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Lancé début 2012, le Renault Twizy n’a jamais été amélioré depuis. Le curieux quadricycle électrique n’a pas non plus connu le succès qu’il aurait mérité. Il a pourtant des atouts, exploités par un réseau d’autopartage en libre-service à Marseille. Nous avons loué un exemplaire pour un essai d’une quarantaine de kilomètres en zone urbaine et péri-urbaine.
Il a surpris, étonné, attiré la curiosité lors de sa commercialisation il y a plus de sept ans. Depuis, le Renault Twizy peine à trouver des clients en Europe. Environ 22.000 exemplaires ont été produits dans l’usine de Valladolid en Espagne. Trop cher et pas assez abouti pour le marché occidental, il semble toutefois séduire le continent asiatique. Au premier semestre 2019, 83% des ventes ont été conclues en Corée du Sud, où la production y est délocalisée.
Un regret pour cet ovni électrique conçu en France, qui aurait peut-être connu le succès si Renault ne l’avait pas abandonné au fil du temps. Si les ventes sont anecdotiques dans l’hexagone, elles ont été portées par le déploiement de « Totem Mobi », un réseau d’autopartage en libre-service et free-floating à Marseille. Le service y propose plus de 200 Twizy, loués via une application smartphone moyennant environ 1,5 euro par réservation puis 1,5 euro par quart-d’heure d’utilisation. Moins cher que les trottinettes électriques partagées, le service revendique plus de 12.000 utilisateurs.
Nous l’avons emprunté pour tester le Renault Twizy version « 80 », accessible avec le permis B et limité à 85 km/h. Une déclinaison sans permis bridée à 45 km/h existe également, mais elle est bien moins répandue. Après l’avoir démarré via le bouton spécifique aux véhicules en autopartage, nous partons en direction de la route de la Gineste, qui relie Marseille à Cassis. Le Twizy est chargé à 100% soit 54 km d’autonomie selon le très sommaire tableau de bord LCD. Ce dernier n’affiche que cinq données : la vitesse, la batterie restante sous forme de segments, l’autonomie, l’heure et un indicateur de puissance et régénération. Nous disposons de la totalité des 6,1 kWh du pack lithium-ion 52 volts qui équipe le quadricycle. Suffisant pour boucler les 43 km du trajet aller-retour.
Son rayon de braquage de 3,4 m est particulièrement apprécié pour quitter le stationnement. Une maniabilité hors-normes qui en fait son principal atout, avec ses dimensions réduites : 2,34 m de long, 1,24 m de large et 1,45 m de haut. S’il ne peut pas se faufiler entre les voitures dans un embouteillage à l’image des scooters, le Twizy se rattrape grâce à son gabarit. Il est possible d’en garer trois côte-à-côte sur un emplacement dédié à une seule voiture. Pratique en ville, où le stationnement est de plus en plus limité. On retrouve d’ailleurs de nombreux Twizy parqués dans de minuscules espaces entre deux véhicules à Marseille.
Un avantage qui équilibre un peu la longue liste des inconvénients du quadricycle. Le modèle que nous utilisons est équipé de portières papillons, disponibles uniquement en option à 590 euros. Il n’a pas de fenêtres, elles aussi en option à 345 euros. Un problème lors d’intempéries, qui peut rendre le Twizy très inconfortable à utiliser. Il n’est pas rare d’en trouver remplis d’eau, de feuilles mortes et d’ordures lorsqu’ils sont garés sur la voirie.
Ces équipements pourtant basiques viennent alourdir le prix du Twizy 80, déjà élevé : 10.700 euros pour la finition « Life » d’entrée de gamme, batterie incluse. Avec la location de batterie (30 à 70 euros par mois selon le kilométrage), son tarif passe à 8240 euros. Le quadricycle ne peut pas bénéficier du bonus écologique de 6.000 euros alloué aux voitures électriques, mais peut prétendre à un rabais de 900 euros, spécifique aux quadricycles électriques depuis le 1er janvier 2018.
Dépourvu de ventilation, climatisation et chauffage, le Twizy peut aussi décourager en plein hiver ou lors de canicules. Le jour de notre essai, le mercure affichait environ 35 degrés. Une température supportable en mouvement lorsque l’air traverse l’habitacle mais désagréable à l’arrêt. La période estivale reste cependant la plus appropriée à l’utilisation du quadricycle. La conduite est amusante, on s’y sent en vacances à son volant. Peut-être un peu moins sur la place passager en tandem, très étroite et confinée, l’expérience est moins confortable.
