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La voiture électrique est-elle un jouet pour pays riche ? Pour le moment, clairement oui.
Le marché de la voiture électrique continue – pour le moment – à se développer, malgré quelques soubresauts liés le plus souvent à des décisions politiques prises parfois un peu hâtivement.
Cependant, en observant le secteur au quotidien, une petite musique revient régulièrement chatouiller nos tympans, nous enjoignant à nous débarrasser pendant quelques minutes de nos œillères et à nous pencher un peu sur l’état du secteur en dehors de notre scope habituel Européo-sino-américain, et à regarder ailleurs.
Car si vous suivez l’actualité de la voiture électrique, ici et autre part, il ne vous aura probablement pas échappé, même si vous ne vous en êtes pas vraiment aperçu, que nous parlons à peu près toujours des mêmes zones géographiques, là où le marché est en train de se construire : dans l’ordre, la Chine, l’Europe, et les USA.
Pour autant est-ce le désert dans le reste du monde ? La voiture électrique est-elle résolument un truc de bobo occidental et de geek chinois alimenté par sa propre industrie ? Que se passe-t-il dans d’autres régions comme l’Amérique Latine, l’Asie ou l’Afrique ? Est-ce que le marché décolle, ou est-ce le dernier souci de populations pour qui joindre les deux bouts est la première préoccupation ? Dans ces régions, croit-on ailleurs à un avenir des transports décarboné, ou cela reste-t-il un hobby de pays riche ? Pas facile d’avoir des chiffres très précis, documentés et que l’on puisse recouper, mais on a quand même quelques éléments pour se faire un début d’idée.
Aucun chiffre officiel ni vérifiable n’est encore sorti, mais on estime que les ventes mondiales de voitures électriques ont dépassé les 13 millions en 2023, enregistrant une augmentation de plus de 30% par rapport à 2022. la Chine, l’Europe et les États-Unis représentent environ 95% des ventes mondiales de voitures électriques.
IEA, Electric car sales, 2016-2023, IEA, Paris https://www.iea.org/data-and-statistics/charts/electric-car-sales-2016-2023, IEA. Licence: CC BY 4.0
Ce dynamisme n’est pas totalement le fruit du hasard. Une initiative dont on parle peu est l’un des moteurs du développement de la voiture électrique en Chine, en Europe et aux Etats-Unis. Pour une fois que les trois géants – et aussi belligérants – arrivent à s’entendre sur quelque chose, il n’est pas inutile de le saluer. Ainsi, l’Electric Vehicles Initiative (EVI) a été mise en place pour aider à accélérer l’adoption de la voiture électrique dans le monde entier. L’EVI est un forum politique multi-gouvernemental créé en 2010 sous le Clean Energy Ministerial (CEM) qui vise à mieux comprendre les défis liés à la mobilité électrique et à aider les gouvernements à les relever. L’EVI sert également de plateforme pour le partage des connaissances entre les décideurs politiques gouvernementaux et d’autres partenaires sur des sujets importants tels que l’infrastructure de recharge et l’intégration au réseau, ainsi que les chaînes d’approvisionnement en batteries pour les véhicules électriques. L’EVI comprend 16 pays, qui sont le Canada, le Chili, la République populaire de Chine, la Finlande, la France, l’Allemagne, l’Inde, le Japon, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Pologne, le Portugal, la Suède, le Royaume-Uni et les États-Unis. Le Canada, la Chine et les États-Unis sont les co-leaders de l’initiative.
On voit que les pays européens sont largement majoritaires dans ce consortium, mais on a la bonne surprise de relever que celui-ci compte également parmi ses membres actifs l’Inde, le Chili et la Nouvelle-Zélande. Pour le reste, la liste des participants ressemble beaucoup à celle des pays les plus riches de la planète au classement de l’OCDE ou du PIB par habitant.
Alors, la voiture électrique, un truc de riche ? Pour le moment, force est de reconnaitre que oui, clairement. Il suffit de regarder les pourcentages des immatriculations de voitures électriques par rapport au nombre total d’immatriculations en 2023 pour en être convaincu, si toutefois le doute subsistait. Selon le Global EV Outlook 2023, la Norvège fait encore largement la course en tête avec 85,4% de VE dans les nouvelles immatriculations, suivie respectivement de l’Islande avec 54,4%, de la Suède avec 54,3%, des Pays-Bas avec 30,4% et du Danemark avec 29,7%. La France quant à elle serait neuvième avec 26,5%[*], alors que la Chine est septième avec 27,9% et les USA seizièmes avec 20,2%. Le Japon, réputé pour être en train de magistralement rater le virage de l’électrique, se situe en dix-neuvième position avec quand même 18,5% des immatriculations. L’honneur est sauf.
Là aussi, le Top 20 ressemble beaucoup au classement des pays les plus riches.
Que se passe-t-il ailleurs ? Pour le moment pas grand chose, même si quelques signaux – encore très faibles – montrent un début de frémissement. Les économies émergentes et en développement ne représentent qu’une infime fraction du marché mondial. Bien que la demande pour les voitures électriques augmente dans ces pays, les ventes restent faibles.
Certains pays d’Amérique Latine, tels que le Costa Rica, commencent à afficher une part significative de ventes de véhicules électriques, (4,2% des immatriculations en 2022), en particulier dans la catégorie des SUV. Cela suggère un intérêt croissant pour la mobilité électrique dans la région. Cela étant, il reste du travail. Le taux d’adoption ou la part de marché des voitures électriques dans les trois grands pays que sont le Brésil, l’Argentine et le Mexique est actuellement encore très bas. Le Brésil a enregistré environ 1 000 ventes de voitures électriques en 2022, ce qui représente une part de marché de seulement 0,1%. L’Argentine a enregistré environ 1 500 ventes de voitures électriques en 2022, ce qui représente une part de marché de 0,2%. Le Mexique a enregistré environ 6 000 ventes de voitures électriques en 2022, ce qui représente une part de marché de 0,4%.
Même topo en Europe de l’Est et Centrale. La Russie ? Peanuts, on parle de 0,2% des immatriculations en 2023.
En Asie, hormis la Chine, d’autres pays tels que l’Indonésie, le Vietnam et l’Inde, commencent également à mettre en place des politiques et des incitations pour promouvoir l’adoption de véhicules électriques.
En Afrique, bien que le taux d’adoption soit actuellement plus faible, certains pays commencent à élaborer des stratégies et des objectifs pour la mobilité électrique. Par exemple, le Ghana a récemment publié une stratégie contenant des objectifs spécifiques pour les ventes de véhicules électriques à l’horizon 2025, 2030 et 2050.
Si le marché sature ou connait des paliers dans les pays les mieux lotis, on sait ce qu’il reste à faire pour les constructeurs : un boulevard les attend dans le reste du monde. A condition que les politiques publiques et les populations soient au rendez-vous. Ce qui est loin d’être gagné. D’autant que les marques automobiles comptent justement sur ces pays pour continuer à vendre du thermique… afin de financer les investissements énormes que nécessite l’électrification chez eux.
Vous avez dit « quadrature du cercle » ?
[*] l’AVERE France donne plutôt une part de marché de 20,6%
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