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Yoann Gilard nous a accueillis dans son garage Rennes sans permis qu’il a ouvert au 1ᵉʳ septembre 2024. On peut y acheter des quadricycles neufs ou d’occasion et les faire entretenir sur place, y compris des modèles électriques comme la Mega e-Scouty, la Citroën Ami ou le Renault Twizy.
Jeudi 12 septembre 2024, un petit article publié dans le quotidien Ouest-France a retenu ma attention. Il annonçait l’ouverture d’une entreprise spécialisée dans la vente et l’entretien de véhicules sans permis. Ce qui m’a donné envie de découvrir sur site la place que son fondateur gérant accorde aux modèles électriques.
Le garage est ouvert dans la zone d’activités de la Bourbonnais, à La Mézière. Cette commune située à quelques kilomètres au nord de Rennes et celles avoisinantes offrent leurs territoires à un grand nombre d’enseignes. On y trouve en particulier les concessions Maserati, Lotus, BMW et Alpine, très loin de l’univers des voitures sans permis.
Le garage indépendant travaille avec les concessions Aixam, Mega, Ligier et Microcar, les principales marques du marché-cible. « Elles pèsent 90 % des véhicules sans permis immatriculés », précise Yoann Gilard. Elles lui fournissent les modèles neufs commandés par ses clients. On trouve aussi et surtout sur place des occasions, dont cette Aixam S9 E-City en dépôt-vente que j’ai pu essayer. À droite du bureau et du petit hall d’exposition, l’atelier relativement vaste et aéré est bien équipé, avec deux ponts qui pourraient tout aussi bien soulever des véhicules bien plus lourds.
Le 16 rue de l’Aubépine où est établi Rennes sans permis est un peu à l’écart de la voie principale. D’apparence neuf, le bâtiment présente bien. L’Aixam S9 E-City était bien visible à mon arrivée, formant l’aile droite de la haie d’accueil. Le monde du véhicule sans permis, Yoann Gilard le connait bien : « J’ai travaillé pendant douze ans dans une concession Aixam qui dispose de seize agences dans l’ouest de la France ».
Entré par la petite porte, il a fait ses preuves au fil des années : « J’ai d’abord été mécanicien sur voitures sans permis, puis responsable d’atelier et responsable d’agence. J’intervenais dans les trois garages du groupe qui sont situés en Ille-et-Vilaine ». Le professionnel breton a saisi au vol la possibilité d’entretenir et maintenir les modèles électriques : « Des mécanos étaient réfractaires à l’idée de s’en occuper. De mon côté, je me suis toujours intéressé au digital et aux nouvelles technologies ».
La démarche n’a pas été trop lourde à suivre : « Les batteries étant en 48 V sur les voitures sans permis électriques, il n’y a pas besoin d’une habilitation pour intervenir dessus. Ce qui est plus simple pour les ateliers. Une formation assurée par une marque suffit. C’est ainsi que j’ai pu ensuite diagnostiquer les pannes dans les agences Aixam du département ».
À lire aussiVoitures électriques sans permis, 7 questions pour tout comprendreEn plus de la formation initiale, Yoann Gilard a suivi des sessions complémentaires : « C’était en particulier lors de l’évolution des technologies. Par exemple quand Aixam a changé de fournisseur de batteries. Les formations s’étalaient sur deux jours dans des concessions de la marque. Ainsi à Ploërmel, Nantes et Caen ».
Le gérant de Rennes sans permis a vu se développer l’activité de maintenance autour des électriques : « Ça a vraiment commencé il y a cinq ans. Je suis intervenu sur ces modèles à un rythme moyen de deux véhicules par mois. Principalement sur des Aixam, parce que Microcar n’a pas encore d’offre électrique et que la Ligier Myli est encore récente. Je me suis aussi occupé à l’occasion de Citroën Ami qui ont le même moteur et le même batterie que les premières Aixam électriques ».
Associé à Mega, la marque apparaît donc comme une pionnière sur le marché actuel : « Les premiers modèles électriques d’Aixam sont arrivées il y a déjà plus de dix ans. Au départ, le groupe ciblait les professionnels, notamment avec les utilitaires Mega. Quelques années plus tôt, il y avait eu un rapprochement avec Goupil ».
