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« Les émissions polluantes des véhicules à moteur thermique provoquent des milliers de décès prématurés en Europe et sont responsables du quart des émissions de gaz à effet de serre. Le secteur des transports est aussi le seul dont les émissions continuent à croître au cours des dernières années. Des mesures urgentes et fortes doivent être prises » s’alarme Bruno Claessens, président de l’association AMPERes.be qui fédère les électromobilistes en Belgique francophone. Et il n’y va pas par quatre chemins : « Comme pour le tabac, interdisons la publicité pour ces voitures ». Automobile-Propre l’a rencontré.
Le Parlement et le Conseil européens se sont récemment accordés sur un objectif de réduction des émissions de 37,5 % pour les voitures neuves d’ici à 2030. En parallèle, une dizaine de pays européens ont décidé d’interdire à terme la vente de véhicules neufs à moteur diesel ou essence. Suivant les pays, les échéances s’échelonnent entre 2025 (pour la Norvège) et 2040 (pour la France notamment).
Mais pour Bruno Claessens et l’association AMPERes.be « les grands constructeurs automobiles et le lobby pétrolier s’opposent à ces objectifs qui nuisent à leurs intérêts. Leurs campagnes publicitaires incitent au contraire les automobilistes à rouler dans des voitures toujours plus grosses et plus puissantes, donc plus énergivores. La mode des SUV est une belle illustration de cette tendance. Le « dieselgate » et les falsifications de tests dont plusieurs grands constructeurs automobiles se sont rendus coupables montrent qu’ils peuvent être capables de tout pour continuer à vendre un grand nombre de véhicules polluants ».
Des marques comme Volkswagen, Renault ou Hyundai montrent pourtant une réelle volonté de développer une alternative électrique. N’êtes- vous pas trop sévère avec ces constructeurs ?
« Ils sont obligés de développer des modèles électriques pour ne pas risquer de payer de grosses amendes à partir de 2022. Certains ont pris du retard et doivent conclure des alliances comme on le voit avec Fiat. Mais allez dans une concession et demandez des infos sur les modèles électriques. De nombreux vendeurs vous déconseilleront ce choix. Ou alors vous serez découragés par les délais de livraison annoncés. Pour certains modèles électriques, vous devez patienter plus d’un an. Voyez les chiffres de vente : à l’exception de la Norvège on ne peut pas dire que les ventes de modèles électriques explosent … elles sont au contraire anecdotiques dans beaucoup de pays. Il est clair que d’ici 2021 les constructeurs n’ont pas intérêt à vendre beaucoup de modèles électriques car ce seront les émissions moyennes de leurs ventes en 2021 qui serviront de base au calcul des réductions pour les années suivantes. Si aucune mesure concrète n’est prise pour atteindre progressivement mais sûrement l’objectif européen d’une réduction de 37,5 % des émissions en 2030, les constructeurs et le lobby pétrolier seront gagnants et parviendront à repousser les échéances ».
Pourtant de plus en plus de gens semblent prendre conscience des enjeux climatiques. Ils sont nombreux à se mobiliser : les manifestations pour le climat se succèdent et s’amplifient un peu partout. Comment expliquez-vous alors le peu d’intérêt pour les voitures « propres » ?
« Il y a un grave problème de désinformation opérée par les médias au sujet des voitures électriques. Cette désinformation est parfois involontaire, c’est-à-dire que de nombreux journalistes ne se donnent pas la peine, faute de temps, de vérifier leurs sources et d’aller chercher les informations objectives et fiables. Ils répètent stupidement des lieux communs, et contribuent à consolider les idées toute faites et autres rumeurs infondées sur les voitures électriques. Résultat : un grand nombre de citoyens est à présent convaincu que la voiture électrique présente un bilan carbone égal, si pas pire, que celui de la voiture thermique. Que ces voitures sont bourrées de terres rares, exploitées dans des conditions environnementales déplorables. Et que, par-dessus tout, elles émettent autant de particules fines qu’un bon vieux diesel ! Et puis elles sont trop chères, leur autonomie est trop faible et il n’y a pas assez de bornes … Enfin c’est du moins ce que beaucoup de gens croient toujours. Nous avons longtemps pensé que la vérité scientifique finirait par prendre le dessus et s’imposer aux fake news et aux contre-vérités diffusées à grande échelle. Mais nous constatons au contraire que chaque fois qu’une étude scientifique sérieuse atteste du bilan carbone favorable des voitures électriques, les lobbies redoublent d’effort pour affirmer le contraire et pour démolir l’image des voitures électriques. Nous sommes maintenant persuadés que ces mauvaises informations, qui sont pléthore, sont souvent le résultat d’une désinformation orchestrée très sciemment par les lobbies des constructeurs automobiles et des pétroliers. Et cette désinformation est bien volontaire. Alors quand les campagnes publicitaires continuent à vanter les performances de leurs modèles polluants tout en essayant de faire croire qu’ils polluent de moins en moins, il est difficile d’inverser la tendance. Regardez les pubs : elles jouent sur les émotions, la séduction, elles visent à susciter l’envie. C’est une des raisons qui nous ont conduit à lancer cette campagne visant à faire interdire la publicité pour les voitures à moteur thermique ».
