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Installé dans les Alpes-Maritimes à Peymeinade, Sébastien Paulard est chauffeur de taxi depuis une dizaine d’années. Concernant ses modèles électriques, il n’est pas fixé sur une marque en particulier. Chaque nouvelle voiture a été choisie au bout d’une judicieuse réflexion.
A 48 ans, Sébastien Paulard a déjà connu plusieurs vies professionnelles. Avant de s’installer à son compte comme artisan taxi, il a par exemple été militaire, garde du corps, chauffeur de grande remise, etc. Il a même transporté des personnes sur une impressionnante moto Victory. Aujourd’hui, en plus de son activité principale au sein de son entreprise SASU SebTaxi, il fait de la location relais pour ses confrères avec sa Renault Megane E-Tech, un Espace et un van Trafic.
Ce dernier est très peu courant : « La zone à l’avant est bien celle d’un Renault trafic, mais l’aménagement arrière vient de chez Mercedes. Il a une motorisation diesel d’une puissance de 170 ch couplée avec une boîte automatique. Ce modèle devait être commercialisé en relation avec le Festival de Cannes, mais le Covid est passé par là. J’ai l’un des vingt exemplaires immatriculés en France ».
Dans son secteur, notre interlocuteur n’est pas le seul taxi à rouler en électrique avec un autre modèle qu’une Tesla : « J’ai des confrères qui utilisent par exemple des Mercedes EQE, Volkswagen ID.4 ou ID.5, et une Skoda Enyaq. Les constructeurs font des remises imbattables pour les taxis, mais pas Tesla. Pour beaucoup d’entre eux, 500 km d’autonomie était un seuil important. Ce qui favorisait par exemple les Tesla Model Y Long Range. Depuis deux ans, les taxis reviennent à leurs marques habituelles tout en restant à l’électrique ».
Pourtant, la première voiture branchée de Sébastien Paulard était une Tesla Model S 85 : « Comme je l’avais achetée d’occasion chez Tesla, la recharge gratuite a été supprimée. Arrivé à 300 000 km, on m’a aussi retiré la garantie qui devait pourtant courir sur 8 ans. Je suis passé à la Renault Megane EV60 Optimum Charge Techno en raison de la recharge 22 kW AC. À cinq minutes autour de chez moi à pied, je compte une dizaine de bornes. Bien que j’habite en maison individuelle, c’est là que je recharge, car ma femme utilise la prise du garage pour sa Citroën Ami avec laquelle elle parcourt une quarantaine de kilomètres par jour ».
Exploiter ces bornes est financièrement intéressant pour lui : « Elles dépendent du réseau Wiiiz. Se brancher de nuit entre 23 h 00 et 7 h 00 le lendemain matin ne me coûte que 2 euros. À Nice, les taxis bénéficient d’une heure de recharge gratuite sur le réseau Prise de Nice. Ce qui fait que ma facture d’énergie n’est que de 150 euros par mois pour la Megane, contre 1 300 à 1 500 euros de gazole avec le van qui consomme 10 litres aux cent kilomètres ».
L’artisan nous confie toutefois : « Dans les Alpes-Maritimes, il y a un gros souci. Il y a de plus en plus de voitures électriques sur les chargeurs. Avec l’été, les vacanciers en hybrides rechargeables se branchent sur les bornes afin, par exemple, de profiter du parking gratuit pour les VE à Cannes ».
Si Sébastien Paulard a misé sur la recharge AC, c’est en raison d’une ancienne carence dans son secteur en matériel à haute puissance : « Il n’y avait alors que 4 bornes Ionity et une tri-standard 50 kW chez Total. En deux ans, 40 superchargeurs ont été ajoutés dans un rayon de 30 km autour de chez moi. Et ce parce que je suis dans un secteur très touristique qui inclut par exemple Antibes et Cannes. Les superchargeurs Tesla sont ouverts à tous à Cagnes-sur-Mer, Mougins et Mandelieu ».
La recharge DC est devenue plus facile pour notre interviewé : « Même dans ma ville de 8 000 habitants, on trouve de plus en plus de bornes rapides. Chez Lidl, il y a du Combo 120 kW. Avec Power Dot, l’Intermarché est équipé de 4 bornes. Ce qui fait qu’aujourd’hui je ne suis plus dans l’attente d’une voiture électrique avec une autonomie de l’ordre de mille kilomètres, mais d’un modèle qui recharge vite ».
Il a déjà une idée en tête : « Une Renault Megane comme la mienne se vendait 48 000 euros, mais je l’ai obtenue pour 38 000 euros TTC. C’était un exemplaire en démo que j’ai reçu en décembre 2022 avec 4 000 km au compteur. Elle en a aujourd’hui 120 000. Je ne vais donc pas tarder à la remplacer. Ça aurait pu être le Renault Scenic E-Tech, mais j’ai plutôt l’intention de me faire une affaire sur de l’occasion. Par exemple avec une Audi e-Tron 55 que l’on peut aujourd’hui trouver à moins de 40 000 euros pour pas plus de 40 000 km ».
À lire aussiTémoignage – Paulo a abandonné sa Renault Zoé pour une Smart #1Un des points que Sébastien Paulard a particulièrement appréciés sur sa Renault Megane E-Tech, c’est Android Automotive : « Je laisse souvent cette voiture à d’autres taxis et ce système de Google qui comprend un planificateur les rassure. Alors qu’au début, ils peuvent avoir tendance à prendre peur en voyant l’autonomie chuter ».
