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En séjour pendant une semaine dans un secteur couvert par le réseau de recharge MobiVE, j’ai constaté une tarification prohibitive, discriminatoire et mirobolante avec des bornes pas toujours vraiment au top. Vivement le bouclier tarifaire annoncé par Emmanuel Macron ! Billet.
On dit que la recharge rapide devient très chère, en particulier sur l’autoroute. Que penserez-vous alors de la tarification d’accès au réseau MobiVE en itinérance ? Samedi 8 octobre 2022, les équipages du rallye d’écoconduite organisé par l’Automobile club du sud-ouest doivent se retrouver quai Souchet à Libourne.
Je me fais une véritable joie de les rejoindre, d’autant plus que je compte quelques bons camarades et amis dans les participants et que j’ai déjà quelques idées d’interviews sur place. Je gare donc mon Kia e-Soul sur une borne disponible, celle située cours Tourny, à environ un kilomètre au plus droit du lieu de rassemblement
Je sais qu’il me sera difficile de venir débrancher ma voiture, mais elle a soif d’énergie et je suis SPF (sans prise fixe) pendant 7 jours. J’ai bien lu la grille tarifaire, mais je dégaine quand même mon Chargemap Pass. L’itinérance qui permet de limiter les abonnements, les badges et les applications est pour moi un droit important au bénéfice des électromobilistes. C’est ce même principe qui permet aujourd’hui de joindre, par exemple, un usager SFR à partir d’un abonnement Orange, sans surcoût et sans avoir à se synchroniser. Autrement, les 2 interlocuteurs devraient avoir chacun la carte du même opérateur pour se parler.
Curiosité : MobiVE facture la recharge à la minute même sur ses bornes 22 kW AC. À condition de s’acquitter d’un droit annuel à 18 euros, un abonné règlera sa minute 0,022, 0,044 ou 0,066 euro TTC selon la tranche dans laquelle se situe la puissance du flux : 0-5 kW, 5-15 kW et 15-22 kW. Cette catégorie d’usagers bénéficie d’un montant plafonné à 30 euros TTC et d’une remise de 50 % sur la période de 23 à 6 heures le lendemain.
En utilisant une carte bancaire, les prix à la minute grimpent respectivement à 0,033, 0,066 ou 0,099 euro la minute. Hausse également du montant maximum de la facture : 50 euros TTC. Mais au moins, il y en a un. En revanche, disparition du tarif préférentiel pour la nuit.
Les usagers en itinérance, eux, clairement, ne sont pas les bienvenus. Quelle que soit la puissance de recharge et les horaires, c’est 0,099 euro TTC la minute, hors commission de l’opérateur. Et pas de limite de facturation. Trouverait-on normal de payer le pain 4 fois plus cher dans une boulangerie au prétexte de ne pas avoir la carte de fidélité ou de résider dans une autre région ?
De série, le Kia e-Soul embarque un chargeur AC 7,4 kW. Il n’est pas le seul : beaucoup de voitures électriques sont dans ce cas. Il n’y a pas que la Renault Zoé (22 kW AC) comme voiture électrique à rouler en France. D’ailleurs, il n’y en avait pas au rallye de l’ACSO.
Combien, sur les 21 voitures engagées à l’événement, acceptent le 22 kW ? Même chez le Losange, désormais, le 7,4 kW se retrouve. Ainsi sur les versions Standard Charge et Super Charge de la nouvelle Mégane E-Tech, la première boudant en plus les stations DC.
Il faut plus de 10 heures pour recharger complètement une batterie vide de 64 kWh avec un chargeur embarqué 7,4 kW sur un chargeur 22 kW AC MobiVE. D’autant plus que le flux réel ne dépassera guère les 6-6,5 kW. Pire encore, si une autre voiture se branche sur l’autre prise T2 de la même borne, la puissance est divisée par 2.
Il faudrait donc de l’ordre de 22 heures de connexion dans ces conditions. Et ce, quelle que soit la puissance du chargeur du second véhicule. J’ai pu le constater en direct, en suivant à distance l’évolution de l’opération avec l’application smartphone : plus de 65 minutes avant l’arrêt, puis 110 minutes un quart d’heure après environ. Un deuxième VE venait bien d’être branché.
Calculons : 22 heures, ça fait 1 320 minutes, multipliés par 0,099 euro, ça donne 130,68 euros ! Ces 130,68 euros, c’est sans la commission que perçoit l’opérateur de mobilité au titre de l’itinérance. Avec Chargemap, on passe à 0,110 euro la minute, ce qui donne une facture totale TTC à 145,20 euros, pour approximativement 22 heures d’immobilisation.
Pour comparaison, retrouver 60 kWh sur une station d’autoroute Ionity coûterait, en incluant la commission Chargemap 60 x 0,752, soit 45,12 euros. Cent euros économisés en étant immobilisé 20 heures en moins ! Et même seulement 26,16 euros (60 x 0,436) en exploitant la borne tri-standard 50 kW DC/43 kW AC. Dans ce cas, et en raisonnant un peu par l’absurde, une charge lente chez MobiVE peut coûter 5,5 fois plus cher qu’une recharge rapide Ionity !
Dans le département breton où je réside, et toujours en jouant la carte de l’itinérance, les 60 kWh aurait été facturés 16,17 euros. En détail : 15,06 euros (60 x 0,251) auxquels s’ajouteraient 1,109 euro de part fixe. Soit 9 fois moins qu’à Libourne. Forcément, un électromobiliste en itinérance aura le sentiment d’être pris pour un pigeon et constatant ces plus de 130 euros supplémentaires.