Revendiquer une interdiction, ce n’est pas très positif comme message … Les gilets jaunes vont hurler !
« Nous ne demandons pas d’interdire l’utilisation de ces voitures, seulement la publicité qui est faite pour inciter les gens à les acheter. Cela ne coûtera rien à personne. L’usage de ces voitures est tout aussi néfaste pour la santé que l’usage du tabac. Nous savons que les émissions des moteurs à combustion des véhicules engendrent d’importants problèmes de santé et provoquent chaque année 750.000 décès prématurés dans le monde. En Belgique, une étude menée par Inter-Environnement-Wallonie montre que plus de 2.000 décès prématurés sont imputables aux émissions de particules fines et d’oxydes d’azote des véhicules thermiques. Leurs gaz d’échappement sont en outre l’un des principaux responsables des changements climatiques et par conséquent des catastrophes meurtrières qu’ils engendrent déjà : sécheresses, famines, incendies, inondations, ouragans et cyclones, … Personne ne s’oppose à l’interdiction de la publicité pour le tabac, cette mesure fait l’unanimité. Alors pourquoi n’en serait-il pas de même pour l’usage de véhicules tout aussi nuisibles, si pas plus, quand on pense aux conséquences à long terme des changements climatiques ? ».
De nombreuses villes comme Amsterdam, Paris, Londres ou Bruxelles ont déjà annoncé qu’à terme leurs centres-villes seraient interdits aux véhicules diesel et à essence. Une telle mesure n’est-elle pas plus concrète et plus efficace ?
« Justement, puisque ces véhicules seront interdits en de nombreux endroits dans quelques années, trouvez-vous normal que la publicité continue à inciter les gens à les acheter ? La mesure que nous proposons ne nécessite aucun budget et ne lésera personne : chacun pourra toujours acheter le véhicule qui lui plaît. L’interdiction similaire qui frappe la publicité pour les cigarettes montre qu’il n’est pas nécessaire de déployer un arsenal législatif compliqué : il suffirait de se calquer sur les lois qui interdisent la publicité pour le tabac. Une telle décision serait un signal fort et ferait comprendre à chacun que l’usage des véhicules à moteur thermique est néfaste pour le climat et la santé. Nous pensons qu’elle pourrait progressivement engendrer une conscientisation et un changement de comportement des citoyens et les faire réfléchir. Pour leurs déplacements, ils seront petit à petit incités à choisir des modes alternatifs : transports en commun, vélo, marche, … Ceux qui ne peuvent pas se passer de voiture, pour différentes raisons, pourront plus vite être enclins à utiliser une voiture électrique, si possible en auto-partage ou en co-voiturage ».
Vous pensez que vous serez entendus ? Vous parliez de lobbies … ils risquent de ne pas trop apprécier votre démarche. Ne vont-ils pas réagir durement ?
« Nous lançons l’idée, mais nous ne sommes pas naïfs : nous savons bien que tout le monde ne va pas applaudir. Le lobby des cigarettiers était très fort également et pourtant l’interdiction de la publicité pour le tabac a fini par s’imposer. J’observe que la proposition de taxer le kérosène des avions rencontre aussi de plus en plus d‘adeptes y compris dans certains partis politiques alors que le lobby des compagnies aériennes est très puissant lui aussi et qu’il n’y a pas si longtemps tout le monde semblait dire qu’il n’était pas possible d’adopter une telle mesure. Nous espérons bien que notre proposition rencontrera un écho dans les organisations et associations qui militent pour les mêmes objectifs que les nôtres : une mobilité durable et responsable. Nous avons déjà noué des contacts avec quelques-unes de ces organisations en Belgique et ils sont positifs. Certaines nous ont déjà assuré leur soutien. Il y a en France plusieurs associations d’utilisateurs de voitures électriques : nous leurs lançons un appel et nous espérons qu’ils relayeront notre campagne dans leur pays ».
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