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Pour ceux qui veulent jouer la carte de la sobriété afin de rendre encore plus efficace la mobilité électrique, des startups proposent des véhicules intermédiaires entre le vélo et la voiture ou l’utilitaire léger. Ainsi le 9:23 de Midipile, une jeune entreprise charentaise dirigée par son fondateur Benoît Trouvé.
Si vous avez regardé lundi 9 décembre 2024 l’épisode intitulé « Voiture, avion, climat : peut-on encore voyager ? » de l’émission Le Monde de Jamy, sans doute vous rappelez-vous de l’essai de cet utilitaire bleu à assistance électrique avec de fines roues que le célèbre animateur dirigeait avec des manettes et en pédalant. C’est lui le 9:23 de Midipile. Pour preuve, le site Web développé dans les délais par l’agence 16h33.
Une question me trotte dans la tête, pourquoi ces noms ? « Il y a plein de sens cachés derrière Midipile », répond directement Benoît Trouvé. Le rapport horaire est déjà évident : « Nous estimons qu’il est l’heure de changer le paradigme de l’automobile. Quand on sait comment ça se passe dans les grands groupes, on ne peut pas rester indifférents aux conséquences de leur fonctionnement ».
L’urgence à s’adapter et à agir est même ressentie à travers le flot de paroles dense et rapide du dirigeant. La montre n’est pas le seul système à offrir un cadran à Midipile : « Il y a aussi l’idée d’une boussole. Pas la peine de regarder trop loin, mais plutôt revenir à des solutions simples, légères et durables. Nous sommes tous les habitants d’une planète qui n’est pas infinie. D’où l’importance de la réparabilité, de la durabilité et de l’emprise matière ».
Le nom 9:23 du modèle est à prononcer neuf heures vingt-trois : « C’est à la fois la suite de l’esprit de Midipile et par cohérence dans l’écriture avec les nombres qui désignent dans des séries les voitures de Peugeot et des marques allemandes. Au final, on a un nom un peu marrant qui marque les esprits et qui est capable de sortir de l’automobile. On va chercher un autre imaginaire pour la mobilité ».
Beaucoup pensent que la solution électrique permettra de simplement tout décarboner. Ce n’est pas le cas chez Midipile où l’on conçoit des engins légers qui demandent aussi un effort musculaire : « Il y a aujourd’hui 1,4 milliard de voitures sur la planète. Il est déjà impossible que ça dure ainsi. Il n’y a pas assez de ressources sur la Terre pour toutes les remplacer par des électriques. Ça demanderait de sortir du sol en 30 ans plus de matières premières que depuis l’Antiquité à aujourd’hui ».
La jeune entreprise implantée à Hiersac, à une quinzaine de kilomètres à l’ouest d’Angoulême, souhaite se positionner sur un créneau bien précis : « Notre clientèle cible, c’est le B2B, le transport de fret dans les centres-villes, en périphérie, et dans les sites industriels fermés, les hubs logistiques, les centrales nucléaires, etc. Aussi les commerçants, les artisans et des professions proches. Par exemple le plombier comme la sage-femme qui ont du matériel à transporter ».
À lire aussiSalon de l’Ademe à Laval : à la découverte des VÉhicules Légers IntermédiairesUne des originalités du système, c’est le caisson à l’arrière : « Le 9:23 est un quadricycle léger dont la vitesse est limitée à 45 km/h. Notre idée est de l’adapter au(x) métier(s) de l’utilisateur avec une bibliothèque d’équipements. Pour exemple, nous avons construit un caisson avec une tireuse à bières, le nécessaire pour le nettoyage des verres et une table dépliante ».
Cette cellule est prévue pour être interchangeable : « Ce qui permet le partage des activités avec un même véhicule, plutôt que d’en avoir plusieurs. Le 9:23 peut servir à différents usages dans la journée ou la semaine. Un même utilitaire peut faire de la livraison de colis du lundi au vendredi, et être sous-loué le week-end pour la dégustation de bières ou de glaces. Le potentiel de marché est énorme, mais nous avons choisi une première verticale pour ne pas nous éparpiller ».