Quand je séjourne dans la région, plus précisément à proximité du circuit de la Genétouze, j’ai l’habitude d’exploiter la borne tri-standard 50 kW DC/43 kW AC de Saint-Aigulin qui dépend aussi de MobiVE. Avec une puissance moyenne de 20 kW, et donc 180 minutes de connexion, il m’en aurait coûté 49,86 euros (180 x 0,277).
J’utilise le conditionnel, car cette borne est en panne d’écran tactile depuis fin juillet 2022. Et ce n’est pas la première fois, comme en témoigne un commentaire déposé en avril dernier sur le site Chargemap par un utilisateur : « N’a pas réussi à charger… Matériel défectueux… Encore l’écran tactile, impossible de pouvoir lancer une charge. C’est très grave, comme j’ai déjà dit c’est la seule à des kilomètres. Même Libourne n’a pas de charge CCS ».
J’avais pris connaissance de ces commentaires, mais je suis allé constater sur place. J’ai d’abord senti un sentiment de soulagement quand j’ai lu sur l’écran : « La borne est de nouveau en service ».
Ben non, justement ! L’écran tactile était toujours HS lors de mon passage le jeudi 13 octobre 2022 à Saint-Aigulin. J’ai appelé l’assistance qui a répondu au bout d’une dizaine de minutes. L’agent en ligne aurait pu me débloquer la recharge si je lui communiquais un numéro RFID, mais pas le CMP.
Encore le conditionnel, car il n’y en a pas sur mon Chargemap Pass de numéro RFID. Solution préconisée par mon interlocuteur : appeler d’abord l’assistance pour obtenir le code, puis à nouveau celle de MobiVE pour déclencher la recharge. Ce dernier coup de sans fil serait sans doute à renouveler pour arrêter l’opération.
Au total, combien de temps perdu au téléphone pour enfin repartir avec la batterie rechargée : 30 minutes ? 45 ? Davantage ? Sans compter le temps effectif du ravitaillement en énergie. Mais bon sang, changez-le cet écran, si vous voulez vraiment être crédible dans une démarche de soutien au développement de la mobilité électrique !
À noter que, comme nous le conseillons sur Automobile Propre, je ne recharge jamais à 100 % sur une borne en courant continu.
Au fait, 145,20 euros la recharge, ça fait combien pour 100 km ? Si on retient 400 km d’autonomie avec le Kia e-Soul, ce qui facilite bien les calculs, ça donne 36,30 euros. Pour comparaison, avec une version diesel du même modèle dans un millésime plus ancien, les utilisateurs font état d’une consommation moyenne de l’ordre de 7 litres de gazole pour 100 km.
Combien coûterait unitairement ce carburant pour 7 l à 36,30 euros ? Réponse : 5,18 euros. Concrètement, en conservant une facturation à la minute, dans certains cas, utiliser une borne 22 kW AC sur le réseau MobiVE reviendrait à devoir payer 5,18 euros le litre de gazole. Il n’y a que moi que ça choque !?
Remarquez, selon La Dépêche, une retraitée a bien réglé 120 euros pour un peu plus de 15 litres d’essence dans une station-service de supermarché au nord de Toulouse. Soit 7,77 euros le litre. Dans ce cas, l’électrique conserverait son avantage à l’usage ! Certes, le marché de l’énergie est sous tension, mais SVP MobiVE, revoyez-vos tarifs et passez à la facturation au kilowattheure !
À lire aussiEst-il risqué d’acheter une voiture électrique d’occasion ?Concrètement, ma voiture n’est pas restée 22 heures cours Tourny à Libourne le 8 octobre 2022, mais, en arrondissant, elle a été branchée 275 minutes, pour 20 kWh délivrés, et une facturation réelle en itinérance de 30 euros. Pour une consommation de 15 kWh/100 km, ça donne tout de même les 100 kilomètres à 22,50 euros. Et donc, en équivalence, un litre de gazole à 3,21 euros.
Des chiffres moins lourds, certes, mais seulement car la seconde voiture n’a été raccordée à la même borne qu’assez tardivement. Sinon, nous y serions vraiment, aux 36 euros les 100 km. À ces prix-là, qui veut rouler à l’électrique aujourd’hui ?
Au final, certains de mes trajets de la semaine ont été effectués avec un vieux Citroën Berlingo diesel ! Un comble pour moi qui roule en électrique depuis 15 ans et qui a déménagé déjà deux fois afin de réduire mes déplacements en pensant ainsi contribuer à la lutte contre le dérèglement climatique.
Dans une interview accordée aux Echos, Emmanuel Macron a indiqué concernant la recharge en France : « Aujourd’hui les prix restent raisonnables, nous allons nous assurer qu’ils le resteront ». À 145 euros le plein d’électrons pour effectuer 400 kilomètres, nous ne sommes pas dans le raisonnable justement.
Si les services du président de la République pouvaient jeter un œil par ici… et au besoin nous contacter pour d’éventuelles précisions.
Juste auparavant, il avait promis : « À partir de janvier 2023, nous allons aussi étendre le bouclier tarifaire aux bornes électriques, pour éviter des péripéties comme certains de nos voisins ». Nous livrons dans le présent article un exemple qui prouve le bien-fondé d’une telle mesure. En espérant que MobiVE retravaille sa copie avant cette échéance.
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