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La prime à la conversion poursuit comme objectif de permettre à davantage d’automobilistes de faire un pas décisif vers la mobilité durable. Ce sont pourtant les technologies à bannir qui en profitent, en particulier le diesel, avec un gazole pourtant toujours plus cher.
Le quotidien Le Parisien a publié il y a quelques jours les principaux chiffres à retenir concernant la prime de conversion. Avec 278.329 dossiers remplis entre janvier et fin mars 2019, la progression de la demande est de 64% par rapport à la même période de l’année dernière.
Pour comparaison, ce sont environ 260.000 formulaires pour cette aide qui avaient été déposés sur toute l’année 2018. Le volume enregistré à la fin du trimestre dernier est déjà supérieur !
L’objectif initial de 500.000 destructions de véhicules polluants sur la durée du quinquennat est d’ores et déjà dépassé, créant un ralentissement important du versement de cette prime.
La crise des Gilets jaunes a incité le gouvernement à accentuer, courant novembre 2018, le dispositif en faveur des ménages non imposables : 4.000 euros pour l’achat d’un véhicule thermique, ou 5.000 euros pour un véhicule électrique ou hybride, neuf ou d’occasion.
En parallèle, il a doublé l’objectif d’attribution des subventions, pour le fixer à 1 million sur 5 ans. Si l’actuel rythme des demandes est maintenu, ce cap sera atteint bien avant la fin de l’année.
Dans son article, le Parisien indique que les primes à la conversion sont attribuées à 63% pour des véhicules d’occasion.
Le détail par énergie donne (neufs et occasions) : 50,67% pour le diesel, 44,61% pour les modèles à essence, 4,34% pour les hybrides (rechargeables ?), et 0,39% pour les électriques.
Un pourcentage anormalement bas pour ces derniers, alors que L’Obsoco (L’Observatoire société et consommation) indiquait à l’hiver dernier que 7% de cette aide profitait aux véhicules branchés.
Baisse subite pour les véhicules électriques ? Pas si simple !
Les auteurs des différentes études, et parfois aussi les médias qui manipulent leurs chiffres, ont toujours bien du mal à distinguer les véhicules hybrides simples (parfois comptabilisés comme des modèles diesel ou essence), les hybrides rechargeables (à part, avec les hybrides simples, ou confondus aux électriques), et les électriques (mélangés aux hybrides rechargeables souvent).
Ce qui rend tout simplement impossible les comparaisons fines entre statistiques de sources différentes.
En exemple, pour son détail par énergie, Le Parisien reprend des calculs communiqués par AramisAuto, une filiale de PSA, un groupe leader dans le diesel mais qui vend finalement peu de voitures électriques et ne commercialise à ce jour pas d’hybrides rechargeables.
On imagine bien que les mêmes données communiquées par Renault, quasi invariablement en tête depuis des années en France sur les nouvelles immatriculations de voitures électriques grâce à sa Zoé, donneraient une tout autre répartition, avec une proportion bien plus forte en faveur des VE.
Quelle que soit la source des chiffres, on en arrivera toujours à constater que la prime profite majoritairement aux véhicules thermiques, massivement diesel, et d’occasion en particulier.
Un mouvement des Gilets verts, espéré par Nicolas Hulot, devait faire se rejoindre les contraintes sociales et environnementales dans un même élan. Il existe, mais de façon moins visible, porté parfois par quelques lycéens dont certains ont obtenu de pouvoir rencontrer l’ancien ministre de l’Ecologie et de la Transition solidaire afin de dynamiser leur groupe.
Il n’est pas possible de mettre en place un développement durable en oubliant à chaque étape toujours plus de personnes qui ont du mal à joindre les 2 bouts.
Mais inversement, entretenir des situations au détriment de l’environnement et de la santé publique, quand certaines ne demanderaient que des choix de priorités à poser, n’est pas plus raisonnable. Un salaire moyen ou bas ne permettra jamais de disposer du même confort et des mêmes biens qu’avec des fins de mois plus faciles.
Comment interpréter une massive exploitation de la prime à la conversion pour acheter des véhicules thermiques d’occasion ? Quel est le poids là-dedans des opportunistes qui voulaient de toute façon changer de voiture pour disposer d’un modèle plus récent, plus valorisant, plus puissant, etc., et qui profitent du dispositif sans se soucier des problèmes environnementaux et de santé publique.
Le souci d’un plus grand confort pour certains, quand pour d’autres il était vraiment devenu nécessaire d’abandonner un véhicule à bout de souffle et particulièrement polluant.
N’assiste-t-on pas à un détournement partiel de l’objectif fondamental de la mesure ?
Attention : Le rendez-vous pour limiter le dérèglement climatique, c’est maintenant !
Profiter d’une prime pour rester englué avec des voitures thermiques dont il faudra à nouveau rapidement se séparer, et qui coûteront de plus en plus cher à utiliser, c’est reculer pour mieux sauter, c’est remettre à plus tard une décision courageuse et mobilisatrice qui sera encore plus difficile à prendre ensuite.
L’augmentation du prix des carburants est inéluctable, dépendant des cours du pétrole, qui, lui-même, peut être manipulé, en particulier par les pays producteurs, de façon à entretenir la dépendance.
Dans un contexte où il est clairement établi que faire le plein sera toujours plus coûteux, bien au-delà de l’augmentation des produits de première nécessité, il n’est pas raisonnable de continuer à rouler en véhicule essence ou diesel.
Nouveau signe fort : le gouvernement vient d’annoncer qu’il renonçait à la taxe flottante qui devait permettre de stabiliser les prix à la pompe en compensant la hausse de pétrole par une diminution de la fiscalité.
En 4 mois, le gazole et l’essence ont pris plus de 10 centimes d’euros. C’est la conséquence d’une augmentation de 48% du prix du Brent sur la même période, passant de 50 à 74 dollars US. Des baisses sont régulièrement annoncées. Quand elles surviennent, elles ne sont que passagères.
Ce que les chiffres qui entourent la prime de conversion ne montrent pas, ce sont tous les efforts qui sont effectués par des automobilistes et qui n’entrent pas forcément dans son champ de vision.
A ceux qui achètent des voitures bien moins émissives, s’ajoutent tous ceux, parfois les mêmes, qui accentuent leur usage des transports en commun, des services de véhicules partagés, du covoiturage, se font piéton, etc.
En clair, les statistiques qui entourent cette aide n’est pas un indicateur exclusif de la conversion vers une vraie mobilité durable.
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