AccueilArticlesTémoignage - Tractant souvent en voiture électrique, Philippe est très insatisfait de la recharge sur autoroute

Témoignage - Tractant souvent en voiture électrique, Philippe est très insatisfait de la recharge sur autoroute

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Le Volvo XC40 électrique de Philippe avec une caravane Eriba
Le Volvo XC40 électrique de Philippe avec une caravane Eriba

Avec son Volvo XC40 électrique, Philippe tracte une caravane pour les vacances. Il ne comprend pas pourquoi il est si compliqué de rejoindre et exploiter une station de recharge, en particulier sur les aires d’autoroute.

Jusqu’à 30 kWh/100 km de conso dans les reliefs

Chez Philippe, on est full électrique : « Depuis onze ans, ma femme utilise au quotidien une Volkswagen e-Up! dont elle est très satisfaite. A 90 000 km, l’autonomie perdue après une recharge est de l’ordre de 20-30 km. J’ai reçu ma Volvo XC40 Recharge 230 ch en février 2023. Je m’en sers chaque semaine pour aller de Blois à Paris et pour de plus longs trajets. C’est pourquoi son compteur totalise déjà 45 000 km ».

Cette version propulsion est créditée d’une autonomie en cycle mixte WLTP de 430 km obtenue d’une batterie 69 kWh : « En conservant une marge, j’obtiens 330-340 km au quotidien avec de la ville et en roulant à 90 km/h après des recharges jamais au-delà de 90 %, soit une consommation de 15-16 kWh/100 km. À 110, elle grimpe à 19-20 kWh/100 km pour 250-280 km d’autonomie ».

Avec la caravane, la consommation peut s’envoler : « C’est une Eriba 430. Avec une longueur de 5,30 mètres, elle pèse 1,1 tonne. En Sologne, sur du plat et pas trop de vent de face, la conso est de 23-24 kWh/100 km pour 180 km en se gardant une petite marge et en partant à 80-90 % d’énergie. Avec les reliefs, elle peut atteindre les 30 kWh. Il faut alors penser à recharger dès qu’on a roulé une centaine de kilomètres ».

Le trajet fait partie des vacances

Il arrive au couple de Blaisois d’aller loin avec leur caravane attelée à la voiture électrique : « Ma femme et moi avons suivi le stage pour obtenir le permis B96. Pour rejoindre Font-Romeu, près de la frontière espagnole, nous avons parcouru 750 km à l’aller en passant par Limoges et Toulouse, et autant au retour par Clermont-Ferrand. Ce sont des déplacements que nous étalons sur deux jours, les trajets faisant déjà partie des vacances. Je suis cyclotouriste à la base ».

Philippe a essayé par les petites routes : « On l’a fait l’année dernière pour aller dans le Ventoux. Comme il n’y a pas toujours beaucoup de points de recharge, il faut bien calculer les arrêts. Ce que nous n’avons pas à faire en prenant l’autoroute. La situation est cependant en train de bien s’améliorer grâce aux supermarchés qui s’équipent de bornes rapides ».

L’ensemble emprunte plus régulièrement des tracés mieux pourvus : « C’est en général pour moitié de l’autoroute et le reste en quatre-voies où nous roulons à 90 km/h. Ce qui nous fait nous arrêter au bout de presque deux heures de route environ, alors que le niveau d’énergie est descendu dans les 15 %. Il nous faut alors vraiment pouvoir recharger dans les aires où nous nous arrêtons, car il serait difficile d’en rejoindre une autre. Nous repartons quand la batterie est à 80, 85, voire 90 % quand nous déjeunons en même temps ».

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Les stations idéales de Zunder

Philippe a déjà quelques préférences pour ses stations de recharge : « Elles sont isolées et peu fréquentées, mais il est facile de garer une caravane chez IECharge. Avec l’habitude, il me faut deux à trois minutes pour dételer et pas davantage pour raccrocher. J’ai un mover électrique que je n’utilise qu’en cas de vrai besoin. Il permet de faire quatre à cinq déplacements et il faut quatre à cinq heures pour le recharger ensuite ».

