travail. Autrement, c’est très compliqué. Et je ne suis pas convaincu que cela changera si on déploie une infrastructure de recharge publique à travers le pays : un possesseur de voiture électrique doit être absolument certain de pouvoir recharger tous les 2 ou 3 jours. Il ne peut pas prendre le risque de recharger sur les bornes publiques qui peuvent être squattées ou en panne à tout moment.

La recharge à domicile est un sacré obstacle pour beaucoup de français. Le premier préalable est d’avoir un garage ou une place de parking ; et cette première barrière bloque beaucoup de monde.

Ensuite, faire installer une borne de recharge n’est pas franchement toujours évident. Il faut trouver un installateur de borne de recharge compétent, qui pratique des prix cohérents et qui soit capable de vous conseiller. Et surtout, qui puisse vous l’installer avant l’arrivée de la voiture si vous achetez une ZOE (70% du marché) car le câble permettant de se brancher sur une prise domestique n’est pas fourni avec le véhicule… le rendant inutilisable jusqu’à ce qu’une wallbox soit posée.

Si vous avez le malheur d’habiter en copropriété, faire équiper sa place de parking d’une simple prise (je ne parle même pas d’une borne) est un parcours du combattant. En fonction de la configuration de votre logement, du fait que vous soyez propriétaire ou locataire et de la bonne volonté du syndic, l’opération est plus ou moins difficile.

Ce point de la recharge à domicile devrait faire l’objet d’une attention toute particulière de la part des constructeurs automobiles et des pouvoirs publics. Elle freine aujourd’hui de nombreux français intéressés par le véhicule électrique, même sans parler du coût associé à l’installation d’une prise.

Les pistes de solution pourraient être nombreuses : un crédit d’impôt pour diminuer le prix de l’installation d’une wallbox par un professionnel ? Un texte de loi pour faciliter l’installation d’une prise en copropriété ? L’obligation pour les propriétaires de faire installer une prise dès que le locataire peut justifier qu’il possède une voiture électrique ?

N’hésitez pas à compléter cette liste dans les commentaires de l’article…

En conclusion

Il est indéniable que l’infrastructure de recharge n’est pas encore très développée en France mais les collectivités sont en train d’avancer à grand pas sur le sujet, à défaut de voir l’opérateur national s’impliquer réellement.

Néanmoins, ceux qui roulent en voiture électrique savent bien que 95% des recharges se font à domicile (ou au travail), les 5% restants étant souvent de la recharge de « complaisance », en général dans les centres commerciaux.

Je pense que les deux points qui bloquent la vente des véhicules électriques sont avant tout le manque d’information des Français et la difficulté d’accès à une infrastructure de recharge privée. C’est sur ces points qu’il faut avancer en priorité pour faire progresser la voiture électrique en France.

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