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A 63 ans, le Mosellan Franck Thomas a exercé 8 métiers demandant pour la plupart une grande discipline et un esprit ouvert à l’aventure, et possédé une quarantaine de voitures, dont les 3 dernières sont électriques. Lassé des imperfections de la Volkswagen ID.3, il attend désormais sa MG4. Ne venez pas chinoiser avec lui, car il saura vous recevoir avec des argumentaires qu’il a mûrement réfléchis.
Dans les quarante voitures qui sont passées chez Franck Thomas, il y a très certainement des modèles qui font rêver. Lesquels ? « A la meilleure place de mon Top 3, je mets la Peugeot RCZ, suivi de l’Alfa Romeo Alfetta GT 1800 pour son ambiance intérieure, et du Suzuki S-Cross. Avec sa boîte automatique, ce SUV cachait un moteur très silencieux et d’une douceur incroyable », nous répond-il.
« Je regrette la souplesse disparue des suspensions de mes précédentes voitures. Tout cela parce que les constructeurs privilégient aujourd’hui une meilleure adhérence qui fera gagner environ 5 km/h dans les ronds-points. Je préfère disposer d’un certain confort pour passer les ralentisseurs ».
Pourquoi être passé à la voiture électrique ? « Ce n’était pas par écologie, même si je n’ai pas hésité à investir 10 000 euros dans des panneaux photovoltaïques chez moi. J’en avais simplement marre de payer toujours plus cher le carburant. Et puis j’aime bien les nouveautés technologiques. Je me sens véritablement passionné par les voitures électriques aujourd’hui. Bien plus que je l’étais des thermiques quand j’étais jeune ».
« J’ai attendu le bon moment. Je ne souhaitais pas devenir un pionnier de l’électromobilité, mais plutôt me lancer quand le marché proposerait vraiment des modèles utilisables. En choisissant la Seat Mii il y a 3 ans, j’ai voulu essayer. Ma femme et moi n’avons pas été déçus. Madame me reproche encore d’avoir vendue si vite cette voiture, au bout de 9 mois et 11 000 km ».
Il est vrai que se mettre à l’électrique avec une citadine aussi aboutie et satisfaisante à conduire laisse forcément des traces : « J’aimais la qualité de vie et le silence à bord, l’absence de vibrations, sa nervosité, le côté nouveauté pour nous, sa sobriété avec une consommation de l’ordre de 10 kWh/100 km. Nous étions vraiment emballés ».
Alors pourquoi l’avoir si vite revendue ? « Nous l’aurions conservée si elle avait été dotée d’une autonomie de l’ordre de 350 km. A Sarreguemines, les bornes de recharge sont gratuites (jusque début février 2023). Il me fallait y aller tous les deux jours, et c’est à une quinzaine de kilomètres de chez moi ».
« J’avais déjà décidé de changer de voiture électrique, quand je suis allé à la concession Volkswagen Lorauto de Longeville-lès-Saint-Avold. Le personnel y est à la fois sérieux et sympa. Le commercial m’a présenté l’ID.3 que j’estimais trop chère pour moi à plus de 40 000 euros, même avec une formule de location. J’ai tout de même accepté de l’essayer », se souvient notre lecteur.
« J’ai été de suite enthousiasmé par les fonctionnalités de conduite semi-autonomes, par exemple le fait que la voiture ralentisse seule pour aborder les virages. Début décembre 2020, j’ai pu bénéficier d’une opportunité intéressante. Pour rester dans les clous de la réglementation CAFE, Volkswagen a baissé le prix de l’ID.3 de 4 000 euros. Du coup, la LLD me revenait à 260 euros mensuels sur 36 mois, avec l’apport de 10 000 euros payé par le bonus gouvernemental et la réduction de Volkswagen ».
Pour quel modèle ? « C’est une ID.3 Pro Performance en finition bas de gamme Life. Mais avec la dotation intermédiaire pour le groupe motopropulseur comprenant le moteur 150 kW/204 ch et la batterie 58 kWh. Je l’ai encore pour un an. Elle totalise 27 000 km ».
« Pour les points positifs, ça va aller vite », prévient Franck Thomas : « Très bon comportement routier grâce au châssis, au freinage et à la direction qui présente un excellent diamètre de braquage. Globalement, l’autonomie est bonne grâce à un rapport satisfaisant entre la consommation et la capacité énergétique. Et je ne vois rien d’autre à ajouter ».
