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Résidant près de Lisieux (14), Laurent Méheut a une vie bourrée d’épisodes anecdotiques qui le ramènent à la mobilité et aux énergies renouvelables. Actuellement, il travaille sur une architecture V2H, à partir d’une Citroën C-Zero, qu’il adapterait pour fournir une réserve d’énergie à un camion pizzas.
Laurent Méheut est né dans une famille inspirée. Le Peintre, dessinateur, illustrateur, décorateur, céramiste, sculpteur, graveur Mathurin Méheut est pour lui un grand grand oncle. Certes, l’artiste Lamballais né en 1882 n’a pas souvent reproduit de véhicule. On lui doit cependant un crayonné connu sous le nom de « Soldat devant la voiture » qui a été vendu aux enchères à Drouot.
Alors qu’il résidait près de Deauville (14), à 16 ans, notre interlocuteur a aussi eu l’occasion d’être plusieurs fois le caddy de la fille d’André Citroën au golf de la ville. C’était en 1981. « J’avais déjà trouvé formidable à cette époque de conduire une golfette électrique et apprécié le silence de fonctionnement », commente Laurent Méheut.
Un saut de 13 ans dans le temps lui sera nécessaire pour passer la vitesse supérieure.
Au début de l’année 1994, il fonde au Mans (72), avec quelques amis, l’Electromobile club de l’Ouest dont il fut le premier vice-président. « L’objet de cette association était de faire la promotion du véhicule électrique », explique Laurent Méheut.
A l’époque, il confiait à un journaliste du quotidien Le Maine libre : « Nous voulons faire du Mans une ville-pilote en ce qui concerne l’utilisation de voitures électriques, comme à La Rochelle en ce moment ».
Il poursuit, pour les lecteurs d’Automobile Propre : « Nous étions environ 25 adhérents mais nous n’avions pas de voiture électrique. Nous avions espéré faire quelque chose avec le circuit du Mans, créer une course d’engins électriques et solaires, mais je pense que c’était trop tôt pour ça et que la mobilité électrique n’était pas prise au sérieux au milieu des années 1990 ».
Dans le cadre de l’Electromobile club de l’Ouest, Laurent Méheut va électrifier un vélo. « J’avais récupéré pour cela à Versailles un petit kit avec un système à galet pour entraîner la roue, comme sur les Solex », confirme-t-il. En plus du moteur qui permettait déjà de recharger la batterie dans les descentes, l’ensemble comprenait un tableau de bord avec voltmètre et ampèremètre. Une patinette a ensuite été électrifiée par ses soins.
Toujours avec l’association, notre interlocuteur a participé à des expositions pour présenter l’électromobilité. En 1995, l’Electromobile club de l’Ouest a reçu de l’ACPVE (Association charentaise pour la promotion du véhicule électrique) un pickup Volta fabriqué par SEER. « Sur Volta, j’ai eu l’occasion de tester différentes configuration d’alimentation : plomb, nickel-cadmium, et les batteries chaudes Zebra sodium-chlorure de nickel », se souvient-il.
Par passion, Laurent Méheut va effectuer à La Rochelle un passage par le Centre d’évaluation et de recherche appliquées au véhicule électrique (Cerave) où il va découvrir et essayer différentes voitures branchées, comme des AX et les premières 106 équipées de batteries au plomb, mais aussi un scooter.
A une époque où les pionniers de la mobilité électrique sont encore très peu nombreux, il participe aux rares rallyes organisés pour en faire la promotion. « J’ai ainsi pu rejoindre La Rochelle depuis Paris dans une Renault 5 électrique sur laquelle était écrit : ‘Ni fumée, ni bruit, je roule à l’électricité’. Son propriétaire avait pris un groupe électrogène pour recharger les batteries en cours de route », se souvient-il.
Notre interlocuteur se fait ainsi connaître. La presse et quelques auteurs d’ouvrages sur l’électromobilité le sollicitent. Dans la très éphémère revue Elektra Magazine, il est en photo devant la Tour Eiffel au côté du président Jacques Chirac et du dirigeant d’EDF.
Afin de connaître son sujet à fond, Laurent Méheut n’hésite pas à se déplacer loin. En 1998 il rejoint Bruxelles pour essayer l’EV1 de General Motors à l’occasion du symposium EVS-15. « Il fallait s’inscrire pour pouvoir essayer les voitures électriques : il y avait des files d’attente importantes », témoigne-t-il.
