AccueilArticlesC'est quoi cette nouvelle tendance des voitures électriques qui se conduisent comme des thermiques ?

C'est quoi cette nouvelle tendance des voitures électriques qui se conduisent comme des thermiques ?

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Hyundai IONIQ 5 N
Hyundai IONIQ 5 N

Les constructeurs automobiles sont de plus en plus nombreux à travailler sur des modèles électriques équipés de boites de vitesses et de dispositifs émulant à la perfection le comportement et le son d’un moteur thermique. Comment ça marche, et à quoi ça sert ?

Le bruit et la fureur. Pour certains, le plaisir de conduire est indissociable du rugissement d’un moteur, des à-coups des passages de vitesses et des vibrations mécaniques. Non pas qu’ils soient foncièrement hostiles à l’électrique, mais il leur manque quelque chose.

Si pour la plupart des électromobilistes, ce goût prononcé pour la bonne vieille mécanique relève de l’attachement à un détail futile, voire ridicule, certains constructeurs le prennent au sérieux, et ont même décidé d’en faire sinon un argument marketing, en tout cas une option de nature à attirer les derniers réfractaires à l’électrique.

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Et là, il ne s’agit pas de juste concevoir et diffuser une onde sonore améliorée en conformité avec la norme AVAS, qui prévient les piétons, quitte à se payer les services d’un grand compositeur comme l’a fait BMW avec Hans Zimmer ou Renault avec Jean-Michel Jarre, mais de recréer intégralement l’ambiance sonore et vibratoire d’une thermique à bord d’une électrique, et les gestes qui vont avec.

C’est Hyundai qui a ouvert le bal avec l’incroyable Ioniq 5 N, sa vraie-fausse boîte de vitesses et ses montées en régime coupées par le rupteur, le tout assorti d’un son de moteur de course de synthèse, mais plus vrai que nature. Un combo qui a séduit et envoûté tous ceux qui ont essayé l’engin, sans exception, y compris ceux qui étaient les plus sceptiques au départ.

Conséquence, ce succès critique de la star coréenne semble avoir donné des idées à d’autres constructeurs, dont les bureaux d’étude s’activent à qui mieux mieux pour tenter de recréer, au moins partiellement, et de la façon la plus « naturelle » possible, ce qui constitue la saveur de l’automobile classique, autrement dit, thermique. Même si les mauvaises langues diront que c’est un peu à l’automobile ce que le steak végan est à la côte de bœuf. Tout d’horizon des projets en cours et des annonces récentes.

Kia EV6 GT, la cousine qui voulait aussi rugir

Qui se ressemble s’assemble. En tant que cousine germaine de la Ioniq 5 N, il paraissait naturel que la Kia EV6 GT, version ultra-sportive de la fluide et imposante berline coréenne hérite des mauvaises manières de celle-ci. C’est chose faite depuis son récent restylage, au cours duquel elle a donc reçu la boîte de vitesses N-eShift accompagnée du fameux son de moteur, sans pour autant bénéficier de toutes les autres spécificités comme le mode Drift de la Ioniq 5 N. Le constructeur coréen a également profité de l’arrivée de cette version restylée pour mettre à niveau ses performances. Ainsi, elle délivre désormais la même puissance de 609 ch et 650 ch avec le mode GT activé que sa cousine de chez Hyundai. Curieusement, la marque semble rester assez discrète sur cette mise à jour, à tel point que c’est encore l’ancienne version qui s’affiche sur son site internet au moment où nous écrivons ceci.

Kia EV4, une affaire de famille

La nouvelle gamme EV4 de Kia, récemment dévoilée, devrait par ailleurs hériter de ce type de dispositif. D’abord annoncé sur toute la gamme, il ne concernera finalement que certaines versions, probablement les plus huppées, ou les plus sportives. Il est cependant intéressant de noter qu’un constructeur généraliste équipe progressivement ses modèles destinés à une large diffusion de cette technologie.

Lexus RZ 550e F Sport, un air de LFA

On le sait, les constructeurs nippons ont un peu de retard à l’allumage côté électrification. Mais ils gardent aussi quelques tours dans leur sac, comme, par exemple Lexus, qui a dernièrement présenté une nouvelle déclinaison sportive de son SUV RZ 550, dotée entre autres nouveautés d’un dispositif de boite de vitesses virtuelle à 8 rapports activables à l’aide des palettes au volant. Le faux bruit de moteur évoquant un peu celui du mythique Lexus LFA est aussi au rendez-vous. Pour enfoncer le clou, un système avec rupteur et indicateur de changement de rapport est donc au programme. Ajoutez à cela un volant de style Formule 1 ou « yoke » et vous avez la formule idéale pour envoyer du thermique dans l’électrique.

Abarth 600e, mélodie à l’italienne

Pour la déclinaison énervée du crossover de la marque, Abarth n’a pas fait de fioritures et va droit au but : le son du moteur de la 600e. Ici pas de fausse boîte de vitesses, mais juste un son activable d’italienne survitaminée qui monte dans les tours et pétarade au lever de pied. La sensation sera certainement moins immersive qu’à bord des engins mentionnés précédemment, mais suffisante pour s’amuser sur les petites routes et dans les tunnels.

