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Un peu particulier, cet article est avant tout un portrait qui veut rappeler la grande implication de Charlotte de Silguy dans le développement de la mobilité électrique dans notre pays. Cette passionnée de culture chinoise et de sagesse a une idée originale sur l’arrivée en France et en Europe des marques comme MG, BYD, Nio, etc.
Etre journalise spécialisé en mobilité durable et électrique à la naissance de la vague lithium-ion offre un gros avantage : pouvoir aujourd’hui donner la parole dix ans après une première interview. Je l’avais déjà fait en novembre dernier avec l’un des premiers propriétaires français de Tesla Model S. J’avais envie de renouveler l’exercice avec Charlotte de Silguy, secrétaire générale de l’Avere-France à partir de septembre 2008 pour presque cinq ans.
Je l’avais contactée pour un autre média en octobre 2013, quelques mois après la fin de cette fonction. Si aujourd’hui cette association est aussi tournée vers l’usage du véhicule électrique du point de vue des automobilistes, c’est en très grande partie grâce à elle.
« Dès 1994, j’ai eu cette vision de l’intérêt des véhicules électriques avec l’envie d’œuvrer pour son développement. Je suis arrivée au bon moment à l’Avere-France. On était en pleine crise financière des subprimes et de prix du baril de pétrole à 100 dollars. C’est à cette période que la voiture électrique a commencé à perdre son image de pauvre tarte pour la regarder de façon moins méprisante ».
Charlotte de Silguy a donné un grand coup de jeune et une nouvelle orientation à l’Avere-France : « Le rôle que je me suis donné était de formuler des propositions au conseil d’administration. A l’époque, l’association ne rassemblait qu’une vingtaine de membres, uniquement de grosses structures, parmi lesquelles EDF, Renault, PSA, Saft, et la ville de Paris. Le fonctionnement de la structure était très axé sur le plan technologique et les collectivités locales ».
Aujourd’hui, le site de l’organisme annonce 240 adhérents : « Leur nombre était déjà monté autour de la centaine à mon départ en 2013. J’avais ouvert la porte à tous les acteurs de la mobilité électrique, y compris les petits. Je voulais développer la communication vers le grand public pour démystifier le VE. A cette période, j’ai par exemple rencontré Yoann qui cherchait des appuis pour lancer Automobile Propre. C’était important aussi de communiquer auprès des institutions ».
L’exercice n’a pas été toujours très simple : « Il m’a fallu pas mal jongler. Les grands membres ne tenaient pas spécialement à une ouverture au grand public. En 2008, les achats en masse de véhicules électriques venaient des institutions ».
À lire aussiEn 2023, le visage des propriétaires de voiture électrique a changé et c’est encourageantL’ancienne secrétaire générale de l’Avere-France se souvient bien des divers moments forts qu’elle a impulsés : « J’ai par exemple créé le trophée des villes électromobiles. Ainsi qu’une sorte de club pour les entreprises qui n’a pas été plus loin qu’une saison. J’ai aussi rafraîchi le site Internet qui en avait bien besoin et fais évoluer la newsletter pour l’ouvrir à l’extérieur. Aidée par Jean-Patrick Teyssaire, fondateur de Planète Verte et d’Electric Road plus récemment, j’ai proposé une veille sur toutes les nouveautés en matière d’électromobilité ».
Le lobbying était également au programme : « J’ai contacté des ministères, des collectivités et lancé des plans de travail thématiques. Les batteries ou les livraisons du dernier kilomètre faisaient par exemple partie des sujets récurrents. Dans cette période, il y avait beaucoup de contradicteurs, qui péchaient par ignorance ou parce que l’électromobilité était de nature à nuire à leur propre business. C’est encore un peu le cas aujourd’hui ».
Pour elle, c’est normal de rencontrer des résistances au début de nouvelles technologies : « Ca a été pareil pour les appareils photos argentiques, quand le numérique est apparu. Comme le dit le philosophe Arthur Schopenhauer : ‘Toute vérité passe par trois étapes, d’abord elle est ridiculisée, ensuite elle est violemment combattue et enfin elle est acceptée comme une évidence. Concernant la mobilité électrique, nous en sommes à la troisième phase ».
Ce qui distingue des autres le discours sur la mobilité électrique de Charlotte de Silguy, c’est l’absence du CO2 : « Ce n’est pas un sujet pour moi et je n’en ai que très peu parlé, peut-être même jamais. Les problèmes majeurs que le véhicule électrique peut résoudre, ce sont la pollution dans les villes, les nuisances sonores, les tensions géopolitiques dues au pétrole. Sans compter l’aspect financier. Dans mes conférences auprès des mairies ou des députés, j’avançais d’abord des argumentaires raisonnables et rationnelles ».
Et après ? « J’attirais l’attention sur l’usage, soulignant que la voiture électrique n’était pas une voiture sans permis. Je leur disais : ‘Laissez s’exprimer en vous la jouissance de la puissance en silence’. L’auditoire rigolait. Mais j’insistais : ‘Essayez-la, c’est ça qui va vous donner l’envie de la conduire. Il fallait réussir à multiplier les adeptes ».
L’ancienne secrétaire générale a arrêté la charge en avril 2013 : « Ce n’est pas sans raison. A défaut d’avoir les coudées franches, je me sentais très fortement appelée à poursuivre une autre mission. Dans toutes mes activités professionnelles, je suis atypique et très en avance sur mon temps. Ainsi pour le développement durable, les marchés chinois et apporter des choses qui n’ont d’ordinaire pas droit de cité dans les entreprises. Comme par exemple la méditation ».
