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Faute de courage politique et de réforme fiscale à la hauteur des enjeux, l’hémorragie « tout gazole » continue de sévir toujours un peu plus, mois après mois, année après année. Après avoir expliqué à plusieurs reprises les aberrations multiples de la fiscalité française sur les carburants automobile, je vous propose aujourd’hui de faire un zoom sur ces automobilistes qui faute de choix et de moyens sont en trains de devenir les nouvelles victimes du « tout gazole ». Explications.
Lorsque l’on parle de mobilité individuelle, il y a une dimension fondamentale trop souvent oubliée à l’origine du sentiment de liberté, de plaisir ou de découverte : la notion de choix.
Hélas, pour beaucoup d’automobilistes, avoir le choix est loin d’être une évidence malgré une offre véhicule toujours plus diversifiée de la part des constructeurs.
Prenons l’exemple de ces ménages modestes pour qui l’acquisition d’une voiture peut difficilement être autre chose qu’un véhicule acheté d’occasion à petit prix. Il y a quelques années de cela, les ménages en question roulaient en Renault clio I, Peugeot 205/309/405, Renault 19/21, Citroën AX/BX/ZX, etc… Des voitures qui même en version haut de gamme avaient le mérite d’être relativement bon marché à entretenir pour peu que leur propriétaire prenne soin d’assurer l’entretien minimum requis.
Les années passant, le parc automobile d’occasion s’est progressivement renouvelé pour laisser place aujourd’hui à des véhicules modernes – en majorité Diesel – beaucoup plus technologiques que les véhicules conçus dans les années 80/90. Des véhicules contenant une part importante d’électronique, aussi bien pour la partie moteur que pour la partie habitacle.
La conséquence directe de cette montée en gamme, c’est le coût significativement supérieur du poste entretien à l’usage. Surtout passé un certain âge. Bien aidé par une fiscalité très avantageuse (TVTS, bonus-malus, ficalité gazole, etc…) le parc roulant s’est massivement diéselisé au point de réduire l’offre en véhicule d’occasion à des motorisations quasi exclusivement Diesel pour de très nombreux modèles. De fait, les ménages modestes qui roulent peu, se retrouvent à acheter d’occasion à bas prix des véhicules Diesel1 inadaptés à leurs besoins. Sans nécessairement avoir conscience des coûts engendrés à la première panne venue. Un véritable scandale face auquel, il faut une nouvelle fois dénoncer la part de responsabilité de l’Etat.
Etrangement, beaucoup de personnes ignorent le rôle tout à fait central qui revient à l’Etat face à cette situation archi-prévisible. En persistant à limiter la récupération partielle de TVA sur le gazole uniquement pour les entreprises, l’Etat a indirectement contribué à mettre sur le marché de l’occasion des millions de véhicules Diesel depuis plusieurs années déjà. Un constat impossible à nier étant donné le taux de renouvellement moyen des flottes de véhicules d’entreprise et la part croissante de ces véhicules dans le marché du neuf. Pourtant, la part des professionnels qui gagneraient à rouler au volant de véhicules fonctionnant à l’essence plutôt qu’au gazole, idéalement en version hybride voire tout électrique (!) est loin d’être négligeable : professions libérales exerçant à l’intérieur des grandes agglomérations, commerçants, services à domicile (grandes villes), professionnels de l’immobilier, etc, etc…
Lorsque l’on mesure l’étendue du problème aujourd’hui, difficile d’imaginer que celle-ci va s’améliorer à court terme étant donné l’immobilisme dont l’Etat continue de faire preuve en matière de fiscalité sur les carburants.
Pour répondre aux problèmes récurrents de qualité de l’air à l’intérieur des grandes villes, d’autres mesures plus brutales vont très probablement devoir être mises en place dans les années à venir : restriction de circulation à l’intérieur des centre-ville, péage urbain, interdiction des vieux véhicules Diesel, etc… Des mesures coûteuses pour les collectivités locales quand bien même le grand coupable est l’Etat. Des mesures potentiellement discriminantes, synonymes de double peine pour les ménages modestes n’ayant pas eu beaucoup d’autre choix que celui d’acquérir un véhicule Diesel à petit prix sur le marché de l’occasion.
À l’heure où les économies budgetaires sont supposées être une des grandes priorités de l’Etat, il y a vraiment de quoi s’interroger face à autant d’incohérence et d’incompétence réunies sur un sujet comme celui-là ?
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