« L’EV1 était une formidable voiture, avec recharge par induction. L’émotion que j’ai ressentie en poussant la première accélération sur ce modèle, je ne l’ai retrouvée que des années plus tard lors de mon premier essai d’une Tesla », rapporte-t-il. « A bord, on avait l’impression d’être dans un cockpit d’avion. Elle fonctionnait super bien cette voiture ! », se montre-t-il encore enthousiaste à ce sujet.
« Toyota présentait sa première génération de Prius. Mais d’autres Japonais dévoilaient aussi une petite voiture électrique baptisée ‘La Luciole’ », liste-t-il très brièvement.
Laurent Méheut roule en voiture électrique depuis 1995. D’abord avec une Microcar Lyra, produite en série de façon industrielle à partir de 1992. Parmi les modèles qui sont passés chez lui : Erad Spacia, SEER Volta, Renault Clio, Citroën AX et C-Zero, Peugeot 106 et iOn.
« J’ai acheté au prix fort ma première C-Zero, en 2011, avant la grande braderie de 2012. Celle que je possède aujourd’hui est de 2016. En tout, j’ai parcouru plus de 200.000 kilomètres au volant de mes voitures électriques », rapporte-t-il.
« J’ai aussi eu quelques deux-roues, dont un exemplaire des scooters Peugeot Scootelec et Vectrix VX-1. Mais le plus rare a été une moto américaine construite pour le monde à environ 100 unités. J’ai eu la chance de posséder la seule VR 24 Electra arrivée sur le sol français », complète notre interlocuteur.
Le Normand a couvert sa maison de panneaux solaires en toiture (y compris véranda, garage et autres dépendances) et sur les faces exposées au Sud, à l’Est et à l’Ouest.
« La première installation (9 kW) date d’une dizaine d’années, mais les travaux avaient mal été réalisés par une entreprise qui avait boulonné les panneaux directement sur les ardoises. Ca faisait longtemps que je souhaitais équiper ma maison en matériel photovoltaïque. Une autre société et un couvreur ont dû tout refaire », déplore-t-il.
« Désormais, je dispose d’une centrale solaire 21 kW, avec 9 kW en revente à EDF et le reste en autoconsommation. Je produis même à perte puisque je n’arrive pas à tout stocker. Je dispose d’une unité de 8-10 kWh de capacité obtenue d’anciennes batteries de traction NiCd Saft, et du pack 14,5 kWh de ma C-Zero que je viens de transformer pour un fonctionnement V2H », détaille notre interlocuteur.
Lors de notre entretien avec Laurent Méheut, l’architecture V2H (Vehicle to Home, du véhicule à la maison) était en place et fonctionnelle. Mais lors des premiers essais la voiture refusait de redémarrer. Notre interlocuteur est cependant confiant sur la suite de son projet. « Sur la C-Zero, j’ai ajouté un onduleur, un coupleur pour haute tension, un différentiel 30 mA, un compteur de consommation et différentes sécurités », liste-t-il.
Il s’active actuellement à adapter cette architecture pour alimenter un camion à pizzas. « Aujourd’hui, le propriétaire du véhicule dépense mensuellement 850 euros d’essence par mois pour faire fonctionner en continu un groupe électrogène afin de disposer de l’électricité nécessaire à son activité. Il obtiendra bientôt et bien plus proprement son énergie avec sa Citroën C-Zero », se réjouit notre interviewé.
Laurent Méheut a plus d’un projet dans sa tête. En Bretagne, à une quinzaine de kilomètres de Loudéac (22), il fait évoluer le système de turbinage d’un moulin hydraulique afin d’alimenter les locataire du lieu et, il l’espère, pouvoir recharger les batteries de sa prochaine voiture électrique. « J’envisage d’acquérir une Hyundai Ioniq 38 kWh qui me permettrait de rejoindre ce site depuis les environs de Lisieux », réfléchit-il.
« Au moulin, je compte remplacer la turbine Teisset Rose Bhault, installée en 1940, par un modèle moderne à flux axial. Grâce à une chute d’eau de 4,60 mètres, je dispose en continu d’une puissance de production de 1,5 kW », révèle-t-il.
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Laurent Méheut pour sa proposition spontanée d’interview et le temps pris à nous exposer tous ses projets.
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