Depuis sa Citroën Saxo recouvertes d’autocollants de petites fleurs et que j’ai vu échouée chez Accus Service à Pessac, près de Bordeaux, en avril 2016, Charlotte de Silguy n’a jamais cessé de rouler en électrique : « Cette Saxo appartenait à EDF. J’en ai eu une deuxième ensuite que j’ai achetée 3 000 euros, et revendue 700 euros de plus quatre ans après du fait de la demande. Puis j’ai testé un prototype de la Volkswagen e-Golf. Je l’ai vite rendue quand j’ai appris sa valeur de l’ordre du million d’euros. Je n’étais pas à l’aise avec cela ».
Renault Zoé, Opel Ampera, Citroën C-Zéro , etc. : « La liste de tous les modèles de voitures électriques qui sont passées entre mes mains, en particulier sous la forme de prêts, serait trop longue à établir. En 2011, j’ai eu une des 50 Mini E bourrées de capteurs pour feedback qui ont servi à faire émerger la BMW i3. La première VE que j’ai achetée pour moi-même, c’est une Nissan Leaf ».
Et aujourd’hui ? « Depuis décembre 2021, j’ai une Tesla Model 3. C’est un cadeau que je me suis accordée pour me récompenser de tout ce que j’ai fait pour le véhicule électrique. Une manière aussi de dépasser des limites personnelles. Et surtout un vrai besoin pour de réguliers déplacements entre Nantes et Paris que je ne pouvais réaliser par le train ».
Charlotte de Silguy a créé sa propre société en plein confinement : « J’ai inventé une méthode, en m’appuyant sur la sagesse ancienne, à base de protocole repéré dans le taoïsme. Il s’agit de trouver les forces de vie pour notre succès et notre accomplissement personnel. J’ai soutenu la voiture électrique pour se propulser de façon écolo et saine. Maintenant j’invite à exploiter sa propre énergie pour se propulser dans la vie. C’est toujours une question de propulsion ».
Son actuelle activité est le fruit d’une longue démarche : « J’ai mis 30 ans à pondre ce courant pour comprendre le sens de nos emmerdes, de nos ombres, de ce qui nous pollue et qui n’est pas là pour rien, mais au contraire pour nous propulser ». Son coaching s’adresse aux particuliers et à des professionnels : « Pour le grand public, j’ai créé L’Effet Chrysalide. Je coache aussi des coachs à travers Le Coaching Alchimique »
Notre interlocutrice avait déjà voulu associer véhicules électriques et bien-être : « C’est quand je suis revenue chez EDF, entre 2014 et 2020. J’étais déjà chez EDF auparavant, détachée à l’Avere-France. Ma façon de faire et d’être paraît trop atypique dans ce milieu qui préfère un mode de fonctionnement ingénieur et dogmatique. Ce que je n’ai pas réussi là, je le fais ailleurs. C’est mon truc d’être pionnière, de guider, de défricher le terrain ».
Au début des années 1990, pour EDF, Charlotte de Silguy a vécu quelques années à Taiwan et à Pékin, et même essayé un prototype BYD. Que pense-t-elle de l’arrivée massive des voitures électriques chinoises en Europe et en France : « Est-ce bien ou pas bien ? Rien n’est bon ou mauvais en soi. Ca dépend de la dynamique qui en résulte. Tout défi est une source d’opportunité ».
Pourquoi ce succès de modèles comme la MG4 ? « Deux raisons possibles à un tel phénomène. Soit le rapport qualité, prix, performance est excellent, soit les constructeurs français ne seraient pas assez bons pour en faire autant. Dans ce second cas, ils devraient être stimulés. De toute façon, si les voitures électriques chinoises rencontrent le succès en France, c’est qu’elles correspondent à un besoin qui n’est pas satisfait par nos constructeurs ».
Elle interroge : « Pourquoi est-ce que l’origine des smartphones et des ordinateurs n’est-elle pas autant pointée ? Parce que ce sont des produits plus petits ? Le sujet est de toute façon délicat. La mondialisation a des effets pervers, notamment au niveau social. Mais offre aussi des opportunités. Pourquoi ces voitures qu’on ne voulait pas homologuer débarquent d’un coup ? Existe-t-il des enjeux d’échanges commerciaux au niveau international, du style ‘je t’échange du thé contre autre chose’ ? ».
La situation en 2023 : « Le réseau de recharge est maintenant bien installé, répondant aux besoins d’autonomie. Les automobilistes français ont envie désormais de passer à l’électrique. Les prix des VE européens restent trop élevés. Le maître mot, c’est : ‘Si on voit un problème, voyons l’opportunité qui va avec. A la boxe on reçoit des coups. Dans le kung-fu, on accueille l’énergie adverse pour la transférer et la retourner ».
Profiter des situations : « Toute chose à ses côtés sombres et ses côtés lumineux. Quand une dynamique qu’on ne veut pas se crée, le local finit par prendre de plus en plus d’importance. Ainsi l’apparition des Amap suite au productivisme agricole. J’aime voir la dynamique positive qui peut naître de quelques chose perçue comme sombre au départ ».
Petite histoire éclairante : « A l’époque où le fleuve bleu et le fleuve jaune étaient la cause de terribles inondations en Chine, des sacs de sables étaient entassés pour former des digues. Mais lorsque ces retenues lâchaient, c’est une véritable puissance dévastatrice qui était libérée. Au contraire, Yu le Grand s’est dit qu’il fallait aller dans le sens du courant, et creuser le lit de ces fleuves pour faciliter l’écoulement des eaux. Face à une énergie très forte, soit on cherche à la retenir au risque qu’elle nous pète à la gueule, soit on en fait une opportunité ».
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Charlotte de Silguy pour son accueil, sa sympathie et ses réponses. Rendez-vous en 2033.
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