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Grâce à de meilleures autonomies et à la multiplication des bornes rapides, les voitures électriques intéressent de plus en plus les taxis. Dans les Côtes-d’Armor, Emmanuel Jung de Dinan Taxi a déjà parcouru 6 000 kilomètres au volant du Skoda Enyaq.
À cheval sur les années 1970 et 1980, les voitures proposées neuves à des prix imbattables en France s’appuyaient sur des mécaniques dépassées. Polski Fiat, Lada et Skoda étaient des marques qui ne faisaient pas vraiment rêver à l’époque. Rachetée par le groupe Volkswagen en 1991, cette dernière, d’origine tchèque, a progressé en renouvelant son catalogue avec des modèles plus convaincants.
Trente ans plus tard, où en est-on ? Skoda a quasiment réussi à se débarrasser de l’image d’un constructeur à choisir quand on ne dispose que d’un budget serré. Certaines de ses propositions sont désormais perçues comme plus luxueuses que leurs équivalents chez Volkswagen. Ainsi le SUV électrique Skoda Enyaq vers lequel se tournent les déçus de l’ID.4 construit sur la même plateforme.
Les lignes du Skoda Enyaq, et notamment sa face avant, sont comme taillées à la serpe. Et pourtant l’ensemble exerce un véritable pouvoir de séduction sur les automobilistes, qu’ils soient ou non déjà clients de la marque.
Trois packs lithium-ion sont proposés au choix, pour des capacités énergétiques utiles de 51,7, 58 et 77 kWh. Selon les calculs du cycle mixte WLTP, ce dernier permettrait de dépasser les 500 kilomètres (534 km) avec la version propulsion.
C’est logiquement ce modèle 100 % électrique, baptisé « Enyaq iV 80 », qui conviendrait le mieux aux artisans taxis. C’est bien lui qu’a choisi Emmanuel Jung, alors qu’il pensait d’abord renouveler son précédent taxi par un SUV diesel.
Comme beaucoup d’utilisateurs de véhicules électriques, Emmanuel Jung est un passionné de mécanique. « Je m’intéresse aux américaines et allemandes anciennes. Je pilote aussi de petits avions », confirme-t-il. Comme preuve de cette déclaration, il nous reçoit dans les locaux de l’aéroclub de Dinan, particulièrement actif en cette période estivale. Les avions et hélicoptères atterrissent et décollent à quelques mètres de nous.
Notre interlocuteur est un fidèle de la marque. « J’étais client chez Mercedes auparavant. Après une période de satisfaction avec d’autres modèles, j’ai rencontré des problèmes à répétition avec une Classe S. En 2011 ou 2012, j’ai poussé la porte de la concession Ideal Auto de Dinan. Je suis tombé sur une équipe serviable et sympa et je suis passé au Seat Alhambra [NDLR À cette époque Ideal Auto représentait les 2 marques Seat et Skoda]. Puis j’ai utilisé des Skoda Octavia et Superb », explique-t-il.
« Tout comme un de mes collègues de Dinan qui roule en Tesla Model S depuis plusieurs années, je m’étais intéressé à cette grande berline électrique. Mais j’aime faire simple. Avec l’américaine, j’aurais dû emmener la voiture à 160 km à Nantes pour l’entretien, ou 250 km encore plus loin, à Paris, pour les travaux de carrosserie », détaille Emmanuel Jung. « Le Skoda Enyaq, c’est une voiture normale en définitive. Pour les révisions et autres opérations, je peux l’emmener simplement chez mon concessionnaire », se réjouit-il.
« Avant que le Skoda Enyaq apparaisse, et à part Tesla, il n’y avait pas de voiture électrique dotée d’une autonomie et d’un confort suffisants à mon goût pour mon activité de taxi. J’ai comparé avec le Volkswagen ID.4 également disponible aujourd’hui : je le trouve moins joli et plus austère que l’Enyaq dont les lignes sont très fluides et aérodynamiques », poursuit-il.
« Beaucoup de chauffeurs de taxi voudraient passer à l’électrique, mais ne trouvent pas le modèle qui leur conviendrait », souligne notre interlocuteur.
« Au départ, j’étais venu pour essayer un Kodiaq, un peu plus spacieux. Le concessionnaire m’a proposé de faire un tour avec l’Enyaq. Il n’aura suffi que d’un court essai pour me faire changer d’avis. Avant de signer, j’ai toutefois évalué le pour et le contre, avant d’en conclure que le SUV électrique est bien exploitable en taxi. Je totalise en gros 400 km par jour », rapporte Emmanuel Jung.
