Supertest : VinFast VF6 Plus, les temps de recharge et de voyage de notre essai

Le VinFast VF6 affiche des niveaux de consommation et d’autonomie dans la moyenne. Mais est-il à la hauteur au moment de prendre la route ? Réponse avec ce Supertest.

Après avoir lancé le VF8, VinFast intègre à sa gamme le VF6, un SUV urbain plus adapté au marché. Joliment dessiné (coefficients de performances aérodynamiques inconnus), bien présenté et assez bien équipé (même s’il manque quelques indispensables), le VF6 est correctement motorisé : sa chaîne de traction électrique est alerte et sa batterie suffisamment dimensionnée pour offrir des niveaux d’autonomie moyens, mais acceptables. Et ce, malgré les consommations élevées, dignes du segment supérieur. Mais ses performances en matière de recharge rapide lui permettent d’envisager les longs trajets sans prise de tête… ou presque.

Courbe de recharge du VinFast VF6 : un plein utile en 27 minutes, mais…

Fonctionnant sous une tension de 390 V, la batterie du VinFast VF6 peut accepter une puissance de recharge rapide de 100 kW. C’est ce que nous avons constaté sur le terrain, avec un pic pouvant atteindre brièvement 102 kW. Mieux encore, le SUV urbain est le seul à ce jour à pouvoir maintenir la puissance maximale jusqu’à près de 80 % de charge. Ce n’est qu’aux alentours des 78/79 % que la puissance chute à 70 kW. La puissance résiduelle à 80 % de charge est équivalente à celle de grandes routières comme la Mercedes EQE ou la Volkswagen ID.7. Bluffant !

Dans le meilleur des cas, il faut donc 27 minutes au VinFast VF6 pour passer de 10 à 80 % de charge, ce qui se traduit par une puissance moyenne à la borne de 98 kW. La fin de la recharge n’est pas désespérément longue non plus, avec 6 minutes de plus pour atteindre 90 %, et encore 18 minutes pour le plein complet. Au final, le 10-100 % réclame 51 minutes. Bref, le VF6 se classe parmi les meilleures de son segment : la moyenne générale se situe autour des 75 kW (Jeep Avenger, Renault 5 e-Tech, Volkswagen ID.3, …) et seul le Volvo EX30 fait mieux (102 kW).

Un système de gestion prudent

Mais il y a un mais. À l’instar des voitures de BYD, le système de gestion électronique (BMS) se montre bien trop prudent dès que la température de la batterie atteint les 42 °C. Un seuil qu’il refuse de dépasser, qui se traduit par une importante chute de la puissance à 8 kW en attendant que la batterie perde quelques calories (la puissance remonte dès 41 °C). En moyenne, il faut compter 3 à 4 minutes avant de revoir la puissance grimper. Aussi, notons que le système de refroidissement n’est fonctionnel que si le véhicule est éteint. Le cas contraire, si vous attendez dans votre voiture avec le chauffage par exemple, il fonctionne par intermittence et n’est donc pas suffisamment efficace.

Dès lors, il est rare d’obtenir la même courbe de recharge rapide sur un long trajet : la première recharge, légèrement à froid, ne permet pas d’atteindre la pleine puissance. À la troisième recharge, la batterie pourrait atteindre plus vite le plafond, ce qui fait perdre un peu de temps. Bref, d’après nos constatations, il faut débuter la recharge avec une température de la batterie comprise de 25 à 27 °C. Au-dessous, la puissance bridée. Au-dessus, le système atteint plus rapidement le seuil de sécurité. Soit une très petite fenêtre, difficile à gérer en l’absence de système de préconditionnement, automatique ou manuel. Voici un récapitulatif des différentes courbes présentées et des temps de recharge en fonction de la température de départ à 10 % de charge.

