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Tombé amoureux de la Roumanie lors d’une mission en volontariat, le Perpignanais Marc Areny s’y est installé il y a quelques années en développant des solutions pour rétrofiter des voitures thermiques et stocker l’énergie. Cette remorque, qu’il a livrée dans la ville d’Odessa pour fournir de l’électricité dans un atelier, des bureaux et des logements, représente très bien son parcours et ses convictions.
Nombre de pionniers de la mobilité électrique en France ont déjà croisé ou entendu parler de Marc Areny. Avant de s’attaquer à des Dacia, il avait converti dès 2013 une Porsche 944 de 1985 achetée d’occasion pour 2.500 euros. Dans l’Hexagone, les spécialistes du rétrofit le connaissent : « Nous avons par exemple fourni des éléments à e-Néo pour la réalisation de son Buggy, et à Retrofuture pour la conversion de son coupé Peugeot 504, et il me semble bien aussi pour la Triumph Spitfire. Nous sommes également en contact avec Lormauto, Design Solutions, LR Performance, etc. ».
Changement de cap en Roumanie : « Après une dizaine de projets individuels, et sans être passés à la série, nous avons un peu laissé de côté la conversion des voitures classiques, pour nous consacrer plutôt au Motorsport. Je me suis un peu fatigué à me battre pour les homologations. Je n’ai pas ce souci pour les véhicules transformés pour la course ».
Souhaitant désormais se réserver pour des projets qui aboutissent plus facilement et sereinement, il a rétrofité pour un partenaire des Land Rover Defender et des Porsche (911 et 964) : « Là, nous avons effectué le plus gros du travail, la finition étant assurée par notre partenaire lui-même ».
« En 2017, j’avais été sollicité pour réaliser un buggy électrique à tester au rallye Aïcha des Gazelles. La voie a été ouverte en particulier par Jazmin Grace Grimaldi, la fille du prince de Monaco, et Kiera Chaplin, la petite-fille du légendaire acteur. J’avais déjà réfléchi à l’époque à une alimentation par des panneaux solaires », se souvient Marc Areny.
« Nous n’avons pas continué avec le rallye, mais je suis resté avec mon idée d’une remorque photovoltaïque, dimensionnée pour alimenter 5 voitures électriques dans les conditions de cette épreuve. Elle a servi à l’étape de Bucarest pour l’EcoGP. Nous avons ainsi participé au slalom », poursuit-il.
« Je connaissais Sergey Velchev, le fondateur dirigeant d’EcoFactor installé à Odessa, en Ukraine. C’est lui qui a réparé la Tesla Model S de Rafael de Mestre après son accident. J’ai appelé Sergey pour lui parler de notre remorque. Il était en Grande-Bretagne, mais il a pris l’avion dès le lendemain pour me rejoindre. Ensemble, nous l’avons amenée à Odessa », explique-t-il.
« Où je suis, à Pitesti, au nord-ouest de Bucarest, nous sommes loin du conflit russo-ukrainien. Le pays est à 300 km à vol d’oiseau ou 500 km par la route. Nous voyons juste des militaires français passer avec du matériel. En revanche, plus on se rapproche de la frontière, et plus les Roumains sont touchés, inquiets, parce qu’ils ont en Ukraine des amis ou de la famille », témoigne Marc Areny.
Cette inquiétude, c’est celle qui fait bouger, par solidarité. Et ce mot, « solidarité », est très présent depuis longtemps dans le vocabulaire de notre interviewé. Il a mobilisé une précieuse remorque photovoltaïque pour alimenter en électricité des logements et des locaux professionnels à Odessa, une ville d’environ un million d’habitants : « Sergey m’a prévenu que ce n’est pas sans risque. Une bombe pourrait tomber dessus, je sais, et j’assume. C’est le démonstrateur d’une solution que nous comptons louer et vendre. Je la laisse à disposition tout le temps qu’il faudra. Après tout, elle est ainsi expérimentée très concrètement ».
Marc Areny se souviendra sans doute toujours de son arrivée sur place : « Il n’y avait pas de lumière. Dans la nuit, on entendait des bruits de générateurs un peu partout. Le carburant a été détaxé pour en faciliter l’usage ».
L’unité mobile a été installée dans un grand atelier, à proximité d’une station de recharge pour véhicules électriques, et accolée à une barre d’appartements : « Les panneaux solaires ne sont pas utilisés. La remorque sert surtout de tampon, et à stabiliser le courant. Elle est rechargée quand le réseau est présent et que la demande en électricité n’est pas trop forte. Par exemple tôt le matin ».