Dodge Charger Daytona, un V8 sinon rien

Le V8, rien que le V8, seulement le V8 ! Et oui les amis, là on est en Amérique, celle des drag races aux feux rouges (ou plutôt verts), des grands espaces et du gallon d’essence encore pas trop cher. Alors, pour séduire ce type de clientèle et l’inciter à franchir le cap impossible de l’électrique, il faut envoyer du lourd. Dodge a pris la question à bras-le-corps avec une approche inédite et plutôt intéressante du point de vue technologique. La technologie « Fratzonic Chambered Exhaust » équipe la nouvelle Charger Daytona électrique d’un son artificiel évoquant celui d’un moteur V8 thermique. Le dispositif vise donc à conserver l’identité sonore emblématique des muscle cars Dodge, même en l’absence de moteur à combustion. Mais, contrairement à de simples haut-parleurs diffusant un enregistrement, le système Fratzonic consiste en un « échappement virtuel » composé de chambres acoustiques et de transducteurs (haut-parleurs et radiateurs passifs) qui génèrent un bruit mécanique et des vibrations qui simulent de façon plutôt convaincante la montée en régime et le grondement d’un V8. Chez Dodge, on a également compris que le son ne faisait pas tout. Ainsi, les vibrations sont transmises jusque dans l’habitacle, pour que le conducteur ressente physiquement le « rugissement » du moteur, renforçant l’illusion sensorielle. Rappelons que cette méthode mixant électronique, mécanique et acoustique se rapproche de celle de Porsche avec son Electric Sport Sound équipant le Taycan, mais de façon beaucoup plus discrète.

Ferrari, symphonie électro-mécanique

« Quand vous achetez une Ferrari, il y a bien plus que le son, explique Benedetto Vigna, le patron de la marque Ferrari. Oui, il y a le son, mais il y a aussi la transmission, le freinage, les G. Tous ces éléments sont à mélanger de la bonne manière. Et surtout — et c’est très important — un moteur électrique, ce n’est pas silencieux ». Non, un moteur électrique n’est pas (totalement) silencieux. A l’instar de Porsche ou Dodge, on peut donc jouer avec le son émis pour en faire une mélodie envoûtante. L’approche de Ferrari dans ce domaine est comparable à celle des deux marques susnommées, mais il semblerait que la marque italienne, qui s’y connait un peu en mélodies pour grosses cylindrées veuille aller encore plus loin dans la recherche de l’enchantement acoustique. On n’en sait pas encore beaucoup plus que cela, mais il serait question de « conduits acoustiques » reliant le casing (la boîte en aluminium contenant la machine électrique) à l’habitacle. L’objectif est de faire entendre aux passagers les mouvements du rotor grâce aux vibrations de l’air dans ces canaux. Ils déboucheraient, par exemple, sur la planche de bord ou juste derrière les sièges. La demande de brevet déposée par les acousticiens de Ferrari poursuit : « De plus, les conduits acoustiques comprennent (…) des caisses de résonance (…) équipées d’un volume, d’une forme et d’un matériau choisi pendant la phase de design afin d’amplifier, l’intensité du son et, si nécessaire, définir un ton ou un timbre pour le son transmis via les ouvertures ». Bref, même 100% électrique, il se pourrait qu’une Ferrari soit apte à transmettre le même frisson à ses occupants… et à ceux qui la regardent et surtout l’écoutent passer.

Ford, l’électrique rustique

Partant du principe que les voitures électriques n’offrent « pas le même type de connexion physique que les voitures à combustion », le géant américain adopte en la matière une démarche plus rustique, et en même temps plus radicale, voire plus passéiste. Ici, pas de palettes au volant mais un bon vieux… levier de vitesses, si vous vous souvenez encore de cette chose qui décorait votre console centrale. Dans un document dévoilé récemment, Ford semble avoir mis au point un faux levier de vitesses qui simule une conduite classique avec une boîte manuelle. A l’aide de signaux électroniques envoyés à un contrôleur de puissance, la vitesse et le couple s’ajustent en fonction des mouvements du levier. Passer les vitesses manuellement avec un levier de vitesses dans une électrique, avouez, vous n’étiez pas prêts !

On pourrait achever cet inventaire par d’autres projets connus mais encore pas vraiment officiels chez Honda (avec en prime un siège qui vibre au rythme des impulsions sur la pédale d’accélérateur) ou Toyota, qui paraît plancher sur le sujet depuis pas mal de temps avec une boite de vitesses à 14 rapports, au cas où l’on s’ennuierait vraiment au volant.

Alors, cette course à des sensations oubliées a-t-elle un sens ? Je vous vois venir, et je pense connaître déjà les réponses. Mais dites-vous bien que si des géants de l’industrie automobile comme ceux mentionnés dans cet inventaire travaillent sérieusement sur la question, c’est qu’ils ne le font pas sur une simple lubie, ni au doigt mouillé. Et qu’il y a probablement une demande et un marché pour ce genre de « fantaisie ». Après tout, les montres connectées les plus technologiques offrent toutes des cadrans analogiques et des boutons mimant à la perfection des modèles classiques à aiguilles. Nombre d’enceintes Bluetooth reprennent le design de vieilles radios, sans parler du retour en force des platines vinyle. Soit de la technologie moderne habillée à la mode rétro ou vintage.

La nostalgie et la recherche de sensations perdues sont inhérentes au genre humain. Après tout, si ces gadgets sont en option, activables et désactivables à la demande, et qu’ils ne cassent les oreilles à personne, où est le mal ? A fortiori si en plus ils permettent d’inciter davantage de nos concitoyens à franchir dans la joie le pas vers l’électrique…

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