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Bien davantage que de témoigner de l’utilisation qu’il fait de sa Smart Fortwo électrique, Michel voulait que nous accordions un hommage à ce modèle alors que la marque s’est transformée. Une demande aussi originale que la vie de notre lecteur.
Des lecteurs m’ont plusieurs fois demandé de produire des interviews d’électromobilistes présentant un profil de Français moyen. Je crois que je ne sais pas faire. Jusqu’à mes presque dix ans, j’ai grandi dans la même cité Rouher de Creil, dans l’Oise, que le Grand Frère Pascal Soetens. Puis au plateau Saint-Jean à Beauvais.
En plus d’une grande mixité des origines, il y avait aussi au cœur des seventies dans ces zones une grande diversité sociale que l’on ne retrouve plus forcément aujourd’hui. On y échangeait encore nos particularités souvent sans heurt. En classe, on ne remarquait ou parlait que de nos différences : couleur de peau, origine des noms, régime alimentaire, profession des parents, composition du foyer, marque et modèle de la voiture familiale quand il y en avait une.
Du coup, je ne remarque aujourd’hui que ce qui fait la richesse intérieure de chaque personne. Des Français moyens ? Je n’en vois pas. Il n’existe pour moi que des personnes qui ont chacune des différences intéressantes à raconter. Avec Michel, 73 ans, habitant à Tarbes, je suis servi. Après avoir pas mal bourlingué avec ses parents, il s’est fixé pendant une trentaine d’années à Tahiti où il a exercé sa fonction de cadre commercial dans la musique.
Notre lecteur est un amoureux aussi très particulier des voitures : plutôt petites, mais hors du commun. Et ce, dès le départ, avec une Mini pickup dans les années 1970 ou une Autobianchi Abarth. Quand il s’autorise une compacte, c’est encore une rareté : une Fiat Ritmo 105 TC que les amateurs de youngtimers classent aujourd’hui dans les modèles à la conduite fun.
Désormais, il en est à sa deuxième Smart Fortwo : « J’aime beaucoup les petites voitures très bien finie. La Smart que j’ai achetée en 2017 était un modèle essence. Je l’ai conservée 3 ans. C’était déjà une voiture très nerveuse qui s’élançait rapidement. Nous allions à deux avec elle dans nos montagnes pyrénéennes. Je n’ai jamais eu d’ennui avec ce modèle que je considère très fiable ».
Puis il est passé à la déclinaison branchée de cette voiture fabriquée en France, à Hambach (Moselle) : « Mes fils m’ont dit que pour mes petits déplacements, la Smart électrique serait parfaite. Je l’ai depuis trois ans. Elle conserve ses 2,69 m de long qui la rendent facile à garer en ville, même dans l’autre sens ».
À lire aussiTémoignage – En trois ans, Frank a économisé plus de 10 000 euros de carburant grâce à sa Renault ZoéMichel est tellement satisfait de sa Smart Fortwo électrique qu’il n’a que deux mots pour tout qualifier : « remarquable » et « formidable ». Le freinage ? « Il est remarquable de puissance ». La conduite ? « Formidable ! Dès que j’ai essayé cette voiture j’ai été emballé ! ». La tenue de route ? « Remarquable ! ».
L’intérieur ? « Formidable, avec des sièges en cuir très confortables, un peu en forme baquet comme dans les voitures de sport et avec des dossiers hauts qui maintiennent très bien la tête. Ils profitent d’une largeur plus généreuse de 10 cm par rapport à la version essence que j’avais auparavant ».
En bref, notre lecteur est sous le charme de cette voiture : « La visibilité est très bonne et le toit en verre apporte beaucoup de luminosité à l’intérieur. J’apprécie les alertes qui m’indiquent par une petite musique que j’arrive trop vite dans un virage et le carré rouge au tableau de bord qui m’avertit que je suis trop près du véhicule devant moi ».
L’ancien professionnel dans le monde musical voulait le meilleur : « J’ai un modèle top option, avec les 6 airbags et le système audio JBL dont les énormes haut-parleurs des basses sont logés dans le coffre ». Il n’a en revanche pas eu besoin du chargeur AC 22 kW : « Je n’ai jamais branché ma Smart ailleurs que chez moi, sur la prise renforcée Green’Up qu’on m’a installée gratuitement à l’achat du véhicule. De 23 h 30 à 8 h 30 le lendemain matin, je profite des heures creuses pour la recharger deux à trois fois par semaine ».
Dans une journée, il parcourt rarement plus de 30-35 km : « C’est par exemple pour aller dans une maison de famille à Marquerie située à 14 km de chez moi, voir le médecin ou effectuer des courses. En retirant la tablette dans le coffre, l’espace est suffisant pour y glisser les sacs ». En 3 ans environ, le compteur de la Smart Fortwo électrique s’est incrémenté de seulement 23 000 km.
Il arrive à Michel d’effectuer des déplacements plus longs : « Je peux prendre ma voiture pour aller à Lourdes, Bagnères-de-Bigorre, ou Pau. Au-delà, on prend la DS 3 [NDLR : 11 ans et 40 000 km] essence de ma femme ». Pau est la ville la plus éloignée de chez lui qu’il rejoint avec sa Fortwo EQ. Une distance d’environ 45 km les sépare. Selon le cycle mixte WLTP, le rayon d’action de cette voiture est de 135 km : « La plupart du temps je roule en mode Eco. Sauf parfois pour m’amuser à démarrer rapidement devant les grosses cylindrées à un feu qui vient de passer au vert. Ca peut énerver. Mais alors je n’ai plus mes 150 km d’autonomie ».
