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Il y a quelques jours, Jean-Luc Moreau du magazine Auto-Moto publiait un article affirmant qu’une Peugeot 208 BlueHDI rejetait moins de CO2 par personne transportée qu’un cycliste au guidon de son vélo. Sur les réseaux sociaux, les réactions ont été nombreuses et pas toujours tendres…
Si l’objectif initial de l’auteur était autant d’interpeler les lecteurs que de relativiser la responsabilité de l’automobile dans les émissions mondiales de CO2, au final, les internautes ne s’y sont pas trompés : à une écrasante majorité, ils ont sévèrement critiqué l’article pour son manque criant d’impartialité et la mauvaise foi de l’auteur. Au point de l’obliger, quelques jours plus tard, à publier une mise au point afin de préciser ses pensées et admettre que les hypothèses et chiffres utilisés pour réaliser cette démonstration étaient effectivement discutables.
En réalité, les chiffres utilisés pour réaliser cette analyse comparative sont non seulement discutables mais pire, ils sont la preuve d’une totale incompétence de l’auteur sur le sujet.
Mêlant sans discernement CO2 d’origine fossile et CO2 issu du cycle naturel lié à l’alimentation (potentiellement biologique), l’auteur est parvenu à se ridiculiser devant un grand nombre d’internautes maitrisant bien mieux que lui le sujet (lire les nombreux commentaires des lecteurs ici). Des approximations d’autant plus surprenantes que Jean-Luc Moreau est par ailleurs rédacteur en chef du très bon magazine « Voiture Ecologique » dans lequel on trouve généralement de très bonnes analyses techniques sur les véhicules hybrides, électriques ainsi que tous les autres véhicules à propulsion alternative.
Dans les jours qui ont suivi la parution de l’article, plusieurs confrères ont également réagit en soulignant qu’un cycliste qui s’alimenterait exclusivement de viande bovine pour parcourir 100 kilomètres sur un vélo était une hypothèse aussi farfelue qu’un coureur du tour de France qui ne roulerait qu’à l’eau de source et au pain beurre confiture…
En admettant que Jean-Luc Moreau ait réellement voulu démontrer que dans certains cas de figure, le vélo ne sort pas systématiquement gagnant face à l’automobile en matière de bilan carbone, le moins qu’on puisse dire c’est que la comparaison choisie dans l’article est aussi mauvaise que grotesque.
Déjà pour commencer, il aurait été bienvenu de préciser que le domaine de pertinence du vélo face à la voiture, c’est le monde urbain, synonyme de vitesse faible et de distance relativement courte. Tout bon physicien est capable d’en faire une démonstration implacable : en ville, l’ennemi c’est la masse. De fait, qu’elle soit thermique, hybride ou électrique, l’efficacité énergétique d’une voiture de 1,4 tonnes à vide – même avec 4 personnes à son bord – demeura toujours très inférieure à celle d’un cycliste sur son vélo, fût-il à assistance électrique. Dit autrement, pour rouler à moins de 30 km/h de moyenne en milieu urbain dense, pas besoin d’un tank de plus d’une tonne propulsé au pétrole lourd. Un vélo suffit.
En supposant que Jean-Luc Moreau maitrise parfaitement la méthodologie utilisée pour réaliser l’analyse de cycle de vie d’une voiture ou d’un vélo, on ne saurait que trop lui suggérer de faire appel aux lecteurs d’Automobile Propre pour l’aider à trouver les rares cas de figure où un vélo ressort effectivement comme un mode de déplacement peu vertueux face à l’automobile.
C’est par exemple le cas des milliers de très mauvais vélos achetés tous les ans en grande surface par des consommateurs qui ne font guère plus de 25 kilomètres par an avec. Lorsque les vélos en question, fabriqués en Chine naturellement, se retrouvent quelques années plus tard à la déchetterie avec un bras de pédalier en moins, une roue voilée et/ou des freins en plastique hors d’usage, on peut raisonnablement penser que ramené au kilomètre parcouru, le bilan carbone du vélo en question est effectivement très mauvais, y compris par rapport à une voiture qui afficherait plus de 300 000 km au compteur au bout de 15 ans de bons et loyaux services réalisés à moins de 5L/100 km en moyenne.
Comme quoi, avec un minimum de bonne foi et d’expertise, on peut toujours trouver des cas de figure qui mettent à mal les idées reçues et le bon sens en matière d’écologie et de développement durable…
Personnellement, je dois avouer que j’ai pris un certain plaisir à lire les commentaires et réactions des internautes suite à la parution de cet article. Outre les approximations et la mauvaise foi de l’auteur, ce que je retiens de ce mini buzz c’est qu’à l’heure du tout Internet et des réseaux sociaux, il est urgent que le vieux monde comprenne que l’amateurisme et les affirmations à l’emporte pièce n’ont plus leur place dans notre société.
Si pour certains hélas, Internet est un outil d’embrigadement des foules, n’oublions pas qu’il est aussi et surtout un formidable outil de diffusion et de partage du savoir et de l’information comme aucun autre média n’a réussi à le faire avant lui.
Lorsque j’ai lu l’article sur le site Auto-Moto, j’ai également pu visionner l’essai de la Toyota Miraï par Jean-Luc Moreau. Une vidéo durant laquelle le journaliste ne tarit pas d’éloge sur cette voiture qui a pourtant un défaut majeur : celui de devoir se ravitailler exclusivement avec un carburant qui ne pourra jamais être produit localement à très petite échelle, directement chez soi et à l’échelle des territoires. Le fameux pétrole en smoking comme le surnomment certains.
Car même produit à partir de sources renouvelables, ne nous y trompons pas : l’hydrogène liquide qui permet aujourd’hui de remplir le réservoir de la Toyota Miraï en 5 minutes seulement, en lui offrant une autonomie d’environ 500 kilomètres, est très loin de pouvoir rivaliser, en matière d’efficacité énergétique notamment, avec la batterie Li-ion d’un VE rechargée à l’énergie solaire.
Vive le nouveau monde !
Photo : Expemag
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