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Automobile-Propre a pu rencontrer Bertrand Piccard, pilote et initiateur du Solar Impulse, premier avion solaire à avoir réaliser le tour du monde sans une goutte de carburant. L’occasion de revenir sur cette aventure et de connaitre sa vision du monde automobile.
A la fois passionnante et captivante, c’est ainsi que je pourrais résumer ma courte entrevue avec Bertrand Piccard lors du salon K 2016 organisé à Dusseldorf. Invité par Solvay, l’un des partenaires techniques majeurs de l’aventure Solar Impulse, l’homme sait assurément capter son auditoire et démontre que rien n’est impossible pour qui est capable de remettre à minima son savoir en question. Après quelques minutes de discussion, il apparait clair que l’homme a tout simplement 20 ans d’avance sur un monde englué dans des politiques dont il n’hésite pas à dénonce l’absence de vision.
Un entretien à découvrir dans la vidéo ci-dessous.
Parti en mars 2015, l’avion solaire Solar Impulse a bouclé son tour du monde en juillet 2016, parcourant 43.041 kilomètres sans consommer une seule goutte de carburant.
« Pour la première fois dans l’histoire, un avion a pu voler sans carburant en atteignant une sorte d’autonomie perpétuelle. Si un avion peut voler avec des technologies propres, cela prouve que ces technologies pourraient être davantage utilisées au quotidien » résume Bertrand Piccard qui, avec André Borschber, était l’un des deux pilotes de l’aventure.
Pourra t-on un jour voir voler des avions électriques capables de transporter 200 passagers questionnait la journaliste de RTBF ? « Je serai fou pour vous dire que c’est possible et idiot pour vous dire que cela ne l’est pas » n’hésite pas à répondre Bertrand Piccard. « Ce dont on a besoin au début, ce sont des pionniers qui ouvrent la voie, qui montrent qu’on peut faire beaucoup plus que ce qu’on croit. Ensuite, l’industrie le reprend et l’optimise. N’oublions pas que premier ordinateur avait la taille d’une maison, aujourd’hui on en a tous un dans la poche » souligne le pilote qui appelle à une constante remise en question pour évoluer.
S’il y a bien une chose que Bertrand Piccard ne semble pas supporter, ce sont les politiques et en particulier l’inertie de certains qui songent davantage à conserver leurs postes qu’à apporter de véritables solutions pour répondre aux maux de la société. « Mon rêve pour l’avenir, c’est de mettre la qualité de vie sur terre comme une priorité » résume Bertrand Piccard.
« La technologie est là, ce qu’il faut c’est changer les états d’esprit. Aujourd’hui, chacun essaye de refiler la patate chaude au suivant juste pour être réélu et repousser les problèmes à plus tard » dénonce Bertrand Piccard. « Ce qu’il faut vraiment obtenir dans ce monde, ce sont des gouvernements qui font du leadership et pas du management. Gérer les petits détails de la vie de tous les jours ce n’est pas pour cela qu’on élit des politiciens. On les élit pour avoir des visions et conduire la population dans une direction importante et de l’informer sur ce qu’il faut faire pour y arriver » poursuit-il, appelant à une « profonde remise en question du monde politique ». « Le monde industriel est prêt mais il ne sais pas dans que direction investir. Les lois changent tout le temps, il n’y a pas de constance » s’attriste t-il.
Et pour regrouper toutes les parties prenantes travaillant sur le sujet, l’inventeur poursuit l’aventure Solar Impulse en lançant l’Alliance mondiale des technologies propres. Objectif : donner plus de pouvoir médiatique, institutionnel et politique à travers une voix unique qui promeuve des solutions auprès des gouvernements
Si Bertrand Piccard reconnait qu’on « ne peut pas arrêter le pétrole d’un coup », il appelle à la diversification des sources d’énergies renouvelables pour réduire sa consommation mais aussi à utiliser le précieux or noir de façon plus intelligente.
« Si vous perdez 73 % de l’essence que vous mettez dans une voiture pour la combustion, c’est aberrant. Ce qu’il faut c’est consommer le pétrole de manière intelligente et utiliser le pétrole dans la pétrochimie pour fabriquer ce qu’il nous faut pour les énergies renouvelables » souligne t-il. Car au-delà du carburant, le pétrole peut être utilisé pour la fabrication de matériaux beaucoup plus nobles comme certains polymères équipant les batteries des voitures électriques.
« Lorsqu’on voit les rendements catastrophiques du moteur thermique, il est indispensable de passer à la mobilité électrique » estime Betrand Piccard qui n’hésite pas à rendre hommage à Tesla.
« On voit que les gens n’évoluent que lorsqu’ils y sont obligés ou ont un intérêt personnel » constate Bertrand Piccard. « Ce qu’il s’est passé avec le monde automobile, c’est l’arrivé de Tesla. Quelqu’un qui n’était pas du monde de l’automobile a inventé la meilleure voiture électrique. Aujourd’hui, tout le monde ne parle plus que de Tesla. Au point que le patron de General Motors a annoncé il y a deux ans que Tesla était une menace pour l’industrie automobile plutôt qu’une fantastique stimulation pour évoluer. On voit bien qu’il y aura toujours des gens rétrogrades. Ceux là disparaitront comme Kodak ou d’autres entreprises qui n‘ont pas su évoluer. Aujourd’hui, la voiture électrique fait partie de la gamme de beaucoup de constructeurs. Je pense qu’on le doit à Tesla ».
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