AccueilArticlesTémoignage : son patron lui a refusé une voiture électrique de fonction pour des raisons fumeuses

Témoignage : son patron lui a refusé une voiture électrique de fonction pour des raisons fumeuses

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La Renault Zoé de Pascal
La Renault Zoé de Pascal

Pâtissier de métier, Pascal a connu une conversion professionnelle à la suite de la crise Covid. Déjà électromobiliste à titre personnel, il a voulu convaincre son nouvel employeur de passer à l’électrique pour transporter des prélèvements de sang. Après plus de trois ans de démarches, et alors que l’heure de la retraite approche, il regrette de ne pas avoir été entendu. Même une Renault Zoé d’occasion aurait suffi.

Passionné par les nouvelles technologies

Comme nombre de nos interviewés, Pascal est un de nos lecteurs passés à l’électromobilité depuis de nombreuses années : « C’est en septembre 2016 que j’ai acheté ma première Renault Zoé 22. J’en avais envie depuis plusieurs mois. Avec elle, j’ai parcouru 70 000 km en quatre ans pour aller au travail. Douceur, silence, absence d’embrayage et de rétrogradage, récupération d’énergie sont mes sources de plaisir à la conduite d’un véhicule électrique. C’est magique ! ».

Son attirance pour les véhicules électriques est « avant tout d’ordre technologique » : « Depuis mon plus jeune âge, j’aime beaucoup toutes les nouvelles technologies. À 62 ans, j’ai vu les débuts d’Apple, du téléphone portable, d’Internet, du smartphone et de la voiture électrique. C’est toujours un plaisir pour moi de sortir la Zoé. Chaque occasion est un bonheur, je l’ai même prise plusieurs fois pour mon travail dès que j’en avais la possibilité ».

Plus précisément pour son nouvel emploi : « Auparavant, je travaillais en Suisse à la Boulangerie industrielle. Parmi les clients, il y avait le Salon automobile de Genève. C’était un énorme marché. Mais, en 2020, à quelques jours de sa date d’ouverture, l’événement a été annulé en raison du Covid. Ça a été un véritable séisme pour l’entreprise. L’année s’est mal terminée, avec une vague de licenciements dont j’ai fait partie ».

Conversion professionnelle

Pour Pascal, la perte de cet emploi lui a ouvert de nouveaux horizons : « Je me suis retrouvé à 58 ans sans emploi, mais c’était plutôt un bon événement pour moi. Après 42 ans de travail en pâtisserie, aussi bien en salarié qu’en entrepreneur (20 ans), je me suis dit que le temps était venu de lever le pied. D’autant plus que mon épouse était déjà en retraite. L’idéal était de retrouver un travail de quelques heures par jour ».

Il s’est littéralement battu pour obtenir le job proposé au Pôle emploi (France Travail aujourd’hui) : « Une entreprise cherchait un coursier pour une mission entre 16 h 45 et 19 h 45. Il s’agissait d’effectuer un aller et retour entre Thonon et Poisy près d’Annecy. Je n’en croyais pas mes yeux : c’était exactement ce qu’il me fallait ! J’ai fait des pieds et des mains pour avoir ce poste. Après avoir répondu à l’annonce, je suis allé au laboratoire porter mon CV, j’ai appelé la RH pour qu’elle pense bien à moi… ».

L’année 2020 a aussi été celle du changement de Zoé : « En juin de cette année-là, j’ai profité de la prime augmentée suite au Covid pour acheter neuve une Zoé 52 que j’ai gardée deux ans ». Notre interlocuteur a dû attendre quelques mois pour commencer son nouvel emploi : « Le laboratoire avait passé l’annonce d’abord pour voir si les horaires décalés pouvaient intéresser quelqu’un. C’est donc le 14 juin 2021 que j’ai commencé mes allers-retours Thonon-Poisy ».

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Le véhicule électrique comme une évidence

Dans le cadre de sa nouvelle fonction, notre lecteur a eu une idée : « Nous sommes deux coursiers. Un qui roule de 8 h 45 à 15 h 00 pour regrouper en matinée les prélèvements de sang et autres puis les emmener à Poisy l’après-midi. Et moi qui commence mon service à 16 h 45. Nous nous partageons un même véhicule qui parcourt 400 km par jour, dont 160 entre mes mains. À l’année, le tout représente 100 000 km. Mon nouveau travail était une occasion rêvée pour moi de joindre l’utile à l’agréable ».