La préférence de notre lecteur va cependant aux stations qui ont des places spécifiques pour les véhicules longs : « J’aime beaucoup aller chez Zunder. C’est comme une station-service classique, pas besoin de dételer. En fonction du côté où se trouve la trappe de recharge, on peut se positionner à droite ou à gauche de la borne. On trouve aussi parfois des places pour véhicules longs chez Ionity. Ainsi en Normandie ou près de Montélimar ».

Des voitures thermiques garées sur un emplacement de recharge pour véhicules longs
Des voitures thermiques garées sur un emplacement de recharge pour véhicules longs

De tels agencements restent rares : « En dix-huit mois et 3 000 km avec une caravane, je n’ai trouvé que quatre ou cinq stations bien pensées. Mais on ne le sait pas à l’avance. Ce n’est pas indiqué sur Chargemap ni même sur le site de Zunder qu’il y a des places de recharge pour véhicules longs. Dommage, c’est pourtant une valeur ajoutée. Et comme les sites ne sont pas surveillés, on y trouve parfois des voitures thermiques. J’ai interpelé une fois une personne qui m’a répondu que c’était pratique pour elle de se garer là pour le pique-nique et que, autrement, elle devrait aller trop loin pour laisser sa voiture ».

« On a carrément l’impression d’être puni »

Pour Philippe, c’est clair, les sites de recharge devraient être agencés comme des stations-service classiques : « Je ne comprends pas que les électromobilistes ne se manifestent pas davantage pour le réclamer. Imaginons que l’on impose aujourd’hui aux automobilistes de faire des manœuvres et se garer en marche arrière pour faire le plein d’essence ou de gazole : on aurait droit à un véritable tollé ! ».

Notre lecteur souhaiterait plus de confort pour recharger : « J’ai 64 ans. Je suis moins à l’aise pour faire des manœuvres et pourtant je fais du sport. J’ai bien remarqué des voitures électriques avec le hayon défoncé. J’imagine que c’est en reculant pour bien se placer à une borne. On trouve des poteaux, et sur autoroute, on doit souvent effectuer une marche arrière dans un couloir où passent les véhicules thermiques ».

En mauvais élève, le retraité pointe TotalEnergies : « C’est là que l’ergonomie est la pire. À l’aire de l’Aveyron à Sévérac-le-Château sur l’A75, on a carrément l’impression d’être puni. On ne voit pas du tout la station. Elle est complètement planquée en contrebas dans une zone montagneuse. Il n’y a qu’un seul panneau sur toute l’aire pour la signaler. J’ai vu là une personne dans un état de colère incroyable, hurlant qu’il ne voulait plus de voiture électrique ».

Manque criant de signalisation

Philippe Dénonce également le manque de panneaux sur l’autoroute pour annoncer une station de recharge : « Entre Perpignan et Clermont-Ferrand, je savais grâce à Chargemap qu’il y avait une station à l’aire du Larzac. Sur les cinquante derniers kilomètres avant d’y arriver, je n’ai pas vu un seul panneau pour l’indiquer ni sur place. En plus il faut passer sous un restaurant, mais la hauteur maximale n’est pas précisée. Par prudence, j’ai dételé ».

Rouler avec une caravane sur une longue distance n’est déjà pas simple : « Cette aire se trouve dans une zone de relief du côté de Millau après un long col. On a eu un vent terrible et nous sommes arrivés là vraiment ric-rac en énergie. Avec une caravane, il ne faut pas se fier à l’autonomie affichée par l’ordinateur de bord, et on ne peut pas indiquer au système du Volvo XC40 que l’on tracte. On voit en revanche bien le niveau d’énergie descendre vite ».

Le manque de signalisation rend le voyage plus inquiétant encore : « À l’aire de Beaugency-Messas sur l’A10, le symbole de recharge n’était présent que sur le dernier panneau juste avant d’y arriver. Heureusement, sur l’autoroute, une seule fois, je n’ai pas trouvé une station. C’était de nuit et il pleuvait. Je n’avais pas la caravane et j’ai pu rejoindre l’aire suivante. Autrement je me serais retrouvé dans une situation critique ».