Pas de modèle pour le transport de personnes dans un premier temps : « Nous nous concentrons effectivement sur le fret. Il serait bien sûr possible à partir du même châssis d’avoir une adaptation pour transporter une deuxième personne à l’arrière. En revanche, nous ne pourrions pas proposer une déclinaison pour un parent qui voudrait emmener ses deux jeunes enfants avec lui. C’est bien plus difficile à homologuer, à moins d’utiliser une astuce réglementaire : le concevoir comme un vélo à assistance électrique avec une vitesse limitée à 25 km/h ».
La réglementation est clairement dépassée face aux enjeux environnementaux et climatiques actuels : « Parce que la maison brûle, on nous demande de passer rapidement à autre chose. Ils ne nous restent que dix à vingt ans pour nous adapter, mais on se heurte à une inertie administrative. On hérite d’une situation réglementaire qui est extrêmement préjudiciable aux besoins. Les brides à l’innovation sont énormes ».
Lors de l’entretien, les explications de Benoît Trouvé autour de l’esprit Midipile font surgir des tas d’images, comme ce titre Beds are burning du groupe australien Midnight Oil : « On est obligés de rentrer dans des cases avec des coûts délirants pour les homologations, ce qui privilégie les structures à forte capitalisation. Ça fait quatre ans que je prends mon bâton de pèlerin. Les résistances sont fantastiques. Face aux monstres industriels, on ne fait pas le poids ».
Le modèle d’affaires que la jeune entreprise veut développer est celui de la location : « C’est l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, la location d’un service, le passage de main en main. Un véhicule peut rester une bonne partie du temps au parking. À partir de là, tout est envisageable, avec des fréquences basses ou très élevées de changement d’utilisateurs, et des modes d’organisation à développer ».
Le développement rapide et à grande échelle des Vélis (véhicules légers intermédiaires) nécessiterait des moyens qui dépassent souvent leurs constructeurs : « On pourrait espérer des syndicats mixtes qui géreraient la mise à disposition des véhicules aux utilisateurs dans toute la France. Ce qui permettrait de réduire le nombre de voitures en circulation. De quarante millions, le parc pourrait se déduire, par exemple, de moitié ».
Avant d’arriver à faire modifier les habitudes, les jeunes entreprises visionnaires doivent se faire connaître : « Nous sommes obligés de passer par une phase avec un modèle commercial classique. Dans un premier temps, il faut vendre, engager des projets, faire du flux. Ce n’est qu’après que l’on peut faire autrement. On n’arrivera pas à passer directement au modèle que l’on souhaite et qui est basé sur la location ».
Avec le même objectif, Midipile fait partie de l’association Aveli qui réunit en particulier les constructeurs de véhicules intermédiaires : « Nous sommes parmi les dix membres fondateurs. Le nombre est passé à une trentaine maintenant. Au départ, nous nous étions rencontrés dans le cadre de l’eXtrême défi mobilité de l’Ademe. Nous sommes engagés dans ce que l’on appelle une ‘coopétition’ ».
Le terme réunit les mots ‘Coopération’ et ‘Compétition’ : « À terme, nous savons que nous serons en compétition. Mais, pour développer un marché, communiquer, on a tout intérêt à coopérer. Si vous n’êtes pas visibles, vous n’existez pas. Avec Aveli, nous avons le moyen de diffuser notre plaidoyer pour le développement d’une filière ».
Pour Benoît Trouvé, les véhicules intermédiaires alignent les points positifs : « Avec l’automobile, on a perdu la conscience des risques et des impacts liés à l’usage, par exemple que la voiture peut tuer. Le 9:23 est un véhicule actif qui permet de se reconnecter. Rouler moins vite ne fait pas que seulement réduire l’empreinte carbone. Notre utilitaire est conçu pour être robuste, très intuitif à utiliser et adapté à toutes les morphologies ».