Pascal envisageait une nouvelle organisation : « Dès ma prise de poste, j’ai tout naturellement compris que le mieux serait d’avoir chacun son véhicule. Ma tournée du soir pour 160 km serait tout à fait réalisable avec ne serait-ce qu’une Renault Zoé 41 d’occasion. Plutôt que d’amortir un seul véhicule sur trois ans, le faire sur cinq ans avec deux véhicules grâce à la baisse des dépenses en énergie. C’est ce que j’ai essayé de communiquer dès août 2021 à travers un dossier adressé au responsable du site de Thonon ».

Transport de prélèvements de sang dans la Renault Zoé de Pascal
Transport de prélèvements de sang dans la Renault Zoé de Pascal

Sans succès : « J’ai également proposé ma propre voiture pour accomplir ma tournée du soir. Autant l’utiliser puisqu’elle est là. Avec le budget que l’entreprise consacre au gasoil, que je chiffre à 300 euros mensuels, ça pouvait couvrir mes dépenses pour le professionnel en comprenant l’assurance pour cet usage et le surplus d’entretien. Là non plus, ils n’ont pas voulu : la législation, le droit, l’Urssaf, etc. Ce qui peut se comprendre ».

La difficulté à faire passer les arguments

S’il avait pu obtenir un entretien avec la direction, Pascal aurait exposé tous ses arguments menant à l’usage d’une voiture électrique pour son activité : « J’aurais évoqué les quatre volets importants : éthique, écologique, politique et économique. Éthique pour l’image de l’entreprise, écologique pour la réduction de l’empreinte carbone, politique, car en France, nous n’avons pas de pétrole, mais une belle production d’électricité disponible, et économique pour les coûts de l’énergie et de l’entretien. Autant ne pas faire partir l’argent à l’étranger pour le carburant ».

Alors que la Renault Clio diesel qu’il utilisait pour le transport des prélèvements était remplacée à 350 000 km en avril 2022 par un Fiat Fiorino, notre lecteur tente à nouveau d’abattre la carte du véhicule électrique : « Je me suis dit que c’était le moment de refaire une tentative pour avoir un VE d’occasion, et faire ainsi durer le nouvel engin qui était parti pour 100 000 km par an. En séparant les deux tournées, cela fait tout de même 60 000 km par an pour un véhicule et 40 000 pour l’autre ».

Cette fois la demande est adressée directement au dirigeant de l’entreprise : « Je l’avais rencontré à un buffet organisé en interne quelques mois plus tôt. Par e-mail, je lui ai envoyé mon tableur avec les calculs qui montraient une baisse des coûts annuels. À l’époque la location de batterie grevait un peu les économies, mais ça réduisait tout de même les frais. J’ai reçu comme réponse qu’il n’y a pas assez d’autonomie, pas assez de bornes alors qu’il faudrait recharger en cours de route, et que si un détour devait être fait, ça compliquerait encore les choses ».

Arrivée d’une chargée de mission Environnement

Une nouvelle fois, Pascal s’est senti découragé : « J’aurais voulu répondre que je ne parlais pas de remplacer le Fiorino, mais d’utiliser pour ma tournée de 160 km uniquement ma Zoé que je rechargerais chez moi comme je le faisais déjà. Bref, je n’ai pas été compris. J’ai retenté ma chance plus tard quand j’ai appris au cours d’un entretien avec la RH qu’une personne avait rejoint l’entreprise comme chargée de missions Environnement. J’étais alors persuadé de pouvoir compter sur une oreille attentive ».

En mai 2023, la réponse reçue n’est cependant pas plus ouverte, alors qu’elle assure au début : « Nous nous sommes plongés dans le sujet de la mobilité en consultant différents acteurs locaux ». À nouveau la question de l’autonomie a été évoquée comme frein si un seul VE devait effectuer les deux tournées. En revanche, l’idée d’utiliser éventuellement deux véhicules a bien été captée, mais ce serait potentiellement de la « surconsommation non justifiée d’un produit ». Ce qui a ensuite été justifié ainsi : « En termes d’écologie, il faut aussi toujours garder en tête que moins on consomme (= production), mieux c’est ! ».

Le lieu de prise de poste étant à 7 km de chez lui, notre interviewé a fini par abandonner sa Zoé en juin 2022 : « Les demandes étaient fortes à ce moment-là, je l’ai revendue presque au prix d’achat ». Remarquant plusieurs mois plus tard une Zoé d’occasion à un prix intéressant, il fait une nouvelle proposition à son employeur : « Je suis allé jusqu’à offrir un an de recharge en branchant la voiture chez moi. Ce qui laissait le temps à la direction d’envisager l’installation d’une prise renforcée Green’Up ou d’une borne au parking de Thonon ».

