Selon Dara Khosrowshahi, le patron d’Uber, Tesla sous-estime la complexité de la gestion d’un service de robotaxi. Dans le Logan Bartlett Show, un podcast très écouté aux États-Unis, l’irano-américain a commenté la probable entrée du constructeur sur son propre marché.

Tesla, à la recherche d’un nouveau souffle

Tesla s’apprête peut-être à changer radicalement de modèle. La marque, qui se trouve actuellement entre « deux grandes phases de croissance » selon les mots de son PDG, cherche un second souffle. Après une année record en 2023, les ventes de voitures électriques ralentissent. Le marché est de plus en plus concurrentiel et Tesla concentre ses efforts sur d’autres projets. Parmi ces derniers, il y a le robotaxi et l’Optimus, un robot humanoïde.

La firme d’Austin aurait dû révéler un premier prototype de son robotaxi le 8 août 2024. Finalement, Elon Musk a préféré décaler le début de cette nouvelle aventure au mois d’octobre. Le développement du projet aurait rencontré des « difficultés », selon des sources proches du dossier. Cela fait des années que le PDG de Tesla ambitionne de créer un tel service. Mais l’entreprise a-t-elle les capacités pour mener à bien un projet de cette envergure ?

Le patron d’Uber commente l’arrivée de Tesla sur son marché

C’est le sujet qu’a souhaité aborder Dara Khosrowshahi, le PDG d’Uber, au micro d’un célèbre podcast aux États-Unis. Il est plutôt catégorique : selon lui « Tesla sous-estime la complexité de la gestion d’un service de co-voiturage avec des robotaxis ». Il a souligné plusieurs problèmes liés à l’approche de Tesla. Le patron irano-américain estime qu’il « ne sera pas facile de mettre en place une infrastructure de service pour les les propriétaires de véhicules Tesla ».

Précisons un point important : en plus de développer un nouveau modèle sans pédales ni volant, Tesla souhaite aussi permettre à ses millions de clients de rejoindre le futur service de taxis autonomes. Concrètement, tous les possesseurs d’un modèle de la marque pourront mettre leur voiture à disposition pour accueillir des passagers. M. Khosrowshahi se demande également si les propriétaires accepteront que leur Tesla soit utilisée par des inconnus.

« Cela nous a pris 15 ans »

« Les moments où vous voudrez votre Tesla seront probablement les mêmes que ceux où le nombre de passagers sera le plus élevé. Il y a des pics et des creux en termes d’offre et de demande », précise-t-il. Avant d’ajouter que, chez Uber « nous avons dû apprendre à construire un système capable de tout faire fonctionner à la fois pour le conducteur et le passager. Cela nous a pris 15 ans. Il nous a aussi fallu investir des dizaines de milliards de dollars ».

Malgré tout, Dara Khosrowshahi reconnaît que la conduite autonome est l’avenir et qu’il pourrait envisager un jour un partenariat entre Uber et Tesla. C’est peut-être une perche qu’Elon Musk ferait bien d’attraper. Parce que le patron d’Uber n’a pas tort. La force de l’application américaine réside dans sa capacité à ajuster les prix en fonction de l’offre et de la demande. Avec la flotte de Tesla, l’offre risque d’être élevée lorsque la demande sera faible, et vice-versa.

À lire aussi Les ventes de Tesla chutent même en Californie, berceau historique de la marque

Mais le constructeur a de la ressource

Il ne faut toutefois pas oublier que le constructeur mise aussi sur le développement de son propre parc de véhicules. Cela permettrait de compenser le futur service de taxis autonomes lorsque la demande est importante, et que les propriétaires de Tesla ne veulent pas mettre leurs véhicules à disposition du réseau. Toutefois, Dara Khosrowshahi a raison quand il parle de la complexité du service développé par sa propre société. Tesla a certainement beaucoup à apprendre de ce côté. Mais ce n’est pas ce qui fait peur au constructeur du Texas.

Longtemps considéré comme un novice dans l’industrie automobile, l’entreprise d’Elon Musk a fait ses preuves au cours des dernières années. Alors pourquoi ne pas s’attaquer à un nouveau marché avec les mêmes ambitions ? Reste encore à résoudre le problème principal : celui de la conduite autonome. Une fois solutionné, Tesla pourrait sans aucun doute arriver avec une forte valeur ajoutée sur le marché du covoiturage. Mais la firme n’est pas la seule sur ce créneau. Waymo, filiale d’Alphabet, exploite déjà son propre service à San Francisco et Phœnix.