D’autant que les suspensions du Twizy sont faibles. Les chocs et vibrations se ressentent fortement, particulièrement au passage d’un dos-d’âne et sur une route au revêtement usé. Il faut maîtriser sa vitesse pour ne pas heurter le plafond avec son crâne. La tenue de route hésitante et le freinage sans ABS ni assistance n’incite de toute façon pas à rouler vite. La pression sur la pédale de frein doit être franche pour ralentir normalement. Heureusement, le frein moteur régénératif est assez puissant et freine naturellement le véhicule à l’instant où on lève le pied de l’accélérateur. Sur la descente du col de la Gineste, il nous faut parfois accélérer pour conserver l’allure.
En montée, le Twizy 80 ne montre aucun signe de faiblesse. Avec son moteur électrique de 17 ch (12,5 kW) et 57 Nm de couple, il accélère sans problème même dans les côtes affichant 8% et dépasse plusieurs scooters à bout de souffle. Une performance satisfaisante, qui rend la conduite plus rassurante en évitant la création d’une caravane de véhicules derrière soi. La consommation est cependant élevée. Sur notre parcours de 43 km, nous avons franchit 5 km de côtes. En conséquence, la consommation moyenne estimée s’est élevée à environ 10 kWh/100 km. Une valeur haute pour un véhicule de 473 kg.
Utilisé intensivement et victime du vandalisme, notre Twizy présente quelques défauts. Le pare-choc avant est endommagé, tout comme l’un des deux rétroviseurs et un garde-boue arrière. Un élément de la carrosserie manque également. Si les clients et passants malveillants n’aident pas, la conception du véhicule est aussi à l’origine de sa fragilité. Les tôles et nombreux éléments plastiques ne paraissent pas solidement fixées. Elles s’entrechoquent en faisant beaucoup de bruit à la moindre aspérité de la route. Un environnement sonore bruyant que l’on doit aussi au moteur placé à l’arrière. Le son rauque qu’il émet lors des accélérations est peu perceptible depuis l’extérieur mais nettement présent dans l’habitacle. Il rappelle celui d’une voiture électrique télécommandée.
A notre retour au terme d’un trajet de 43 km, le Twizy affiche 34% d’autonomie restante. Nous le branchons sur une prise renforcée placée en extérieur, où le véhicule peut charger de 0 à 100% en 3h30 selon Renault. Une puissance très limitée, qui ne dépasse pas 1,8 kW. Nous avons consommé environ 4 kWh sur les 6,1 de la batterie en roulant à une vitesse moyenne de 30,4 km/h. Sur l’itinéraire urbain et péri-urbain vallonné que nous avons réalisé, l’autonomie totale du Twizy est donc d’environ 65 km, loin des 100 km promis par le constructeur. Il est toutefois très probable qu’il puisse atteindre les 80 km d’autonomie en milieu purement urbain en adoptant une conduite tranquille.
La location d’1h25 nous a été facturée environ 10 euros par la société d’autopartage, sous forme de « tokens » (un token équivalent de 1 à 2,7 euros selon la formule choisie). Un tarif raisonnable, d’autant que la recharge est gratuite. Un plein nous aurait coûté environ 0,90 euros en chargeant à domicile. On déplore cependant le mauvais état du véhicule emprunté. L’entretien est un réel défi pour Totem Mobi, qui répare comme elle peut les nombreux Twizy malmenés par les comportements inadaptés des utilisateurs, le vandalisme et les intempéries. Il est courant de croiser des quadricycles aux rétroviseurs arrachés, la batterie 12v vidée par les feux de détresse activés par des passants malveillants, utilisés comme cendriers ou poubelle ou les portières dégondées.
Pertinent pour l’autopartage, le Twizy aurait mérité une belle mise à jour. Nous aurions apprécié à minima la présence de portes et fenêtres verrouillables de série ainsi qu’un système de freinage amélioré et des suspensions plus souples. En option, une pompe à chaleur pour le chauffage et la climatisation, un autoradio et un tableau de bord plus lisible affichant davantage d’informations. Une batterie de 10 kWh accompagnée d’un moteur plus silencieux permettrait également au Twizy de séduire davantage de clients, à condition de maîtriser son prix.
La niche du quadricycle électrique, apparemment délaissée par Renault, est pourtant intéressante. Seat a dévoilé il y a quelques mois un concept similaire baptisé « Minimo ». La Lycar E-Road, une copie pâlotte du Twizy fabriquée en Chine est aussi disponible en ligne. En version sans permis, un Twizy amélioré aurait certainement le potentiel de concurrencer les désormais populaires voiturettes à essence. S’il nous a globalement satisfait sur le trajet que nous lui avons fait subir, le quadricycle électrique laisse une impression d’inachevé. Espérons que Renault nous surprenne après la délocalisation de la production, en dévoilant une version modernisée du Twizy.
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