Autonomie récupérée : 170 km en 30 minutes

En 15 minutes de recharge, le VinFast VF6 peut reprendre 90 km selon notre mesure d’autonomie sur parcours autoroutier. Le SUV ne fait pas mieux qu’une Renault 5 e-Tech ou qu’un Jeep Avenger. En revanche, le VF6 remonte dans la hiérarchie grâce à sa puissance de recharge exceptionnellement stable. Avec 82 % de charge après 30 minutes, il peut repartir pour 170 km d’autoroute. Dans la bonne moyenne de la catégorie.

Coûts des recharges du VinFast VF6

En moyenne, les bornes de recharge rapide ont délivré 44,19 kWh sur une recharge de 10 à 80 % de charge. L’écart de près de 12 % avec la capacité théorique sur cette tranche est élevé. Pire encore sur une décharge/recharge complète, où nous avons calculé une différence de près de 16 % ! Même chose en recharge AC, à une puissance maximale de 11 kW. Comme le prouve la norme WLTP, les pertes à la recharge sont importantes. Cela fait donc augmenter le coût d’utilisation : avec une recharge rapide à 0,59 €/kWh, on compte de 11,7 €/100 km sur trajet mixte à 15,6 €/100 km sur autoroute. Dans le cas d’une recharge AC, le coût varie de 5,1 €/100 km en mixte avec une recharge à domicile et 9,1 €/100 km avec une recharge sur les bornes AC publiques. Précisons que ces données sont purement indicatives et basées uniquement sur nos mesures de consommations ainsi que sur nos relevés aux bornes.

Temps de voyage pour 500 km : 5 h 22

Le système de la voiture calcule l’autonomie en se basant sur la valeur WLTP de 379 km. Dès lors, le planificateur d’itinéraire, même s’il a le mérite d’exister, n’est pas d’une grande aide en raison de son optimisme : selon lui, nous pouvons rejoindre Paris via l’autoroute A6 avec une seule pause recharge de 15 minutes, pour un temps de trajet total de 4 h 36. D’après l’ordinateur de bord, la voiture serait capable de voyager aussi vite qu’un XPeng G6 Long Range.

Dans la réalité, le VinFast VF6 a pu boucler le trajet avec deux pauses recharge de 27 minutes chacune. Ce qui, ajouté au temps de roulage habituel et à un forfait de 4 minutes par arrêt, représente un total de 5 h 22. Un très bon score pour un SUV urbain, puisqu’il se place au niveau d’une MG 4 Luxury ou d’une Mini Cooper SE. Le Volvo EX30 s’en tire mieux avec sa plus grosse batterie et sa recharge plus rapide (5 h 15), mais un Jeep Avenger, une BYD Dolphin, ou même un Honda e:Ny1 de la catégorie supérieure ont besoin de plus de 5 h 45 pour le même trajet ! Précisons ici que dans les conditions de notre essai, le VinFast VF6 n’a pas rencontré de problème de surchauffe batterie comme évoqué en début d’article. En revanche, cela pourrait être le cas avec des températures plus douces.

Supertest VinFast VF6 : le bilan

Petit frère du VF8 plus cohérent avec le marché, le VinFast VF6 arrive dans le segment des SUV urbains (ou des compactes surélevées) pour permettre à la marque d’exister chez nous. Si la mise au point du châssis n’est pas parfaite, il dispose d’une chaîne de traction à la hauteur. Les consommations sont un peu plus élevées que les références de la catégorie, mais il n’a pas à rougir face à quelques propositions à l’image de la BYD Dolphin ou du Volvo EX30.

De plus, il présente une courbe de recharge rapide assez singulière, qui lui permet de se placer parmi les meilleurs de sa catégorie au moment de prendre la route. Bref, la polyvalence est au rendez-vous pour ce SUV urbain. Seuls regrets : une masse considérable qui, parmi les effets négatifs, impacte la consommation en ville, d’importantes pertes à la recharge qui font grimper le coût d’utilisation et, surtout, un système de gestion prudent qui pourrait faire des transhumances estivales un calvaire. Rappelons que le VinFast VF6 s’affiche à partir de 33 990 € en finition Éco (410 km WLTP). La version Plus de cet essai (379 km WLTP) grimpe à 37 990 €.