Lui-même exploite ce système : « Je fais 80 % de médical et 20 % de courses privées. Le matin, avant de partir, je rentre toutes les adresses que je vais avoir à rejoindre dans la journée quand je les connais à l’avance. Je sais alors où je vais devoir recharger. C’est un stress en moins ».
Le fait de pouvoir réserver jusqu’à 30 minutes à l’avance la borne sur le réseau Wiiiz va dans le même sens. Depuis une nouvelle mise à jour, le fonctionnement d’Android Automotive a encore positivement évolué : « On n’a plus besoin d’indiquer des informations pour trouver une borne. Il suffit de cliquer sur la carte et elle va s’afficher. Ce qui va permettre de connaître rapidement son état et sa disponibilité. Le système Google est vraiment le point fort de la Renault Megane E-Tech ».
La berline compacte au losange de SASU SebTaxi avale plusieurs centaines de kilomètres par jour : « En moyenne, je parcours entre 300 et 500 km dans une journée. Il m’est arrivé d’aller en Italie. J’ai déjà totalisé plus de 1 000 km aller-retour. C’était entre l’aéroport de Nice et celui de Vérone, pour emmener des hôtesses de l’air confrontées à un changement de lieu d’embarquement ».
La place est suffisante dans cette voiture pour une telle situation : « Je loge dans le coffre facilement deux grandes valises plus deux valises cabines. Malgré mon 1,86 m, il y a de la place à l’arrière pour les passagers. Moins que dans une Tesla Model 3, mais les clients apprécient de pouvoir monter et descendre d’une voiture un peu surélevée, ni trop haute, ni trop basse. Surtout les personnes âgées ».
Lors de la prise d’interview en début d’après-midi, Sébastien Paulard avait déjà parcouru 300 km depuis le matin : « Avec 120 km d’autoroute et pas mal de montées, j’ai aujourd’hui une consommation de 14,8 kWh/100 km. En général, je compte 15,5 kWh/100 km l’été pour 400 km d’autonomie et jusqu’à 3 kWh de plus l’hiver. Je roule en mode Eco. Pas forcément pour consommer moins, mais parce que c’est une traction est qu’elle est plus plaisante à conduire comme ça. En propulsion, elle aurait été plus marrante sur les routes de montagne ».
Venant d’une Tesla Model S, l’artisan taxi a forcément des souhaits qui ne sont pas comblés avec la Renault Megane E-Tech : « Il lui manque déjà un frunk. Quand on y est habitué, on a du mal à s’en passer. Le One-Pedal, est-ce qu’il me fait défaut ? Oui et non. La régénération est déjà pas mal sur la Megane. Et concernant le diamètre de braquage, je n’ai plus de soucis pour effectuer un demi-tour sur une petite route ».
Ce véhicule a été frappé par deux défauts qui ont été pris en charge par le constructeur : « Les deux vérins du hayon ont été remplacés. Les nouvelles Megane sont équipées avec un autre modèle. J’ai rencontré aussi le fameux problème des coupelles de suspension dû au fournisseur de Renault. Question fiabilité, je n’ai pas connu d’autres soucis. Un jour, j’ai eu un rétroviseur extérieur cassé : il m’a été remplacé dans la semaine ».
Son plus gros grief concerne la courbe de recharge : « Il m’arrive parfois de devoir recharger à un niveau de 40 % parce que je sais que ce ne sera pas suffisant pour finir ma journée. Je perds alors trop de temps sur les chargeurs DC. On met quasiment autant à recharger de 10 à 80 % que de 40 à 80 %. C’est vraiment le gros défaut de cette voiture ».
Lors de notre interview de Sébastien Paulard, c’était la révision des 120 000 km pour sa Megane électrique : « À l’avant, les plaquettes de frein n’étaient usées qu’à 45 %. À l’arrière, le niveau d’usure était de 70 %. Il a donc été décidé de les remplacer. Mon concessionnaire serait le premier de France à avoir commandé cet équipement pour une Megane électrique ». Le SoH de la batterie a aussi été évalué : « Le taux de détérioration du pack serait de 6 % ».
Le professionnel de la route recommanderait-il cette voiture électrique ? « À un chauffeur de taxi, non, car maintenant, il y a le Scenic E-Tech plus adapté. Elle me convient bien pour le médical et je peux me le permettre parce que j’ai aussi le van pour certaines utilisations. Je tenais d’ailleurs à cette configuration avec deux véhicules que je ne pouvais pas avoir quand j’utilisais la Tesla Model S. Pour un automobiliste qui n’y connaît rien à l’électrique, la Megane est top, en raison de la présence du planificateur ».
En disant cela, notre interlocuteur a des images bien précises qui lui arrive en tête : « Il y a un vrai manque de formation des nouveaux utilisateurs de VE. Beaucoup râlent en n’arrivant pas à faire fonctionner les bornes. Certains ne comprennent pas pourquoi la puissance de recharge plafonne à 50 kW sur les bornes tri-standards ».
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Sébastien Paulard pour sa disponibilité et son témoignage, ainsi que JC de l’excellente chaîne Youtube LaChaîneEV pour la mise en contact.
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Focus sur Tesla24 septembre 2024
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