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Depuis sa création en 1950, la Formule 1 a toujours été la vitrine des nouvelles technologies automobiles. C’est la discipline où les affrontements entre ingénieurs dans les stands, rivalisant dans la conception de systèmes à la limite des règlements, sont aussi suivis que les passes d’armes des pilotes sur les pistes.
La F1 a vu naître bon nombre d’innovations qui sont aujourd’hui dans nos véhicules : turbos, appendices aérodynamiques, principes d’injections… Elle est aussi considérée par les associations écologiques comme « l’archétype de l’aberration écologique » par ses excès de vitesses et de consommations de carburants.
Pour rapprocher ces deux visions, la Fédération Internationale Automobile (FIA) a annoncé cette semaine qu’elle maintient sa décision d’imposer des moteurs 4 cylindres à la discipline reine des sports mécaniques dès 2013.
À partir de 2013 donc, les Formules 1 seront motorisées par des blocs de cylindrée de 1,6 Litres turbo à forte injection directe (jusqu’à 500 bars), bridés à 12000 tours/min. Aujourd’hui, les moteurs de la catégorie sont des 8 cylindres en V de 2,4 Litres, atteignant les 19 000tours/minute et développant entre 700 et 800 chevaux…
Ces chiffres ne parleront sans doute pas aux néophytes, mais cela revient à passer d’un type de moteur de Ferrari, de Mercedes ou de BMW sportive à un moteur de … 308, Clio ou C4 ! Le changement peut être perçu comme radical !
Les nouveaux moteurs permettront « une réduction 35% de consommation d’essence », introduiront des « systèmes avancés de contrôle et de récupération de l’énergie (système de récupération d’énergie au freinage KERS déjà mis en place) », « tout en maintenant les niveaux de performance actuels », affirme la Fédération . On notera que la consommation d’une F1 actuelle se situe autour de 100L au 100 km ! « Cette nouvelle spécification de moteurs pour 2013 souligne l’engagement de la FIA à lutter pour le développement durable et à répondre aux besoins de l’industrie automobile ».
Bien que Jean Todt, le président de la FIA, annonce ces nouveaux moteurs comme ayant une puissance quasi équivalente à ceux utilisés actuellement, sa réforme suscite des réactions bien différentes selon les points de vues.
D’un premier coté, cette nouvelle règle autour d’un moteur plus simple et moins « noble », permet une réduction des coûts, permettant ainsi à un plus grand nombre de concurrents de rentrer dans la compétition. Aussi, dégager une image plus « verte » tout en restant synonyme de hautes performances, pourrait aussi inciter le retour de certains constructeurs de premier plan comme Honda, Toyota ou BMW ayant renoncé il y a quelques années, tant pour raisons financières que pour des raisons d’image de marque et de préoccupations écologiques…
Pour Bernie Ecclestone, grand « patron » de la formule 1, mais qui reste soumis aux règles dictées par la FIA, la volonté de cette dernière de surfer sur la vague écolo-médiatique en imposant à la F1 ce genre de contrainte va tout simplement la dénaturer, « lui faire perdre son âme », et faire disparaître le rêve qu’elle représente.
Deux principales cibles : le moteur 1,6L turbo, pas assez noble et à la sonorité quelconque (le moteur de la voiture de M. Tout-Le-Monde ne fait pas rêver…) et le système hybride de récupération d’énergie KERS : « Il a coûté horriblement cher et je ne sais pas ce qu’il a prouvé. Je ne pense pas que quelqu’un sache ou se soucie de quoi il s’agit ou de ce qu’il fait. Tout cela m’énerve ».
