En Isère, les bus scolaires passent du diesel à l'électrique grâce au rétrofit

Un ancien Iveco Crossway diesel Euro 6 de 2015 converti à l’électrique par Retrofleet a été officiellement inauguré le 16 novembre 2023. Deux autres le rejoindront pour le transport scolaire dans le réseau Ruban de la communauté d’agglomération Porte de l’Isère.

Iveco Crossway : Star du rétrofit

La législation française est devenue plus permissive en avril 2020 concernant la conversion des véhicules essence ou diesel en électrique à batterie ou à pile hydrogène. Plusieurs entreprises sont désormais spécialisées dans le rétrofit. Parce qu’ils sont susceptibles de rouler longtemps, les camions, autobus et autocars figurent parmi les engins routiers les plus intéressants à modifier.

Les procédures d’homologation sont coûteuses, ciblant à l’origine parfois même une seule version d’un véhicule avec un kit précis. Ce qui explique que la transformation est plus facilement rentabilisée avec des modèles courants. L’Iveco Crossway est justement très répandu en France.

Il est particulièrement présent dans les ateliers français pour des conversions très variées : électrique à batterie, électrique à pile hydrogène, thermique hydrogène et thermique GNV/bioGNV. La communauté d’agglomération Porte de l’Isère (Capi) a choisi l’offre de Retrofleet pour une conversion électrique à batterie.

Prototype opérationnel et premier de série

Bourgoin-Jallieu, Four, L’Isle d’Abeau et La Verpillière comptent parmi les 22 communes qui composent la Capi et dans lesquelles les trois autocars électrifiés et opérés par Keolis sont susceptibles de circuler pour prendre en charge les élèves.

La collectivité communique sur le fait que l’exemplaire inauguré mi-novembre serait le « tout premier car rétrofit de France ». Retrofleet a pourtant livré en juin dernier à Transdev un Iveco Crossway qui est aujourd’hui déjà en service scolaire depuis septembre dans le secteur d’Amboise (37). Nous avons donc interrogé Emmanuel Flahaut à ce sujet. Il est à la tête de l’entreprise localisée à Paris mais aussi en Savoie à Saint-Hélène-du-Lac.

« Ces deux autocars sont jumeaux. Celui livré en Indre-et-Loire était notre prototype. C’est lui qui nous a permis de décrocher l’homologation en août dernier. L’exemplaire qui vient d’être inauguré en Isère est notre tête de série ».

Pour une autonomie sur le terrain comprise entre 150 et 200 km, les deux autocars ont en commun un moteur d’une puissance de 250 kW alimenté par une batterie lithium-ion d’une capacité énergétique de 192 kWh et garantie 7 ans : « Nous sommes concepteurs et producteurs en France des batteries que nous installons, ce qui nous permet de gagner en agilité ».

Convertir une flotte pour un coût allégé

Emmanuel Flahaut s’amuse en annonçant une particularité de la recharge sur les Iveco Crossway modifiés par Retrofleet : « Nos autocars embarquent des chargeurs de Renault Zoé pour le 22 kW AC. Ce qui surprend souvent, mais ils sont tout à fait adaptés à l’usage. En courant continu, la puissance peut grimper jusque 120 kW ».

A part les flocages « Electrique, grâce au rétrofit ! » en grand à l’arrière et « Roulons en mode branché ! », rien ne permet d’identifier de l’extérieur la transformation. Le connecteur CCS est caché par l’ancienne trappe d’accès au bouchon du réservoir de gazole. L’espace intérieur a été conservé, et le poids du véhicule rétrofité est très proche de celui du modèle d’origine.

Chacun des trois autocars devenus électriques a coûté à la Capi environ 200 000 euros. Même un modèle branché chinois neuf comme le Yutong ICe 12 est affiché à plus du double La solution proposée par Retrofleet permet de convertir progressivement une flotte d’autocars avec un budget bien moins lourd et un impact carbone très léger du fait de la seconde vie des véhicules.

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Bientôt des camions convertis par Retrofleet

Le carnet des commandes commence à se noircir chez le spécialiste du rétrofit : « Nous avons une dizaine de livraisons à effectuer en bonne partie avant la fin de l’année. Nos Iveco Crossway rétrofités sont attendus un peu partout en France. Les prochains iront à Marseille, Toulouse, en Nouvelle-Aquitaine, dans le Centre-Val-de-Loire et dans les Côtes-d’Armor pour un service vers le Mont-Saint-Michel. Pour l’année prochaine, nous attendons une centaine de commandes ».

Retrofleet se réjouit d’avoir pu parvenir à faire homologuer son kit pour poids lourds de 19 tonnes : « Grâce à lui, nous allons permettre de décarboner à moindre coût la mobilité. Le rétrofit est un marché à part entière. Avec notre kit 19 tonnes, nous allons maintenant nous attaquer au transport de marchandises ». A noter que le gouvernement tend à alléger la réglementation afin de booster en France la conversion des véhicules thermiques pour les faire fonctionner avec des énergies alternatives.