« J’ai payé entre 7 000 et 10 000 euros de plus par rapport au Kodiaq, que je retrouverai vite du fait de l’entretien et d’une énergie moins chers. J’aurais eu le choix, je l’aurais pris en bleu plutôt qu’en noir. Mais il y a avait ce modèle d’exposition disponible, avec toutes les options comme je le souhaitais », complète-t-il. « Par ailleurs, le fait que mon taxi soit électrique va me donner des points lors des marchés publics, en particulier pour le transport d’enfants », reconnaît-il.
« C’est d’ailleurs étonnant le niveau de finition des Skoda aujourd’hui. Regardez ces 2 parapluies répartis d’origine dans leur logement dans les contreportes à l’avant. Et ce grattoir pour le givre, glissé dans la garniture du coffre », montre-t-il.
« J’ai pris livraison de mon Enyaq il y a un mois. Depuis, j’ai parcouru déjà 6 000 km. Une année normale, c’est-à-dire sans Covid-19, je totalise 90 000 km. J’ai déjà observé que je dispose d’environ 500 km d’autonomie en ville, et 430 km avec des parcours qui incluent des routes à 4 voies », évalue Emmanuel Jung.
« Je réalise régulièrement des courses à Nantes, Saint-Malo et Rennes avec l’Enyaq. Ma plus grosse distance avec ce véhicule, c’est un aller et retour dans la journée pour Bordeaux [NDLR 1 000 km environ]. J’avais fait le plein en électricité dans une station Total équipée avec des bornes rapides neuves », se souvient-il.
« D’ordinaire, recharger depuis chez moi avec ma prise triphasée en 11 kW suffit : le plein d’énergie est réalisé avant mon départ le matin. Si je dois faire un complément en cours de route, je privilégie les stations qui comptent plusieurs chargeurs rapides », témoigne-t-il.
« À l’usage, je suis agréablement surpris par le Skoda Enyaq. Plus encore que lors de mon essai. Et ce, au niveau du confort, du silence et de l’agrément de conduite. On se fatigue bien moins avec un véhicule électrique. La position de conduite dans l’Enyaq est vraiment agréable. Ce n’est pas un véhicule sportif, mais il tient bien la route. Et la finition vaut largement celle d’une berline allemande », apprécie Emmanuel Jung.
« Les clients perçoivent de manières très diverses cette voiture. Certains remarquent bien qu’elle est confortable et silencieuse, sans imaginer qu’elle est l’électrique. D’autres pensent qu’ils sont dans une Tesla, et plus particulièrement dans un Model X. Globalement, les gens ne connaissent pas cette voiture. C’est encore un modèle jeune », réfléchit-il.
« Comme d’autres propriétaires du Skoda Enyaq, c’est au niveau de l’électronique qui gère le véhicule que j’espère des mises à jour. La programmation de la recharge avec l’application ne fonctionne pas. En outre, ce serait bien d’offrir la possibilité de démarrer automatiquement le ravitaillement en énergie dès que le compteur électrique de la maison passe en heures creuses », souhaite Emmanuel Jung.
« Ce fonctionnement serait plus intéressant que ce qui existe aujourd’hui. Il est par exemple possible d’indiquer une heure d’utilisation de la voiture qui va déterminer celle de départ de la recharge », met-il en perspective. « De même, la programmation du chauffage et de la climatisation à distance est à revoir », ajoute-t-il.
« Lors de mes déplacements en cycle mixte avec une partie de ville, la consommation de mon Skoda Enyaq est d’environ 15 kWh/100 km. Elle grimpe à plus de 17 kWh/100 km si j’emprunte des portions de routes à 4 voies », chiffre Emmanuel Jung.
« C’est là que l’on constate l’utilité des lignes aérodynamiques de ce véhicule. Toutefois, avec un vent de face, il faut compter davantage », modère-t-il.
« Je pense que l’électrique a ses limites et que c’est une solution de transition. En plus des problèmes d’approvisionnement en électricité, j’ai des doutes sur la recyclabilité des batteries. Aujourd’hui, l’électrique n’est pas une voie écolo. Je considère que l’hydrogène, dont je suis un militant, fera mieux », estime notre interlocuteur.
« Dinan Taxi est une PME. Ma femme et moi avons chacun notre voiture, en plus d’un véhicule à 9 places. Pour l’instant, il est trop tôt pour savoir si nous changerons la sienne par une électrique. Nous devons répondre régulièrement au pied levé à des demandes d’assistance [NDLR Emmanuel Jung a d’ailleurs reçu un appel en ce sens lors de l’interview]. C’est rassurant de pouvoir compter sur un diesel à grande autonomie quand nous avons des journées à 600 kilomètres et plus, qui nous font commencer tôt et finir tard », conclut-il.
Automobile Propre et moi-même remercions chaleureusement Emmanuel Jung pour son accueil et son témoignage très intéressant. Un grand merci également à la concession Ideal Auto de Dinan qui a su répondre instantanément à notre demande en nous mettant en relation avec le chauffeur de taxi.
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Focus sur Tesla24 septembre 2024
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