En 2022, alors que Mega célébrait ses trente ans, le e-Scouty a été révélé : « Ce modèle un peu particulier, typé buggy, se vend plutôt correctement. Cassant un peu les codes, il n’existe d’ailleurs qu’en électrique. Pourtant, la clientèle l’achète d’abord pour son look. Depuis des années, Aixam n’a pas vraiment fait évoluer sa gamme classique. Ce qui fait que des clients qui aiment, par exemple, changer tous les deux ans ont pris un e-Scouty, non pas parce qu’il est électrique, mais parce que c’est un modèle vraiment nouveau ».
Comme les autres Aixam-Mega, le e-Scouty est fabriqué en France : « Les Microcar et Ligier désormais réunis sortent d’une usine de Vendée. Celle d’Aixam est à Aix-les-Bains, en Savoie. Les e-Scouty sont fabriqués là avec des batteries françaises IBS. La concession Aixam où j’étais auparavant en a vendu plusieurs avant mon départ. Avec le pack 5,44 kWh, l’autonomie réellement constatée est d’environ 70 km ».
A noter que Mega propose aussi le e-Scouty sur son site Web avec 113 km après recharge complète d’un pack 7,44 kWh. Le ticket d’entrée est cependant plus élevé : 15 899 euros, contre 13 499 chez Aixam. Dans tous les cas, c’est un moteur Valéo sous 48 V qui anime les roues avant. Doté d’une puissance de 6 kW (8,15 ch), il peut développer un couple maximum de 40 Nm.
Depuis des années qu’il intervient sur les véhicules électriques sans permis, Yoann Gilard a remarqué : « Les problèmes récurrents que j’ai rencontrés sont principalement liés à des défauts qui ont été corrigés lors des campagnes de rappels. Au tout début, il y avait des packs de batteries défectueux. C’est pourquoi Aixam a changé de fournisseur en abandonnant E4V qui n’existe plus aujourd’hui ».
Mon interlocuteur a aussi des anecdotes à raconter : « Un couple de retraités a parcouru 500 km en un week-end pour des vacances. Ils ont rechargé à l’hôtel, au restaurant pendant qu’ils mangeaient, et sur des bornes normales. Pour cela, ils ont anticipé leurs trajets. Changeant régulièrement de VSP, ils ont pris un modèle électrique parce qu’ils voulaient l’expérimenter ».
Une partie de la clientèle n’est cependant pas prête : « Devoir anticiper les trajets est de nature à freiner une partie des utilisateurs, car la voiture sans permis est souvent le seul véhicule du foyer. Pour d’autres, ça ne pose pas de problème parce qu’ils s’en servent principalement au quotidien pour aller travailler pas très loin ».
À la réception de son modèle neuf, un client n’a pas compris une ligne sur le bon de livraison : « Il était indiqué que le plein de gazole avait été fait. C’était effectivement déroutant et il pensait que c’était une erreur. Mais non, il s’agissait du réservoir du chauffage de type Webasto qui fonctionne bien avec ce carburant ».
Une partie de la clientèle est jeune : « Il y a d’abord les 14-17 ans. C’est d’ailleurs une clientèle cible de Citroën pour l’Ami. Un commerçant des environs avait acheté une VSP pour son fils en attendant qu’il passe son permis B. Dans cette tranche, ce sont souvent des jeunes qui sont en apprentissage. La voiture sans permis remplace un scooter. D’une certaine manière, une VSP est un scooter sur quatre roues ».
Un groupe qui progresse actuellement s’intéresse aussi à ces véhicules : « Ce sont les 20-35 ans. Ils représentent le plus gros de la clientèle. Certains ne se sentent pas capables de passer le permis. D’autres en revanche le pourraient, mais n’en ont pas le temps ou ne veulent pas le prendre. C’est le cas de mon premier client en électrique. Il est coach sportif à domicile dans le secteur de Rennes. Sa VSP lui convient parfaitement pour ses besoins professionnels ».
Il y a aussi des couples et des retraités : « En général, pour eux, une voiture comme la Citroën Ami ne convient pas. Ils attendent davantage de confort. Aussi bien au niveau des sièges et du volume du coffre que des équipements. Une Aixam offre ainsi de vrais phares et des antibrouillards pour rouler l’hiver dans la campagne. On y trouve aussi une caméra de recul et une tablette tactile compatible Android Auto et Apple CarPlay ».