En cas de coupure ? « Quand il n’y a plus de réseau, c’est la remorque qui fournit l’électricité. Et lorsque les batteries sont déchargées, un générateur externe thermique les alimente. Avant Noël, le réseau électrique nationale n’était présent qu’un tiers du temps ».
A distance, Marc Areny est capable de nous donner des informations sur l’utilisation en temps réel de sa solution : « J’ai une connexion Starlink avec le système. Des graphiques avec alarme m’indiquent les pertes du réseau. Là, ce jeudi 12 janvier 2023 à 11 h 10, le niveau de charge est de 54 %, et la remorque fournit une puissance de 20 kW. Uniquement pour l’éclairage, mais aussi les outils de l’atelier. Pour le chauffage, les Ukrainiens essayent de se débrouiller autrement. Dans l’atelier, par exemple, il a été installé un poêle à bois avec une ventilation ».
La capacité énergétique de la remorque photovoltaïque est de 200 kWh : « Nous avons pour cela récupéré un pack et demi lithium-ion sur des Tesla Model S accidentées. Nous avons reconfiguré l’ensemble pour le 48 V. Il peut fournir une puissance de 50 kW triphasé. Nous avons pour cela un inverter Victron 10 kVA pour chacune des 3 phases de la batterie, et un 25 kVA Fronius pour les panneaux additionnels ».
Des panneaux photovoltaïques additionnels ? Donc de base, ce sont les 9 que l’on voit sur la remorque : 3 au centre, et 3 autres de chaque côté, montés sur des tiroirs latéraux coulissants ? « Oui. Il est possible d’ajouter 60 panneaux additionnels 400 W, à déployer autour, par exemple pour alimenter un événement. On a ainsi une véritable microcentrale. Nous recevons régulièrement des demandes auxquelles nous ne nous attendions pas ».
Pour apporter une touche d’écologie à un événement ? « Justement, non, pas forcément. C’est davantage pour des raisons pratiques ou des impératifs. Ainsi pour le tournage de films longs-métrages, où il y a des contraintes importantes sur les bruits externes. En outre, sur certains lieux, faire venir une citerne pour le carburant des gros générateurs peut être problématique. C’est un peu la même chose pour les concerts qui sont donnés sur le delta du Danube et au bord de la mer ».
« Nous avons aussi de la demande en France pour des projets similaires. C’est pourquoi nous nous installons à Lyon-Villeurbanne, dans la zone de Bel Air Industrie où l’on trouve déjà pas mal de startups. Sous l’enseigne Kitoffgrid, nous allons développer des solutions pour le stockage de l’énergie. Je vais aussi faire un peu de Motorsport, mais pas de rétrofit classique », nous apprend Marc Areny.
Autre pionnier Perpignanais de l’électromobilité, Robert Morandeira prépare dans sa ville un nouvel événement pour le week-end de la Pentecôte, fin mai prochain. En association avec l’Automobile Club du Roussillon, « La roue Libre » racontera pour la deuxième année consécutive l’histoire de la mobilité. Bob66 se chargera de la partie sur la voiture du futur, évoquant en particulier l’hydrogène, les véhicules autonomes, et le rétrofit.
Une occasion pour exposer la remorque photovoltaïque ? « Je ne pense pas, car elle sera sans doute encore très utile à Odessa. En revanche, je prévois un proto circuit pas encore réalisé, ou notre Volkswagen Golf 6 convertie pour les courses de Côte. Cette Golf 6 devrait aider un jeune de 15 ans à poursuivre son chemin dans la compétition. Il s’est distingué en Formule 4 sur le circuit Paul-Ricard et a fait l’événement à l’école de pilotage Winfield ».
« Parmi les autres projets, nous allons accompagner un constructeur dans le rétrofit de 2 véhicules. Le premier sera un modèle classique, et le second un engin survolté. Pour le bolide, W-Autosport devrait aussi être de la partie. Cet atelier est connu pour avoir développé le Fiat Multipla 1 000 ch des Youtubeurs de la chaîne Vilebrequin. Le magazine Turbo, de M6, devrait y consacrer un reportage en septembre prochain », révèle Marc Areny.
« Nous comptons sortir cet été un prototype du style de la BT01 de Beltoise. Nous voulons démontrer qu’avec l’upcycling on peut faire du très performant avec relativement peu de moyens. Nous allons en particulier réutiliser des pièces de Tesla. Dès que le bolide sera prêt, nous le ramènerons en France », conclut-il
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Marc Areny pour sa disponibilité.
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Focus sur Tesla24 septembre 2024
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