La mise de départ pouvait apparaître élevée : « Le prix de ma Smart Fortwo électrique était d’environ 30 000 euros à la concession Mercedes près de chez moi. En déduisant le bonus de 7 000 euros et la reprise de 6 000 euros pour mon ancienne Smart essence, je n’ai eu au final que 17 000 euros à payer. Ma Fortwo thermique a été vite rachetée. J’aimais bien passer les vitesses avec les palettes à son volant ».
A l’usage, la déclinaison électrique se montre très compétitive : « Chaque année, j’économise 100 à 150 euros pour l’assurance et environ 200 euros d’entretien ». Et pour l’énergie ? Michel nous a indiqué qu’effectuer 1 500 km lui revient à moins de 25 euros en mode Eco, soit environ 1,66 euro pour 100 km. Sa précédente citadine à essence consommait 6 litres pour cette même distance.
Ce qui donne, avec un prix au unitaire de 1,93 euro vérifié en date du 6 septembre 2023 sur le site du gouvernement dédié aux tarifs des carburants, un montant de 11,58 euros. Pour 8 000 km parcourus à l’année, l’économie en énergie est de 926,40 (80 x 11,58) – 154,40 (80 x 1,93) = 772 euros. Ce qui donne un peu plus de 1 100 euros économisés chaque année en incluant l’assurance et l’entretien.
Concernant les Smart Fortwo en général et son électrique en particulier, Michel a plein d’anecdotes. A commencer par l’unique problème qu’il a rencontré en trois ans sur sa voiture : « Le GPS se bloquait en cours de route. Les tentatives de réinitialisation n’ont rien donné. Au bout d’un an, l’appareil m’a été changé gratuitement. Il semblerait que ce soit un problème isolé : la concession n’avait jamais rencontré le phénomène ».
Il estime « qu’il reste une vingtaine de Smart Fortwo thermiques ou électriques en circulation entre Tarbes et Pau » : « On voit encore des modèles de première génération qui fonctionnent très bien ».
Il s’amuse encore de cette policière qui l’a arrêté « en pensant qu’il roulait dans une voiture sans permis. Son collègue l’a détrompée en lui apprenant qu’au contraire la Fortwo électrique est un engin qui peut démarrer très fort ». Il revoit aussi, à Paris, « l’arrivée d’une dizaine de Smart de toutes les couleurs à un feu rouge ».
À lire aussiTémoignage – Roulant beaucoup, Catherine est passée du diesel à l’hybride, avec un Renault ArkanaLà où notre lecteur ne rigole ni ne s’attendrit, c’est sur le changement opéré au sein de la marque : « Ca m’embête beaucoup que les futures Smart soient fabriquées en Chine. On ne voit déjà plus de Fortwo à la concession Mercedes qui entretient la mienne. Ils m’ont dit que cette voiture ne se vend plus ».
Pour lui, la citadine électrique biplace est « idéale pour les jeunes les couples, mais aussi pour les anciens comme moi qui circulons de moins en moins. J’étais allé découvrir cette voiture à un salon de l’auto. J’ai suivi son histoire depuis le projet de Nicolas G. Hayek, inventeur de la montre Swatch ».
Pour être plus précis, la Smart Fortwo est née de la rencontre de deux courants. Le premier remonte à 1981 avec le concept Nafa présenté par Daimler. A la fin de cette même décennie, Nicolas G. Hayek espère dupliquer à une petite voiture produite en série la recette du succès qui emporte ses montres. Ces deux courants se fondent en 1992 avec la création de Micro Compact Car AG. Il en sort rapidement un premier prototype de citadine biplace à propulsion électrique. Le moteur 3 cylindres à essence n’apparaît que six ans plus tard avec la Smart City-Coupé.
La Smart Fortwo était destinée à devenir branchée. C’est-à-dire tendance, mais aussi en embarquant un groupe motopropulseur électrique. Le sujet revient dès 2006, avec une production en série trois ans plus tard. Elle est alors alimentée en énergie par une batterie Zebra sodium-chlorure de nickel. La chimie lithium-ion arrive avec une nouvelle génération de Fortwo commercialisée en 2012.
Dans un marché balbutiant, elle occupe la quatrième place dans le tableau des ventes les deux exercices suivants, derrière les Renault Zoé, Nissan Leaf et Bolloré Bluecar. Les chiffres sont alors modestes, respectivement de 478 et 509 exemplaires. La Forfour devient également disponible en déclinaison électrique en 2017, dans une gamme baptisée Electric Drive, ou ED.
Une première pour un constructeur de véhicules thermiques, les Smart Fortwo, Fortwo Cabrio et Forfour ne sont plus disponibles qu’en version EV dès 2020. Elles héritent pour cela d’une nouvelle désignation – EQ – également exploitée chez Daimler pour ses modèles à batterie. La même année, Mercedes-Benz et Geely Holding crée leur coentreprise Smart Automobile Co., Ltd chargée de modifier radicalement le visage de la marque.
Ce qu’espère aujourd’hui vivement Michel, « c’est que le concept de la Fortwo soit repris par un autre constructeur ».
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Michel pour son témoignage et sa disponibilité.
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