Passons alors aux motifs d’insatisfaction : « Ca commence par une finition vraiment lamentable avec l’omniprésence de garnitures sans le moindre centimètre carré de rembourrage. Les matériaux se rayent. Le piano black est insupportable et fragile ».
C’est cependant tout ce qui touche aux logiciels de gestion du véhicule qui rend notre lecteur intarissable : « C’est vraiment le gros point noir. C’est horrible, c’est honteux. Le système est inefficace, toujours en panne, jamais réparé. En deux ans, je n’ai eu que des mises à jour pour pas grand chose, contrairement aux promesses du constructeur. J’ai bien amené la voiture en concession pour le changement de la batterie 12 V. J’attends toujours la version 3, mais je ne suis pas sûr de la vouloir quand je vois tous les problèmes que subissent ceux qui l’ont reçue ».
« Trois fois dans la même journée, l’arrêt d’urgence a bloqué les quatre roues de mon ID.3 sans raison, alors que je roulais tranquillement à 80 km/h. J’ai eu mal aux épaules jusqu’au lendemain matin. Calée sur l’autoroute à 120 km/h, la voiture redescend parfois d’un coup à 70 km/h sans raison. Et lorsque je recule dans le garage, alors que la voiture est à 50 cm d’un pilier, elle se bloque. Regardant vers l’arrière à ce moment-là, j’en suis ressorti avec des douleurs aux cervicales », aligne l’électromobiliste lorrain.
« Depuis, j’ai coupé toutes les aides à la conduite, mais on a toujours la trouille maintenant quand on roule avec cette voiture. Je ne vois pas de solution pour corriger ces problèmes. Les propriétaires d’ID.3 qui écrivent à Volkswagen reçoivent des messages qui commencent par ‘Nous vous remercions pour l’intérêt que vous portez à notre marque’ et qui finissent par ‘Bonne route’. Mais pas de proposition concrète pour venir efficacement à bout de ces anomalies », se désole-t-il.
Ce n’est pas tout : « J’ai aussi rencontré des problèmes de vitres qui restent ouvertes à l’avant comme à l’arrière. A priori, c’est le système pour éviter de coincer les doigts qui est défaillant. Je pense refermer une vitre, mais elle s’ouvre au contraire, ce dont je ne m’aperçois pas toujours en descendant de la voiture. Depuis la version 2.4 du système logiciel, je ne peux plus programmer de recharge. Et quand je coupe le contact, je perds les points de charge que je mémorise ».
« La batterie est très mal gérée en hiver. Si la température extérieure tombe en dessous de 8° C, le pack se met en préchauffage. Dans ces périodes, j’arrive à des consommations de 35 kWh aux 100 km sur mes trajets de 8 km. Et comme je multiplie les déplacements relativement courts… Sur les Hyundai Kona et MG4, par exemple, il faut appuyer sur un bouton pour déclencher le préchauffage. C’est quand même bien mieux », compare Franck Thomas.
« Avec la 2.4, j’ai cru un moment que le problème avait été résolu. Mais le constructeur n’a fait que mettre la poussière sous le tapis. Sauf au niveau de l’autonomie qui baisse de façon importante, on ne voit plus la surconsommation du fait du préchauffage, mais elle est toujours là », soupire-t-il.
Quand commanderez-vous votre MG4 ? « Nous attendons avec impatience la fin de la LLD, mais nous avons déjà signé pour la MG4 mi-octobre. Nous la recevrons donc bien avant de rendre la Volkswagen, certainement vers mi-avril. Je n’ai pas voulu attendre du fait des diverses incertitudes. Notamment sur la possibilité de suppression du bonus gouvernemental sur les voitures étrangères, ou à défaut de sa baisse à 5 000 euros. Je ne voulais pas rater non plus le tarif préférentiel de lancement ».
« Avec les deux options teinte de carrosserie orange et intérieur en blanc et gris, à chacune 650 euros, la MG4 en finition Luxury m’a été facturée 36 000 euros. J’étais éligible au bonus à 7 000 euros, et j’ai bénéficié de l’aide de 4 000 euros de la région Grand Est. Ce qui donne 25 000 euros », calcule Franck Thomas.