La location est aussi le moyen de faire durer les véhicules : « Tout est prévu pour que les pièces d’usure soient réparables et que nos véhicules soient en permanence remis en état. Ce que ne permettent pas les motorisations thermiques, contrairement à l’électrique. Au final, tout le monde y gagne. C’est plus rentable pour les constructeurs et moins cher pour les clients. Le modèle chinois jetable, ce n’est tout simplement pas possible : tout doit être réparable ».
Des mots déjà entendus de la part des dirigeants de Revolte, une entreprise que Benoît Trouvé connaît et qui vise une durabilité de cent ans pour les véhicules électriques : « Pourquoi changer de voiture tous les dix ans ? Derrière la batterie aussi, il y a de vrais enjeux : C’est quoi une batterie ? D’où vient-elle ? Quelles sont ses prestations ? Comment elle se répare ? C’est un élément important sur lequel nous passons beaucoup de temps ».
L’essai en 2023 du 9:23 par Jamy a laissé des traces chez Midipile : « Ça fait toujours plaisir de le voir, surtout quand il a hanté notre jeunesse. Ça a été une rencontre forte à l’époque et c’est maintenant un souvenir incroyable. Nous ne savions pas à l’avance qu’il passerait. Nous lui avons confié nos convictions qu’il a valorisées ».
À lire aussiInterview – Jamy : « ma prochaine voiture sera électrique »Dans l’épisode intitulé « Voiture, avion, climat : peut-on encore voyager ? », les téléspectateurs ont pu voir le célèbre animateur manipuler les manettes de l’utilitaire léger : « Il y en a une gauche et l’autre à droite, que l’on monte ou descend, à la manière des commandes sur un chenillard. On trouve le même système dans les vélos couchés avec lesquels on évite de faire porter tous le poids du corps sur les fesses. Notre poste de pilotage est ainsi plus confortable et plus ergonomique ».
Ce choix n’est-il pas de nature à effrayer ceux qui n’ont jamais approché un tel équipement ? « C’est un coup à prendre. Cet élément peut au départ être perçu comme dissuasif et les gens peuvent se demander ‘Qu’est-ce que c’est que cette bête-là, est-ce que je vais pouvoir la conduire ?’. C’est une propriété qui est guidée l’usage et l’on s’y fait très bien ».
En 2025, Midipile va lancer la location sur une durée maximale d’un mois, comprenant la livraison puis l’enlèvement du 9:23, la formation à la prise en main, l’assistance, etc. : « C’est notre modèle d’offre pour commencer. Au bout de l’expérimentation, les utilisateurs auront le choix entre nous rendre le véhicule ou l’acheter. Dans le premier cas, ils ne feront que s’acquitter du montant de la location ? Ce dernier sera en revanche déduit du prix d’achat pour ceux qui voudront conserver le 9:23 ».
Dès 2026, l’offre commerciale standard sera disponible avec la possibilité de louer le véli Midipile sur une période minimale de 24 mois : « Notre carnet de commandes est déjà plein pour l’année prochaine, mais pas encore pour 2026. La montée en cadence est un moment compliqué à gérer et qui demande de l’investissement. Il vaut mieux produire moins que ce qui peut être placé. Si ce n’est pas assez, on peut investir davantage et grossir. Trop produire peut conduire à la mort de l’entreprise ».
Benoît Trouvé a observé : « Au lancement d’un nouveau modèle de véhicule, les constructeurs ont souvent l’impression qu’ils vont pouvoir vendre bien plus que ce qui se fera dans la réalité. Environ 90 % des projets sont surcalibrés dans l’automobile. C’est ce qui a provoqué par exemple la disparition des Mia et des Renault Twizy ».
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Benoît pour son accueil, sa disponibilité et son témoignage que nous avons sollicité. Un grand merci également à Constance Blanchard, responsable du marketing et de la communication chez Midipile, qui a organisé l’entretien téléphonique
Pour rappel, toute contribution désobligeante à l’encontre de nos interviewés, de leur vie, de leurs choix, et/ou de leurs idées sera supprimée. Merci de votre compréhension.
Philippe SCHWOERER
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