Le manque de noblesse d’un « banal » quatre cylindre est aussi un des arguments à charge de 3 des 4 motoristes qui concourent dans le championnat actuel de F1, et pourrait même les amener à quitter la discipline alors qu’ils en sont des acteurs historiques. Et dans ce cas, ce ne serait pas de minces pertes …
Le premier est l’emblématique Ferrari. Le problème est qu’il n’y a pas de possibilité de faire un quelconque lien avec ses moteurs de série qui sont tous plus « gros » ! Pardon, d’une cylindrée plus développée… (de 8 à 12 cylindres). Dans ce cas, la F1 ne représente plus la même vitrine commerciale et d’autres disciplines automobiles seraient ravies d’accueillir la marque au cheval cabré et ses prestigieux moteurs…
Le second est Mercedes, pour qui le problème est le même puisque la firme a l’étoile ne fabrique pas de moteurs 4 cylindres non plus. Norbert Haug, patron de Mercedes Racing, fait un comparatif amusant et nous rappelle que la F1 n’est pas une discipline qui peut être totalement propre : « Ce qui est fascinant en Formule 1, c’est que c’est rapide, bruyant, et à la limite. Nous pouvons discuter des initiatives écologiques, mais la Formule 1 doit être axée sur la technique. Si vous voyagez de l’Europe au Japon dans un 747, vous utiliserez plus de carburant que toute une saison de F1. Nous devons regarder les choses dans leur ensemble ».
« Nous devons être conscients que nous construisons les voitures les plus propres possible. Les moteurs seront réduits en 2013 car la consommation d’essence doit baisser et nous devons diminuer les émissions de CO2. Mais nous ne devons pas penser qu’un moteur de 700 chevaux va en faire la voiture la plus verte qui soit. »
Le troisième est Cosworth, entité de compétition rattachée en partie à Ford. Là, les actionnaires doutent même d’avoir la capacité de produire un 4 cylindres, par manque de compétences des équipe internes (habituées à de plus gros moteurs – un comble !) et surtout par manque d’outillages et de moyens de fabrication.
Finalement , le seul motoriste enthousiaste à l’idée de fabriquer ces moteurs 4 cylindres, c’est le dernier : Renault ! Et ça tombe bien, les 4 cylindres, c’est sa spécialité ! Pour Bernard Rey, président de Renault Sport, ex-président de l’écurie Renault F1, « Le rôle de la F1, c’est d’anticiper, de valider les définitions techniques et de faire en sorte que la connaissance de la performance de ces produits soit préparée quand ils arrivent sur les véhicules de série ». « Il y a un lien direct avec les motorisations qui apparaîtront très prochainement sur nos véhicules » : le problème, c’est que c’est le seul motoriste qui peut l’affirmer…
La partie s’annonce donc serrée du côté de la FIA et de son président, Jean Todt, pour contenter tout le monde : « Si je parle avec Renault, ils disent que si nous n’introduisons pas ce moteur pour 2013 ils quitteront la Formule 1. Si je parle avec Mercedes et Ferrari, ils me demandent de retarder l’introduction de quelques années. Ils ne sont pas contre les règles, ils veulent juste qu’elles soient reportées ».
Mais un avenant à cette règle pourrait régler pas mal de problèmes. Il s’agit d’introduire une « équivalence » de moteurs : la base du moteur 4 cylindres, qui réduit la consommation de carburant de 35%, est définitivement approuvée. À partir de ces performances de référence, on peut développer des 6, voire 8 cylindres avec les mêmes caractéristiques techniques, dans des conditions encore à établir et qui seront débattues dans les prochains mois, décisifs pour l’avenir de la discipline… En attendant, les équipes s’impatientent déjà : Éric Boullier, team principal de Lotus Renault GP, a récemment demandé à ce qu’une décision soit prise rapidement pour que chacun puisse se préparer sereinement.
Aujourd’hui, « l’introduction officielle est prévue pour 2013, mais si nous trouvons suffisamment de raisons, il pourrait y avoir un report. Mais à l’heure actuelle, l’introduction aura lieu en 2013 » a conclu Jean Todt.
Une F1 avec 4 cylindres, perdant le miaulement des moteurs en fin de ligne droite et rompant avec la traditions des V8, V10 voire V12 historiques : est ce que l’âme même de la compétition qui se veut la plus rapide et la plus avancée technologiquement du monde automobile n’est pas déjà atteinte ? Et peut on déjà parler d’une discipline « verte » quand les objectifs de consommation sont fixés à 65L au 100km ? À suivre dans les prochains mois !
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