« J’ai étudié en profondeur les solutions pour remplacer l’ID.3. J’en connais plus que les commerciaux. J’ai guetté pendant 6 mois tous les articles sur la future MG, avant même qu’elle prenne le nom de MG4. A la première photo publiée, celle qui ne faisait que montrer l’avant, je me suis dis : ‘C’est celle-là qu’il nous faut’ ! », témoigne notre lecteur.
Qu’a-t-elle pour vous séduire ? « La MG4 est en vente depuis fin septembre ou début octobre, et elle a déjà reçu une véritable mise à jour. J’ai déjà essayée cette voiture. Je m’y retrouve sur la puissance, la capacité de la batterie et l’autonomie. Même s’il y a beaucoup de plastique à bord, au moins le haut du tableau de bord est moussé. Il est fluide avec une bonne intégration des grilles de ventilation. Et on n’a pas toutes ces zones en piano black qu’on trouve sur l’ID.3. Il existe d’ailleurs déjà des stickers façon carbone pour améliorer la nouvelle MG », apprécie-t-il.
« On est par ailleurs bien calé dans les sièges et la suspension est bien moins raide. L’éclairage est très bon, bien meilleur que sur l’ID.3. La pompe à chaleur est montée de série. La gestion thermique de la batterie est bien plus efficace pour les petits trajets. Même si ce n’est pas un élément déclencheur pour moi, je la trouve aussi bien équipée qu’une ID.3 haut de gamme ».
« Mais si vous voulez savoir pourquoi la MG4 me plaît, allez voir la vidéo de Maxime Fontanier. Lui aussi a été séduit par ce modèle », s’amuserait-il presque.
Ne cherchez pas à donner mauvaise conscience à Franck Thomas concernant son achat d’une voiture électrique chinoise. Il assume parfaitement son acte. Il y a même une certaine dose de militantisme dedans. « Je voulais échapper au diktat commercial instauré par les constructeurs européens qui proposent des voitures hors de prix et surdimensionnés en taille et en équipements. Des roues de 20 pouces, par exemple, est-ce vraiment nécessaire ? Leur taille doit être fonction du poids et de la puissance du véhicule. Avec ses 220 chevaux, l’Audi Quattro Turbo de la fin des années 1980 s’appuie sur des pneus en 15 pouces ».
Il ajoute : « J’en ai marre qu’on nous impose des dépenses folles. Une voiture électrique, c’est plus de 40 000 euros. Vous n’avez pas de SUV compact sous les 35 000 euros, sauf avec une petite batterie. Ce qui oblige à payer plus qu’on veut ou peut, et parfois à recourir à la location pour cela. On n’a pas tous les moyens de claquer 40 000 ou 50 000 euros dans une voiture ! ».
« On nous a aussi imposé l’ouverture des frontières, la mondialisation. MG a mis les pieds dans le plat en proposant des voitures électriques moins chères. Alors autant que j’en profite », assène-t-il sans remord.
« Aux consommateurs français qui achètent des produits Made in China, on voudrait donner mauvaise conscience. ‘A cause de toi, les 6 000 euros du bonus gouvernemental vont aller à l’économie chinoise’, ai-je déjà entendu. C’est vite oublier que je paye la TVA en France mais aussi la taxe à l’importation : elles couvrent largement ces 6 000 euros. On me dit aussi que je favorise le dumping économique de SAIC, le groupe propriétaire de la marque MG. Je suis surtout content de bénéficier de l’aide accordée par la Chine à ses constructeurs pour qu’ils puissent exporter ».
« On voudrait encore nous mettre sur le dos la délocalisation de l’emploi. Mais Peugeot, Citroën et Renault ne m’ont pas attendu pour faire fabriquer à l’étranger moins cher. Et je n’aime pas les discours des dirigeants des marques françaises qui disent vouloir augmenter les marges et produire moins. Sur une Zoé, la marge serait par exemple de 1 800 euros, mais elle pourrait s’élever à 4 000 euros avec sa remplaçante », compare-t-il.
« Je préfère donc donner mon argent à une entreprise qui mise sur la quantité produite plutôt que sur l’augmentation des marges. J’estime qu’elle respecte mieux les clients. Je ne suis pas du type revanchard, mais là, d’une certaine manière, je prends une revanche sur tout ce qu’on nous impose », conclut-il.
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Franck Thomas pour son témoignage qui pourrait amener pas mal de réactions à la suite du présent article !
Philippe SCHWOERER
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