Un équipement est cependant absent pour l’instant : « Il n’y a pas de navigateur GPS et donc pas de planificateur d’itinéraires. C’est pour une raison bête : il n’existe pas aujourd’hui de système garantissant de ne pas se retrouver sur une voie rapide. Or, il est interdit de rouler sur les routes à deux fois deux voies avec une voiture sans permis. En général, les clients utilisent Google Maps en indiquant ne pas prendre les autoroutes ».
Nombre de personnes âgées habituées des VSP sont séduites par l’électrique : « Ces véhicules ressemblent de plus en plus à des voitures classiques, mais le bicylindre diesel a tendance à se faire bien entendre. C’est pourquoi les clients ressortent en général de l’essai d’une électrique en disant que c’est agréable parce que ça fait bien moins de bruit. Toutefois, le fils d’un retraité était sceptique pour son père, craignant qu’il ne pense pas à recharger la batterie. Pour certains, c’est vrai que l’électrique peut être comme un trou noir ».
Où en est le marché du VSP électrique aujourd’hui ? « Quand Aixam a commencé à cibler les particuliers, les ventes ont explosé. Et puis ça s’est tassé, comme on l’observe aujourd’hui sur le marché des voitures électriques classiques. L’avenir va principalement dépendre de l’évolution de l’autonomie. Et ce, parce que les utilisateurs de VSP roulent de plus en plus ».
Lors de mon passage chez Rennes sans permis, j’ai pu essayer une Aixam S9 E-City, histoire de m’en faire une idée. Mise en circulation en 2019, elle était équipée de vitres électriques, du verrouillage centralisé, d’un ordinateur de bord, d’un radar et d’une caméra de recul, d’une tablette tactile, d’un système audio CD Pioneer avec lecteur MP3, et d’une connexion Bluetooth. En finition premium, l’intérieur présentait des éléments cuir, bois et alu. Avec un peu plus de 13 650 km au compteur, elle était proposée à 8 200 euros.
Mon retour sur le véhicule sera très court du fait de mon manque d’expérience en VSP. Je n’ai à ce jour conduit qu’un Renault Twizy 80 et c’était en 2012, l’année de sa sortie. Aucun modèle thermique. Dans ce cas, il est très difficile de juger. Ce qui m’a cependant très positivement étonné, c’est la facilité à prendre place à bord alors que ma corpulence en fait une véritable épreuve pour m’installer au volant d’une Peugeot e-208 ou d’une Opel Corsa-e.
Le démarrage s’effectue comme sur une Peugeot iOn avec la clé et en appuyant sur la pédale des freins. Le maniement du levier est très simple avec seulement deux positions de marche : avant ou arrière. Le frein à main est classique. Cette simplicité est très certainement de nature à faciliter l’usage par les personnes âgées.
À lire aussiRevolte aide les garagistes indépendants qui veulent faire l’entretien des véhicules électriquesBien installé sur le siège, j’accélère. La réponse n’a pas été fulgurante. La sensation à la pédale m’a rappelé mon essai d’une Citroën E-Méhari, et donc les kartings de fête foraine et auto-tamponneuses. D’une certaine manière, ça peut être rassurant pour gommer les fausses manœuvres. Il faut du temps pour parvenir à la limite des 45 km/h. Dimensionnés pour un tel véhicule, les freins font le job sans se montrer très mordants.
Les routes que j’ai empruntées étant assez abîmées, je me suis senti un peu secoué, mais moins brutalement que dans le Renault Twizy. Comme sur une Twingo électrique, on peut lire la vitesse instantanée avec le compteur à aiguille ou en affichage numérique.
Quand on est habitué à rouler dans une voiture électrique classique, le passage à une sans permis apparaît un peu rude. L’ambiance à bord ne pose en revanche pas de problème particulier aux usagers réguliers de ces véhicules. Et c’est bien là l’essentiel. Ceux qui en changent couramment apprécient l’évolution des gammes qui leur sont accessibles. C’est un tout autre univers à apprécier avec leurs témoignages. À suivre…
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Yoann Gilard pour son accueil et ses très intéressantes explications.
Afin de ne pas décourager nos lecteurs de témoigner dans le futur, tout commentaire désobligeant à l’encontre de nos interviewés, de leur vie, de leurs choix, et/ou de leurs idées sera supprimé. Merci de votre compréhension.
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