« C’est un rendez-vous manqué »

Offrir la recharge à son employeur n’est pas vraiment un geste courant : « Ça m’aurait coûté une centaine d’euros par mois, mais c’était acceptable pour avoir le plaisir de rouler en électrique lors de mes tournées ». L’offre a été balayée avec les mêmes arguments concernant l’autonomie notamment « les jours de grand froid », les détours potentiels, auquel ont été ajoutées « des raisons professionnelles et d’assurance ».

La nouvelle tentative au moment du remplacement du Fiorino par un Fiat Doblo n’a pas été davantage un succès. La réponse alors reçue montre que les démarches réalisées en interne n’étaient pas très éclairées : « On réfléchit en ce moment à l’évolution du parc. Le premier retour de nos confrères passés en électrique est que cela coûte très cher. Par exemple, 150 000 euros pour une borne de recharge rapide ». Pascal a tenu à préciser à son employeur « qu’il confondait borne privée et borne publique sur les autoroutes ».

Notre lecteur ressort de tout cela assez déçu : « C’est un rendez-vous manqué. Les années ont passé, de l’argent a été inutilement dépensé, et je trouve dommage que l’entreprise n’ait pas su ou voulu profiter vertueusement de l’enthousiasme et du volontarisme d’un de ses collaborateurs. Pour des économies supplémentaires, j’avais même proposé de passer par la route au lieu de prendre l’autoroute sur 33 km, au moins au retour. Maintenant, je travaille plutôt à la constitution de mon dossier de retraite pour octobre prochain ».

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Enfin des conversions !

Au final Pascal a repris une électrique pour lui : « C’est une Zoé 22. La conduite d’un VE me manquait ». S’il n’a pas réussi à convaincre son employeur, notre lecteur a rencontré davantage de succès auprès de son entourage familial : « Depuis début 2025, une Fiat 500e est venue remplacer la 500 thermique de mon épouse. Je tenais à un modèle équipé d’une prise CCS pour effectuer de plus longs trajets. Même pour moi qui suis passionné de VE, voyager loin reste pour le moment une source de tension. Avec la retraite, on va s’amuser un peu ».

Pour ce nouvel achat, le couple a profité d’une opportunité : « Mon épouse ne veut conduire que des petites voitures. Depuis des années, je surveille les prix des 500e d’occasion. À 22, 25 ou 28 000 euros, non merci ! Début janvier, je suis tombé sur un exemplaire à 13 900 euros. Débordées par les retours des LLD, des concessions Fiat commencent à bien baisser les prix. Face à la Panda qui arrive au prix de la Citroën ë-C3, elles ont intérêt à faire un peu de vide ».

La Fiat 500e de l'épouse de Pascal
La Fiat 500e de l'épouse de Pascal

Petite surprise à Noël : « Mon beau-fils m’a envoyé une photo de son garage avec une Tesla Model Y dedans. Je lui ai répondu ‘NON !!??’, puis lui ‘Si si !!’. Quand il est parti quelques jours à Paris, il m’a proposé : ‘Tu nous emmènes à l’aéroport de Genève avec la Tesla et tu la gardes pendant mon absence’. J’ai donc pu enfin découvrir ce fabuleux véhicule. C’est clair qu’avec son autonomie sur autoroute et les superchargeurs, c’est un autre monde… ».

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Pascal pour son témoignage que nous avons sollicité.

Pour rappel, toute contribution désobligeante à l’encontre de nos interviewés, de leur vie, de leurs choix, et/ou de leurs idées sera supprimée. Merci de votre compréhension.

Avis de l'auteur

Il est assez courant qu'un collaborateur ne soit pas pris au sérieux lorsqu'il fait une proposition sur l'organisation du travail ou de l'entreprise alors que ce n'est pas dans ses attributions. Plus encore quand la frontière entre le professionnel et ce qui relève du personnel n'est pas très marquée. Pour accepter cela, le dirigeant doit avant tout apprécier l'audace et savoir flairer les bonnes opportunités plutôt que de penser que les bonnes initiatives ne peuvent naître que de lui-même et/ou de son équipe de direction. Il est pourtant probable que dans l'entreprise où Pascal travaille aujourd'hui on roulera bientôt en électrique et que ça ne posera pas vraiment d'autres problèmes que l'éventuel mécontentement, au départ, des coursiers accros au thermique auxquels les VE auront alors été imposés. Le coup de la borne de recharge à 150 000 euros pour une seule voiture électrique nous a fait sourire pour le côté anecdote. Moins quand on se dit que ce serait la véritable pensée d'un chef d'entreprise.

Philippe SCHWOERER

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