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« Un véritable parcours du combattant »

C’est parfois « un véritable parcours du combattant » pour trouver les bornes : « Je ne suis pas encore équipé d’un drone pour les repérer. Comme on ne peut pas faire demi-tour, parfois je n’ai pas d’autre choix que de m’arrêter, bloquer la circulation derrière et chercher à pied. Ma femme se met alors au volant. Quand je sais que je n’ai pas l’autonomie pour aller à la station suivante, je ne vois pas comment faire autrement. Je ne peux pas me permettre des allers et retours qui pourraient d’ailleurs être à contresens ».

Le contresens semble pourtant à l’occasion être imposé : « Dans l’industrie, on met en place des process pour ne pas avoir à faire une marche arrière et rester dans le bon sens. Dans des stations TotalEnergies, j’ai déjà vu des boucles à faire dans le sens inverse de la marche logique. Une voiture électrique seule, ça passe. Mais, avec une caravane, ça touche de partout à cause de la voie étroite et des virages serrés, parfois à angle droit ».

Une station de recharge compliquée à trouver
Une station de recharge compliquée à trouver

Que faire quand la situation est trop critique ? « Il m’est déjà arrivé de me positionner en parallèle et de mobiliser pendant une trentaine de minutes la place devant deux ou trois bornes. Pourquoi réinventer un agencement qui fonctionne très bien avec les stations-service classiques ? Je ne m’étais jamais posé la question de trouver les pompes à carburant quand je roulais avec une voiture thermique. Sur une aire d’autoroute, on y arrive naturellement et on les repère facilement de nuit parce que c’est éclairé ».

Difficile à conseiller

Aujourd’hui Philippe ne se voit pas conseiller l’électromobilité autour de lui : « Je roule régulièrement avec des amis. Ils constatent bien que la voiture électrique, c’est génial, mais aussi que ce n’est pas pratique. Ce qui constitue un véritable frein. Je ne peux pas recommander à mon entourage d’y passer aussi longtemps que les sociétés d’autoroutes ne fourniront pas un effort substantiel pour améliorer les stations de recharge mal conçues ».

S’il aime bien rouler avec, notre lecteur se demande si sa prochaine voiture sera à batterie : « Je ne change pas souvent. Mais si dans dix ans il n’y a pas de progrès significatifs, je ne suis pas sûr d’en reprendre une. J’aurai alors pas loin de 75 ans. La recharge dans les stations n’est clairement pas adaptée aux séniors. J’espère bien que ce sera du passé dans quelque temps ».

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Philippe pour sa réactivité, sa confiance et son témoignage qu’il nous a proposé.

Afin de ne pas décourager nos lecteurs de témoigner dans le futur, tout commentaire désobligeant à l’encontre de nos interviewés, de leur vie, de leurs choix, et/ou de leurs idées sera supprimé. Merci de votre compréhension.

Avis de l'auteur

Le gros plus de la recharge sur les autoroutes aujourd’hui c’est de trouver des stations dans toutes les aires de services. Mais il y a effectivement des progrès à réaliser. Déjà sur la signalisation qui devrait être alignée sur celles des stations services. Avant d’y arriver, il faudrait connaître les tarifs et l’enseigne de la prochaine et des deux ou trois suivantes. Sur place, le fléchage devrait être simple et bien visible pour arriver aux bornes. Quand je suis sur autoroute en électrique, je ne suis pas seul, ce qui facilite la recherche. Pour ceux qui ne sont pas accompagnés, c’est parfois très compliqué. Personnellement, je ne suis pas encore tombé sur une station traversante ou avec une place pour véhicules longs, y compris chez Fastned. Sans caravane et avec la trappe de recharge à l’avant, je ne rencontre en général pas de difficultés. Sauf dans certaines stations Ionity avec le stationnement en biais. Il m’est arrivé un jour de ne pas comprendre pourquoi je me suis retrouvé a priori à contresens de la circulation, et c’était effectivement à une station TotalEnergies. Était-ce normal ou pas, je ne l’ai jamais su ? De toute façon, je n’avais pas vraiment le choix puisqu’autrement j’étais dirigé vers la sortie de l’aire.

Philippe SCHWOERER

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